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lions sont le plus souvent assis à ses côtés, la tête haute; ici, comme sur les agrafes, le personnage est vêtu, et les lions, s'avançant vers lui, courbent la tête. Nous sommes donc, selon toute apparence, devant l'œuvre d'un artiste barbare. Mais, quoi qu'il en soit à ce sujet et à quelque degré que cet homme soit demeuré étranger à la tradition romaine, dans la façon de figurer la scène, nous devons reconnaitre qu'il a subi, pour le revers du marbre dont on trouver l'image, l'influence de l'école antique.

J'ai dit, en traitant des sarcophages d'Arles, que les sculpteurs chrétiens ont longtemps conservé et suivi les modèles en usage dans les ateliers païens, et j'en ai indiqué, entre plusieurs autres, une preuve que l'on me permettra de rappeler ici.

La célèbre cassette d'argent du Cabinet de Blacas, collection française malheureusement passée aujourd'hui dans le British Museum, est, comme on le sait, un ouvrage de l'époque chrétienne, cisele pour une femme de haute distinction, Projecta, dont le nom y est inscrit. Cette cassette porte deux ordres de sujets, les uns représen tant les bustes des époux, la dame à sa toilette, entourée des femmes qui la servent, et son entrée dans le palais du mari; les autres son des tableaux mythologiques, avec Amphitrite et des divinités de la mer. Les premiers ont été composés et dessinés aux temps chrétiens. et ils portent nettement la marque du iv ou du ve siècle; les se conds avaient été souvent traités dans des âges plus anciens, et loa pouvait, pour une part du travail, se borner à reproduire de vies modèles. Le ciseleur n'y a pas hésité; aussi, tandis que les bas-re liefs de sa composition présentent le style d'une époque de déce dence, les sujets mythologiques, élégamment conçus, paraissentils compter deux ou trois siècles de plus. Pendant plus de dea cents ans les modèles des temps païens ont donc, si nous en geons par la cassette de Blacas, été conservés et reproduits par les

artistes.

Parmi d'autres monument dont j'aurai à parler ailleurs, le sarcephage de Charenton va nous montrer que cette imitation a duré ples longtemps encore.

Il était, dans les ateliers antiques, un motif répété sans cesse e dont on a retrouvé des types nombreux, c'est le vase accosté de

1 Voir la reproduction très médiocre de cette cassette dans les planches de À Lettera di Visconti intorno ad una antica suppelletile d'argento. Roma, 1825, in

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deux griffons. Les marbres, comme les mosaïques, nous présentent ce sujet affectionné par les artistes païens et dont je donne ici, i défaut d'autres, un type d'après un bas-relief du Louvre, morceau fort restauré et dont l'origine est incertaine 2.

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Très fréquent sur les marbres de l'Italie, ce type se rencontre de même en Gaule.

On possédait autrefois à Arles un riche tombeau païen, aujour d'hui conservé au musée de Marseille et dont les chrétiens se servirent, vers la fin du Ive siècle, pour y ensevelir un puissant personnage, Flavius Memorius, ancien protector de l'Empereur, comic de la Mauritanie Tingitane. Voilà ce qu'annonce l'inscription grave sur les parties laissées libres dans le champ des sculptures et qui leur est de beaucoup postérieure 3. Ces bas-reliefs nous montrent, sur une face, des centaures combattant un lion, et, sur l'autre, deux griffor accostant un vase qui forme le motif central.

Or, ce sujet, exécuté sans doute au 11° siècle, est celui-là même qu'a reproduit, à la manière de son temps, le graveur du marbre de Charenton. Lui aussi a placé aux deux côtés d'un vase, qui na rien ici d'eucharistique, les griffons, animaux gardiens des sépul tures, si l'on en juge par la fréquence de leur figuration sur les

1 Annuaire de la Société de Constantine, 1856-1857, pl. 4; Notices et mémoires & la Société de Constantine, 1863, pl. 15.

M. de Clarac a fait graver ce groupe, où figuraient alors deux vases que l'on supprimés depuis, probablement parce qu'ils venaient d'une main moderne. (V Musée de sculpture, t. I, p. 285, et Atlas, t. II, pl. 193, n° 55.)

3 Inscriptions chrétiennes de la Gaule, n° 511, Lalauzière, Histoire d'Arles, pl. 2

tombeaux. Ainsi se confirme, à mes yeux, le fait que j'avais noté ailleurs, en retrouvant sur les sépulcres chrétiens des ornements et des figures antérieurement employés dans la décoration des sarcophage païens, je veux dire la conservation et l'usage des anciens modèles par les artistes des siècles postérieurs, partant le défaut d'importance, au point de vue religieux et symbolique, de plus d'un détail auquel on pourrait être tenté d'attacher une valeur particulière.

EDMOND LE BLANT,

Membre du Comité.

