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efpece. Affez ordinairement les phrases qui font elles-mêmes de courtes defcriptions, fuffiront pour guider un amateur attentif ; mais toutes les fois que les phrafes nous ont paru infuffifantes, nous y avons fuppléé par des marques finguliérement distinctives, qui, toutes abrégées qu'elles font, nous ont femblé pouvoir fuppléer à des defcriptions spécifiques qui auroient été indispensablement longues & ennuyeufes.

Chaque genre d'Arbres & d'Arbuftes a communément un port, propre à toutes les efpeces qui le compofent: les Pins, les Sapins, les Cyprès, les Chênes, les Noyers ont des ports différents qui font communs à toutes les efpeces de ces différents genres ; & ces ports qu'il feroit long & difficile de rendre par des defcriptions, s'expriment très-bien par des deffeins exacts *. C'eft ce qui m'a engagé à placer à la fin de chaque article une ou plufieurs planches qui repréfentent une branche chargée de fleurs ou de fruits; & afin de ne rien omettre de tout ce qui peut faciliter la connoiffance des Arbres & des Arbuftes, nous avons non feulement multiplié ces planches, toutes les fois que dans un même genre il fe trouve des efpeces qui ont des ports différents, mais nous avons encore fait graver le contour des feuilles dans leur grandeur naturelle, lorfque les efpeces d'un même genre ont leurs feuilles de figures affez variées pour caufer de l'em

barras.

* J'ai eu le bonheur de recouvrer prefque toutes les planches de la belle édition latine du Matthiole de Valgrife: les Imprimeurs de mon Ouvrage ont fait graver avec foin celles qui y manquoient; entre celles-ci il s'en trouve plufieurs qui n'avoient point été représentées jufqu'à préfent dans les livres de Botanique, ou qui l'étoient fort mal, n'ayant été deffinées que fur des plantes feches.

Nous venons de dire que les phrases des Botaniftes étoient de courtes defcriptions qui aidoient fouvent à connoître les efpeces; ces phrafes auroient en effet plus fréquemment cette utilité, fi elles avoient toujours été faites dans cette vue; mais les mêmes raifons qui nous ont fait adopter la nomenclature de M. de Tournefort, nous ont détourné de faire de nouvelles phrases, & nous ont déterminé à nous contenter de rapporter dans notre lifte celles qui font le plus en ufage, foit qu'elles ayent été faites par les Bauhins, ou par Matthiole, Clufius, de Lobel, Dodonée, Dalechamp, de Tournefort, Barrelier, Pluknet, Linnæus, &c; mais en faveur de ceux qui ne se font pas familiarifés avec le langage des Botaniftes, on a eu toujours soin de mettre la phrase françoise, & même autant que l'on a pu, les noms populaires en ufage dans différentes Provinces.

:

Je fens bien qu'on pourra m'accufer d'avoir étendu le nombre des efpeces, en y comprenant beaucoup de variétés mais outre que ce reproche pourroit fouvent n'être pas fondé, comme j'efpere le prouver ailleurs, il faut convenir que dans un Traité comme celui-ci, les variétés font fouvent auffi intéreffantes que les efpeces. J'avouerai , par exemple, fi l'on veut , que l'Epine

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blanche, les Meriziers & les Cerifiers à fleur double, ne font que des variétés des efpeces ordinaires; mais ces va riétés ont l'avantage de fournir à nos bosquets une décoration, dont les autres efpeces du même genre ne font point fufceptibles : ce que je dis de quelques Arbres à fleurs. doubles, a fon application aux Houx panachés, aux Rofiers, & même à quantité d'Arbres utiles.

§. IV. Des vues que j'ai eu en parlant de la culture des Arbres & des Arbuftes.

Il y a des principes généraux, qui étant bien établis, & bien clairement expliqués, ont leur application à la culture de tous les Arbres : nous remettons ces grands objets à une autre partie de cet Ouvrage, où nous donnerons la façon d'élever les Arbres d'un fervice vraiment utile, & qui doivent faire la masse des Forêts. Il faut cependant convenir que chaque genre d'Arbre exige des attentions qui lui font propres : celui-ci veut avoir fes racines dans l'eau; cet autre fe plaît dans des fables affez fecs; plufieurs fubfiftent dans les mauvais terreins, pendant que la plûpart exigent des terres fubftantieufes * & qui ayent beaucoup de fond: les uns ne se multiplient que par les femences; d'autres produifent des drageons enracinés, ou reprennent de marcotte & même de bouture. Ce font ces cultures particulieres aux différents Arbres qu'on trouvera dans la partie de mon Ouvrage que je prefente actuellement au Public; & j'efpere que: ce que j'en dis, quoique fort en abrégé, fuffira pour mettre un amateur intelligent en état de fe procurer tous les Arbres & Arbuftes dont il eft fait mention dans notre Traité. C'est donc, en le confidérant fous ce point de vue, que cet Ouvrage pourra paroître complet, d'autant que je me fuis quelquefois affez étendu fur la culture de

