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de la Russie; tandis qu'à présent cet article fait pencher la balance de son commerce du côté des étrangers.

et

Jusqu'ici la culture de la vigne n'a été considérée que comme un accessoire, les procédés que l'on a suivis sont si mauvais, que le vin ne mérite point d'être compris au nombre des productions de la Russie. Comme depuis des siècles les habitans sont occupés de la culture de la vigne et n'ont pas fait le moindre progrès, on voit que le seul moyen de la perfectionner est d'envoyer dans ces contrées des vignerons étrangers, pour qu'ils voient la meilleure méthode à suivre et que la pratique leur en devienne familière. Une telle entreprise ne peut être exécutée par un seul particulier; elle exige que l'état y contribue, et peutêtre le meilleur moyen serait-il d'en confier l'exécution à une société approuvée par le gouvernement.

Il ne suffirait pas de faire venir des vignerons; il faudrait encore se procurer des tonneliers qui sussent soigner les tonneaux, et gouverner le vin lorsqu'il fermente dans les celliers. On devrait les faire venir

d'Allemagne ou de Hongrie, où l'on trouve les plus intelligens et les plus laborieux. Il serait nécessaire de planter en Tauride des ceps étrangers: dans les autres vignobles, il suffirait d'améliorer les espèces que l'on possède, et de les multiplier ensuite dans la Tauride. Il est probable que quatorze vignerons et six tonneliers suffiraient pour mettre, au bout de huit ou dix ans, la culture de la vigne en vigueur: suivant un calcul exact, les frais n'iraient point au delà de 60,000 roubles. Le moyen le plus facile de se procurer cette somme serait de la partager en actions, que l'on distribuerait à des particuliers: peut-être la société économique, composée en grande partie de citoyens aisés et distingués, pourrait-elle exécuter ce projet. La troisième année après que les améliorations auraient eu lieu, le vin et surtout le vinaigre que l'on retirerait pourraient déjà rembourser une partie du capital; et il est vraisemblable que huit ans après il serait entièrement acquitté, car les vignes nouvellement plantées donnent une abondante vendange dès la sixième année.

Si une compagnie formait cette entreprise avec l'autorisation du gouvernement, il serait nécessaire que la couronne lui cédât les vignobles qui lui appartiennent, ainsi que tous les lieux propres à planter de nouvelles vignes. Tous les propriétaires, qui ne seraient pas en état de faire des améliorations dans leurs vignes, seraient obligés de les céder à cette compagnie pendant un temps fixé; ils recevraient un dédommagement, et, après cette époque, on leur rendrait leurs vignes. Cette compagnie devrait conserver pendant vingt ans le privilège d'acheter tous les vins, même ceux des particuliers, suivant le tarif établi, afin de pouvoir les gouverner comme elle le jugerait à propos. Aussitôt que cette compagnie pourrait fournir des vins, il faudrait défendre au moins l'importation des vins de Moldavie, qui se débitent en Ukraine; mais ce monopole ne durerait pas plus de vingt ans, Ce temps écoulé, les actionnaires perdraient l'usufruit de leur capital même, dont ils auraient été indemnisés avec usure à cette époque.

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Toutes les tentatives que l'on a faites jusqu'à présent pour améliorer les vignes ont

mal réussi, soit parce qu'on s'en est occupé sans suivre un plan fixe et bien combiné, soit parce qu'on ne s'est appliqué qu'à ce qui regardait les pressoirs et la manière de faire le vin, sans changer la culture de la vigne. Les efforts des propriétaires ont eu, à la vérité, un meilleur succès; mais un changement aussi important ne peut avoir lieu que par une entreprise générale, et il paraît que le moyen le plus facile d'atteindre ce but est de suivre le plan que nous avons proposé.

Pourquoi un projet, qui n'exige que l'accord de quelques citoyens aisés et bien pensans, serait-il regardé comme inexécutable? et ne doit-on pas présumer que la Russie se lassera de tirer des pays étrangers des vins chers et peut-être falsifiés, lorsque son propre sol en peut produire d'excellens?

CHAPITRE VII.

Des Forêts.

LES

Es forêts sont dans tous les pays très-peuplés une branche d'industrie productive, surtout quand on n'a pas seulement pour but de les conserver, mais lorsqu'on veut encore améliorer et multiplier les espèces de bois les plus utiles. Peut-être trouvera-t-on ces soins superflus en Russie, où il y a un si grand nombre de forêts, qu'elles sont souvent un obstacle à l'agriculture: mais si la nature a été plus libérale à cet égard dans les contrées septentrionales, nulle part on n'en a un plus grand besoin. L'on doit s'occuper avec d'autant plus de soin de conserver cette ressource, qu'un état d'une aussi vaste étendue ne possède pas partout les mêmes productions: le superflu d'une province supplée à la disette qu'une autre éprouve. Malgré ces vastes forêts, il y a plusieurs contrées en Russie qui sont absolument dépourvues de bois à brûler et propre aux

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