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principales observations, il me paraît indispensable d'esquisser brièvement ici quelques-uns des traits essentiels de la géographie de Madagascar.

Trois grands noms dominent l'image de notre principale possession de l'océan Indien, pour un Français explorateur et géologue. C'est Gallieni qui a fait de Madagascar une belle colonie française; c'est Alfred Grandidier, qui a exploré l'île en tous sens et dont les descriptions sont pieusement continuées par son fils, M. Guillaume Grandidier, Secrétaire général de la Société de géographie; c'est enfin M. Alfred Lacroix, Secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, dont les patientes études ont fait de Madagascar le pays le mieux connu du globe au double point de vue de la minéralogie et de la pétrographie.

II. - Schéma structural de Madagascar.

Madagascar est limité vers l'est par une côte remarquablement rigide, orientée nord-nord-est, sud-sud-ouest. Lorsque partant de ce rivage, on s'élève vers les plateaux de l'intérieur, on est frappé par la rencontre d'une série de falaises s'étageant en gradins et courant toutes parallèlement à la grande cassure subméridienne bordière; le long de tous ces accidents tectoniques surgissent des roches éruptives, mais l'ensemble des régions orientale et centrale de la grande île a son sous-sol formé par un énorme bloc de terrains cristallins, de gneiss principalement. En dehors des appareils volcaniques constitués par des roches éruptives plus ou moins récentes, on trouve cependant, à la surface des hauts plateaux de Madagascar, des dépressions lacustres de quelque importance, le lac Alaotra par exemple; ce ne sont que des restes d'anciennes étendues lacustres subméridiennes, parallèles à la grande faille de l'est, remontant sans doute pour une bonne part à la deuxième phase des temps tertiaires et tout à fait comparables à celles qui constituent encore à l'heure actuelle le trait architectural dominant de l'Afrique orientale. Autrefois, ces grands lacs étaient peuplés d'hippopotames, comme le lac Rodolphe, le Victoria Nyanza ou le Tanganyika. Sur leurs bords, grâce à une atmosphère très humide, prospérait une luxuriante végétation arborescente, aux peuplements abritant une population de Lémuriens gigantesques dont les beaux squelettes, habilement reconstitués, forment aujourd'hui l'un des plus remarquables attraits des collections du musée de Tananarive si bien aménagé grâce à l'activité scientifique

de l'Académie malgache, de son distingué président M. le Dr Fontoynont, et de son secrétaire général, M. C. Lamberton.

La partie occidentale de Madagascar présente une constitution géologique toute différente. Elle est formée d'une série de larges bandes parallèles de terrains sédimentaires de plus en plus récents au fur et à mesure que l'on descend des plateaux vers le canal de Mozambique. Aux sables triasiques succèdent ainsi de l'est vers l'ouest, les calcaires et les marnes jurassiques, les marnes, grès et tufs basaltiques crétacés, les calcaires tertiaires et quaternaires. Cependant une interruption de ces bandes correspond à la saillie que dessine vers le nord-ouest le cap Saint-André. Du rebroussement presque à angle droit que marque à cette hauteur le bord de la région cristalline, le Bongo Lava, dépendent, dans la zone sédimentaire, deux grandes apophyses de terrains gneissiques jalonnant, dans leur ensemble, un axe anticlinal nord-nord-ouest, sud-sud-est. D'autres accidents tectoniques du même ordre, quoique bien moins importants et ne ramenant pas de terrains cristallins au milieu des bandes sédimentaires, s'observent vers la latitude de Nossi-Bé; les axes tectoniques qu'ils permettent de reconnaître sont plus voisins de la méridienne que ceux de la région du cap Saint-André. Enfin on peut se demander si les différences profondes reconnues par mon ami, M. Paul Lemoine, professeur de Géologie au Muséum, entre les terrains sédimentaires de l'ouest, et de l'est de la région de DiegoSuarez, ne tiendraient pas à l'existence d'une ondulation anticlinale méridienne dont l'axe coïnciderait plus ou moins avec la montagne d'Ambre actuelle et serait ainsi masquée par ce pittoresque ensemble d'appareils volcaniques.

