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Les peintures qui apparaissent en ce moment sur les murs, les fenêtres et les colonnes de la chapelle, sont presque toutes de Robert de Lenoncourt. A défaut de ses armes, de son nom et d'R répétés partout dans la décoration, nous aurions des témoignages hisloriques.

Robert de Lenoncourt, dit un annaliste, acheva la partie de la clôture donnant sur la nef, où étaient des figures très belles, tant en dehors qu'en dedans. Il y mit ses armoiries. L'autel fut orné de quatre piliers de cuivre sur lesquels étaient des anges portant les instruments de la Passion. Puis il fit azurer et dorer la voûte par compartiments, enfin il fit exécuter les vitraux qui sont à admirer par la régularité du dessin et la beauté des peintures. Cet ouvrage peut être mis en parallèle avec la miniature... Des portes en cuivre aux armes du donateur fermaient cette somptueuse chapelle."

Autel, clôtures, peintures, tout disparut au milieu du xvi1° siècle. Henry Moreau, procureur aux juridictions seigneuriales de la ville, a laissé le détail de ces démolitions dans un procès-verbal en date du 28 février 1741.

Trois ans après, il n'y avait plus trace de peintures.

Un ancêtre de l'artiste, qui est chargé des travaux de restauration de la chapelle, avait reçu l'ordre de les couvrir de badigeon. Je soussigné, François Simon, maitre vitrier à Reims, reconnais avoir reçu de M. Godinot, chanoine de l'église de Reims, la somme de 34 livres savoir 4 livres pour avoir blanchi le fond et le tour de la grande arcade proche la chapelle de la sainte Vierge de ladite église et 30 livres pour avoir blanchi la voûte d'au-dessus et les piliers et devanture de ladite arcade, à Reims, le 23 juillet 1743. »

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Avant qu'un nouveau badigeon recouvre pour toujours les peintures que le lavage des murs vient de mettre à découvert, donnonsen une description pour les amis de l'art et pour ceux qui aiment à sauver de l'oubli ce qui concerne l'histoire des monuments de la cité.

En dehors de la chapelle, on aperçoit, sur le mur de gauche, dans le coin, trois arcatures peintes et dorées, véritable fac-similé de la galerie en pierre qui couronnait les murs de la nef de la cathédrale. La galerie était de 1429: cette décoration doit être de Charles VIII. Sur les gros piliers, au-dessus des bases, apparaissent des personnages peints, d'une hauteur de 80 centimètres. Les sujets rappellent la vie de la très sainte Vierge. Les têtes sont sur fond

d'or, leur beauté remarquable fait regretter qu'on ne puisse pas les

restaurer.

Ces peintures sont plus anciennes que celles dont nous allons parler. On les croirait du xiv siècle, de l'époque des libéralités de Charles V (1380).

Les gros piliers de la chapelle sont couverts, dans toute la hauteur, d'ornements de la Renaissance, rouges sur fond or; ils partent d'un vase gracieux, se déroulent en rinceaux largement dessinés, unis et terminés par des animaux fantastiques, des têtes humaines et des feuillages doublés de vert. Au milieu de ces motifs apparaissent régulièrement les armoiries de Robert de Lenoncourt et du chapitre.

Les quatre colonnes qui cantonnent le pilier sont peintes en bleu ou en rouge, avec un semis d'R et de fleurs de lis dorées. Chose remarquable, ces fleurs et ces lettres sont toutes sur une feuille d'étain gaufrée, mais de telle sorte que les hachures ménagées dans des sens différents leur donnent du relief, de l'épaisseur et du brillant. Il faut voir ce travail pour le comprendre et se faire une idée du fini avec lequel furent traités les détails de décoration.

Dans les ébrasements des fenêtres sont des R de 60 centimètres, admirablement dessinés et se reliant par des enroulements gracieux à l'ornementation générale. Les colonnettes, les pieds-droits des fenêtres sont couverts les uns d'une suite d'écussons de l'archevêque et du chapitre, les autres de cartouches contenant une R, d'une boule ornementée suspendue dans des fleurs ou de damiers rouge et or, et de chevrons brun et or couverts de fleurs.

Les chapiteaux sont dorés sur fond rouge: les nervures des voûtes, or et rouge; la voûte, azur et or.

Une des fenêtres de la chapelle n'est à jour que d'un côté : le contrefort extérieur bouchant l'autre partie. Sur le plein du mur, le peintre a simulé une verrière, à larges bordures, ornée dans le milieu de rinceaux soutenant les armes de l'archevêque. Dans les trois lobes de la rose sont des anges finement travaillés, avec manteau flottant, robe à manches bouffantes, chevelures ondulées. L'écoinson de la fenêtre renferme un ange portant un listel avec ces mots : Ave Domina angelorum. Les glacis des verrières sont ornés de riches enroulements vert et or au milieu desquels on lit en gros caractères: Robert.

