gouverneur et lieutenant-général pour Sa Majesté ès Païs-Bas, et autres très zéleux serviteurs d'icelle, convenir estre prins pour redresser les affaires et y mettre tel ordre, qu'on ne vint à retomber ès dangers passés. Et pour le regard du premier déclaira incontinent qu'il n'avoit pas charge de parler des choses advenues paravant la réconciliation, d'où prenant sa quarrière, il déduict particulièrement comme ledict sieur prince de Parme et de Plaisance avoit cogneu le désir de Messieurs les Estats, sur la retraite des estrangers, estre provenu de nulle autre part que pour l'espoir d'une paix générale, à quoy tendoyent les protestations et promesses des rebels. Que la dicte retraicte avoit aussi semblé nécessaire, s'il estoit question d'alléguer autre chose, pour assurer les plus craintifs, oster la disconfidence trop enracinée, faire veoir et toucher au doigt la clémence et sincérité de Sa Majesté, suyvant quoy retenu seulement quelque nombre d'Albanois et Italiens pour amener les afaires en bons termes, les hérétiques, contemnans ces forces, en seroient devenuz plus haultains, plus opiniastres et malicieux que paravant, commençans à exercer ouvertement tous arts d'impiété, avec confédérations d'hérétiques cerchées de toutes partz, directement contre tant de protestations. De quoy s'estans apperceus les gens de bien, singulièrement affectionnez au bien du païs, au service de Sa Majesté, à la religion, auroient estimé qu'il convenoit user de force contre telle perfidie, et remonstrer au dict sieur prince estre du tout nécessaire de pourveoir aux afaires, et achever une fois, s'il estoit possible, la guerre contre les obstinez, n'estant plus question de temporiser et laisser faire leurs afaires si à l'aise aux ennemis, ni dissimuler en leur endroit, pour les amener par clémence à la raison, et de quelle nation qu'ils fussent pour les dompter nonobstant quelles remonstrances, le dict prince, afin de ne donner occasion de pouvoir dire ou penser qu'il auroit violé la foy donnée par Sa Majesté aux provinces catholicques, avoir trouvé convenir de n'attenter la chose sans l'adveu et consentement des dicts estats, bien qu'elle ne fust vrayment contraire aux capitulations de la réconciliation. Sur quoy seroit suyvie une résolution conforme par toutes les dites provinces, de se soumettre entièrement au bon plaisir de Sa Majesté pour le faict et conduite de ceste guerre, sans excepter moyen ou nation quelconque de laquelle se trouveroit conseillée se servir pour l'achèvement d'icelle. Ces choses et quelques autres semblables servirent au premier poinct. Pour le deuxiesme, exprima la supplication des dicts estats, qui estoit que Sa Majesté fut servie dresser armée contigue à Sa Grandeur, pour avec force faire venir à la raison ceux qui, par tant de courtoisies, ne s'y estoient laissé amener. Mais comme l'assamblée de gens de guerre ne seroit de grand effect et pourroit mesme plus tost apporter dommage que prouffict, si elle n'estoit soldoyée à temps, qu'il luy pleust conjoinctement faire bonne et notable provision d'argent. Immensam enim atque infinitam esse bellorum impensam vere aliquando pronuntiatum ab Archidamo Plutarchum in Apophthegmatis meminisse; et y donner tel ordre, que faulte de payement le soldat ne se trouvast en nécessité, et se rendist, comme lors il advint, inutile et insolent. La supplication ainsi posée, mit en avant ceux qui la faisoient, avec vifve représentation, amplification et emphase, assavoir les estats d'Arthois, de Haynault, de Lille, Douay et Orchies, ses très humbles sujets et vassaux, qui ont tousjours attouché de si près au cœur de leurs seigneurs, les gens de bien et d'honneur, une infinité de sainctes ames exilés de leurs provinces, désapoinctés de leurs offices, privés de leurs biens, revenus, terres, maisons et autels, pour la religion catholique et son service: une infinité de milliers de ses subjets de toute qualité et estoffe, de vieillards, de femmes, filles et enfans réduicts à extrême misère, jectez aux pieds de sa réalle auctorité, implorans avec incroiables souspirs, cris et lamentations, support aide et confort contre la fureur des meschans, qui les ont dépossédé de tout ce qui leur apportoit soulas et joie en ce monde un grand nombre d'ames vertueuses, de bons mesnagers, de religieux, de religieuses, tant d'innocens, qui n'avoient jamais fleschy le genouil devant Baal, tenus suspects, captifs, réduicts en servitude ou crainte misérable, aucuns déjectez de leurs maisons anciennes, autres de leurs admirables monastères, les pauvres religieuses, autres retirées des loups ravissans de bonne heure, autres qui avoient eschappé le naufrage avec une table