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le roi, après les avoir fait rédiger dans son conseil secret, composé pour lors de M. le chancelier de Silleri, gardedes sceaux, de Villeroi, du président Jeannin, de M. Déageant, et du baron de Modène1. Les notables furent congédiés par le roi le 28 décembre 2. La jalousie des courtisans et les murmures des mécontens se portèrent contre M. de Luines, MM. de Brantes et de Cadenet ses frères, le colonel d'Ornano, le baron de Modène, et surtout Deageant qui, de l'état de simple commis, était parvenu à la direction générale des affaires.

La première que l'on mit en délibération le 4 janvier 1618, lorsque le retour du roi à Paris lui permit de s'en occuper, fut celle du Piémont. Les Espagnols continuaient de retenir Verceil. Le duc de Savoie s'en plaignit vivement. Louis XIII, reconnaissant l'importance de cette affaire, réclama et obtint plusieurs assurances de la Cour d'Espagne que Verceil serait rendu : il exigea que cet engagement fut rempli, et, pour y veiller, il envoya le baron de Modène à Turin, qu'il chargea de se joindre à M. de Béthune, ambassadeur ordinaire. Il l'autorisa à déclarer au duc de Savoie qu'il ne voulait pas l'abandonner 3, et que si les Espagnols manquaient de parole, il l'aiderait ouvertement et marcherait lui-même à son secours. Mais il fallait duc de Savoie commençât par exécuter ce qu'il avait promis, afin que les Espagnols n'eussent aucun prétexte

que

le

1. Mémoires de la régence de Marie de Médicis. La Haje, 1720, 334.

2. Id., 336.

3. Id., 341.

pour différer. M. de Modène était chargé de passer aussi chez le gouverneur de Milan, don Pédro de Tolède, afin de lui faire savoir que Sa Majesté étant caution et arbitre du traité, voulait qu'il fut accompli, que c'était aussi l'intention du roi d'Espagne, et que don Pédro n'y devait point, mettre d'obstacle. Ce fut avec ces instructions que Modène partit vers le 4 janvier 1618.

Peu de tems après, on sut que le duc de Savoie voulait envoyer vers le roi le cardinal son fils pour le même objet; mais on crut qu'il valait mieux attendre ce que produirait le voyage du baron de Modène, et on lui écrivit de remettre le départ du cardinal à une autre époque1.

Les mois de janvier, de février et de mars furent employés par MM. de Modène et de Béthune à des sollicitations que le gouverneur de Milan rendit infructueuses par ses délais et ses longueurs 2. Ce ne fut qu'au mois. d'avril qu'enfin il rendit Verceil au duc de Savoie3, et le baron de Modène revint à la Cour après avoir rempli l'objet de sa mission. A son retour, il passa par Carpentras, où il fut reçu avec de grands honneurs. Ses armoiries furent placées sur la porte de l'Hôtel-de-Ville lorsqu'il y entra.

Il fut chargé d'une commission aussi importante vers la fin du mois d'octobre de cette même année 1618. Le roi l'envoya vers la reine sa mère pour lui répéter les as

1. Mémoires de la régence de Marie de Médicis, 342.

2. Id., 345.

3. Id., 346.

surances de sa bienveillance, et retirer d'elle une déclaration par laquelle elle renonçait formellement à toutes les pratiques que l'on pourrait faire en son nom sous prétexte de mécontentement1. Le baron de Modène ne fut pas moins bien accueilli à Blois qu'il l'avait été à son premier voyage, et Marie de Médicis lui témoigna sa satisfaction par un présent qu'elle lui fit. Malheureusement, l'année suivante, comme on l'a vu plus haut', le duc d'Épernon engagea cette princesse dans une

démarche bien contraire à toutes ces démonstrations.

HUITIÈME OBSERVATION.

