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Nicole. M. Jour. tu fais ?

Je dis U.

Oui; mais, quand tu dis U, qu'est-ce que

Nicole. Je fais ce que vous me dites.

M. Jour. Oh, l'étrange chose que d'avoir affaire à des bêtes! Tu alonges les lèvres en dehors, et approches la mâchoire d'en haut de celle d'en bas; U, vois-tu ? U, Je fais la moue, U.

Nicole. Oui, cela est biau !

Mme. Jour. Voilà qui est admirable !

M. Jour.

C'est bien autre chose, si vous aviez vu O,

et DA, DA, et FA, FA.

Mme. Jour. Qu'est-ce que tout ce galimathias-là ?
Nicole. De quoi est-ce que tout cela guérit ?

M. Jour. J'enrage, quand je vois des femmes igno

rantes.

Mme. Jour. Allez. Vous devriez envoyer promene tous ces gens-là avec leurs fariboles.

Nicole. Et surtout ce grand escogriffe de maître d'armes, qui remplit de poudre tout mon ménage.

M. Jour. Quais ce maître d'armes vous tient bien au cœur! Je te veux faire voir ton impertinence tout à l'heure. (Après avoir fait apporter des fleurets, et en avoir donné un à Nicole.) Tiens, raison démonstrative, la ligne du corps. Quand on pousse en quarte, on n'a qu'à faire cela et quand on pousse en tierce, on n'a qu'a faire cela. Voilà le moyen de n'être jamais tué; et cela n'est-il pas beau, d'être assuré de son fait, quand on se bat contre quelqu'un? Là, pousse-moi un peu, pour voir.

Nicole. Hé bien, quoi? (Nicole pousse plusieurs bottes à M. Jourdain.)

M. Jour. Tout beau. Holà! ho! Doucement. Diantre soit la coquine !

Nicole. Vous me dites de pousser !

M. Jour. Oui, mais tu me pousses en tierce, avant que de pousser en quarte, et tu n'as pas la patience que je pare.

Mme. Jour. (A part.) Si l'on en peut voir un plus fou, je l'irai dire à Rome.

IV. M. DE POURCEAUGNAC.

ERASTE,

The Patient in spite of Himself.

M. DE POURCEAUGNAC,

}

Rival Suitors.

APOTHECARY and QUACKS, employed by Eraste to confine M. De P., whom he has enticed into their house, and represented to them as needing medical aid.

Eraste. Je crois, monsieur, que vous êtes le médecin à qui l'on est venu parler de ma part.

L'apothicaire. Non, monsieur, ce n'est pas moi qui suis le médecin ; à moi n'appartient pas cet honneur, et je ne suis qu'apothicaire, et apothicaire indigne, pour vous servir.

Eraste. Et monsieur le médecin est-il à la maison ? L'apothicaire. Oui. Il est là embarrassé à expédier quelques malades, et je vais lui dire que vous êtes ici.

Eraste Non, ne bougez; j'attendrai qu'il ait fait. C'est pour lui mettre entre les mains certain parent que nous avons, dont on lui a parlé, et qui se trouve attaqué de quelque folie que nous serions bien aise qu'il pût guérir avant que de le marier.

L'apothicaire. Je sais ce que c'est, je sais ce que c'est, et j'étois avec lui quand on lui a parlé de cette affaire. Ma foi, ma foi, vous ne pouviez pas vous adresser à un médecin plus habile; c'est un homme qui sait la médecine à fond, comme je sais ma croix de par Dieu; et qui, quand on devroit crever, ne démordroit pas d'un iota des règles des anciens. Oui, il suit toujours le grand chemin, le grand chemin, et ne va pas chercher midi à quatorze heures; et, pour tout l'or du monde, il ne voudroit pas avoir guéri une personne avec d'autres remèdes que ceux que la faculté permet.

Eraste. Il fait fort bien. Un malade ne doit point vouloir guérir que la faculté n'y consente.

L'apothicaire. Ce n'est pas parce que nous sommes grands amis que j'en parle ; mais il y a plaisir d'être son

malade, et j'aimerois mieux mourir de ses remèdes que de guérir de ceux d'un autre ; car, quoi qu'il puisse arriver, on est assuré que les choses sont toujours dans l'ordre; et quand on meurt sous sa conduite, vos héritiers n'ont rien à vous reprocher.

Eraste. C'est une grande consolation pour un défunt. L'apothicaire. Assurément. On est bien aise au moins d'être mort méthodiquement. Au reste, il n'est pas de ces médecins qui marchandent les maladies; c'est un homme expéditif, expéditif, qui aime à dépêcher ses malades; et, quand on a à mourir, cela se fait avec lui le plus vîte du monde.

Eraste. En effet, il n'est rien de tel que de sortir promptement d'affaire.

L'apothicaire. Cela est vrai. A quoi bon tant barguigner, et tant tourner autour du pot! Il faut savoir vîtement le court ou le long d'une maladie.

Eraste. Vous avez raison.

