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LITTÉRAIRE

ANNÉE M. DCC. LXXXIV.

Parcere perfonis, dicere de vitiis.Mart.
TOME QUATRIÈME.

A PARIS

Chez MÉRIGOT, le jeune, Libraire,
Quai des Auguftins, au coin de la
rue Pavée.

M. DCC. LXXXIV,

COLLEGE LIBRANT INBRAHAM FUNER

JAN 28 19467

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Repréfentation du Mariage de FIGARO, Comédie nouvelle, en cinq aães & en profe, par M. de Beaumarchais.

SCUDERI

CUDERI fe vantoit d'avoir attiré à la représentation d'une de fes pièces, un tel concours de fpectateurs, que quatre ou cinq portiers du Théâtre furent étouffés fur la place. M. de Beaumarchais n'a pas eu cette bonne fortune. Mais, en revanche, que fa vanité littéraire (car enfin l'Auteur le plus modefte ne laiffe pas que d'en avoir), a dû être flattée du fpectacle de cette foule ardente & tumultueufe qui se

feroit de bon cœur fait écrafer pour voir Figaro le premier jour qu'on l'a donné! Loin de s'affoiblir, Monfieur, l'engouement se propage; c'est à préfent une affluence, dont on n'a pas d'idée. Dès midi, le public inveftit toutes les avenues de la Salle, affiège tous les bureaux; & le portique de la Comédie eft une efpèce d'arêne où triomphent tour-à-tour la force & l'adreffe, le courage & la rufe. Figaro tourne toutes les têtes. C'eft au point qu'on n'en dort pas, qu'on n'en dîne pas! J'ai vu des jeunes gens couverts de fueur, hâletans de fatigue, qui, pour ne pas facrifier le plaifir d'entendre enfin ce Figaro fi couru, fi fêté, laiffoient murmurer leurs entrailles à jeun, & d'autres qui debout, & fans quitter leur pofte dévoroient à la hâte un aliment groffier. Du pain & des Spectacles, disoit autrefois le peuple Romain: du pain & Figaro, crieroient volontiers les Parifiens.

A quoi attribuer cette frénéfie? à mille caufes, Monfieur. D'abord aux obftacles que la repréfentation de

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cette Comédie a éprouvés; au nom de l'Auteur, juftement fameux par fes Mémoires; enfuite à la fingularité même de cette pièce; aux fatires fanglantes que l'Auteur s'y permet contre prefque tous les Ordres de la fociété, à la licence des tableaux & des équivoques, par lefquels il parvient à exciter des applaudiffemens coupables; enfin aux fituations quelquefois plaifantes, le plus fouvent grotefques, & toujours forcées, dont elle furabonde.

Le Comte Almaviva, époux de Rofine, & qui vient d'être nommé Ambaffadeur d'Efpagne à Londres, n'a plus pour la femme la même tendreffe. Ils habitent ensemble un château peu diftant de Séville. Figaro eft au service du Comte. Il doit époufer dans la journée la jeune & charmante Suzette, qui n'a pu réfifter à fon mérite. Suzette eft nièce d'Antonio, Jardinier du château, qui a pour fille l'innocente Fanchette, affligée de quinze ans. Il ne faut pas oublier le beau Chérubin, aux grandes paupières hypocrites, Page du Comte & filleul de

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