Ce qui est surtout remarquable dans la décoration de la chapelle,

c'est la composition peinte sur le mur, pour la destruction de laquelle M. François Simon reçut 4 livres. Les personnages sont placés sous trois arcatures xvI° siècle, supportées par des pilastres, semblables à ceux de l'autel du saint Laict. Au milieu l'on aperçoit la sainte Vierge, la tête entourée de rayons et de douze étoiles; elle tient son enfant qui regarde un personnage nimbé portant un cierge, placé en face d'un évêque nimbé et mitré qui semble descendre d'un siège épiscopal orné de draperies. Trois autres personnes se tiennent debout, à droite de la Vierge, et derrière elles, sur un plan inférieur, une quatrième est agenouillée, en manteau rouge. Serait-ce Robert de Lenoncourt offrant à Marie les décorations de la chapelle? Nous le croyons volontiers. Sa figure est parfaitement conservée, elle est très belle et très délicatement peinte. Elle est d'une ressemblance frappante avec celle du même prélat, représenté à genoux aux pieds de l'enfant Jésus, dans les tapisseries de la Nativité et de l'Adoration des Mages, données par lui à la cathédrale de Reims.

Le mur contre lequel est dressé l'autel actuel de la sainte Vierge ne porte aucune décoration. Nous croyons en avoir trouvé la raison. Contre cette partie de la chapelle a dû être élevée, au xvIe siècle, une maçonnerie unie, dont on retrouve des traces dans toute la hauteur. Les chapiteaux de la fenêtre simulée sont modernes, les anciens ont été brisés sans doute à l'époque ou disparut le mur.

La piscine de la chapelle, le sacrarium placés sous la fresque, viennent d'être ouverts. Dans les matériaux se trouvaient des fragments peints et dorés de l'aucien autel du saint Laict, détruit en 1741 par M. Godinot. Le dôme moderne qui abrite aujourd'hui la statue de la sainte Vierge exécutée en 1741 par Ladate, est luimême construit avec des restes du riche ædicule du xvi° siècle; sur l'extrados, on retrouve les niches géminées qui étaient à droite et à gauche de la table d'autel.

Que vont devenir les magnifiques peintures qu'il nous a été donné de voir et de décrire? Pourrait-on les faire revivre? Oui, sans doute; mais pour une très grosse dépense, car presque toutes sont faites sur un fond d'or et d'une variété telle qu'elles nécessiteraient de très longs travaux.

Dans tous les cas, M. Simon, dont le goût est si connu à Reims, fait relever avec soin les plus importants motifs de la décoration pour les sauver de l'oubli.

Tous les motifs ont été reproduits, sur toile, d'après des calques pris avec soin sur les murs. Ces motifs ont été peints, dorés, ombrés comme la décoration elle-même. . . . . Certains détails ont été retirés à part. Sur des feuilles très fines d'étain appliquées sur les anciennes collées sur le mur, on a reproduit les fleurs de lis et les R, avec les différentes hachures. Les motifs de piliers, les anges de la fenêtre ont été photographiés ainsi que la fausse fenêtre ellemême.

L'abbé CERF,

Correspondant à Reims.

TYMPAN DE L'ÉGLISE DE MARTEL (Lor).

Communication de M. E. Rupin.

(Séance du 6 février 1882.)

La gravure placée ci-contre représente, sans contredit, un des beaux exemples de la sculpture du xire siècle. L'église de Martel (Lot) nous montre cette œuvre au tympan du portail.

Le sculpteur a représenté la grande scène de la résurrection et celle du jugement dernier.

Jésus-Christ est assis sur un trône, les pieds nus reposant sur une espèce de tabouret ou escabeau à claire-voie que les sculpteurs du xi siecle ont presque toujours fidèlement reproduit; il est vêtu d'une tunique longue, sans manches, et d'un manteau flottant, plissé à petits plis, suivant un usage oriental fort ancien; il a les bras étendus et les mains ouvertes.

Comme on l'a toujours représenté du x1o au xv° siècle, le Christ est un homme dans la force de l'àge, de trente à quarante ans; il est barbu, mais la barbe est courte et non divisée en deux pointes; ses cheveux sont longs, se partagent au milieu du front, retombent sur les oreilles et bouclent à la hauteur du cou. La figure a été traitée d'une manière à fixer l'attention: elle est sérieuse, presque triste; les yeux sont saillants, légèrement relevés vers leurs extrémités, les joues longues et plates, le nez très fin et droit, la bouche petite, les lèvres minces et un peu entr'ouvertes.

Derrière le Christ et à la hauteur de la figure apparaissent deux anges qui tiennent les instruments de la Passion; l'un, celui qui est à sa droite, porte la fance et les clous; l'autre a les mains enve

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