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notre frontière n'est pas gardée et qu'aucune surveillance sérieuse n'est exercée ce chiffre est douteux. Les Anglais ne constatent que l'entrée, 36 000 bovidés, en faisant toutefois remarquer qu'aucun contrôle strict n'est tenu par eux, les propriétaires d'animaux n'étant pas astreints à se présenter dans les postes.

« Or, en 1913, sous l'impulsion personnelle de M. Armitage, le distingué commissaire en chef des territoires du Nord, a enregistré dans le Protectorat septentrional, 83 000 bœufs provenant du Haut Sénégal-Niger et 17 000 ayant passé par la Côte d'Ivoire.

́« Le rapport officiel de la même année remarque combien le châtiment des sauvages coupeurs de route des Tong Hills, dans le district de Navarro, a favorisé le commerce du bétail venu du Nord. Depuis le courant ne s'est pas ralenti.

<< Bien que quelques Européens s'y soient adonnés, le négoce est presque entièrement entre les mains des Syriens et des indigènes, il ne cesse de se développer et on peut estimer la moyenne des exportations annuelles de bovidés à 120 000 bêtes.

« Des zébus reviennent à environ 180 francs au trafiquant soudanais lorsqu'ils sont rendus à Coumassie; leur prix de vente a augmenté depuis 1918 passant de 8 livres à 13 livres. Certains sujets remarquables ont été payés 16 livres.

« Ce prix est naturellement influencé par la vente plus ou moins rémunératrice du cacao, laissant aux mains des sujets anglais des disponibilités plus ou moins grandes.

« Pendant que Coumassie se repaît de viande soudanaise, d'ailleurs loyalement échangée contre espèces sonnantes, la Côte d'Ivoire clame sa détresse, supplie le Soudan de l'alimenter et le Soudan n'y parvient pas. Les propriétaires de troupeaux assurés de trouver à Coumassie une vente profitable et rapide refusent d'aller à Bouaké. Ils articulent contre cette ville plusieurs griefs paraissant fondés.

« Les prix y seraient en moyenne inférieurs de 150 francs à ceux de Coumassie.

« Aucun commerçant européen ne s'intéresse au bétail. Les acheteurs indigènes, dépourvus de surface, exigent du crédit. Beaucoup ne paient qu'après avoir abattu et débité sur les marchés les animaux qu'ils ont acquis, les vendeurs ont des difficultés de règlement, et doivent demeurer longtemps dans un centre où la vie est chère et malaisée.

« Une pareille situation n'a pas manqué d'attirer l'attention de l'éminent gouverneur qu'est M. Antonetti, il s'est adressé à la HauteVolta et au Soudan, priant les chefs de ces colonies, de vouloir bien inviter les propriétaires à diriger leurs animaux sur Bouaké où serait créé un marché hebdomadaire et une foire mensuelle. Les vendeurs étaienf assurés à l'avance d'un prix minimum de 400 à 600 francs par tête, suivant la race des bœufs. De plus, la colonie de la Côte d'Ivoire était disposée à acquérir les bêtes invendues qu'elle écoulerait dans les masses d'alimentation militaires, et au chemin de fer, pour la nourriture des manœuvres.

« Cette intéressante tentative n'a eu qu'une durée éphémère et n'a pas réussi. Les bœufs aiguillés par ordre sur Bouaké ont afflué sur ce marché ce qui a fait baisser les prix. Le commerce européen persistant à se désintéresser à peu près de la question, l'offre est restée supérieure à la demande.

<< Beaucoup d'invendus tarés ou malades restés à la charge de l'administration ont été écoulés à perte par celle-ci. En général les propriétaires ont été mécontents.

<< Il serait puéril d'ailleurs de dissimuler que nos entreprises africaines et notre commerce souffrent de la concurrence anglaise. « Le remède de cette situation est dans nos mains à condition de bien connaître le péril, ses causes, les moyens de l'éviter. Or, si nous autres coloniaux avons cessé d'être des méconnus, nous demeurons toujours des inconnus pour le public et le producteur français. Prenez par exemple des gens avertis, les industriels du Nord, comme je viens de le faire. Montrez-leur les statistiques douanières de l'Afrique Occidentale en 1923. Ils seront très étonnés de constater que sur 533 millions d'importation, la part de la France n'est que de 44 p. 100.

<< Insistez, mettez-les sur un terrain qui leur est familier, celui des tissus et des fils. Ils seront stupéfaits que sur 10 millions environ d'importation de ces matières la France ne figure que pour 29 p. 100, tandis que la part de l'Angleterre est de 56 p. 100 et celle de la Hollande, de l'Italie et de l'Allemagne de 15 p. 100.

