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avec une faux dont le manche est très-court: ils la tiennent de la main droite; et dans la main gauche est un petit crochet qui leur sert à réunir les épis qu'ils veulent couper. Les Tatars se servent d'une faux courte, mais très-courbée, dont le manche est aussi très-court; ils l'agitent dans tous les sens, et n'ont pas besoin de se baisser.

Il paraît que la faux des Lettons doit mériter la préférence sur ces différens instrumens. Il est prouvé qu'un seul homme peut avec cette faux moissonner autant que trois qui se servent de la faucille; elle réunit encore cet avantage, que le faucheur n'a pas besoin de se courber: les éteules sont plus courtes, par conséquent on perd moins de paille enfin le bled mûr est moins ébranlé; de sorte qu'il en tombe moins, que quand on se sert de la faux ordinaire. Au lieu donc d'introduire l'usage de la faux allemande, ce que plusieurs cultivateurs ont tenté, il serait très-avantageux de se servir dans toute la Russie de celle des Lettons. On emploie ordinairement pour battre le bled des fléaux très - légers, ou de longs bâtons courbés.

Il est impossible d'imaginer des instrumens d'agriculture plus simples et moins compliqués. Le cultivateur allemand regardera avec mépris la charrue légère, la petite faux et les fléaux: cependant les colons allemands s'y accoutument très-promptement; et ce n'est pas uniquement un motif de paresse qui les leur fait préférer, mais ils les trouvent plus convenables au sol du pays qu'ils habitent.

En examinant les terres labourables suivant les propriétés qui leur sont particulières, on les divise en trois classes principales: 1.° les champs qui sont toujours en culture, et que l'on laboure tous les ans ; 2.° les steppes; et 3.° les halliers, ou les lieux couverts de buissons. On distingue en Russie, comme partout ailleurs, trois sortes de labour: savoir, les champs d'hiver, les champs d'été et les jachères (en russe iarovaia, osimovaia, iar): quelques-uns ajoutent encore les novales (novina); nous les rangeons dans la classe des halliers. Il est inutile d'expliquer ces termes qui sont reçus dans tous les pays: nous observerons seulement que les champs ensemencés l'été sont récoltés la même année, tandis que les champs d'hiver

le

sont ensemencés l'automne, et qu'on ne les moissonne que l'été suivant. Les grains qu'on sème le plus communément en Russie dans les champs d'été sont le froment, le seigle, l'orge, le millet, le bled sarrasin, le lin, chanvre, les pois, le pavot, le panis et l'avoine on ne sème dans les champs d'hiver que du froment ou du seigle. Un champ d'hiver qui a été labouré reste ordinairement en jachère pendant la fin de l'été, l'automne et tout l'hiver, sans recevoir aucune sorte de culture: cependant les paysans russes l'ensemencent quelquefois de grains qui n'épuisent pas le sol. On sait que les agriculteurs modernes ont proposé d'abolir entièrement les jachères. Ce projet a été rejeté par des cultivateurs éclairés, qui soutiennent que la brièveté de l'été dans la plus grande partie des provinces de la Russie rend l'exécution de ce plan très-difficile, et même absolument impossible. Il y a beaucoup de lieux où la récolte du bled ne peut se faire qu'au mois d'août ou en septembre: la belle saison ne laisserait donc pas un temps suffisant pour préparer les terres à recevoir les semences d'hiver; et, quand le seigle est semé trop

tard, il n'acquiert pas assez de forces pour pouvoir résister à un automne ou un printems rigoureux. Les champs des steppes peuvent être comparés à ces pâturages que l'on ensemence dans d'autres pays: on les laboure pendant quelque temps sans les engraisser, et on les abandonne quand ils cessent d'être fertiles. Dans les steppes immenses que contient l'empire de Russie, chaque agriculteur peut s'approprier l'étendue de terrain qui lui convient: on n'y connaît point d'autre culture que de labourer et de herser une seule fois le champ; ensuite on l'ensemence. Ce léger travail suffit, même pour le sol le plus maigre, surtout quand on y sème du lin: mais, si l'on y veut récolter des grains, alors il faut les labourer et les herser plusieurs fois avant de les ensemencer, afin que le sol devienne plus délié et que l'air puisse imprégner les particules les plus susceptibles de le fertiliser; c'est ce que l'on nomme en terme de labourage, ameublir la terre. Il est rare que l'on cultive les steppes avec autant de soins.

On entend par halliers les lieux couverts de buissons, que l'on fertilise en y mettant

le feu; ce qui s'exécute principalement de deux manières. Les uns coupent simplement le bois, et, quand il est sec, ils y mettent le feu d'autres enlèvent le bois, labourent la terre et y répandent les broussailles, qu'ils couvrent de terre avant de les brûler. Dans plusieurs endroits, ces différentes méthodes de défricher ou d'essarter les hallicrs éprouvent quelques légers changemens. Dans les provinces intérieures de la Russie, les paysans ont coutume de couper, à la fin de juin, une certaine étendue de bois; ils le laissent sur la place, et. n'y mettent le feu qu'au printems de l'année suivante.

Le premier grain que l'on sème ordinairement dans ces défrichemens est le lin: l'année d'ensuite, on y sème de l'orge, de l'avoine, et enfin des semences d'hiver. Si le sol est fertile, on continue à le cultiver; mais, si au contraire il est maigre et aride, quelques années après on abandonne ces défrichemens qui se couvrent de broussailles, et au bout de quinze ou vingt ans on les essarte de nouveau.

Quoique ces travaux soient pénibles, ils procurent cependant un produit certain et

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