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PRÉFAC E.

LE voifinage de la Forêt d'Orléans, où est située

une de nos Terres, m'ayant fourni bien des fujets d'obfervations, je me propofai de prendre des inftructions fur tout ce qui pouvoit concerner les Bois & les Forêts; mais les recherches auxquelles je ne m'étois d'abord livré que par goût, devinrent pour moi un devoir lorfque M. le Comte de Maurepas m'engagea à fuivre cet objet, & à m'attacher fur-tout à certains points qu'il jugeoit intéreffants pour la Marine.

M. Rouillé m'ayant depuis paru agréer ce travail je l'ai continué avec une ardeur qui n'a fait qu'augmenter fous le Miniftere de M, le Garde des Sceaux, qui en ayant faifi l'utilité, me recommanda de donner à cette recherche la préférence fur tous les autres objets qui auroient pu m'occuper : j'y étois d'ailleurs engagé par le defir que j'ai toujours eu de me rendre utile à

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la Marine, & de fatisfaire au devoir que m'impofe la place que j'occupe dans l'Académie.

Quelque defir que j'euffe de preffer l'exécution de cet Ouvrage, les expériences & les obfervations qui me restoient à faire exigeoient néceffairement des délais dont j'ai profité pour donner au Public mon Traité de la Fabrique des Manoeuvres, mes Eléments d'Architecture Navale, mon Traité de la Culture des Terres, & celui de la Confervation des Grains. Peut-être même me ferois-je encore laiffé entraîner à donner la préférence à quelque ouvrage moins étendu que celui que je commence à préfenter au Public, fi Sa Majefté ne m'avoit pas demandé, lorfque je lui préfentai mes Recherches fur la Culture des Terres, en quel état étoit mon travail fur les Bois de conftruction. Ce mot me fit prendre la résolution d'abandonner toute autre occupation pour me livrer entiérement à un objet qui avoit mérité l'attention de notre Augufte Monarque.

J'ai donc travaillé fans relâche à mettre en ordre mes Mémoires qui s'étoient accumulés depuis un nombre d'années que j'employois à faire continuellement des obfervations & des expériences. Mais parce que les différentes faces fous lefquelles on peut confidérer ce grand objet font comme autant de branches qui partent d'une fouche commune, il ne m'étoit pas poffible d'étudier les Bois relativement à la conftruction des Vaiffeaux fans étendre mes connoiffances fur un nombre d'autres objets qui pouvoient devenir utiles au Public.

Ainfi après avoir mis un peu d'ordre dans mes Mémoires, je me fuis cru en état de donner un ouvrage dont l'utilité feroit plus générale que le motif qui

m'avoit engagé à l'entreprendre; puifque fans rien perdre de ce qui peut intéreffer la Marine, il feroit utile aux propriétaires des Forêts, à ceux qui voudront décorer leurs Terres, de Bois, d'Avenues, de Garennes, & de Remises; ou, leurs Parcs & leurs Jardins, de bofquets délicieux d'une efpece toute nouvelle; enfin à un nombre considérable d'Arts & de Métiers qui font une grande consommation de bois de toute efpece.

On apperçoit déja que mes vues doivent s'étendre fur la formation, l'entretien, le rétablissement & l'exploitation des Forêts & des Bois de tout genre, & encore fur les agréments qu'ils peuvent procurer lorfqu'ils font fur pied; enfin les différents ufages auxquels on peut les employer quand ils font abattus, relativement à leur âge, à leur groffeur, à leur qualité & à leur efpece.

Je ne dois point négliger de prévenir que plufieurs de ces objets feront traités fuccinctement dans les deux Volumes que je mets au jour, pour ne point perdre de vue les bois de fervice qui font le premier & le principal objet de mon travail.

Mais, malgré cette restriction, j'avoue franchement que quand j'ai pris la plume pour rédiger mes Mémoires, j'ai été effrayé de l'étendue de l'entreprise ; & peutêtre n'aurois-je pas eu le courage de la fuivre, s'il ne m'étoit pas venu dans la penfée de décompofer en quelque façon ce grand projet, pour m'attacher fucceffivement à des Traités particuliers, qui, pouvant être enfuite réunis, en formaffent un général. Dans cette vue, je ferai mon poffible pour que chacun des Traités féparés foit complet dans fon genre, afin que si la

totalité de mon ouvrage ne peut pas être conduit au terme que je me fuis propofé, le Public puiffe au moins profiter des parties que j'aurai données.

Comme le travail que j'ai entrepris regarde les Bois en général, j'ai cru qu'il convenoit de commencer par faire connoître les différents Arbres, Arbriffeaux & Arbuftes qu'on peut élever en pleine terre dans les différentes Provinces de France. Ainfi c'est l'objet de ce premier Traité que je mets au jour, auquel j'ai donné pour titre Traité des Arbres & Arbustes qu'on peut élever en pleine terre en différentes Provinces de France. Je vais entrer dans le détail du plan de cet Ouvrage, & des raisons qui m'ont déterminé à lui donner la forme que j'ai choifie.

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J'ai fuivi dans ces deux premiers Volumes l'ordre alphabétique on peut donc les regarder comme un Dictionnaire. Chaque genre d'Arbre & d'Arbuste forme un article féparé qui eft précédé d'une vignette en taille-douce fur laquelle on a représenté les caracteres de chaque objet, c'est-à-dire, le détail des fleurs & des fruits qui en font les parties vraiment caractéristiques. On trouve enfuite un ou plufieurs noms latins ou françois sous lesquels les genres font le plus généralement connus. Immédiatement après fuit une defcription qui convient à tout le genre dont on traite: nous avons mis enfuite la lifte de toutes les efpeces connues, avec les phrafes latines & leur traduction en françois; cette lifte eft fuivie de la culture qui convient aux Arbres du genre dont il s'agit; viennent enfuite les ufages, fur lefquels nous nous fommes plus ou moins étendus, fuivant que le genre nous a paru

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