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d'Istros que l'auteur de la copie a pris pour celui du Danube [Ιστρος ποτ(αμὸς) μί(λια) μ’], bien qu'il ait ajouté immédiatement après le nom latin du fleuve [Δάνουβις ποτ(αμός)...].

Au delà, l'itinéraire se continue dans la Russie méridionale par une route que n'indique aucune autre source. Il nous conduit d'abord à Tyra, placé à 84 milles du Danube (près d'Akkerman

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sur le Dniester), puis à Borysthène ou Olbia (près de Nikolaïev sur le Dniéper) et aboutit à Chersonnèse (Sébastopol en Crimée).

De cette grande place commerciale et militaire, nous sommes transportés à Trapézous (Trébizonde), port d'attache de la flotte du Pont-Euxin, et arrivons enfin à Artaxata (Ardachar en Arménie). La suite, dont il ne reste malheureusement que les vestiges de lettres douteuses, devait indiquer par quelle voie notre archer était revenu sur l'Euphrate, où un reste de son bouclier devait être découvert seize siècles plus tard.

Car ce curieux débris doit dater des derniers temps de l'occupation de Doura-Europos par les Romains, c'est-à-dire de la première moitié du Ie siècle. Les indications qui y sont notées ne conviennent

qu'à l'époque des Sévères ou au temps immédiatement postérieur. Nous essayerons de montrer ailleurs avec quelque détail les conclusions historiques qu'on en peut tirer 1; mais il nous faut dire ici au moins quelques mots de l'intérêt qu'offre au point de vue géographique ce document unique en son genre.

Le nom de xvous donné au Danube car celui d'Istros est dû à une confusion avec la ville homonyme - les fautes d'orthographe commises dans d'autres mots, la notation des distances en milles et non en stades, tout prouve que notre liste remonte à un original latin, dont elle est une traduction maladroite. C'est manifestement un extrait d'un de ces itineraria picta que le gouvernement impérial mettait à la disposition des officiers de son armée'.

La seule carte routière du monde romain que nous possédions est, on le sait, la Tabula Peutingeriana, copie exécutée au XIIIe siècle d'un original antique. Étirée en longueur pour pouvoir être roulée en volumen, cette carte déforme entièrement la configuration réelle des pays qui y sont représentés, mais elle donne l'indication des mers et des terres, des fleuves et des montagnes, comme le demande Végèce, à côté des voies impériales avec leurs étapes et leurs distances en milles. Ces voies nous sont connues en outre, au moins en partie, par l'Itinéraire d'Antonin, qui n'offre qu'une sèche énumération des stationes suivies chacune d'un chiffre, sans aucune illustration. Plus maigre encore est la liste de noms géographiques que le Cosmographe de Ravenne a extrait au viie siècle d'une carte analogue à la Table, mais en omettant la notation du nombre de milles. L'étude de ces trois sources a conduit à la conclusion qu'elles dérivent toutes d'une carte du monde romain exécutée sur l'ordre de l'empereur Caracalla et qui était le pendant de la célèbre Forma Urbis, du grand plan de Rome, gravé sur marbre entre 203 et 208 après J.-C. et dont les fragments sont conservés au musée du Capitole.

La découverte inattendue qui vient d'être faite à Sâlihîyeh

1. Cf. Syria, t. V [sous presse].

2. Cf. S. Ambroise, l. c. : Miles qui egreditur itinerarium ab imperatore accipit. 3. Kubitschek Jahres. hefte, l. c., et Realencyclopädie s. v. 3 Karten » col. 2 113 et suiv. Ces conclusions sont acceptées et précisées par Cuntz, Die Geographie des Ptolemeus, 1928, p. 137. Le schéma de la filiation des documents cités est le suivant :

Carte de Caracalla,

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semble confirmer ces conclusions. Les sables de la Syrie viennent de nous rendre ce qu'on n'eût pas osé espérer un document géographique à peine postérieur au règne de Caracalla et qui occupe pour ainsi dire une position intermédiaire entre la Table et l'Itinéraire. Comme la Table, il indique au moins approximativement la mer, la terre et les fleuves, il dessine à côté de la station le bâtiment de la mansio. D'autre part, les noms y sont disposés en colonne, chacun étant suivi d'un nombre de milles, comme dans l'Itinéraire. Il est à peine douteux qu'il dérive indirectement de la même carte officielle que l'une et que l'autre. Ce pauvre lambeau de parchemin, qui a miraculeusement échappé aux vers et à la pourriture, est ainsi un document fort intéressant pour l'histoire de la géographie antique. Il nous permet de nous rendre mieux compte de ce qu'étaient ces itinéraires peints » dont se servaient, pour la conduite des opérations, les états-majors de l'armée impériale.

