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Cet arrangement étant trop peu limité donna lieu à des abus: 1°. on faisait tort à la couronne, en accordant ces paysans à tous les particuliers indistinctement et en en fournissant un nombre trop considérable; 2°. ces malheureux traités arbitrairement et condamnés aux travaux les plus pénibles, furent quelquefois portés par le désespoir à se soulever. Catherine II, en montant sur le trône, tâcha de réformer cet abus. En 1766, elle convoqua une commission, composée des personnes les plus distinguées, qui fut chargée d'examiner le mal et d'y remédier. Mais une affaire aussi importante éprouva toujours des retards occasionnés par différents obstacles : l'impératrice donna cependant quelques ordres et réforma les principaux abus. Enfin, le 25 mai 1779, il parut une ordonnance qui fixa le sort des paysans attachés aux mines, d'une manière juste et conforme à l'humanité 64. On augmenta leur salaire; la saison et le temps qu'ils devaient travailler furent fixés, ainsi que le genre de leurs travaux. Maintenant ces paysans n'ont que cinq sortes d'occupations, et, d'après le prix fixé pour chaque journée, un homme n'est obligé de travailler que

quatre semaines au plus dans l'année, pour gagner les 170 kopeks de capitation qu'il paye à la couronne; ainsi il lui reste assez de temps pour les travaux de l'agriculture et ses occupations domestiques.

Si les nobles possèdent des mines sur leur propre territoire, ils sont obligés de les faire exploiter par leurs serfs: si le sol ne leur appartient pas, ils peuvent obtenir des paysans de la couronne. Les ouvriers libres sont trèspeu nombreux partout, et, s'ils étaient seuls employés aux mines, les forges languiraient souvent. Cependant dans la plupart des mines de cuivre et de fer de l'Oural, on emploie des gens que l'on loue pour le transport de la mine, parce que les paysans qui y sont attachés, sont à peine assez nombreux pour conduire le charbon et abattre le bois. Comme tous les paysans de la couronne qui sont dans le voisinage de ces mines y sont at tachés, il est presque impossible à celui qui ne possède pas des serfs de pouvoir exploiter une mine avantageusement, parce qu'il est très-difficile, même en payant un prix considé rable, d'avoir un assez grand nombre d'ouvriers libres, et parce qu'il faut aussi un très

gros

gros capital, qu'une seule personne est rarement en état d'avancer. Telles sont vraisemblablement les causes qui ont empêché que l'on n'ouvrît de nouvelles mines, quoique le manifeste de 1782 ait étendu et assuré le privilège des mines.

Nous n'avons examiné les mines de Russie, que sous leur rapport statistique; il n'est point dans notre plan d'en décrire les travaux. Le public en a des détails si exacts, qu'il serait inutile de nous étendre davantage sur cet objet. Nous terminerons ce chapitre par quelques observations générales sur les productions du règne minéral; nous indiquerons l'utilité que l'on peut en tirer; nous tâcherons d'en faire connaître le produit annuel et les articles d'importation ou d'exportation pour les pays étrangers.

Nous avons déjà vu que la Russie exploite annuellement 40 pouds d'or, et à peu près 1300 d'argent: en 1789 la valeur numéraire en était de 1,729,000 roubles. Ces métaux sont transportés à St. Pétersbourg, où l'on en monnoie la plus grande partie, après qu'on en a fait le départ et qu'on l'a affinée au grand laboratoire. Outre l'or et l'argent que lon

tire des mines, la Russie reçoit encore annuellement une grande quantité de ces deux métaux par la balance avantageuse de son commerce, et par les douanes qui doivent être payées en partie en monnaie étrangère 65.

Le produit annuel des mines de cuivre est de 200,000 pouds; on en peut estimer la valeur au moins deux millions de roubles. On emploie à faire de la monnaie le cuivre que la couronne tire de ces mines et des impositions sur les particuliers. L'exportation de ce métal est peu considérable; en 1793, on n'en exporta par mer que 187 pouds, dont la valeur était évaluée à la douane à 2,900 roubles: la Russie achète encore du cuivre ouvragé et du verd de gris 66.

Le fer est un article d'exportation bien plus important. Le produit annuel des mines de fer est à peu près deux millions de pouds: on ne peut en déterminer le prix avec exactitude, parce qu'il hausse toujours. Outre la quantité prodigieuse que l'on emploie dans l'empire, la Russie en vend pour des sommes si considérables, qu'après le chanvre, cet article d'exportation est le plus important. En 1793, on en exporta 3,033,249 pouds, tant en

fer en barres qu'en fonte et en fer assorti. La valeur numéraire, suivant les registres de la douane, montait à 5,204,125 roubles 67.

On trouve du plomb dans toutes les mines, surtout dans celles de Nertchinsk et d'Altai; mais on s'est si peu occupé jusqu'à présent de l'extraction de ce métal, que la Russie tire de l'étranger la plus grande partie de celui dont elle a besoin. On tire annuellement de la litharge des mines de Nertchinsk à peu près 30,000 pouds de plomb, que l'on conduit à Barnaoul; mais il y a des millions de pouds de litharge que l'on n'emploie pas. Cependant on a maintenant le projet d'en fondre en plomb une grande partie, pour en fournir St. Pétersbourg. En 1793, l'importation du plomb dans ce port était de 36,400 pouds, évalués, suivant le registre de la douane, à 125,000 roubles. On n'a point encore découvert de mines d'étain: en 1795, on en importa à St. Pétersbourg pour 167,000 roubles. Jusqu'à présent on a négligé de s'occuper des demi-métaux. Il y a de l'arsenic dans toutes les mines de la Russie, mais en très-petite quantité, On trouve de l'antimoine dans les mines de Nertchinsk, et du zinc dans celles-ci et dans

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