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et de celle d'Albertus peut être très-utile pour l'histoire du droit à cette époque; elle indique les progrès accomplis dans l'intervalle qui sépare l'une de l'autre.

Importants pour l'histoire du droit germanique, et en particulier pour celle du droit lombard, les deux commentaires d'Ariprand et d'Albertus publiés par M. Anschutz le sont encore pour l'histoire du droit romain, et le premier surtout pour celle du droit féodal, en y joignant la summula de Beneficiis, que l'éditeur a eu soin de comprendre dans son édition. Aussi ne doutons-nous pas de la reconnaissance avec laquelle sera accueillie la publication nouvelle de M. Anschutz par tous ceux qui s'occupent de travaux historiques. C'est par de semblables publications, dont la science s'enrichit chaque jour, que l'histoire du droit voit s'ouvrir devant elle des horizons nouveaux, surtout quand elles sont faites avec le soin que M. Anschutz a mis à la sienne. Précédés d'une introduction qui contient à la fois la description des manuscrits d'après lesquels est faite l'édition des deux jurisconsultes lombards, et les détails que nous venons de donner succinctement sur ces jurisconsultes et sur leur œuvre, les textes sont très-exactement reproduits et avec l'indication des variantes; ils sont suivis d'une table alphabétique très-bien faite, dont l'utilité sera reconnue de tous ceux qui ont à faire des études sur des ouvrages semblables.'

DISQUISITIONUM DE FONTIBUS JURIS ROMANI HISTORICARUM Fasciculus primus. Disq. I: De vestigiis primæ editionis Codicis Justinianei, quæ in nono hujus Codicis libro inveniuntur. Disq. II: De verborum privilegium exigendi in fontibus nostris significatione. Scripsit Dr. G.-M. ASHER, Petropolitanus. Heidelbergæ, sumptibus J.-C.-B. Mohr, 1855, in-8.

Le but que s'est proposé M. Asher dans la première de ces dissertations a été de prouver qu'on trouve dans le livre IX du Code de Justinien des traces de la première édition de ce Code. En étudiant ce livre et en le comparant au livre IX du Code Théodosien, l'auteur remarqua que le premier avait, pour un grand nombre de titres, suivi l'ordre de ce dernier, mais qu'avaient été intercalés dans le Code de Justinien des titres qui ne se trouvaient pas dans celui de Théodose le Jeune. Or, pourquoi l'ordre des titres du Code Théodosien n'avait-il pas été suivi tout entier ? C'était, et la comparaison des titres le démontre, afin de faire concorder le Code nouveau avec l'ordre suivi dans le Digeste. C'est ce qui résulte évidemment encore de ce que les titres intercalés dans la nouvelle édition du Code, à partir du 32° jusqu'au 36 se rappor

lent aux crimina extraordinaria dont il n'y avait pas de trace dans le Code Théodosien, et qui avaient cessé d'être distingués des autres crimes depuis près de trois cents ans. Le Code de Justinien Repetitæ prælectionis, dans le livre IX, se compose donc de deux sortes de titres, les uns concordant avec le Code Théodosien, les autres qui ne concordent pas. Les premiers appartiennent à la première édition du Code, les seconds à la deuxième. Outre, en effet, leur concordance avec le Digeste, qui n'existe pas pour les premiers, un des titres intercalės (le 13°) se trouve être précisément une constitution de l'an 533, contemporaine de la seconde édition.

Dans la seconde dissertation, M. Asher examine quelle est l'étendue du privilegium exigendi accordé à celui qui a prêté de l'argent pour construire ou réparer un bâtiment. Est-ce un privilége général qui porte sur tous les biens du débiteur (privilegium in bonis), ou bien est-ce seulement un privilége spécial portant sur le bâtiment à la reconstruction ou à la réparation duquel l'argent du créancier a été employé. Contrairement à l'opinion la plus généralement admise, l'auteur ne voit dans le privilegium exigendi qu'un privilégé spécial, et il appuie son opinion sur des considérations très-fortes, tirées de la nature des priviléges généraux et sur les textes mêmes qui mentionnent cette espèce de privilége... Il nous suffit de signaler aux romanistes la dissertation de M. Asher. Nous ne pouvons entrer ici dans tous les détails de la discussion à laquelle il se livre pour prouver sa thèse. PHILOSOPHIÆ JURIS DELINEATIO. Auctore Leopoldo-Augusto WARN KOENIG, in Universitate Tubingensi juris prof. pub. ord., Instituti Galliæ, Academiæ Regiæ Monacensis, item Belgicæ aliarumque societatum litt. socius, etc. Editio altera, penitus retractata. Tubingæ, in bibliopolio Francisci Fues. 1855, in-8. Prix : 5 fr.

