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les salons de l'hôtel de ville pour tenir ses séances solennelles de fin d'année.

Les succès obtenus par l'Académie dans le monde matériel ont été non moins grands. Notre Société s'occupa principalement de vivifier le commerce de la contrée. Elle couronnait, en 1763, le mémoire d'un négociant messin, Lagrange, qui démontrait que le commerce et l'industrie de notre province avaient été tués par la guerre avec la Prusse, et que c'était aux gouvernements à lui rendre son ancien essor.

En 1772, l'intendant M. de Calonne se donnait la peine d'indiquer dans un bon mémoire les moyens de ranimer le commerce mosellan, priant notre Société, dont il était membre, de s'occuper activement de vulgariser les règles de l'économie politique sur la facilité des communications entre les peuples.

L'Académie de Metz mettait au concours, en 1778, la question de savoir si la foire de Mai à Metz, avec ses priviléges pour les marchands du lieu, était avantageuse au commerce local. Ce fut Roederer qui, en 1781, remporta le prix en soutenant qu'il serait plus utile pour la ville de Metz de convertir sa foire en un marché franc comme les villes commerçantes de Champagne et des bords du Mein et de l'Elbe. Devenu membre titulaire, Roederer lut en séance solennelle de l'Académie le 25 août 1783 un dialogue sur les avantages et les inconvénients du colportage des marchandises. La même année, il composait, le 17 novembre, ce qu'il intitulait un Avis aux Messins, et sous une forme piquante il reprenait la thèse de M. de Calonne, conseillant d'améliorer la navigabilité de la Moselle, de joindre la Moselle à la Meuse et à la Sarre par des canaux.

M. de Calonne avait envoyé 1000 livres pour être

données en prix à celui qui traiterait la question des obstacles physiques et politiques qui s'opposaient à une bonne navigabilité de la Moselle. En 1772, l'architecte municipal Gardeur Lebrun, fit, avec M. de Calonne, un voyage par eau depuis Metz jusqu'à Coblentz et dressa cette carte du cours d'eau de la Moselle, dont un exemplaire décore notre musée. Cette carte partagea le prix avec le mémoire de l'avocat Blouet, qui ne s'occupa, lui, que des obstacles politiques, démontrant qu'ils consistaient dans le grand nombre de droits de douanes que les marchandises avaient à payer depuis Coblentz jusqu'à Nancy. En 1773, l'Académie se faisait traduire de l'allemand, l'ordonnance du prince électeur, l'archevêque de Cologne, réglementant la navigation du Rhin.

En 1787, Roederer réclamait le reculement des barrières jusqu'aux frontières. Déjà en 1772, Emmery s'était élevé contre les droits qui se percevaient sur les marchandises dans la prévôté de Sierck, comme si le duché de Lorraine était encore distinct du royaume de France.

La Révolution de 1789 devait mettre tout le monde d'accord et il a fallu la guerre de 1870 pour rétablir les douanes de l'ancienne Lorraine.

Nos ingénieurs modernes, membres de notre Société, nous ont mis au courant des perfectionnements par eux apportés à la navigabilité de la Moselle, notamment MM. Lejoindre et Lemasson, en 1834. Vous avez très-récemment accueilli, avec tout l'intérêt qui lui était dù, le projet de M. Frécot pour un port à créer au Sablon contre la gare du chemin de fer.

Mais toute l'activité de nos ingénieurs des ponts

et chaussées s'est reportée sur un autre mode plus énergique de transport de marchandises, la locomotion à vapeur. En 1829, M. Landormy communiquait à l'Académie un projet de bateau à vapeur sur la Moselle, que M. Glavet père chercha à mettre en exécution sur une nacelle. M. Van der Noot fit mieux. Il construisit une voiture à vapeur qui marcha de la porte Thionville jusqu'au château de Ladonchamp, comme nos locomobiles modernes. Cette machine servit ensuite de moteur à un pyroscaphe qui, après quelques expériences, alla se reposer à l'embouchure de la Seille, attendant les inexplosibles qui, venus de Bretagne par la Hollande, en 1846, montrèrent qu'un service de bateaux à vapeur serait possible entre Metz et Nancy, Metz et Trèves, quand la Moselle serait mieux endiguée.