III. Le géosynclinal du Mozambique et les grandes cassures africaines.

Madagascar, partie intégrante de l'ancien « Continent de Gondwana », comme l'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Inde, l'Australie, l'Antarctide, contrées toutes peuplées par la flore à Glossopteris, a sans doute été de même que le continent nord-atlantique, le théâtre de plusieurs grandes phases de plissements au cours de l'ère primaire. La dernière de ces périodes tectoniques qui a été marquée dans nos pays par l'édification des chaînes hercyniennes, a vu se produire de semblables manifestations de diastrophisme dans l'hémisphère austral. De ces événements témoignent les conglo

mérats observés dans le permien du sud de Madagascar, comme aussi les roches éruptives dont nous avons reconnu la présence dans le nord-ouest de l'île à la phase orogénique antépermienne succède donc une période d'activité volcanique dont la trace subsiste seulement sous la forme de coulées interstratifiées dans des schistes noirs.

A l'aurore de l'ère secondaire, le centre et l'est de Madagascar formaient un vaste territoire depuis longtemps plissé et sans doute déjà pénéplainé, que des terres émergées raccordaient à l'Inde péninsulaire, à l'Australie et à l'Antarctide. Au permien même commence à se dessiner un ennoyage de la zone de soudure de l'Afrique à Madagascar. Puis à l'aurore des temps secondaires au trias, les eaux marines venant du nord, envahissent, à l'ouest de Madagascar, entre le continent australo-indo-malgache et la vieille aire de consolidation africano-brésilienne, un géosynclinal dans les régions de Diego-Suarez et d'Analalava, où vivent alors des ammonites identiques à des formes hindoues du trias inférieur. Plus au sud, s'avançait une dépendance laguno-marine de cette mer atteignant au moins la latitude de Tuléar. Les torrents, qui entraînaient du continent des éléments détritiques en même temps d'ailleurs que des troncs d'arbres, accumulaient, dans des dépressions à fond en voie de constant affaissement, des sables sur un millier de mètres d'épaisseur : ces roches détritiques forment aujourd'hui la série sédimentaire triasique du pays sakalave.

Les données de la biogéographie continentale témoignent, d'ailleurs, de la persistance au permien des liaisons terrestres de toutes les parties de l'ancienne aire de Gondwana Madagascar était alors peuplée par des reptiles archaïques, rhynchocéphales paléohattériens, protosauriens et kadaliosauriens voisins de formes du permien d'Europe et proches surtout de lacertiliens primitifs du permien du Texas ou plutôt de l'Afrique du Sud. D'ailleurs dans la faune erpétologique vivante de la grande île, nombreux sont les groupes de lézards ou de serpents qui témoignent encore, par leur aire de dispersion actuelle, de larges connexions avec l'Inde, l'Australie, l'Afrique, l'Amérique du Sud et même la Polynésie.

Au début du jurassique, des eaux franchement marines assez peu profondes (néritiques) envahissent l'ancien diverticule du géosynclinal resté au trias le domaine des lagunes. La faune qui s'y installe présente des caractères assez spéciaux, comme par exemple la persistance d'ammonites à cloisons de cératites (Bouleiceras),

qui y indiquent l'individualisation d'une province zoologique marine australe: ses affinités la rapprochent des faunes de la Perse, du Japon, du Chili, de l'Abyssinie, de l'Inde et subsidiairement de l'Europe. Toutefois bien des formes sont apparues plus tôt ou plus tard dans les mers de certaines régions que dans celles de la contrée qui nous occupe.

La tendance à l'affaissement du géosynclinal du Mozambique semble moins accusée au lias qu'à la période précédente. L'oolithique inférieur voit s'établir, au bajocien-bathonien, des récifs, dont le développement se répercute sur les caractères généraux de la faune. La région qui va du nord-est d'Analalava au sud-ouest de Majunga est alors occupée en partie par des eaux lagunaires riches en corbules, la haute mer passant plus ou moins au large de la côte actuelle. De gigantesques reptiles dinosauriens appartenant à des genres spéciaux, comme Bothriospondylus, peuplaient alors la terre ferme.