« Au moment où vient de se fermer une barrière douanière à l'est, de pareilles constatations intéressent singulièrement l'industrie nationale et doivent l'inspirer.

<< Il est évident que si la production française et le commerce colonial agissaient en liaison, se livraient mutuellement des tissus et objets manufacturés en échange de matières premières, nous obtiendrons une harmonie jusqu'alors inconnue. Les prix s'abaisseraient, nos offres attireraient victorieusement le client indigène et l'enlèveraient aux boutiques anglaises.

<< Mais pour cela, il faut être renseigné, et renseigné supérieurement, sur ce qui se passe chez nos voisins et chez nous, décider et agir. Or, pour ne parler que de l'Afrique Occidentale, si l'œil de Dakar s'ouvre sur la Guinée portugaise et la République de Libéria, avec lesquelles nous faisons relativement peu d'affaires, son rayon ne s'étend encore ni sur la Gambie, ni sur Sierra Leone, ni sur la Gold Coast, dont j'espère avoir montré l'importance. A Batavia, les intérêts considérables de l'Indochine et de la France, sont représentés par une dactylographe. En Gold Coast, le sceau consulaire est détenu par un employé de commerce.

« Le département a heureusement marqué son désir de poursuivre les études nécessaires en envoyant, au cours de ces derniers mois, M. Bonnel de Mézières en Gold Coast et M. le gouverneur général Angoulvant aux Indes Néerlandaises. Nous nous en félicitons et en terminant cet exposé, nous reprendrons le vœu formulé à son retour par l'éminent député de l'Inde. Nous demanderons avec lui que partout où la France a des intérêts, elle soit représentée, non par des missions qui passent, mais par des organes qualifiés qui restent, qui éclairent, qui renseignent.

« Il y a quelques années, le grand romancier Wells nous montra comment, vers 1916, un Anglais moyen s'aperçut enfin qu'il y avait la guerre, et comment il comprit seulement un peu plus tard, pourquoi on la faisait.

<< Beaucoup de Français sont comme M. Brightling; ils constatent soudain avec étonnement qu'ils possèdent des colonies et se demandent, non sans embarras, à quoi cela peut bien servir. Aux indiffé

rents, aux indécis, aux timorés, aux malveillants, aux sceptiques, il faut ouvrir les yeux, leur conter l'œuvre immense accomplie, et l'avenir magnifique qui se dévoile, sans pour cela dissimuler les erreurs commises et les lacunes. Cela est loyal, cela est bon, cela est nécessaire, pour que la France, éclairée, devienne plus puissante et plus riche, et aussi pour que ne soit pas perdue l'œuvre des pionniers courageux qui ont donné au pays des terres lointaines, au prix de leur labeur, de leur santé, de leur souffrance, de leur vie. »>

Séance extraordinaire du 25 février 1925
dans le Grand amphithéâtre de la Sorbonne.

LA TROISIÈME EXPÉDITION DE L'ÉVEREST

En collaboration avec le Club Alpin français, la Société de Géographie avait organisé, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, une séance solennelle en l'honneur de la troisième expédition anglaise au mont Everest, séance au cours de laquelle a été projeté le film rapporté par le capitaine Noël.

Le Président de la République, accompagné du capitaine de vaisseau Védel, honorait de sa présence la réunion qui était présidée par M. Cordier, membre de l'Institut, président de la Société de Géographie et par M. René Berge, président de la Section de Paris du Club Alpin français.

Une conférence brève et claire résuma les notes du capitaine Noël, qui n'est pas familier avec notre langue.

La conquête de l'Éverest fut tentée par trois fois, d'abord en 1921, sorte de reconnaissance préalable, au cours de laquelle les vaillants explorateurs établirent que l'assaut du plus haut sommet du globe devait être tenté par sa chaîne nord-nord-est. Au cours de cette première expédition, fut atteinte l'altitude de 6 900 mètres. En 1922, sous le commandement du général Bruce, Mallory parvint à 8 300 mètres (le sommet est à 8 882).

En 1924, la troisième expédition, commandée d'abord par le général Bruce, et après la maladie de celui-ci, par le colonel Norton, attaqua deux fois le géant du monde. Le 1er juin, Norton et Sommerwell parvenaient à l'altitude de 8 400 mètres environ, mais ils durent abandonner, les yeux brûlés de froid, le cœur et les poumons arrivés à l'extrême limite de ce que l'homme peut supporter.