La locomotion à vapeur triompha dans notre pays du jour qu'on se servit des rails en fer sur terre.

En 1835, M. Lemasson prenait pour sujet de son discours de président l'utilité des chemins de fer, et M. Lejoindre communiquait à l'Académie une étude démontrant la nécessité commerciale et stratégique de créer une voie ferrée entre Metz et Frouard, pour se relier à la ligne projetée entre Paris et Strasbourg. Notre Société entendit la réfutation de ce projet en 1841 dans les observations stratégiques du colonel Bergère sur les différents tracés proposés de lignes ferrées de Paris à l'Est de la France. Ce laborieux officier du génie réclamait la création d'une ligne droite de Metz à Paris et se rapprochant le plus possible des places fortes de la frontière. Les craintes de notre collègue, que l'on traitait alors de chimériques, ont été confirmées par les incidents de l'invasion allemande en 1870!!

Les officiers membres de notre Société ont toujours figuré parmi nos collègues les plus laborieux. Il nous suffira de rappeler que c'est au sein de notre Académie que le général Poncelet hasardait l'exposé théorique de son invention des roues verticales à aubes courbes en 1824, et racontait ensuite l'heureux succès de ses expériences tentées au pied de notre Esplanade dans cette poudrerie alors très-modeste, et que devait transformer notre autre collègue M. Maurouard, auquel nous devons la communication d'un mémoire sur les nouveaux appareils pour la fabrication des charbons de poudre.

N'oublions pas que c'est dans le moulin de la ville dit de la Porte aux chevaux que le général Piobert installa la première turbine qu'ait employée notre pays; et que c'est dans l'autre usine dite le Moulin des onze tournants que le chef d'escadron Boileau introduisit ses premiers perfectionnements dans les scieries hydrauliques. Ajoutons que c'est dans notre île Chambière que furent trouvés les perfectionnements apportés dans l'art de la pyrotechnie civile et militaire par nos collègues les colonels Cailly, Virlet, Didion, Susane; les capitaines Munier, Velter et Vignotti.

J'allais passer sous silence l'École d'application où Bodin a inventé son aérographe, où les deux frères Savart ont imaginé ces outils perfectionnés que le touriste était tout étonné de rencontrer dans le moindre magasin de Metz, et où se sont faites pendant un siècle les observations météorologiques du bénédictin dom Casbois, de MM. Schuster père, Goulier, et si bien continuées, en dehors de l'École, par MM. Schuster fils, Henriot, Muller et Grellois.

On commence à se rendre compte du service que

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l'agriculture peut tirer de ces travaux qui demandent autant de patience que de minutie. Le vulgaire a encore besoin qu'on lui fasse sentir, comme l'a essayé M. l'abbé Fleck, que la météorologie est une science qui a son côté pratique. Avec la quantité de pluie qui tombe sur un point donné, avec la désignation de sa température moyenne en chaque saison, il est souvent possible de dire à l'avance quels végétaux peuvent y croître, quel genre de culture y donnera des produits avantageux.

L'Académie de Metz ne s'est pas contentée de parler du ciel à ses concitoyens, mais elle les a entretenus aussi de la terre. Elle a envisagé la première les essais de sondage tentés par notre collègue, M. de Gargan, ingénieur des mines à l'extrême frontière, à Styring, en 1822, pour trouver de la houille. Elle a accueilli avec joie la notice de M. Jacquot sur sa découverte de houille à Creutzvald et à Carling en 1854, et entendu avec intérêt les études chimiques de M. Langlois sur les minerais de fer du département de la Moselle.

Notre Société a applaudi aux développements apportés dans l'industrie de la verrerie, à SaintLouis, à Meisenthal. Elle a patronné les premiers essais de peinture sur verre de MM. Benjamin et Lapied, tentés en 1838, à Metz rue des Murs; c'est en commandant un rapport sur cette découverte à notre collègue, M. Maréchal, peintre, qu'elle a poussé cet éminent artiste à fonder l'école de peinture sur verre de Metz dont la réputation n'est plus à faire

L'Académie de Metz en 1821 organisait un concours industriel entre tous les ateliers du département, et le succès de cette entreprise engagea notre

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