Ce n'est point ici un nouvel ouvrage, mais seulement une édition nouvelle d'un livre qui parut il y a vingt ans. Nous ne voulons pas, par cette observation, affaiblir en rien le mérite de l'œuvre du savant professeur de Tubingue; seulement, comme c'est un ouvrage déjà connu de tous ceux qui s'occupent de philosophie du droit, nous nous arrêterons moins à son appréciation. Nous nous contenterons de le signaler à l'attention de nos lecteurs comme un excellent résumé des doctrines allemandes sur celle partie de la science: partie fort négligée de nos jours en France, comme tant d'autres, mais qui pourra y reprendre faveur par la

publication d'ouvrages comme celui que nous annonçons. Ce n'est pas qu'en recommandant l'œuvre de M. Warnkoenig nous adoptions toutes ses doctrines; loin de là, en bien des points, nous les repoussons: ainsi, sur les principes qui servent de fondement à la propriété, à la force obligatoire des conventions, et principalement sur la nature du mariage. On nous permettra de nous arrêter un moment sur cette dernière question, à propos de laquelle M. Warnkoenig dit qu'est fausse l'opinion de ceux qui prétendent que la polygamie est contraire à la sainteté du lien conjugal ou à la dignité humaine. Après avoir repoussé également l'opinion de ceux qui regardent la polygamie comme fondée sur ce que, dans certains pays, il naît plus de femmes que d'hommes, il ajoute Matrimonium inter omnia vitæ civilis instituta fortassè imperfectissimum est, et vix ità potest ordinari, ut nihil in eo sit incommodi. Il constale ensuite l'existence de la monogamie dans les pays tempérés et celle de la polygamie dans les pays chauds, d'où il tire cette conclusion que chacune de ces formes de mariage repose sur une véritable nécessité naturelle. Dubitandum igitur non est, utramque matrimonii formam naturali quadam necessitate esse constitutam.

Ce passage, que nous avons cru devoir reproduire en entier, repose sur l'opinion bien connue de Montesquieu; mais les prémisses ne nous paraissent pas plus exactes que la conclusion. La polygamie n'a pas existé seulement dans les pays chauds, et la monogamie, au contraire, s'y retrouve. M. Warnkoenig le sait aussi bien que nous. Quant à ce que dit le savant professeur, que le mariage est peut-être la plus imparfaite des institutions civiles, et qu'il est presque impossible qu'il soit organisé de manière à n'avoir pas d'inconvénients, nous eussions désiré qu'il fût plus explicite; nais, dans aucun cas, nous ne saurions reconnaître ce caractère dimperfection au mariage chrétien, tel qu'il est admis et réglé dans notre Code civil et dans la plupart des législations modernes.

Nous ne pouvions nous empêcher de signaler ici quelques-uns de los dissentiments avec l'auteur, dont la réputation de science pas plus que le mérite ne sauraient souffrir de nos observations. Afin de donner une idée du contenu de l'ouvrage à ceux qui ne le connaissent pas, nous indiquerons ses principales divisions. Dans une introduction, l'auteur fait l'histoire exacte de la philosophie du droit, après avoir expliqué ce qu'il entend par là, chez les peuples anciens et modernes. Puis, dans le premier livre, il

s'occupe des fondements et des préceptes fondamentaux du droit universel. Le second, consacré au droit privé, traite des droits des personnes, des choses, des droits réels, des obligations, du droit de famille, du droit de défense personnelle. Le troisième renferme une esquisse du droit public interne et du droit des gens. Suit en appendice une bibliothèque choisie des auteurs qui ont écrit sur la philosophie du droit et sur la politique. Aucun des ouvrages modernes ne nous y a paru omis.

