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tion qu'on pourrait élever contre lui, de vouloir transformer en aliénés des individus qui ne le sont réellement pas; mais il laisse à l'appréciation des magistrats de juger l'influence que peut avoir le délire émotif sur les actes du malheureux qui en est atteint.

Tous les problèmes qui concernent la manifestation de la pensée et les organes de l'intelligence intéressent vivement ceux qui s'attachent à l'étude de la science des principes, aussi l'Académie a-t-elle entendu avec plaisir l'analyse que lui a présentée M. le Dr E. Dumesnil, d'un Mémoire du docteur J. Thurnam, sur le poids du cerveau et les circonstances qui peuvent le faire varier.

Après les travaux sur le poids du cerveau par le docteur Parchappe, en France, le docteur Bergmann, en Allemagne, et le docteur Boyd, en Angleterre, après ceux des docteurs Bucknill, Skae, et d'autres, M. Thurnam a présenté de nouvelles observations, qui résultent de l'examen de 470 cas, et qu'il compare avec celles de ses prédécesseurs. L'auteur a l'attention de donner l'équivalent en grammes, d'après notre système métrique, des onces, gros, et scrupules du système anglais, dont il démontre toute la difficulté et même l'absurdité: « L'uniformité à cet égard, dit-il, est ré«servée pour la postérité; tâchons au moins, à notre «< époque, de faire nos efforts pour amener une entente «si désirable. >>

Les tableaux présentés par le docteur Thurnam comparent le poids du cerveau de l'homme avec celui de la femme, dans diverses périodes de l'existence, divisées en séries de dix années;

Analyse, par M le

Dr E. Dumesnil,

du Mémoire

du Dr J. Thurnam sur le poids du cerveau.

Le poids du cerveau d'individus qui ont succombé dans divers établissements et qui appartenaient à différentes classes de la société ;

Le poids du cerveau d'aliénés anglais des deux sexes, comparé avec celui d'aliénés écossais, français et allemands;

Le poids du cerveau d'individus sains d'esprit, appartenant aux nations précitées;

Le poids du cerveau observé à toutes les périodes de l'existence;

Enfin le poids du cerveau d'hommes et de femmes aliénés, comparé avec celui d'hommes et de femmes. non aliénés et classés d'après la stature des individus.

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Après avoir exposé devant l'Académie l'analyse détaillée des tableaux du docteur Thurnam, notre honorable confrère termine par ces mots : « Cette remarquable étude du docteur Thurnam ne s'occupe que ⚫ de la question physiologique et anatomique du cerveau humain, elle ne touche en rien à la question « du sens moral et des phénomènes de conscience qui sont d'un tout autre ordre que les phénomènes intellectuels proprement dits, qui se manifestent bien ❝ avant le complet développement de l'organe encéphalique, se font encore jour, même chez certains idiots, « se perfectionnent et se purifient encore dans l'âge le plus avancé, peuvent être nuls ou refoulés chez les « hommes le mieux cérébralement organisés, et qui • ne se mesureront et ne se pèseront jamais, si ce n'est par le sens psychique et surtout par Celui qui sonde

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« les cœurs et les reins. Il faut donc se garder de donner aux recherches qui précèdent des tendances

qui répugneraient aux sentiments de l'honora

«ble médecin anglais et de ceux dont il cite les tra

vaux. »

Messieurs, il y a longtemps que les hommes qui s'occupent particulièrement de l'étude des prisons, cherchent à obtenir l'amélioration de l'esprit et du cœur des prisonniers. La discipline dans les prisons est strictement observée; mais la discipline n'est pas l'éducation, ce n'est qu'un moyen de maintenir l'ordre matériel qui peut permettre l'emploi des moyens moraux destinés à corriger des cœurs pervertis; il faut, à côté de la discipline, l'éducation dans les prisons. Nous sommes bien loin encore de la réalisation de cette généreuse tendance. Cependant, nous devons toujours accueillir avec bonheur les avis des hommes charitables qui ne désespèrent pas de développer quelques germes de bien dans les esprits gâtés par de mauvais instincts.

