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la liberté, de l'égalité devant la loi, de la fraternité et combat pour que cette belle devise ne soit pas un vain mot, mais l'instrument du progrès matériel et moral de toute la nation.

M. Porée s'associe aux applaudissements qui saluent la communication de M. Cestre, et exprime l'espoir que le Conseil général de l'Yonne accordera d'autant plus volontiers une large subvention à la Société des Sciences que notre distingué Vice-Président honoraire s'est fait l'historien d'une époque intéressante de l'exis-tence de l'Assemblée départementale.

Le Secrétaire, L. PEIGNÉ.

PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 5 MARS 1922

PRÉSIDENCE DE M. PORÉE

M. Larue dépose sur le bureau une pierre trouvée dans les graviers du camp chinois, territoire de Gurgy, lieu-dit « Néron », par M. Heimlich, et dans laquelle M. Guimard verrait volontiers un marteau de jade ou de serpentine.

Après lecture et adoption du procès-verbal de la précédente séance, il est procédé à l'admission définitive, au titre de membres titulaires, de MM. Léon Geste, Ivan Lachat, Montassier, Tamponnet et, au titre de membre correspondant, de M. le commandant Faugeras.

La candidature, au titre de membre correspondant, de M. Maurice Beaujard, industriel à Paris, est présenté par MM. Porée, Fauchereau et Lachat.

Depuis la dernière séance, le Bureau a envoyé ses félicitations à deux de nos collègues, à l'occasion d'événements de famille. La Société adresse ses condoléances à Mlle Delarche, qui vient de perdre son père.

Dans le premier bulletin de la 36e année de la Société astronomique de France, M. Porée relève un article de M. Camille Flammarion signalant la création de l'Observatoire de La Guette (l'Isle-sur-Serein), dû à l'heureuse initiative de notre collègue, M. Bidault de l'Isle. Dans une lettre des plus intéressantes, que transcrit textuellement M. Flammarion, M. Bidault de l'Isle fait remonter à son grand-père, M. Fouyau, l'hommage de sa passion pour l'astronomie, et donne les caractéristiques de l'Observatoire qu'il a fondé, et qui est appelé à rendre de grands services.

M. le Président dépose sur le bureau une brochure donnant le compte-rendu du premier Congrès de l'Association bourguignonne des Sociétés savantes, tenu à Dijon, les 21 et 22 juin 1914, sous la présidence de M. René Vallery-Radot, vice-président de la Société des Gens de Lettres.

Parlant de chacune des Sociétés réunies, dont quelques-unes << de vieille noblesse érudite et qui ajoutent chaque année des travaux à leurs beaux titres », M. Vallery-Radot disait de la Société des Sciences de l'Yonne : « Elle est représentée dans toutes nos bibliothèques par ses imposants volumes bleus où se trouvent réunis un nombre prodigieux de documents sur tant de sujets d'études. Et, rendant hommage aux ombres de quelques grands travailleurs disparus, il citait les Cotteau, les Quantin, les Challe, les Cherest, les Monceaux, les Ernest Petit, dont notre Société a tant de raisons d'être fière.

Au banquet de clôture, M. Georges Lemoine, membre de l'Institut, alors notre Président et notre délégué, ainsi que MM. l'abbé Parat et le D' Lagriffe, prit la parole en ces termes : « ... C'est une œuvre scientifique que réalise cette Association bourguignonne en réunissant des hommes qui poursuivent des travaux personnels dans toutes les branches de l'activité individuelle. Ils se retrouvent ici. Ils peuvent se concerter, se renseigner sur leurs études, les éclairer par la discussion. Il faut se méfier de croire que tout doive se faire à Paris. Rien n'est plus propre aux recherches sérieuses et de longue haleine que la vie calme dont on jouit en province, calme qui contraste avec l'existence fiévreuse de Paris. Je n'en veux pour preuve que l'œuvre si vaste de M. Ernest Petit, mon compatriote, dans sa retraite de Vausse... ». Et il ajoutait : C'est aussi une œuvre sociale qui, suivant moi, se réalise ici. Dans notre temps, où les esprits sont si divisés, rien n'est plus propre que ces réunions pour rapprocher les hommes intelligents qui, peut-être, iront se combattre ailleurs. Ils se retrouvent ici, unis par l'amour désintéressé de la vérité. Ils apprennent à se connaître, à s'apprécier, souvent à s'aimer. Et ainsi se prépare la paix intérieure dont la France, notre grande patrie, a aujourd'hui un si suprême besoin. » Ces paroles, prononcées à la veille de la terrible tourmente qui devait ensanglanter l'Europe, n'ont rien perdu de leur force et de leur vérité.