Ces courtes indications suffisent pour signaler à l'attention de nos lecteurs l'œuvre d'un savant aussi connu par ses nombreux travaux de droit romain, d'histoire et de philosophie du droit que l'est M. Warnkoenig, et dont toutes les publications sont assurées de recevoir un bon accueil dans la science.

C. GINOULHIAC.

DEUXIÈME PARTIE.

OUVRAGES DE LITTÉRATURE.

DANTE ET LES ORIGINES DE LA LITTÉRATURE ET DE LA LANGUE ITALIENNES, par FAURIEL Paris, Durand, 2 vol. in-8. Prix: 14 fr.

Fauriel était mort sans avoir pris assez de soin de sa gloire. Un des plus éminents critiques de ce temps, un des premiers et par la date et par l'importance de ses travaux, il s'était contenté de communiquer autour de lui, avec la prodigue générosité du génie, le fruit de ses recherches et l'inappréciable secours de ses conseils, sans revendiquer la propriété de plus d'une idée qui faisait sous ses yeux la fortune littéraire de différents écrivairs. M. Jules Mohl a entrepris de restituer les titres de Faurie à la reconnaissante admiration de ceux qui ont le goût des étules sérieuses, et c'est un service qu'il rend non-seulement à la mémoire d'un ami, mais à tout le monde savant. Il nous avait déjá donné la précieuse histoire de la poésie provençale; il a publié ensuite l'ensemble des études de Fauriel sur Dante, et les ongines de la littérature et de la langue italiennes ; et si l'appel qu'i vient de faire aux personnes qui se trouveraient dépositaires de quelques travaux encore inédits est entendu, cette publication ne sera pas la dernière.

En 1833, Fauriel avait pris la Divine Comédie de Dante pour sujet de son cours à la Faculté des lettres. Deux leçons qu'il avait faites sur l'état de la langue italienne avant Dante avaient vivement frappé ses auditeurs, qui le prièrent de reprendre ce sujet et de l'exposer avec plus de développement. Il fut ainsi amené à faire des langues indo-européennes en général, et de l'italien en particulier, une étude à laquelle est consacré le second volume de la récente publication.

Après avoir rappelé quelles furent jusqu'à nos jours les vicissitudes de la fortune poétique de Dante, Fauriel commence par nous faire connaître l'état politique de l'Italie au treizième siècle. Il signale les influences qui se sont disputé ce malheureux pays; il caractérise le rôle de l'empire et celui de la papauté; il expose la politique des Guelfes et des Gibelins, de ces deux partis dont le long duel remplit et attriste l'histoire de l'Italie, et il étudie l'organisation de ces brillantes républiques destinées à se perdre dans des tyrannies plus ou moins violentes. Les institutions de la démocratique Florence sont analysées avec un soin tout particulier. On suit les progrès du parti populaire inscrivant ses victoires successives dans la constitution de 1250 et dans celle de 1282, et l'on arrive à la dramatique biographie du poëte, morceau déjà publié en 1834 dans la Revue des Deux-Mondes, mais qu'éclairent ici d'un jour plus vif les recherches qui l'introduisent. On y trouve le récit de ce merveilleux amour de l'enfance du poëte qui devait être l'inspiration dominante de toute sa vie. Avec un intérêt passionné on s'attache à cette noble et grande âme qui, dans les péripéties d'une destinée orageuse et battue par tous les vents de "adversité, domine toujours la fortune de toute la force d'une tonscience droite, de toute la hauteur d'une généreuse fierté. Fotre âge est amoureux du Dante. S'il est vrai que nos sympathies nus jugent, nous tendons à donner une bonne opinion de nousmèmes en honorant ce cœur héroïque, qui eut une merveilleuse pussance d'aimer et de haïr; dont les haines furent, comme les amurs, également profondes et désintéressées, et qui, dévoré du regret de la patrie perdue, de cette patrie « qu'il ne pouvait plus revor qu'en songe,» refusait cependant d'y rentrer aux condilions eu honorables qu'on mettait à son rappel. En 1315, c'està-diretreize ans après avoir été enveloppé dans la proscription qui fra pait les Guelfes noirs ou aristocratiques, Dante apprit par une lettre d'un ami qu'il était compris dans le nombre des exilés

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