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le soir, comme on le voit dans des vers du Thyestes, tragédie perdue de Sophocles, que le Scholiaste d'Euripides nous a conservés sur le vers 235 des Phéniciennes, et sur lesquels on peut lire les notes de M. Valckenaer, et celles de M. Brunck, sur les fragmens de Sophocles, page 15.

OARUS, fleuve de Scythie, qui vient du pays des Thyssagètes, traverse celui des Mæotes, et se jette dans le Palus. Mæotis. Il coule entre le Lycus et le Tanaïs ou Don. Il a celuici à l'Est et le Lycus à l'Ouest. Depuis vingt-trois siècles ce pays a pris une nouvelle face, et les rivières un autre cours, soit par les alluvions occasionnées par les terres entraînées par les grands fleuves, soit par les travaux qu'on a faits pour les rendre navigables, ou pour les joindre les uns avec les autres. Il n'est donc pas étonnant qu'on ne connoisse plus aujourd'hui ce fleuve. Ce que je puis assurer, c'est que ce n'est point le Wolga, comme le pense (1) M. Rennell, ce fleuve étant à l'Est du Tanaïs. Cela me paroît d'autant plus vrai, que Darius s'arrêta sur les bords Ouest de l'Oarus à son retour du Tanaïs, et qu'après y avoir fait commencer huit forteresses, il continua à poursuivre les Scythes, qui l'avoient aussi repassé. Herodot. lib. iv, S. CXXIII.

OASIS. Quoiqu'il y ait par toute l'Afrique (2) un grand nombre d'Oases, je veux dire, de ces petits cantons fertiles et bien arrosés, qui paroissent comme autant d'îles au milieu d'une mer de sables, cependant on n'en compte, à proprement parler, que (3) trois, la grande Oasis, la petite, et celle d'Ammon. Les Anciens les nommoient les îles des Bienheureux, parce qu'elles faisoient un contraste singulier par leurs forêts de palmiers toujours verds, et la fertilité

(1) The Geographical System of Herodotus, pag. go. (2) Strab. lib. xvII, pag. 1140, A.

(3) Id. ibid. pag. 1168, A.

de leurs campagnes, arrosées par des ruisseaux qui ne tarissoient jamais, avec cet océan de sable stérile, dont elles étoient environnées. Les voyageurs, frappés de ce contraste, leur avoient donné ce nom, et on ne peut le regarder comme un trait de l'imagination des Grecs, ainsi que le pensoit (1) M. d'Anville.

Ces Oases appartenoient à la Libye; les Egyptiens ne reconnoissant, comme étant de l'Egypte, que les pays (2) arrosés par le Nil et dont les habitans s'abreuvoient de ses caux. Les Egyptiens s'en étant rendus maîtres dans la suite, on les regarda comme des dépendances de l'Egypte, à l'exception de l'Oasis d'Ammon, qui fit toujours partie de la Libye. Aussi Ptolémée (3) place la grande et la petite Oasis dans l'Heptanomide en Egypte, et encore actuelle. ment elles sont (4) du Casheflik de Momf-lot, qui est à une petite distance de Siout, l'ancienne Lycopolis.

OASIS (la grande). Hérodote ne parle que de celle-là, et ne dit que deux mots de celle d'Ammon, à laquelle il ne donne pas le nom d'Oasis. Il la (5) met à sept journées de Thèbes, tandis que Strabon (6) la place à la même distance l'Abydos; mais il paroît à la simple inspection des meilleures cartes, que cette distance est moindre, et le journal(7) de M. Brownele confirme. M. d'Anville (8) remarque que les imprimés de Strabon portent Anasis, tandis que les manuscrits ont Auasis. Casaubon avoit fait cette observation il y a près de deux siècles, et non content d'avoir mis la

(1) Mémoires sur l'Egypte, pag. 188.

(2) Herodot. lib. 11, §. XVIII.

(3) Ptolemæi Geograph. lib. tv, cap. v, pag. 121, signature L. (4) Mémoires sur l'Egypte, pag. 188.

(5) Herodot. lib. III, §. XXVI.

(6) Strab. lib. XVII, pag. 1168, A.

(7) Nouveau Voyage dans la haute et basse Egypte, &c. tom. 1,、 pag. 276.

(8) Mémoires sur l'Egypte, pag. 186,

vraie leçon en marge, il en avoit averti en deux endroits de ses notes. C'est-là que M. d'Anville avoit puisé sa remarque; ce savant Géographe auroit dû se dispenser de la faire, et M. Rennell de le copier. Cette Oasis s'appelle actuelleinent El-wah. On voit au premier coup-d'œil que c'est une corruption du nom ancien. Aussi faut-il se donner de garde d'adopter l'étymologie (1) de M. Bruce.

Le médecin Poncet, qui visita la grande Oasis en 1698, en se rendant en Abyssinie, parle de ses nombreux jardins, arrosés par des ruisseaux, et de ses forêts de palmiers toujours verds. Le portrait qu'en fait M. Browne, qui l'a vue en 1792, est bien (2) différent. « A Charje, dit-il, » chef-lieu de l'El-wah, à l'exception d'un petit espace » autour de la source, tout est dépourvu de verdure ». Mais il faut faire attention que ce voyageur Anglois n'a parcouru que la lisière de l'El-wah. Etant parti de Siout, l'ancienne Lycopolis, il traversa le mont Rumlie (Ramlié dans d'Anville). De-là il se rendit à Ain-Dize, Charjé, Boulak, Sheik Kaled, Keiris, Moughess et enfin à Sheb, ayant toujours à l'Est et à une petite distance le mot Rumlie. Ces noms, différemment orthographiés par M. d'Anville, sont chez ce Géographe Aïné-Diza, Harghe, Ghina, ShekHalé, Busaïté, Maghess. En suivant cette route, il étoit impossible de reconnoître la fertilité de l'El-wah; mais la relation de Poncet est confirmée par celle de M. du Roule, ambassadeur de France auprès de l'Empereur d'Abyssinie, adressée à M. de Pontchartrain, l'un des ministres de Louis XIV.

