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coteaux que surplombe le Bongo lava, sont formés par les sables du trias qui renferment souvent des cailloutis quartzeux, couronnés par des alluvions fluvio-torrentielles correspondant sans doute en partie à une pénéplaine remontant au crétacé moyen et en partie à une autre pénéplaine datant du tertiaire supérieur.

De cette pénéplaine pliocène subsiste encore, dans la zone médiane du pays sakalave, des surfaces témoins notamment entre Andovoka et Anja, vers la tête de ravines tributaires, les unes, du Manambolo, les autres de la Tsiribihina. Au voisinage de la ligne de partage des eaux de ces deux fleuves, en effet, l'érosion régressive ne s'est pour ainsi dire pas attaquée à la surface de l'ancienne pénéplaine tertiaire, encore marquée aujourd'hui par une nappe de cailloutis et de limons plus ou moins transformés par le développement d'une carapace à facies steppique. Certaines formes topographiques actuelles remontent donc ici à l'extrême fin du pliocène.

Les parties orientale et méridionale des plaines sakalaves sont aujourd'hui le théâtre de la lutte de pénétration dans un pays à population très clairsemée, d'immigrants d'origines diverses. Les Sakalaves auraient pénétré à Madagascar par le sud-est et progressivement par la suite seraient remontés vers le nord, à partir de l'Onilahy, en direction de Diego. Aujourd'hui ce groupe ethnique, en pleine régression numérique, tend à disparaître avec une rapidité un peu déconcertante.

Vers le sud, leurs tribus sont débordées par les Bara, qui fondent des villages en plein pays sakalave, comme celui d'Anja établi entre la Tsiribihina et le Manambolo. Là ces populations sont venues s'installer avec leurs bœufs entre les Hova et les Antemorona plus ou moins sakalavisés de la zone Miandrivazo-Soaloko et les vrais Sakalaves du pied du Bemaraha. Ils se distinguent par leurs cheveux plus ou moins nattés, coupés souvent de manière à présenter des desseins géométriques variés; ils ont émigré des régions désertiques du sud d'entre l'Onilahy et le Mangoky. Tout d'abord l'un des leurs arrive. en avant, constate que le pays est plus ou moins abandonné à la suite d'incursions de pillards sakalaves, et fait venir ensuite ses parents. Les Bara sont célèbres comme lutteurs.

D'autres émigrants de récente infiltration dans le pays sont les Antomorona aussi de teint noir un peu rougeâtre, comme les Sakalaves, mais peut-être à nez moins épaté, quoique à cheveux crépus et taillés; ce sont les Auvergnats de Madagascar, émigrants partout pour ramasser un petit pécule et retourner dans leur pays,

LA GEOGRAPHIE.

T. XLIII, 1925.

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vers la côte est, entre Mananjary et Fort-Dauphin : ils descendraient d'immigrants arabes arrivés dans l'île aux XII-XIVe siècles.

La plus importante localité de la haute plaine est Ankavandra, un petit bourg qui eut autrefois quelque prospérité comme centre de l'action hova. Ce village est d'ailleurs surtout peuplé de Merina, fortement mélangés d'Antemorona et de Sakalaves; il représente bien la tendance qu'ont les deux premiers de ces groupements ethniques à se substituer au troisième dans la région. L'infiltration des populations venues des plateaux et de l'est, Antemorona, Betsileo, Merina, très progressive, s'effectue sans doute depuis un certain temps déjà, car les nouveaux venus marquent dans quelques cas une tendance à se sakalaviser.

Les tombeaux des chefs sakalaves de la région sont édifiés avec des dalles, de préférence avec des dalles de grès psammitiques verdâtres de la base du trias. Mais déjà commence à apparaître dans la contrée vers le sud-est, à côté des cénotaphes parallelipipédiques en pierres plates, des tombeaux formés d'un portique simple ou double, en bois, portant une statue en pied, également en bois accompagnée d'attributs, tels que des cases et surtout des bœufs. Au contraire, sur les tombeaux sakalaves, ce sont des massacres de bœufs qui sont accumulés en témoignage des hécatombes faites lors de funérailles ou à l'occasion de cérémonies commémoratives.

L.. JOLEAUD.

(A suivre.)

L'île de
de Bréhat'

Le voyageur qui, au bout de la longue route partant de Paimpol, atteint la pointe de l'Arcouest, jouit soudain du plus imposant et du plus curieux spectacle. Du haut des falaises sombres et déchiquetées, contre lesquelles le flot brise avec fureur, l'œil aperçoit, jusque bien loin au large du continent, d'innombrables îles, îlots et récifs de toutes tailles qui pointent entre des vagues violettes, ourlées d'écume. Il y en a huit grandes, cinq ou six autres plus petites et une multitude d'îlots minuscules. Entre ces îles, la barque qui conduit à la plus grande d'entre elles, Bréhat, évolue avec précaution car les courants sont violents et une mince pellicule d'eau cache bien d'autres dangereux récifs. A mer basse, c'est un spectacle plus impressionnant encore. Devant l'étendue rocheuse considérable qui se découvre, on oublie l'étroit bras de mer qui la sépare du continent et l'on croit voir celui-ci se prolonger loin vers le nord.