qui leur estoit demeuré du naufrage, autres revenues à bon port, après avoir quelque temps couru fortune, en extresme hasard, toutes d'avoir esté souillées des Rufiens qui, en beaucoup de lieux, avoient peu ce qu'ils avoient voulu, avoient voulu ce qui ne se pouvoit dire avec honesteté et sans larmes nostre ancienne, saincte et sacrée religion prophanée en tant de lieux, exilée de tant de païs, laquelle, après avoir hurté à la porte de tant de princes et seigneurs, pour estre secourue, et n'y aiant trouvé qu'une morte volonté, venoit pour son dernier et asseuré refuge, demander confort et estre vangée de tant de torts, par celuy qui en estoit le vray protecteur, et qui, pour la grande puissance que Dieu luy avoit donnée, avoit en sa main la mort et la vie, la ruyne et l'estat d'icelle; monstroit, en poursuivant, qu'elle nécessité la devoit presser d'acquiescer aux supplians, l'estat, la condition, le nombre d'iceux, tous ses vassaux et subjects, la plus saine et saincte partie des Païs-Bas, la justice et équité de la requeste, celuy à qui elle estoit faite et contre quels gens, assavoir desloyaux, détestables, perfides, ennemis de Dieu et des hommes, tels que sainct Paul descrit devoir venir ès derniers siècles Homines seipsos amantes etc., perfidos, elatos, sine affectione. Qu'il n'y avoit moyen plus aisé de clore la bouche aux meschans, qui autrement la calomnieroient, avec couleur, de prendre, par je ne sçay quelle inimitié contre le Païs-Bas, plaisir à les veoir user, ronger, consumer des ennemis, ou de bonne volonté, ou de faulte de puissance. De quoy adviendroit que les meschans reprendroient incontinent cœur les bons perdroyent crédit et courage, non sans très grands et très importans inconvéniens. Que Sa Majesté seroit estimée porter à faulx tiltre le nom de roy, si elle ne faisoit teste de fer aux meschans; qu'elle ne seroit plus sacrée, se laissant ainsi impunément violer, ni enfin catholicque, ne s'évertuant de repousser ceux qui font telle violence à la religion chrestienne et catholicque qu'elle perdroit l'opinion que l'on avoit de sa justice, donnant lieu et repos aux violateurs d'icelle. Qu'autrement ses conseils, ceste grande despense, ses travaux reviendroient à néant. Que ce respect, l'admiration, la terreur qu'on avoit d'elle s'esvanouiroit. Qu'il se trouveroit tels, qui la rangeroient au nombre de ces roys faitnéants et presque incogneus par leur lascheté, contre l'exemple de ses aïeuls et devanciers tant valeureux, desquels avoit hérité, entre autres tiltres glorieux, celuy de catholicque, contre le renom des entreprises vertueuses et haultz faits de son père Charles, vrayment grand, qui de son nom avoit fait trambler le Turcq, ennemy juré de nostre religion, qui avoit matté de ses armes les hé rétiques corrupteurs d'icelle; duquel, comme estoit fils, n'estoit à doubter qu'il n'avoit tousjours les conseils gravez en son cœur, les entreprises cachetées en son esprit, les haultz faicts empreints au beau milieu de ce qu'il avoit plus intimne, pour se remettre le tout souvent devant les yeulx, afin de l'ensuyvre de pareille constance et magnanimité que son dict père les avoit heureusement conceu et exécuté. Le deshonneur, quy luy reviendroit faisant autrement, fut aussi mis en avant. Puis monstra la nécessité de la chose du costé de l'ennemy, descouvrant les malitieuses finesses, les secrètes praticques, les menées, les confédérations d'Angleterre, d'Allemagne, des rebels de la France, et autres plus cachées, toutes dangereuses et pernicieuses à l'estat et maintenement de l'autorité de Sa Majesté. Puis descouvroit sur la mesme nécessité, eu égard à l'estat du païs, mettant en contre-pois les avantaiges et desavantaiges de part et d'autre concluoit la partie estre mal faite, les moyens continuer la guerre estre inégaux pour la longueur et ouverture des lisières du païs par lesquelles on le pouvoit invahir, le petit nombre de gens qui estoient pour le défendre, le peu de moyens qu'il y avoit en iceluy, la faulte d'argent, duquel, pour estre le vray nerf de la guerre, despendoit bonne partie de la conduite et effort d'icelle l'honneur de Sa Majesté, le repos de ses subjects, le bien de tout le christianisme, et nommément l'asseurance de ses estats et royaulmes, qui viendroient à se perdre, si elle ne réprimoit ceux qui, palissans d'envie contre Sa Grandeur, taschoient lui ronger les ongles, afin qu'elle ne leur fust plus si redoutable, et luy arracher quelques plumes principales, afin qu'elle ne volast si hault pardessus eux, désirans se la rendre esgalle, puis inférieure, puis la rendre au petit pied : toucha, en continuant, la puissance absolue d'icelle, les très : de |