Ce que rapporte Edrisi, ou le Géographe de Nubie, selon la remarque (3) de M. Michaëlis, convient parfaite

(1) Travels to discover the Source of the Nile, vol. 2d, pag. 470.

(2) Nouveau Voyage dans la haute et basse Egypte, tom. 1 pag. 276.

(3) In notis ad Abulfed descriptionem Egypti, pag. 22, Tome VIII. Bbb

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et ce

ment à cette Oasis, qui est au Sud des deux autres, Savant en convient lui-même. Cependant, par une manière de voir que j'ai peine à comprendre, il attribue à l'Oasis (1) du milieu, qui est la petite, ce que dit Wansleb de l'Oasis dans son Itinéraire manuscrit d'Egypte, quoique la description qu'en fait ce Voyageur s'accorde parfaitement avec celle du Géographe de Nubie, et quoique les noms des lieux par où il passa pour se rendre à Sennaar, prouvent manifestement qu'il s'agit de la grande Oasis, qui est au Sud de la petite et au Sud-Est de celle d'Ammon. Strabon (2) la nomme avec raison la première, et M. Michaëlis a eu tort (3) de reprendre à ce sujet ce savant Géographe. OASIS (la petite). Les anciens et les modernes en ont très-peu parlé, et je n'en suis pas surpris. Ce lieu étant écarté et ne se trouvant pas sur la route des caravannes, on n'a pas occasion d'y aller, et par conséquent de la connoître. Strabon (4) et Ptolémée (5) se contentent de la nommer. On trouveroit probablement de plus grands renseignemens à son sujet dans les écrivains Arabes. On sait seulement par le Dr Pococke (6) qu'elle est à l'Ouest du lac Moris et environ à cent milles de la grande Oasis. M. Browne ne lui donne sur le rapport (7) des Maugrebins, que deux journées de inarche, qu'il évalue à quarante milles depuis l'extrémité méridionale de ce canton jusqu'à Charjé, le premier lieu de la grande Oasis habité

(1) Michaëlis ibid. pag. 25.

(2) Strab. lib. xv11, pag. 1167, lin. ultimâ et pag. 1168.

(3) In notis ad Abulfedam, pag. 29.

(4) Strab. lib. xvII, pag. 1168, A.

(5) Ptolemæi Geograph. lib. iv, cap. v, pag. 122, signature K 5, in aversâ parte, pag. 121, signature L.

(6) A Description of the East, vol. 1st, pag. 84.

(7) Nouveau Voyage dans la haute et basse Egypte, tom. 1, pag. 197. Les Maugrebins sont les Arabes occidentaux. Ce mot auroit dû être écrit Meghrebins. Voyez la fin de l'article OASIS (la petite).

au Nord. M. Browne appelle la petite Oasis El-Wah ElGhourbi, et M. le Major Rennell El-Wah El-Gherbi. C'est sans doute une faute d'impression dans la traduction du voyage de Browne, où il s'en trouve un grand nombre et de très-grossières. J'en suis d'autant plus convaincu que M. Rennell a mis en note, page 565 de son savant Ouvrage que M. Wilkins, savant dans les langues Orientales, interprète le mot Gherbi, par distant, éloigné, occidental. Il observe que ce mot est dérivé de la même racine que Gherib, un homme d'un pays éloigné, un étranger, Meghreb, le lieu où le soleil se couche, l'Occident, l'Afrique.

OASIS D'AMMON. Les Grecs, à l'exception de (1) Strabon, ne lui donnoient pas le nom d'Oasis, quoiqu'elle le méritât à un aussi juste titre que les deux autres. C'est la plus septentrionale des trois et celle que Jacutus nomine la première, selon Abulfeda (2) de la traduction de M. Michaëlis: Jacutus in Homonymis Vachata sine Al scribi jubet additque esse tres regiones ab occidente Saidæ Ægypti, ultra montem qui Nilo parallelus procurrit, easque dici Vacham primam, Vacham mediam et Vacham extremam : ex his primam esse cultissimam, inque eâ thermas fætido odore, admirandaque esse alia ac multa palmeta, agrosque cultos, sed populum victu miserum.

Cette description convient parfaitement à celle qu'en fait (3) Quinte-Curce, à l'exception de la fétidité de ces eaux thermales dont parle Jacutus. Quoique l'Historien d'Alexandre ne fasse pas mention de cette particularité, on ne doit pas la révoquer en doute: on sait que la plupart des eaux thermales exhalent une odeur qui approche beaucoup de celle des œufs couvis. La misère des habitans de cette Oase ne me surprend pas non plus. Comme ils n'ont pas

(1) Strab. lib. XVII, pag. 1168, A.

(2) Abulfedæ Descriptio Ægypti, pag. 5.
(3) Quint. Curt. lib. iv, cap. vII.

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