Presque toutes ces îles sont désertes et Bréhat, dont on ne distingue guère les maisons, de l'Arcouest, sembla aussi solitaire que ses voisines. Point d'arbres, guère de verdure; ça et là, seulement, un tapis d'herbe rase que broutent les moutons. En hiver, au-dessus d'un flot blafard en révolte, rien que la roche noire et chaotique que survolent les mouettes, sur laquelle se jettent les vagues et qui semble accrocher les nuages noirs courant affolés dans un ciel bas, poussés par le vent qui hurle ou gémit dans cette solitude. Mais à

1. Pendant un séjour à Bréhat, j'ai vécu au milieu des marins et des paysans auprès desquels j'ai pu faire bien des observations et recueillir bien des renseignements; grâce à la complaisance de M. le Secrétaire de mairie à qui j'adresse tous mes remerciements, j'ai pu dépouiller les archives abondantes qui y sont conservées et feuilleter bien des documents inédits.

Outre les articles cités plus loin, on lira quelques études, déjà anciennes, sur l'île : Manet, Histoire de Petite Bretagne ou Bretagne Armorique, 1834. Annuaire des Côtes du Nord pour 1806. Saint-Brieuc, 1806. Bréhat agricole, in Journal de l'Agriculture, mai 1900.

Voir, pour tout ce qui concerne cet article, la très belle carte marine à 1: 14 400, feuille de Bréhat, levée par les Ingénieurs hydrographes de la Marine, sous la direction de M. Beautemps-Beaupré, 1838.

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la belle saison, la roche semble s'animer; entre ses écroulements sombres, brillent les taches blondes des plages de sable, ses angles durs se cachent sur la nappe d'or des genêts épineux et ses aspérités s'effacent sous les hautes bruyères dont les teintes violacées se marient à celles de la mer et au bleu intense d'un ciel profond.

Grande d'environ 300 hectares, l'île de Bréhat, qui serait mieux appelée l'archipel de Bréhat, offre des contours extraordinairement déchiquetés, faits de saillants raboteux et de profonds rentrants où s'arrondissent de petites plages ou sable brillant. En réalité, elle comprend deux îles réunies par une chaussée : l'île du Nord, sauvage et peu habitée, l'île du Sud, plus abritée des vents du large, plus accueillante, plus peuplée; l'une impose sa rude et sévère beauté, l'autre son charme délicat et prenant.

Toute l'île est formée d'un granite à grains assez gros, qui prend à certains endroits de belles teintes roses, comme au Paon, à l'extrémité nord. Ce granite est injecté de filons de diabase qui, nous le verrons, jouent un rôle important dans l'œuvre d'érosion.

Une promenade dans l'île ne laisse pas que d'être déconcertante à tous points de vue pour qui veut se faire une idée de la topographie. Pas de cours d'eau, pas même de traces de vallées sèches; un relief anarchique de bosses et de creux semés au hasard, de monticules. rocheux dont le sommet porte un entassement de blocs aigus ou arrondis, qui semblent se prêter un mutuel appui pour conserver leur équilibre, de larges cuvettes au fond plat, humide, couvert d'herbes ou de cultures. Tels sont les traits qui frappent d'abord, si du sommet d'une de ces buttes, celle qui porte l'église SaintMichel, par exemple, on jette un coup d'oeil d'ensemble sur l'île.

Toutes ces buttes ont des dimensions bien différentes. Les plus étendues présentent un sommet aplani, couvert d'herbe, au travers de laquelle pointe, çà et là, la tête arrondie d'un bloc de granite. Point de maisons sur ces sommets, mais quelques églises et, plus souvent, un moulin dont les ailes, immobiles, aujourd'hui, tournaient sans cesse, il n'y a pas vingt ans, sous le vent qui ne manque jamais là-haut. D'autres buttes, où le travail de l'érosion est plus avancé, sont réduites à une pointe triangulaire rocheuse, le plus souvent complètement nue. Tous ces monticules ont leur sommet à peu près à la même altitude, à 40 mètres environ au-dessus de la mer. En regardant vers le continent, nous y voyons aussi se développer, en bordure de la côte, une bande assez large également à l'altitude de 40 mètres.

Des coupes nord-sud menées de la Bretagne à travers la Manche, jusqu'à Jersey et aux derniers groupes d'îles qui accompagnent au large le continent, révèlent une série de niveaux étagés aux altitudes de 100 mètres, 80 mètres, 60 mètres, 40 mètres et -- 10 mètres qui se retrouvent tant sur le continent que dans les îles du large. Le continent s'est donc étendu bien au nord de ses limites actuelles

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Les rochers de Pen Azen sont à 800 mètres au nord du Paon. - Les courbes de niveau permettent de voir la vallée ennoyée du Trieux et les deux vallées secondaires au sud de l'ile de Bréhat.

et une série de surfac es s'y sont développées dont les événements ultérieurs n'ont laissé subsister que des parcelles : les buttes de l'île de Bréhat sont des témoins de la plus récente de ces surfaces, celle de 40 mètres.

On descend de ces buttes d'abord par une pente raide, parfois presque verticale, où tantôt la lande domine et tantôt la roche nue apparaît, découpée en cubes carrés ou allongés, par des fissures latérales et longitudinales qu'élargit l'action des pluies et des intempéries. Quand l'oeuvre est suffisamment avancée, le bloc s'écroule;

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