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entraînerait de grandes difficultés et des frais exorbitans. Il suffirait donc à cet égard de rendre des ordonnances générales, qui accorderaient l'intérêt du possesseur et celui du paysan: on préviendrait ainsi les plus grands dommages, et on mettrait des bornes à une profusion excessive, qui est très-préjudiciable à l'état. Si, par exemple, il était possible de ne permettre d'employer à la préparation du goudron et de la potasse que du bois mort, des broussailles et du bois inutile, non-seulement on économiserait le bon bois, mais on nettoyerait encore les forêts: il faudrait encore abolir entièrement l'usage de porter des souliers d'écorce nattée, et d'éclairer avec des bardeaux, dans un pays où il a une si grande quantité de cuirs, d'huile et de graisse d'ailleurs il y a déjà plusieurs contrées où cette coutume devient plus rare. Ne serait-il pas possible encore de rendre la bâtisse en pierres plus commune et de paver les grands chemins, dans un pays où ces matériaux se trouvent en abondance, et où le gouvernement n'épargne aucun frais quand il s'agit de donner un bon exemple ou de favoriser les objets d'une utilité générale? Si

y

le gouvernement est parvenu à faire employer des planches sciées à la construction des barques, serait-il plus difficile d'empêcher les défrichemens et d'exiger que l'on plante des haies vives? A une administration sage et active tout est praticable, quand le peuple est éclairé sur ses véritables intérêts, et il serait très-aisé de prouver aux propriétaires que dans la conservation des forêts leur avantage est lié au bien général.

CHAPITRE VIII

Des Abeilles.

L'ÉDUCATION des abeilles n'est dans la plu

part des contrées de l'Europe qu'une branche peu importante de l'économie rurale: en Russie, au contraire, quelques nations lui doivent leur existence, et elle fournit même des objets pour le commerce extérieur. On recueille une si grande quantité de cire dans l'empire, que, des ports seuls de la Baltique, on en exporte 12 à 15,000 pouds par an, outre la consommation intérieure. Le miel est aussi un article très-important pour l'empire: presque toute la Sibérie le tire de la Russie européenne. La meilleure sorte de miel est celle que les abeilles tirent des fleurs de tilleul blanc: on la recueille surtout dans les lieux où il y a beaucoup de ccs arbres, tels que sur l'Oka, le Don, dans la Russie blanche et la Petite - Russie, dans les nouvelles acquisitions faites sur la Pologne et dans les contrées méridionales de

l'Oural situées en Europe. En 1793, la Russie exporta pour 378,000 roubles de cire et de bougie, bougie, et pour 5,000 roubles de

miel.

On gouverne les abeilles en Russie d'une manière particulière, et il n'y a certainement aucun pays en Europe où cette occupation fasse vivre tant d'individus. On trouve, à la vérité, un grand nombre de ruches dans la plupart des gouvernemens; mais il y a infiniment plus d'abeilles sauvages, qui habitent surtout les forêts de l'Oural dans le gouvernement d'Oufa: de l'autre côté de ces montagnes et dans toute la Sibérie, il n'y a point d'abeilles sauvages. Les nations qui se livrent principalement à cette occupation sont les Bachkirs, les Tatars, les Tchouvaches, les Tchérémisses, les Mechtchériaks, surtout dans les gouvernemens de Kazan et d'Oufa. Il y a parmi les Bachkirs des individus qui possèdent une centaine de ruches d'abeilles, qui sont dans leurs jardins, et jusqu'à mille ruches d'abeilles sauvages qui habitent les forêts: tous les ans ils ramassent quarante et quelquefois cent pouds de miel. Tous ces peuples suivent la même méthode

que les Bachkirs pour se procurer le miel des abeilles nous en donnerons une courte description.

On trouve la plupart des essaims d'abeilles dans les bois, où ces insectes s'établissent d'eux-mêmes dans la ruche qu'on leur a préparée. Les Bachkirs choisissent les arbres les plus forts, les plus droits, et ceux dont le bois est le plus dur : ils établissent la demeure des abeilles au moins à quatre ou cinq brasses au-dessus de la terre; ils creusent le tronc, le polissent au ciseau et ferment l'ouverture de manière qu'il n'y ait que de petits trous pour laisser passer les abeilles. Les Bachkirs exécutent cet ouvrage, et grimpent sur les arbres les plus unis avec une adresse admirable; ils n'ont besoin que d'une corde et d'une cognée: un homme attache une corde autour de son corps et au tronc de l'arbre; il y fait une échancrure à une certaine hauteur; il s'élance alors par le moyen de la corde, tandis qu'il appuie ses pieds contre l'arbre, jusqu'à ce qu'il arrive à cette échancrure; il en fait alors une nouvelle et continue de la même ma

nière, jusqu'à ce qu'il soit parvenu à la

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