Le 8 juin, à leur tour, Mallory et Irvine tentèrent l'assaut. Leurs camarades les suivaient au télescope. En mesurant au théodolite le point où on les aperçut à midi cinquante, on estima qu'ils étaient à @ 604 mètres. Mais bientôt on les perdait de vue. Deux jours, les survivants et leurs dévoués porteurs du Nepal les cherchèrent en vain; il fallut prendre, le cœur en deuil, le chemin du retour.

Après cette conférence les lamas présents donnèrent, pendant quelques minutes, une audition de leur musique rituelle, puis le film intitulé l'Inaccessible, véritable journal photographique de l'Expédition, fut projeté sur l'écran. Son introduction en France est due à M. Reginald Ford, que nous devons remercier ici de nous avoir donné la primeur de cette belle œuvre.

Le Secrétaire général de la Société.

NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES

ACADÉMIES. SOCIÉTÉS SAVANTES. CONGRÈS

Académie des Sciences coloniales. SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1925: Politique alimentaire et de reconstitution ethnique. L'Académie aborde la discussion des conclusions de la commission technique présidée par M. le Dr Calmette sur l'alimentation des indigènes. Ces conclusions ont une importance considérable. Elles envisagent les grandes mesures à prendre pour assurer l'alimentation normale des indigènes de nos colonies généralement sous-alimentés, en développant systématiquement les cultures vivrières, la pêche, l'élevage domestique, en réduisant les méfaits sur la natalité de la syphilis, de l'alcoolisme en poursuivant une politique de reconstitution ethnique.

En particulier, la situation de l'A. E. F. préoccupe l'Académie qui déclare cette colonie « en danger », y préconise une sorte de jachère administrative et invite le Parlement à consentir sans délai, pour la sauver, tous les sacrifices budgétaires indispensables.

Après y avoir introduit quelques précisions et additions, l'Académie vote les conclusions de sa Commission technique.

Les noirs aux Etats-Unis et chez les Boërs. - M. Poultney Bigelow, membre associé étranger, développe quelques considérations personnelles sur la situation des noirs en Amérique et dans l'Afrique du Sud. Il rappelle d'abord les circonstances historiques de la grande lutte entre les États du Nord et les États du Sud pour l'abolition ou le maintien de l'esclavage. Qu'avons-nous fait? Avonsnous amélioré le sort des noirs en les poussant dans les usines, dans les villes et dans tous les jazz-band? Et cela malgré l'instruction, les universités?

Quel est le plafond que peut atteindre le développement intellectuel non pas d'un noir, mais de la race noire? M. Bigelow compare d'une façon intéressante l'attitude sur le problème des systèmes monarchiques d'Europe et de ces démocraties pures qu'étaient les États-Unis et la République des Boërs. Il prévoit que, ayant, soit par abus de la logique, de la part des hommes d'État, soit par prosélytisme religieux de la part des missionnaires américains, poussé les noirs dans la grande vie des États, on ait semé du vent pour récolter des tempêtes.

M. Picanon met en parallèle l'action de la France sur les Sociétés noires dans ses colonies et pense qu'à suivre les voies actuelles notre pays s'assure la fidélité de ses noirs en même temps qu'il prépare leur évolution progressive.

SÉANCE DU 20 MARS. Le concours qui avait été institué l'an dernier sur la culture sèche du coton en A. O. F., vient d'avoir sa conclusion. Le Jury présidé par le Gouverneur général Roume et qui se composait de MM. Capus, Chevalier, Perrot, Prudhomme, Waddington, Président de l'Association cotonnière et Bourdarie, Secrétaire Perpétuel, après avoir examiné et comparé les huit mémoires envoyés, a attribué le premier prix (3 000 fr.) à M. VUILLET, Inspecteur général des travaux agricoles à Dakar, et le deuxième prix (750 fr.) à M. Etesse, Ingénieur agronome.

Culture du quinquina dans les colonies françaises. M. le Dr Paul Gouzien étudie le problème du quinquina qui, dit-il,`ne s'est jamais présenté avec autant d'acuité. La quinine est d'un prix toujours plus élevé, cependant le souci que nous avons de la santé de nos indigènes trouve précisément un obstacle on peut dire insurmontable dans la difficulté d'approvisionner. Un seul exemple: Si l'on voulait administrer à chaque habitant de l'A. O. F. et seulement pendant les quatre plus mauvais mois de l'année, la dose moyenne de 0 gr. 25 de quinine, on arriverait à un total de 360 tonnes représentant une dépense de 180 millions de francs. Or l'A. O. F. n'est qu'un de nos groupes de colonies.

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