Si les épaisseurs considérables reconnues dans l'ouest de Madagascar pour le trias (plus de 1 000 mètres) et pour le lias-bajocienbathonien (plus de 300 mètres au total) éveillent l'idée d'un géosynclinal à fond en voie de constant affaissement, il faut reconnaître que le facies des sédiments, dans cet ensemble si puissant de dépôts, reste essentiellement néritique (coquilles flottées d'ammonites liasiques couvertes d'huîtres et de serpules; abondance des polypiers vivant en colonies au lias supérieur et surtout au bathonien, au moins localement). Au contraire, à partir du callovien, le géosynclinal du Mozambique s'approfondit brusquement et l'ouest de Madagascar nous apparaît dès lors comme occupé par une mer bathyale, peuplée de nombreux céphalopodes, depuis la région d'Analalava jusqu'à celle de Tuléar.

C'est donc au callovien que, pour la première fois, le géosynclinal du Mozambique prend la physionomie d'une mer profonde; cependant la plupart des autres géosynclinaux du globe offraient déjà depuis fort longtemps cette allure d'une façon à peu près constante. Les faunes de Madagascar affectent, au callovien et à l'oxfordien, des affinités très accusées avec celles de l'Inde occidentale les mêmes espèces d'ammonites (Phylloceras, Pexisphinctes) se trouvent ainsi de part et d'autre de l'ccéan Indien.

L'ensemble correspondant aux étages rauracien, séquanien et kimeridgien, bien connu dans le nord de Madagascar (région d'Analalava) depuis les recherches de Paul Lemoine, présente une faune

qui révèle d'étroites affinités avec l'Inde et les couches de même âge de Mombassa (Afrique orientale). A Madagascar, comme dans l'Inde et au Mexique, un genre d'Ammonites, Macrocephalites, persiste bien plus longtemps qu'en Europe, où il s'éteint à la fin du callovien, tandis qu'il demeure dans l'Inde jusqu'à l'argovien, au Mexique jusque dans le kimeridgien le plus inférieur, à Madagascar enfin dans un ensemble rauracien-kimeridgien. Cette tardive survivance de Macrocephalites, jointe à la présence d'une autre ammonite (Hecticoceras Kobeli), peut servir à caractériser pour l'oolithique moyen une province ou sous-province indo-pacifique.

Comme dans les chaînes centrales de l'Himalaya, dans la région du cap Saint-André une large série compréhensive englobant, au moins l'oolithique moyen et supérieur, par endroits même le crétacé inférieur, se fait remarquer par sa grande homogénéité. Si l'abondance et la variété des Perisphinctes du groupe Virgatosphinctes confèrent à la faune de l'oolithique supérieur de l'ouest malgache un caractère hindou, les autres fossiles de ce système rappellent tout à fait des formes du tithonique inférieur d'Europe et le caractère méditerranéen de l'ensemble ressort particulièrement. de la fréquence de certains genres de bélemnites (Belemnopsis et surtout Duvalia).

Pendant tout le jurassique des mouvements du sol affectent la contrée où les différents termes du lias et de l'oolithique sont aujourd'hui indépendants les uns des autres.

Au crétacé inférieur, Madagascar est habité par des ammonites. (Hoplites, Holcostephanus) de la faune du berriasien classique, en partie signalées aussi du crétacé inférieur sud-africain; avec ces céphalopodes vivaient des lamellibranches (Astarte, Arca, Ostrea, Trigonia) connus aussi de la colonie du Cap et d'autres rappelant ceux de l'Inde. Les caractères très spéciaux de la faune de l'Afriqueméridionale, bélemnites du genre Cylindroteuthis, trigonies du groupe des Pseudoquadratæ, semblent indiquer l'individualisation au crétacé inférieur d'une province zoologique marine spéciale, la province australe ou antarctique celle-ci englobait certainement le sud de Madagascar; elle arrivait jusque dans l'ouest de l'île. La. région de Maevatanana correspondait sans doute à la zone de contact de cette province et de la province équatoriale, puisque l'on y a trouvé à la fois des représentants des genres Astarte, Duvalia et Belemnopsis. Mais à partir de la rive droite de la Betsiboka, on abandonne franchement la province australe pour entrer dans la.

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