Parmi les savants qui ont le plus contribué à l'amélioration du régime moral des prisons en France, il faut citer M. Léon Vidal, inspecteur général des prisons, membre correspondant de notre Compagnie. Vous avez reçu un de ses ouvrages intitulé : Des Ecoles dans les Prisons, notice sur l'organisation de l'enseignement primaire dans les prisons de la France, de l'Angleterre, de l'Allemagne, de l'Italie et d'autres pays.

Notre honorable confrère, M. le Dr Vingtrinier, rendant compte de cet ouvrage, vous a dit :

« Si le but que se propose l'auteur pouvait être "atteint, la société en éprouverait un grand soulage<<ment, car les malheureux qui encombrent nos prisons

Les écoles dans les prisons, par M. Léon Vidal.

Rapport par M. le
D Vingtrinier.

‹ seraient arrachés à l'habitude des vices qui les main« tiennent dans la voie du crime. »

M. Vidal pense, avec raison, que l'ignorance est une cause de faiblesse morale ou d'absence de résistance aux entraînements vers le mal. Tout le monde est d'accord sur ce point, ajoute M. Vingtrinier, n'a-t-on pas dit, très justement, que la possession du simple savoir lire et écrire était un sens de plus.

Les plus.louables efforts sont faits aujourd'hui pour répandre rapidement l'instruction dans les villes et dans les campagnes, on ne peut qu'applaudir aux tentatives nombreuses et variées dont nous sommes témoins. Mais assurément il est nécessaire d'organiser aussi dans les prisons l'enseignement primaire.

M. Vidal nous apprend que cet enseignement est institué dans la plupart des grands dépôts de détenus de la France et de l'étranger.

Mais l'organisation en est encore imparfaite; sur 15,101 hommes condamnés existants au 31 décembre 1865 dans les maisons centrales, 6,000 sont complètement illettrés; 1,315 seulement ont été admis à l'école.

Sur 3,612 femmes condamnées existantes à la même date, 2,000 ne savaient pas lire; 265 seulement ont été admises à l'école.

C'est qu'en France l'admission des détenus à l'école est une récompense, une faveur et non une obligation.

En Angleterre, en Italie et dans d'autres pays les détenus sont astreints à recevoir l'enseignement primaire. Une bibliothèque dite circulante est établie dans les prisons. Les prisonniers qui par leur inattention ne profitent pas de l'instruction, perdent le droit

aux indemnités ou récompenses qui peuvent être accordées aux détenus.

Par une circulaire en date du 11 janvier 1866, M. le Ministre de l'Intérieur exprime le désir de voir l'instruction prendre une place plus élevée et plus étendue dans le régime des prisons, il veut qu'il y ait obligation pour tous et qu'il n'y ait exclusion que pour les indignes.

M. Vidal indique dans son intéressant travail les meilleures mesures mises en pratique dans les nombreux établissements pénitentiaires dont il parle, et il exprime le désir de les voir appliquées dans les prisons de la France.

L'auteur prévoit et repousse d'avance le reproche qu'on pourrait lui adresser, d'avoir une philanthropie outrée et ne croit pas qu'en donnant une instruction seulement élémentaire dans les prisons, on doive craindre de faire des voleurs plus habiles sans en diminuer le nombre.

Notre honorable confrère, le docteur Vingtrinier, tout en donnant son entière adhésion aux moyens proposés pour moraliser les détenus, a exprimé le regret de ne pas voir institués, au dehors des prisons, les moyens qui permettraient au détenu de mettre en pratique les bonnes résolutions qu'il peut avoir à sa sortie.

Les repris de justice sortant de la prison sont repoussés de tous côtés. On avait cru en France qu'en créant des dépôts de mendicité on offrirait un refuge à ces individus qui ne peuvent gagner leur vie par le travail, mais en réalité, ces établissements étaient des prisons avec des ateliers. Ce qui manque, ce sont des ateliers libres qui continueraient au dehors des prisons

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