Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

LA RELIGION,

РОЁМЕ.

PAR M. RACINE
De l'Académie Royale des Infcrip
tions & belles Lettres.

NOUVELLE ÉDITION.

A PARIS,

Chen JEAN-BAPTISTE COIGNARD,

Imprimeur du Roi.

JEAN DESAINT, Libraire,

M. DCC. LIX.

Avec Approbation & Privilége du Roi,

iij

[ocr errors]

PREFACE.

A Raifon qui me démontre avec tant Lde clarté l'exiftance d'un Dieu, me répond fi obscurément lorsque je l'interroge fur la nature de mon Ame, & garde un filence fi profond quand je lui demande la cause des contrariétés qui font en moi, qu'elle même me fait fentir la néceffité d'une Révélation, & me force à la défirer. Je cherche parmi les différentes Religions, celle dont cette Révélation doit être le fondement. Par le premier de tous les Livres, que nie donne le premier de tous les peuples, & par la fuite de l'Hiftoire du monde, je trouve à la Religion Chrétienne tous les caractères de certitude que je fouhaite. Plein d'admiration pour elle, je m'y foumettrois auffi-tôt, fi je n'étois arrêté par l'obscurité de fes mystères, & par la févérité de fa morale. J'examine la foibleffe de mon efprit, & je reconnois que ma Raifon ne doit pas être ma feule lumiére. J'examine mon cœur, & je reconnois que la morale chrétienne eft

[ocr errors]

conforme à fes befoins. J'embraffe avec

joie une Religion auffi aimable que refpectable.

[ocr errors]

Tel eft le plan de cet ouvrage, que j'ai conduit fur cette courte penfée de M. Pafcal: A ceux qui ont de la répugnance pour la Religion, il faut commencer par leur nontrer qu'elle n'eft pas contraire à la Raifon, enfuite qu'elle eft vénérable; après, la rendre aimable, faire fouhaiter qu'elle foit vraie montrer qu'elle eft vraie, & enfin qu'elle eft aimable. Cette pensée eft l'abrégé de tout ce Poëme, dans lequel j'ai fouvent fait ufage des autres penfées du même Auteur, auffi-bien que des fublimes réflexions de M. de Meaux fur l'Hiftoire Univerfelle. En fuivant ces deux grands Maîtres, j'ai choifi les deux grands hommes qui ont écrit fur la Religion de la maniere la plus convaincante, la plus noble & la plus digne d'elle.

Quoique chaque Chant contienne une matiére différente, & faffe, pour ainfi dire, un Poëme particulier; ils doivent tous cependant répondre au deffein général, & être liés ensemble de façon que le premier amene le fe

cond, celui-ci le troifiéme, & ainfi des

autres.

CHANT I

La vérité fondamentale de toutes les autres vérités, eft l'exiftence d'un Dieu. Elle fait le fujet du premier Chant. J'en 1 tire la preuve des merveilles de la nature, & de l'harmonie de toutes fes parties, qui concourant à la même fin font voir l'unité du deffein de l'ouvrier.

(Je montrerai dans la fuite, que cette même unité de deffein régne auffi dans l'établissement de la Religions.parce que ces deux grands ouvrages ont le même Auteur. L'idée que nous avons d'un Dieu infini me fournit la feconde preuve. Cette idée eft commune à tous les hommes, qui、 n'ont couru après les fauffes divinités, que parce qu'ils cherchoient la véritable. Ainfi l'idolatrie me fournit une nouvelle. 3 preuve. La derniere eft prife de notre confçience intérieure, & de la loi naturelle, qui avant toutes les autres loix a toujours forcé les hommes à condamner l'injustice, & à admirer la vertu.

« VorigeDoorgaan »