L'apothicaire. Voilà déjà trois de mes enfans, dont il m'a fait l'honneur de conduire la maladie, qui sont morts en moins de quatre jours, et qui, entre les mains d'un autre, auroient langui plus de trois mois.

Eraste. Il est bon d'avoir des amis comme cela.

L'apothicaire. Sans doute. Il ne me reste que deux enfans, dont il prend soin comme des siens ; il les traite et gouverne à sa fantaisie, sans que je me mêle de rien; et le plus souvent, quand je reviens de la ville, je suis tout étonné que je les trouve saignés ou purgés par son ordre.

Eraste. Voilà des soins fort obligeans.

L'apothicaire. Le voici, le voici, le voici qui vient.

Enter Le Médecin, un paysan, une paysanne.

Le Paysan, au médecin. Monsieur, il n'en peut plus ; et il dit qu'il sent dans la tête les plus grandes douleurs du monde.

Le Médecin. Le malade est un sot; d'autant plus que, dans la maladie dont il est attaqué, ce n'est pas la tête, selon Galien, mais la rate, qui lui doit faire mal.

Le Paysan. Quoi que c'en soit, monsieur, il a toujours avec cela son cours de ventre depuis six mois. (Exit.) Le Médecin. Bon. C'est signe que le dedans se dégage. Je l'irai visiter dans deux ou trois jours; mais, s'il mouroit avant ce temps-là, ne manquez pas de m'en donner avis; car il n'est pas de la civilitè qu'un médecin visite un mort.

La Paysanne, au médecin. Mon père, monsieur, est toujours malade de plus en plus.

Le Médecin. Ce n'est pas ma faute, je lui donne des remèdes; que ne guérit-il?; Combien a-t-il été saigné de fois ?

La Paysanne. Quinze, monsieur, depuis vingt jours. Le Médecin. Quinze fois saigné ?

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Le Médecin.

le sang.

C'est signe que la maladie n'est pas dans Nous le ferons purger autant de fois, pour voir

si elle n'est pas dans les humeurs ; et si rien ne nous réussit, nous l'enverrons aux bains.

L'apothicaire. Voilà le fin de cela;

médecine.

voilà le fin de la (Exit La Paysanne.)

Eraste, au médecin. C'est moi, monsieur, qui vous ai envoyé parler, ces jours passés, pour un parent un peu troublé d'esprit, que je veux vous donner chez vous, afin de le guérir avec plus de commodité, et qu'il soit vu de moins de monde.

Le Médecin. Oui, monsieur, j'ai déjà disposé tout, et promets d'en avoir tous les soins imaginables.

Eraste.

Le voici fort à propos.

Le Médecin. La conjoncture est tout-à-fait heureuse, et j'ai ici un de mes anciens amis avec lequel je serai bien aise de consulter sur sa maladie.

Enter M. De Pourceaugnac.

Eraste, à M. de Pourceaugnac.

Une petite affaire

m'est survenue, qui m'oblige à vous quitter (montrant le

médecin ;) mais voilà une personne, entre les mains de

qui je vous laisse, qui aura soin, pour moi, de vous traiter du mieux qu'il lui sera possible.

Le Médecin. Le devoir de ma profession m'y oblige; et c'est assez que vous me chargiez de ce soin.

M. de Pourceaugnac, à part. C'est son maître-d'hôtel, sans doute; et il faut que ce soit un homme de qualité. Le Médecin, à Eraste. Oui, je vous assure. que je traiterai monsieur méthodiquement, et dans toutes les régularités de notre art.

M. de Pourceaugnac. Mon Dieu! il ne me faut point tant de cérémonies; et je ne viens pas ici pour incommoder.

Le Médecin. Un tel emploi ne me donne que de la joie.

Eraste, au médecin. Voilà toujours dix pistoles d'avance, en attendant ce que j'ai promis.

M. de Pourceaugnac. Non, s'il vous plaît, je n'entends pas que vous fassiez de dépense, et que vous envoyiez rien acheter pour moi.

Eraste.

Mon Dieu! laissez-moi faire; ce n'est pas pour ce que vous pensez.

M. de Pourceaugnac. Je vous demande de ne me traiter qu'en ami.

Eraste. C'est ce qué je veux faire. (Bas au médecin.) Je vous recommande surtout de ne le point laisser sortir de vos mains; car parfois il veut s'échapper.

Le Médecin. Ne vous mettez pas en peine.

Eraste, à M. de Pourceaugnac. Je vous prie de m'excuser de l'incivilité que je commets.

M. de Pourceaugnac. Vous vous moquez, et c'est trop de grâce que vous me faites.

Enter 2e Médecin.

Exit Eraste.

Le Médecin. Ce m'est beaucoup d'honneur, monsieur, d'être choisi pour vous rendre service.

M. de Pourceaugnac. Je suis votre serviteur.

Le Médecin. Voici un habile homme, mon confrère, avec lequel je vais consulter sur la manière dont nous yous traiterons.

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