caire. Les fonctionnaires et même les militaires n'ont qu'une très faible action sur l'indigène qui parvient facilement à se soustraire à tout contrôle. Le seul moyen de coercition sur l'indigène est, en cas de rébellion ou de refus d'obéissance, la mainmise sur son bétail; comme à l'intérieur les indigènes n'ont pas de troupeaux il n'est aucune façon d'agir sur eux. En cas de

difficulté avec le chef de poste, la fuite leur assure l'impunité et ils en sont quittes pour éloigner quelque peu leur village.

Le caractère indolent des indigènes n'a pas facilité le développement économique de la colonie et l'activité déployée par les Portugais, si remarquable soit-elle, n'a pas été suffisante pour suppléer au manque de capitaux indispensables qui, jusqu'ici, ont malheureusement fait défaut. Il est certain que la culture effectuée par des méthodes scientifiques comportant des travaux de grande envergure et surtout l'exploitation du bétail seraient des sources de revenu bien plus importantes que le caoutchouc de qualité inférieure et fournissant une matière d'ailleurs dépréciée. Il serait de plus à souhaiter que le protectionnisme frappant à l'importation de taxes élevées les matières d'origine étrangère soit atténué.

A côté de l'action portugaise se faisait nettement sentir en 1912 l'influence allemande; les nègres du sud de l'Angola étaient attirés au Damaraland pour travailler aux mines et ils

en rapportaient, avec des armes et des étoffes, un profond respect pour la puissante domination germanique. De suggestives intrigues étaient préparées et il n'est pas douteux que les Allemands n'aient convoité ardemment la colonie portugaise dont ils avaient su apprécier les ressources.

Il est permis d'espérer que l'élan colonial actuel, qui pousse vers les régions neuves une grande partie des activités, amènera dans un avenir prochain une ère de prospérité dans cette intéressante colonie.

JACQUES DE ROHAN-CHABOT.

Mission Rohan-Chabot

Principaux résultats scientifiques
obtenus par la Mission

Les documents rapportés sont de quatre sortes:

1° Documents géographiques proprement dits, résumés par une carte provisoire, dont un spécimen, sorti des presses du Service Géographique de l'Armée, est joint au présent fascicule; 2o Documents magnétiques et météorologiques;

3o Documents anthropologiques et ethnographiques; 4° Documents zoologiques.

Nous allons exposer ici très brièvement les résultats d'ordre géographique, magnétique et météorologique, en laissant à d'autres plus autorisés le soin de faire connaître les documents anthropologiques, ethnographiques et zoologiques, qui seront exposés dans des articles spéciaux.

I

Exécution de la carte.

Comme dans tout voyage d'exploration, il y avait lieu de procéder à trois opérations simultanées :

1° Établissement du réseau géodésique ou astronomique par des points suffisamment serrés, constituant un squelette de la carte;

2° Remplissage des intervalles entre ces points par des levers d'itinéraires;

3o Extension de ces levers aux régions voisines par les renseignements recueillis par interrogatoire des indigènes,

LA GEOGRAPHIE.

T. XXXV, 1921.

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soigneusement contrôlés, tant pour la planimétrie que pour le nivellement.

L'établissement du canevas géodésique, se fait normalement, comme on le sait, en « triangulant » la région par

courue.

Le choix de bases de vérification calculées et mesurées séparément, permet de contrôler le travail.

L'établissement du Canevas astronomique, par détermination de points isolés au moyen du soleil et des étoiles est plus expéditif que le précédent, mais aussi moins précis.

Ces deux procédés ont été employés quand les circonstances le permettaient, mais on a eu aussi fréquemment recours, surtout dans la partie ouest de la carte, au procédé mixte qui consiste à déterminer la position de chaque point, par une direction partant d'un point antérieurement déterminé, et par une latitude observée astronomiquement.

Toutes ces mesures ont été faites à l'astrolabe et au théodolite. La seule difficulté sérieuse a été pour les longitudes, à la détermination desquelles, à défaut de la T. S. F., a été employée la méthode du transport de temps.

En ce qui concerne la mesure des altitudes, elle a été faite à l'hypsomètre le calcul précis de ces altitudes est donc lié à la question météorologique spéciale, relative à l'étude des variations de pression.

Partout où on l'a pu, on a juxtaposé au réseau astronomique, une triangulation expédiée; ce fut le cas pour toute la partie ouest de l'itinéraire, à savoir:

Triangulation par latitude ( La région de Quihita.

et azimut.

de Tyiepépé.

La région du Bentiaba.

Triangulation complète.

d'Omululunga (Bas Cunène). ·

Toutes ces portions d'itinéraires se trouvent dans la partie ouest de la carte.

L'examen des itinéraires fera voir que, sauf dans le tronçon Capelongo Menongue, et la descente du Zambèze, tous les circuits se ferment ou sont accolés, ce qui a permis de déterminer une marche moyenne de la montre étalon et permettra ultérieurement une étude serrée des marches des diverses montres utilisées dans les différents circuits.

Pour l'exécution des détails des itinéraires, à la planchette déclinée, il eût été absolument impossible de mesurer les distances au pas le podomètre s'est montré insuffisant. Dans ces régions couvertes, il ne fallait pas songer à opérer par orientements successifs.

On marchait à la montre. L'orientement était donné par un indigène de la région même. La vitesse de marche au début était estimée; puis, dans les portions d'itinéraires orientées sensiblement nord-sud, et spécialement dans la partie ouest où beaucoup de points ont été obtenus soit par triangulation soit par latitude et azimut, donc d'une façon relativement précise, on déterminait la « vitesse horaire moyenne de marche ». Cette vitesse était adoptée pour les autres portions d'itinéraires et vérifiée par la suite, chaque fois que des occasions analogues se présentaient.

Ce procédé a été très précieux pour tout le reste des itinéraires, car l'indigène qui marche devant l'opérateur a une allure toujours régulière1. Dans ce pays couvert et étant donné l'envergure de l'exploration, il était le seul à employer. Tout en donnant des résultats très larges, il a permis de reporter sur les feuilles de projection les levers d'itinéraires sans déformation appréciable à l'échelle du 1: 500 000 adoptée.

Toutes les altitudes portées sur la carte ont été déterminées par triangulation ou à l'hypsomètre le baromètre anéroïde employé n'a pas paru donner des résultats suffisamment

On sait l'intérêt qu'il y a à déterminer, dans les régions inconnues, la direction du Méridien magnétique, l'inclinaison et l'intensité de la force magnétique, qui varient d'un point à un autre du globe.

La Mission a attaché une importance particulière à toute cette catégorie d'observations, 42 stations ont été faites en des points judicieusement choisis et permettront de tracer, avec

1. C'est en général un porteur de caoutchouc.