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constructions; et dans les gouvernemens mêmes où le bois était autrefois très-commun, l'accroissement de la population et les progrès de l'industrie ont rendu cette diminution plus sensible. La consommation de bois est prodigieuse dans un pays où l'on doit se préserver du froid dix mois de l'année, et où presque toutes les habitations sont en bois : cette dépense énorme augmente dans la même proportion que le nombre des habitans. On emploie une grande quantité de bois à faire sécher les grains; on défriche des forêts pour les cultiver ou en faire des prairies: les travaux des mines, l'entretien de deux flottes, un grand nombre d'ateliers et les besoins journaliers, épuisent les forêts, tandis que le luxe, l'industrie et les commodités de la vie, se multiplient. On doit encore ajouter que l'exportation des bois augmente, parce que les besoins des autres pays s'accroissent et que le commerce s'étend toujours davantage. Toutes ces causes réunies font sentir la disette de bois dans plusieurs contrées les suites en sont encore éloignées, mais leur importance est effrayante,

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Les gouvernemens d'Arkhangel, d'Olonets, de Tobolsk et d'Irkoutsk, renferment de vastes forêts dans ces provinces immenses, il serait aussi nécessaire de les défricher qu'ailleurs de les conserver. Les gouvernemens de Perm, Kazan, Smolensk, Mohilef, Minsk, Tchernigof, Voronėje, Oufa, Toula, Simbirsk, Orel, Kalouga, etc. fournissent le bois nécessaire aux mines et aux fonderies, ainsi que d'excellens bois de construction. La plupart des autres provinces possèdent assez de bois pour leur propre consommation; mais quelques-uns des gouvernemens du midi en manquent, tels que Kief, Kharkof, Cathérinoslaf et la Tauride.

Entre les différentes espèces de bois, les pins sont ceux qui croissent le plus dans la Russie septentrionale et la Sibérie; il y en a de vastes forêts: les pins, les sapins et les pinastres, sont les espèces les plus communes, surtout les derniers qui fournissent la plus grande quantité de bois à brûler, pour faire du charbon, et pour les constructions. Le cédre de Sibérie ou l'alviez (pinus cembra) croît surtout sur les monts Ourals: ce bel arbre est fort et très-élevé; on l'emploie aux mêmes

usages que le pin. Les habitans de la Sibérie imitent ceux de la Louisiane: ils coupent l'arbre avoir le fruit; on le mange

pour ou on en tire une bonne huile. Le méleze (pinus larix) croît au nord de la Russie européenne et dans les montagnes de la Sibérie. Ce bois est très-utile pour la construction des vaisseaux, parce qu'il est très - résineux: on s'en sert dans plusieurs endroits pour les ouvrages que l'on construit dans l'eau; et, dans les mines de Nertchinsk, on l'emploie à faire du charbon. Dans les monts Ourals et d'Olonets, on en tire de la térébenthine, et on ramasse l'agaric que l'on exporte. La gomme de ces arbres pourrait être employée dans les pharmacies 43.

Après les arbres, le bouleau est le plus commun et le plus utile; on l'emploie à mille différens usages: l'écorce de cet arbre sert de tan et à faire un goudron qui est trèsrecherché; on en fait aussi des boîtes rondes, dans lesquelles on conserve du caviar, du beurre, des fruits, etc. Les feuilles sont employées à teindre en jaune: l'eau qui sort du bouleau est une boisson trèsagréable, et le bois sert tant à la consommation

habituelle qu'à celle des mines et des fabriques. Après le bouleau, le tilleul est l'arbre le plus commun; on l'emploie plus utilement en Russie qu'ailleurs: l'écorce sert à faire des traîneaux, des voitures, des corbeilles, des coffres, à couvrir des maisons, etc. on emploie celle des jeunes tilleuls à faire des millions de souliers tressés pour les paysans: on scie le bois en planches, on en fait des bateaux, et on le brûle pour en tirer de la potasse; les fleurs de tilleul sont une excellente nourriture pour les abeilles. Le chêne, cet arbre utile et majestueux, ne croît que dans la Russie européenne: on en trouve surtout dans les gouvernemens de Kazan et de Voronėje, où on l'emploie principalement à la construction des vaisseaux; il y en a aussi des forêts assez considérables dans la Russie blanche et la Petite-Russie. Le frêne et le saule viennent presque partout. Le hêtre, l'orme, l'érable et le peuplier, réussissent surtout dans les contrées méridionales.

Cette immense quantité d'arbres de haute futaie, dont nous avons fait connaître les espèces les plus communes et les plus utiles, est non-seulement employée à la consommation

intérieure, elle forme aussi un article d'exportation très-considérable. En 1793, sa valeur excédait trois millions et demi: on exporta pour 1,744,000 roubles de mâts, poutres, planches; pour 394,000 de potasse et de védasse, pour 249,000 de nattes d'écorce, et pour 150,000 de poix, goudron et résine. On voit que les forêts sont une source de richesses très - précieuse pour l'état: leur conservation serait donc un objet digne des soins de l'administration publique. On verra dans la suite que l'on s'en est péu occupé jusqu'à présent.

La consommation prodigieuse de bois que le climat, le genre de vie et les occupations, nécessitent, est encore très-augmentée en Russie par une profusion inconcevable. Presque toutes les maisons et bâtimens dans les villes, ainsi que dans les campagnes, sont construits de poutres: on conserve cette coutume, quoiqu'il y ait des carrières dans le voisinage de la plupart des villes, et malgré les dévastations innombrables que les incendies occasionnent dans l'empire. Les grandes routes sont faites pareillement de poutres posées les unes à côté des autres, sur lesquelles on répand

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