M. CUMONT.

La zone médiane du Pays sakalave

Contribution à l'étude

géophysique et économique de Madagascar

I. Tendances actuelles de notre évolution économique coloniale.

Au cours de la terrible crise économique que nous venons de traverser, l'attention de nos grands organismes économiques s'est enfin fixée sur nos territoires extra-européens; elle s'est préoccupée, de tout ce que nos colonies pouvaient fournir comme matière première à la métropole. Demain sans doute nos industries textiles triompheront des graves obstacles qui s'opposent à leur développement normal à la faveur du coton et de la laine qu'elles tireront de nos possessions lointaines.

L'Angleterre, grâce à ses importantes mines de houille, grâce à ses innombrables dépôts de charbon, a, par le passé, pu assurer à son commerce un caractère mondial. Une révolution profonde est en train de se produire dans l'évolution de la marine marchande; dans peu d'années le mazout, combustible liquide qui remplit tous les vides. des soutes, remplacera le charbon. Avec une remarquable constance de vues, les dirigeants de la politique britannique ont travaillé de toute leur énergie à assurer à leur pays, dans la lutte économique de demain, des conditions de transport aussi avantageuse que celles de jadis. Si l'Angleterre ne recèle vraisemblablement pas de pétrole dans son sous-sol métropolitain, si parmi ses colonies quelques-unes seulement possèdent de grands gîtes de naphte, ses ministres ont su, en complète union avec de grands trusts pétroliers administrés par des sujets du Royaume-Uni, s'assurer une action prépondérante dans

LA GEOGRAPHIE.

T. XLIII, 1925.

plusieurs pays indirectement aujourd'hui soumis à l'influence anglosaxonne. Le gouvernement de Londres, en participant largement à la constitution de l'Anglo-Persian Oil, a conféré à sa puissance pétrolière une action prépondérante dans le golfe Persique. La Burhma Oil, qui exploite le naphte des Indes, et la Shell Transport, par leur intime liaison avec la Royal Dutsh hollandaise, ont placé sous le contrôle britannique, l'ensemble de la Malaisie, Indes néerlandaises et protectorats de Bornéo. Nous voyons ainsi l'Angleterre s'assurer la maîtrise des mines d'hydrocarbures des contrées riveraines de l'océan Indien, tandis que l'installation projetée d'un gigantesque dépôt de pétrole à Singapour et l'aménagement d'une grande raffinerie sur le littoral de la Perse méridionale dans la zone d'influence britannique, assurent aux navires anglais un ravitaillement inépuisable en naphte dans la mer des Indes. Il est à peine besoin de rappeler pour compléter ce tableau, le grand effort de recherches de pétrole fait en Égypte, tant sous l'égide des trusts que sous l'impulsion directe du gouvernement égyptien. Ce que je viens de rappeler brièvement de la politique pétrolière anglaise dans l'océan Indien pourrait s'appliquer avec des variantes à tout le globe.

Il importe que la France, que l'industrie française fasse à son tour l'effort indispensable pour assurer demain comme hier notre indépendance. Il nous faut du pétrole, nous devons le chercher tout d'abord dans nos colonies et nous devons aussi nous assurer le contrôle d'une certaine production d'hydrocarbures dans des pays neufs que leur état social ou leur culture attirent dans notre sphère d'influence. Dans l'océan Indien, qui paraît être un des grands champs de la lutte mondiale du pétrole, la France doit demain jouer son rôle et il faut savoir gré au Gouvernement général de Madagascar, d'avoir voulu sous l'impulsion de M. le Gouverneur Garbit, organiser la première grande mission de prospection du pétrole dont les recherches aient été orientées vers notre domaine colonial. Il l'a pu, grâce au concours financier du Ministère du Commerce, où sont centralisées dans la métropole toutes les questions relatives au problème des combustibles liquides, à la Direction des Essences, que dirige avec autorité M. l'Intendant Pineau.

La mission technique d'études des terrains bitumineux de Madagascar fut réservée à M. l'Ingénieur en chef des Ponts Hardel, ancien directeur des Essences. La mission d'études géologiques fut confiée à mon maître et ami M. Léon Bertrand, Professeur de géologie appliquée à la Sorbonne, et à moi-même. Avant de retracer nos

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