INVENTAIRE DES BAGUES, JOYAUX, MÉDAILHES ET MÉDAILHONS

DE FEU M' Antoine Belon, archidiaCRE DE LA CATHÉDrale de Nismes (1618). (Arch. départ. du Gard, H 202.)

(Séance du 6 mars 1882.)

L'an mil six cens dix-huict et le vingtroysiesme jour du moys de Juing, en la ville de Nysmes, par devant M Francois de Montfioul com du Roy, juge en la cour de M. le Sénéchal et siège présidial de Nysmes... député et dans la maison d'habitation de feu M° Anthoine Belon vivant archidiacre en l'Eglise cathédrale de Nysmes.

Mc Libond a requis, en présence de Guilhaume Bellon et Henry Marcelin, estre par nous procédé à l'inventoire des bagues, joyaux, médailles et médailhons et autres meubles estant dans ladite maison.

Lesd. Bellon et Marcelin ont requis que, oultre M' Francois Goutard orphèvre, ycy présent, soict apellé autre M° orphèvre de la présente ville pour tous deux ensemble, en la présence et assistance des s" Dufour et Granier, estre procédé à la vérification et invantoire des susd. médailhes, bagues, joyaux et médailhons.

Nousd., commissaire, ayant esgard aux réquisitions desd. Bellon et Marcelin, avons ordonné qu'il sera procédé à la vérification et invantaire des susd. bagues, médailles et médailhons tout présentement, lesquelles seront préalablement vériffiées par lesd. Goutard et aussi Audemar Morphèvres de la présente ville, esperts par nous prins d'office après avoir presté le serment en ce cas requis.

Et après, avons mandé venir led. Audemar et d'icelluy ensemble dud. Goutard, exigé le serment la main levée à Dieu, suyvant la forme de leur religion, de bien et deubment vacquer à lad. vérification : moyennant lequel sermant les avons receus. . . .

....

Et, à l'instant, a esté procédé à l'ouverture du coffre et d'icelluy retiré lesd.

bagues, joyaux, médailles et médaillons qu'avons exibées auxd. Goulard et Audemar quy ont raporté estre de la qualité suyvante :

de

Premièrement, une Cybille de cassidoine ou agatte, de longueur de trois carts de pan, dans ung estuict ou boyte de cuyr rouge surdoré. garny velours vert avec ung tour de perles au col.

Plus, une Lucresse se mourant, d'agatte, avec un rubis sur la poitrine d'or dans une boyte d'argent fassonnée en taille douce de listoire de lad. Lucresse, pesant deux onces trois deniers.

Item, une grande jassente', qu'est une Lucresse garnye d'or en cameyeul, y ayant au bout une petite esmeraude percée et quatre rubis autour, du poix de vingt ung deniers, poix de marc.

Item, une topase sur laquelle est gravée une cheritté, y pendant au bout trois perles petite valleur, enchassée dans une garniture d'or, au dor de laquelle y a une croix gravée, du poix d'une once, deux deniers et demy. Item, une cassidoine représentant une teste d'oiseau, peu de valleur. Item, une grande onisse dans laquelle y a ung paon en camayeul rellevé, garnye d'or, tout autour esmaillée, pesant dix sept deniers.

Plus une agatte noire dans laquelle y a ung Christ en relief et une croix au doz avec autre croix d'or pendant au pied, esmaillée de noir, du poix de dix sept deniers.

Item, ung pendant d'oreilhe garny d'une teste d'agatte avec un granat sur la teste et trois perles au bout, du poix le tout de sept deniers et demy. Item, une grande agate garnye d'or avec deux diamans et trois rubis, l'ung d'iceux pendant au bout, pesant en tout une once, quatre deniers et demy.

Plus, une agatte grande où y a une Cérès gravée avec ung sercle d'or et une perle d'or au bout, pesant en tout demy once.

Item, une sardoine ayant le fondz blanc, la teste de relief, garnye d'or tout autour avec deux perles ; le tout du poix de dix huict deniers. Item, ung cameyeul agatte avec l'image d'un veau, garny d'or tout autour du poix le tout de sept deniers et demy.

:

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Item, une topasse alemaigne avec deux figures de femmes gravées, garnye de tout autour, esmaillées de vert: le tout du poix de dix deniers et demy.

Item, une agatte à deux testes en camayeul, garnye d'or tout autour, avec une fleur au derrière : le tout du poix de deux onces.

1 Jassente, pierre précieuse de couleur violette. Ce mot par suite des transformations qu'a subies notre langue, s'écrit aujourd'hui hyacinthe.

2 Cheritté, image ou symbole de l'une des trois vertus théologales.

* Onisse, espèce d'agate. Ce mot s'écrivait aussi aunisse, comme on le verra plus loin dans la suite de cet inventaire; son orthographe actuelle est ony.x. Rellevé, en relief.

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