* Comme j'aurai fréquemment à parler de terres remplies de fucs nourriciers, il m'a paru néceffaire d'employer un feul mot pour l'exprimer, afin d'éviter de longues périphrafes: j'inclinois pour le terme de fubftantiel; mais comme ce terme eft en quelque façon confacré à la Logique & à la Morale, j'ai cru qu'on me permettroit celui de fubftantieux, qui d'ailleurs fe trouve dans quelques Dictionnaires.

certains Arbres, tels que les Mûriers, les Oliviers, &c. qui ne peuvent pas être regardés comme des Arbres de Forêts, mais qui ont des utilités fi intéreffantes, qu'ils m'ont paru mériter une attention particuliere. Je terminerai ce que j'ai à dire préfentement de la culture, par une réflexion qui pourra être utile aux Propriétaires de Terres assez étendues, & qui voudront se faire un plaifir de cultiver & de multiplier les Arbres étrangers.

La plupart de ceux qui ont le goût de cette culture choififfent dans leurs Parcs une étendue de terrein qu'ils confacrent à ce genre de curiofité. On veut que tous les Arbres viennent dans ce même lieu; & fi quelquesuns n'y réuffiffent pas, on s'en prend au Jardinier, ou bien on fe perfuade que ces arbres ne peuvent réuffir dans notre climat.

Je propofe une conduite bien différente, & c'est celle que j'obferve depuis plufieurs années. Tous nos Arbres étrangers font femés & élevés dans un même Jardin, où on leur donne les foins néceffaires pour réparer le défaut du terrein; mais dès qu'ils font affez grands pour être tranfplantés, nous effayons de leur choisir une exposition & un fol qui leur conviennent. Ce fera pour les uns une terre de marais, pour d'autres une terre médiocrement humide, ou une terre forte, ou une terre fabloneufe, ou des côteaux fort fecs : il y a peu de Propriétaires de Terres qui ne fe trouvent avoir dans leurs Domaines ces différentes fortes de terreins. Il est vrai, qu'en fuivant notre pratique, on n'a pas la fatisfaction d'appercevoir d'un coup d'œil toutes fes richeffes; mais auffi l'on a le plaifir de voir ces différents Arbres réussir prefque comme dans leur fol naturel, fans presque

aucune culture ; & lorsqu'on entreprend des promenades dans la campagne, on jouit d'un spectacle qui les rend plus agréables. D'ailleurs on fe ménage l'avantage de ne pas rifquer de perdre toutes ces plantations d'Arbres étrangers, par les changemens que la fuite des temps amene nécessairement dans la disposition des Jardins &

des Parcs.

§. V. Sur ce que j'ai dit des ufages que l'on peut faire des Arbres & des Arbustes qui font compris

dans ce Traité.

pré

Si je m'étois étendu dans l'Ouvrage que je mets fentement au jour, fur toutes les attentions qu'un éconôme intelligent doit apporter pour tirer le plus grand avantage poffible des bois de fervice, j'aurois fatisfait à tout ce qu'on pourroit attendre du Traité général des Bois, dont je ne préfente au Public qu'une petite partie ; mais auffi ce Traité particulier auroit été incomplet & peu fatisfaifant, fi après avoir fait connoître les Arbres & parlé de leur culture, je n'avois rien dit de l'utilité & des agréments qu'on en peut retirer. Ces réflexions m'ont engagé à prendre à l'égard des usages, le même parti que pour la culture : je ne fais qu'indiquer fort en abrégé l'ufage qu'on peut faire des bois pour la Marine, l'Architecture, les autres Arts; me réservant de traiter dans la fuite ces objets avec plus de détail; mais je me suis étendu fur des articles qui font d'une utilité particuliere, auxquels je pourrai me difpenfer de revenir dans la fuite.

C'eft, par exemple, dans cette vue que j'ai décrit avec foin la maniere d'adoucir les Olives & d'en retirer l'huile..

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