M. le Président dépose sur le bureau un exemplaire du tome premier de l'Histoire des rues et des maisons de Sens, dont il est l'auteur, et qu'il destine à la bibliothèque de la Société. Il donne

lecture de l'avant-propos et de l'extrait suivant relatif aux enseignes.

Il y avait autrefois, dans les archives du Chapitre de Sens, un manuscrit appelé le Livre des Figures. Le greffier Claude Laurent y avait dessiné, sur les feuillets de douze grands registres, les plans et les coupes des maisons de la ville de Sens comprises dans la censive des chanoines. Au bas des feuillets, « des notes, des extraits d'actes > établissaient la liste des détenteurs successifs de chaque maison et en retraçaient ainsi brièvement l'histoire. Nous essaierons ici de reconstituer et de compléter, sinon dans ses « figures », du moins dans son texte, le manuscrit, depuis longtemps perdu, de Claude Laurent.

Pour cette reconstitution, les documents abondent. On connaît l'adage Nulle terre sans seigneur ». Cette maxime juridique, dont la coutume de Sens reconnaissait l'application, pourrait se traduire, en ce qui concerne les fonds urbains, par cette autre : « Nulle maison sans cens ». Et, en effet, toutes les maisons de notre ville étaient chargées d'une redevance perpétuelle, non rachetable et imprescriptible, recognitive » du droit éminent du seigneur sur le fonds qu'elles occupaient. Généralement, cette redevance, appelée cens, était extrêmement minime; mais, comme elle entraînait le droit, beaucoup plus productif, des lods et ventes, prélevé à chaque mutation des propriétaires, les seigneurs qui en jouissaient veillaient avec soin à ce qu'elle fût régulièrement perçue. A cet effet, ils avaient des registres, dits censiers, sur lesquels étaient inscrites, rue par rue, les maisons de leur censive, toutes exactement désignées par le nom de leurs détenteurs, par leurs enseignes et par leurs tenants et aboutissants. Ces registres, constamment tenus à jour et fréquemment renouvelés, nous sont parvenus en grand nombre, et ils constituent la source principale de notre travail.

Dans le renouvellement perpétuel de la vie, sans cesse un peu du passé meurt. Logis de bois aux pignons aigus, maisons de pierre avec baies ouvertes sous des arcs, accolades et fleurons ornant les portails, images naïves sculptées aux poteaux corniers, échauguettes accrochées au flanc des murs, bretauches enjambant les ruelles, puits aux margelles usées, escaliers aux rampes de pierre, tous ces vestiges du décor où vécurent nos pères disparaissent peu à peu chaque jour et, des maisons, dont nous dirons l'histoire, le plus souvent il ne reste que la place où elles s'élevèrent et les souvenirs qui s'y rattachent. Ici, sous le même toit, se succédèrent, pendant des siècles, des générations de gens de robe; plus loin, la même enseigne vit prospérer une lignée laborieuse d'artisans. Des uns et des autres, les noms oubliés sont restés inscrits sur les feuillets de nos censiers, et c'est leur souvenir aboli que nous ferons revivre. L'histoire des

maisons de Sens sera ainsi celle des familles sénonaises. Maison ! famille ! Les deux mots ne sont-ils pas, du reste, synonymes?

Les Enseignes. A une époque où la numérotation des maisons. n'existait pas encore, l'enseigne n'était pas nécessairement le signe de tel ou tel commerce. Si le Mortier d'Or indiquait clairement une officine d'apothicaire, si l'Eperon et les Trois Etriers étaient la marque naturelle d'une boutique de sellier, le plus souvent on chercherait en vain quelque rapport entre l'enseigne et le commerce du tenancier de la maison. Le Mouton, à la toison touffue, qui pendait sur le parvis à la boutique d'un drapier; le Bœuf qui, rue SaintHilaire, servait d'enseigne à une auberge renommée, eussent pu tout aussi justement orner l'étal d'un boucher; la Croix d'Or et le Lion d'Argent n'étaient point des enseignes d'orfèvres; jamais l'Epée ne désigna à Sens la maison d'un armurier, la Cloche celle d'un fondeur, le Bachot, la Nef ou la Galère celles de mariniers.