Tout ce qui précède était imprimé, lorsqu'une découverte plus récente de M. le comte Hippolite de Modène m'a fourni de nouvelles preuves des relations de la veuve de Molière avec la famille de Modène. Les affaires du comte Esprit de Modène ayant éprouvé quelque embarras après sa mort, arrivée le 1er décembre 1673, à cause des prétentions opposées de Madelène de l'Hermite, sa veuve, et de Charles de Raimond, son frère, il en résulta un procès dans lequel intervinrent les créanciers. Parmi eux figure la fille de Madelène Béjard, comme réclamant un capital de 3,000 livres qu'avait sa mère sur le comte Esprit de Modène. A l'appui de cette réclamation, son avocat, François Garcin, docteur-ez-droits de la ville d'Avignon, produisit, le 13 no

1. Mémoires de la régence de Marie de Médicis, 354.

2. Page 24.

vembre 1676, l'attestation du testament de demoiselle Madelène Béjard, reçu par maîtres Ogier et Moufle, par laquelle on voit que ladite demoiselle testatrice veut et entend que tous et chacuns les deniers comptans qui se trouveront lui appartenir au jour de son décès, etc., soient mis et baillés entre les mains du sieur Mignard, peintre ordinaire du roi, dit le Romain, et qu'à mesure qu'il y en aura jusqu'à vingt où trente mille livres ou plus, ils soient employés à l'acquisition d'héritages, comme il sera avisé par ledit sieur Mignard, suivant l'avis d'experts qui seront nommés par lesdits sieur et demoiselles, frère et sœurs de ladite demoiselle testatrice, les revenus desquels héritages qui seront ainsi acquis seront reçus par demoiselle Grésinde Béjart.

Je ne vois pas comment, après une pareille pièce, où Grésinde n'est pas nommée sœur de la testatrice, on peut contester que l'héritière de Madelène Béjard était sa fille.

NOTICE

DES ÉDITIONS DES MÉMOIRES DU DUC DE GUISE.

Je connais trois éditions des Mémoires du duc de Guise, et comme la notice n'en a point encore été réunie, je la donnerai ici.

N° 1. Les Mémoires de feu M. le duc de Guise. A Paris, chez Edme Martin et Sébastien Mabre-Cramoisy, 1668, avec privilége du roy, in-4°.

Le frontispice est orné des armes du duc de Guise. On trouve d'abord un éloge de Henri II, duc de Guise, mort en 1664, par un homme de grande qualité (François de Beauvilliers, premier duc de Saint-Aignan).

On lit ensuite le privilége du roi, donné à Paris le 6 juin 1667 au sieur de Sainctyon, secrétaire du duc de Guise, et par lui cédé à Martin et Cramoisy le 23 juillet suivant. L'enregistrement est du 13 décembre de la même année. Le titre énoncé dans ce privilége, accordé seulement pour dix ans, est : « Mémoires du duc de Guise sur la conduite qu'il a tenue dans son premier voyage de Naples.

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Un second privilége donné par les États-généraux à Mabre-Cramoisy seulement, et daté du 28 novembre 1667, lui permet le débit de cette édition pour quinze ans.

Les mémoires sont divisés en cinq livres.

Cette édition, quoique asssez belle, n'est point chère'. Elle a cependant le mérite d'être la première.

N° 2. Les Mémoires de feu M. le duc de Guise, publiés par Sainctyon (dont on a fait Saint-Yon), son secrétaire, précédés de son éloge par le duc de SaintAignan. Cologne, Pierre de la Place, Hollande, Elzévir, 1668, 2 vol. petit in-12.

Premier volume, liminaires, quatre feuillets, dont trois contiennent l'éloge; texte, quatre cent-cinquante-huit' pages; second vol., deux cent quatre-vingt-trois pages1. On voit par l'inégalité de ces deux volumes qu'ils ne sont véritablement que deux parties d'un seul volume. Cette édition paraît n'être qu'une contrefaçon de la précédente. Cependant elle est recherchée parce

1. Manuel du libraire, par Brunet. Paris, 1820, II, 139.

2. Essai bibliographique sur les éditions des Elzévirs, par M. Férard. Paris, 1822, 179.

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