C'est donc presque uniquement la fantaisie qui préside au choix des enseignes. Le marchand se borne parfois à accrocher à la potence de sa boutique un objet quelconque, hache, roue, clochette, croix de fer, pinte ou plat d'étain; mais le plus souvent l'enseigne est occasion ou caprice des peintres ou des sculpteurs de se donner libre carrière; leur imagination s'y amuse à façonner des monstres : salamandres, licornes ou griffons, dont l'aspect bizarre retiendra l'attention des passants, ou des animaux peu connus du populaire : lions, ours, aigles et singes. S'ils se rabattent sur les animaux domes tiques, ils les parent de robes hétéroclites, habillant un cheval de rouge et de vert un âne. Comme les portails des cathédrales, la rue devient grâce à eux une galerie d'histoire sainte: on y voit chacun des apôtres avec ses attributs particuliers, saint Michel terrassant le Dragon, saint Martin partageant son manteau, et la Madeleine éplorée. Le peintre d'enseignes puise encore son inspiration dans l'histoire ancienne (le Labyrinthe) ou dans les romans de chevalerie (les quatre fils Aymon). S'inspirant de la science du blason, il aime aussi à faire de l'enseigne une sorte d'écu où il pose, selon les règles héral diques, trois pièces honorables 3 bourses, 3 écus, 3 croissants, 3 étriers, 3 pigeons, 3 barbeaux. Parfois enfin il essaie de piquer la curiosité par un rébus (le Bout du Monde).

L'enseigne n'était donc pas la marque distinctive du commerçant. Elle constituait bien plutôt la personnalité des maisons, le moyen de les désigner et de les reconnaître. C'est dans ce but d'une désignation précise que beaucoup d'entre elles, privées d'enseignes, étaient néanmoins dotées d'une appellation spéciale tirée d'un ornement ou d'une particularité de leur construction. Il y avait ainsi à Sens la maison des Quatre-Marches, celle des Degrés, celle de l'Huis-de-fer, celle du Puits-Parti. Ainsi s'explique aussi que certains propriétaires

faisaient sculpter au-dessus de leur porte des sortes d'armoieries parlantes: un notaire de la rue Couverte, Jean Chapperon, fit représenter un chapperon sur la sienne et, dans la Parcheminerie, les deux maisons décorées d'un coq et d'une hure appartenaient aux Lecoq et aux Lahure.

L'enseigne consistait tantôt dans un motif sculpté, tantôt, et le plus souvent, dans un tableau appliqué au mur ou suspendu à une longue tige de fer ouvragée, dont les règlements de police durent à plusieurs reprises réduire les dimensions exagérées. D'autres fois, l'enseigne n'était autre chose que l'objet dont elle prenait le nom : une hache, un pot d'étain, une croix de fer. La preuve en est que les deux enseignes de la Hache et de la Pinte sont désignées à la fois, dans les censiers, l'une sous le nom de la Hache ou de la Cognée, l'autre sous celui de la Pinte ou du Pot d'Etain. Il n'y avait donc pas d'inscription, dans ces sortes d'enseignes, pour fixer le vrai terme de l'appellation. Cette absence d'inscription, au moins jusqu'au XVIIe siècle, explique aussi pourquoi le sujet des enseignes est toujours une chose concrète, et les abstractions, à moins qu'elles ne soient figurées par un rébus, y sont rares.

Répondant à M. Devouges, qui formule le vœu que pareil travail soit entrepris pour Auxerre, M. Porée déclare que, malheureusement, les documents ne sont pas assez abondants pour un ouvrage conçu sur le même plan. Néanmoins, le travail de M. Quantin pourrait être complété, et le Vieux documents auxerrois, dont la communication est inscrite à l'ordre du jour de la séance, montrera précisément quelles ressources encore inexploitées offrent les archives pour l'histoire topographique d'Auxerre.

MM. Vincent et Fijalkowski se font les interprètes de leurs collègues en félicitant notre érudit et sympathique Président du remarquable travail dont il a enrichi l'histoire locale.

M. Leblanc-Duvernoy donne lecture du rapport suivant de la Commission d'apurement de la gestion financière de 1921.

Les membres de la Commission de comptabilité de la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne se sont réunis le 1er mars 1922, à l'effet d'examiner les comptes de l'année 1921, établis par M. Charbonnier, trésorier. De cette étude il résulte que la comptabilité a été tenue avec la plus grande exactitude, que toutes les dépenses sont justifiées par des pièces à l'appui et que, grâce à l'augmentation sensible du nombre des sociétaires, la situation de notre Compagnie est assez prospère. Néanmoins les dépenses d'impression du Bulletin sont devenues tellement élevées que, dans une des dernières réunions, la cotisation annuelle a dû être portée de

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