INTRODUCTION. BUT ET PLAN DU BULLETIN. LA Société de l'Histoire de France, en se proposant pour but principal de ses travaux la publication des documens originaux de notre histoire, a senti que le meilleur moyen d'obvier aux lenteurs inévitablement attachées à la réalisation successive de ce vaste plan, étoit de publier aussi un Bulletin ou journal périodique. Ce bulletin doit être destiné non seulement à faire connoitre promptement la marche et les résultats des travaux particuliers de la Société, et à devenir un lien habituel entre tous ses membres, mais encore à offrir à tous les amis de nos annales et de nos antiquités nationales un organe commun, un centre spécial de publicité régulière, dont l'absence se fait si généralement sentir. Ce vide est surtout sensible depuis que le Bulletin des Sciences historiques (septième section du Bulletin universel) a cessé de paroître. L'étendue et la diversité de ce dernier recueil, quelque utile qu'il pût être, ne lui permettoient cependant d'atteindre que les travaux les plus importans, et comme son objet spécial n'étoit de France, les articles concernant celle-ci l'histoire y étoient épars au milieu d'un bien plus grand nombre d'autres sujets historiques, philologiques et même géographiques, étrangers à la France. pas Les amis des études historiques trouvent, il est vrai, une grande ressource dans un excellent recueil scientifique, le Journal des Savans, dont l'origine remonte si loin dans a l'histoire de notre littérature, et qui a nourri et perpétué jusqu'à nous, sous l'influence de rédacteurs du plus grand mérite, le goût d'une saine érudition, comme un feu sacré trop souvent prêt à s'éteindre. Mais, en même temps que son titre indique la diversité des matières dont il s'occupe et peut effrayer le plus grand nombre des lecteurs, sa destination ne répond point directement au besoin particulier la Société de l'Histoire de France a en vue, et qui, que comme toutes les spécialités littéraires, demande un organe exclusif. Les travaux isolés d'histoire et d'archéologie, entrepris dans la plupart des départemens, ainsi qu'à Paris, ont plusieurs autres voies de publicité, telles que les collections des Sociétés académiques, les Revues littéraires, si nombreuses déjà, soit à Paris, soit en province, les Annuaires qui se publient chaque année, les deux journaux bibliographiques de la capitale et même les journaux politiques. Mais ces sortes de recueils doivent, par leur nature même, laisser les travaux historiques perdus au milieu d'une foule de sujets tout différens, les uus se bornant à de simples annonces, et d'autres donnant à peine une analyse succincte des plus importantes d'entre ces publications. Si ces ressources diverses offrent du moins aux amis des sciences historiques le moyen de constater sommairement la plupart de leurs découvertes et de leurs travaux, combien est restreinte cette publicité, combien le défaut de communication entre les personnes dévouées aux mêmes études a-t-il entravé les développemens de ces études vers un même but, quoique dans des voies différentes! De toutes parts, on voit se manifester, pour changer cette situation, des efforts, soit individuels, soit d'association, dont les congrès scientifiques sont un des résultats les plus remarquables; efforts trop souvent arrêtés par leur isolement et gênés peut-être par leur multiplicité. Mais nous ne voyons point encore de recueil spécialement et exclusivement destiné à coordonner et à mettre en corrélation entre elles les études et les publications historiques entreprises indépendamment les unes des autres sur tous les points de la France, à grouper dans un foyer commun une foule de travaux partiels et locaux, la plupart d'un grand prix par l'emploi de faits et de documens recueillis sur le théâtre même des événemens, et par la bonne foi non systématique qui le plus souvent en dirige la rédaction. Nous ne voyons pas de recueil qui fasse connoître aux personnes laborieuses disséminées dans les provinces et à Paris les ressources que les bibliothéques de Paris et les archives de provinces peuvent offrir pour telle question spéciale qui les occupe, et en même temps les publications faites soit à Paris, soit ailleurs, sur des sujets analogues à l'objet de leurs propres recherches. Nul Recueil n'obvie complétement à la lenteur des publications des sociétés scientifiques, qui souvent laissent écouler plusieurs années sans donner d'autres signes extérieurs de leur existence que de rares assemblées solennelles, quoique leurs travaux intérieurs continuent avec la même activité vers un même but généralement utile. Il ne manque à leurs efforts qu'un peu plus de publicité, pour avoir plus de popularité, et pour faire profiter hors de leur sein les travaux précieux de tant d'hommes instruits, travaux qui d'ordinaire n'entrent dans le domaine public qu'après plusieurs années de veilles et de recherches, qui trop souvent ensuite vieillissent avant d'avoir porté leurs fruits, et que les érudits seuls retrouvent au besoin dans des collections paroissant à des intervalles fort éloignés. Populariser l'étude et le goût de notre histoire nationale dans une voie de saine critique et surtout par la recherche et l'emploi des documens originaux; Constater, mettre au grand jour et utiliser par une rapide circulation nos richesses historiques de différentes sortes; en faciliter la connoissance et l'usage aux écrivains laborieux, trop souvent arrêtés par l'ignorance de matériaux précieux qui demeurent inutiles; Donner la plus prompte publicité aux travaux concernant notre histoire; mettre au grand jour les efforts modestes et désintéressés de tant d'hommes instruits, dont les ouvrages passent trop souvent inaperçus, même de ceux qui auroient le plus à en profiter; Etablir un lien entre tous les amis des mêmes études, sans nulle autre idée de centralisation qu'un échange mutuel des connoissances isolément acquises, mises ensuite en commun et aussitôt reversées dans la circulation, pour la plus grande facilité de l'étude; Rapprocher de l'histoire proprement dite les différentes branches des études historiques, telles que l'archéologie, la philologie, la géographie et la statistique, afin de faire jaillir de leur contact une plus vive lumière, et de mieux faire ressortir leurs intimes relations et les secours mutuels qu'elles se prêtent; Tels sont les principaux besoins littéraires auxquels la Société de l'Histoire de France a désiré répondre, lors même qu'elle ne pourroit y satisfaire complétement et immédiatement, en publiant sous ses auspices et comme complément de ses autres travaux un journal uniquement consacré aux études historiques appliquées à la France. Dans l'espoir de ces heureux résultats elle a pensé pouvoir donner à son Bulletin une certaine extension, et y rattacher à l'histoire proprement dite des événemens, celle des monumens, des mœurs, de la langue, de la littérature, envisagés comme élémens de l'état social, et comme constituant véritablement l'histoire d'une nation. C'est pour répondre à cette intention que le secrétaire de la Société fut invité à présenter au Comité du Bulletin et au Conseil' un plan dont les développemens indiqueront l'ensemble des sujets très variés susceptibles d'entrer dans la composition d'un recueil borné en apparence, et qui rappelleront aux membres de la Société et aux autres personnes amies de notre histoire les communications diverses dont ils peuvent, à leur profit, enrichir cette Revue historique. Le Bulletin aura deux parties distinctes: I. TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ ET AUTRES TRAVAUX HISTORIQUES; II. DOCUMENS HISTORIQUES ORIGINAUX. I. La PREMIÈRE PARTIE sera elle-même divisée en plusieurs sections: 1o. Les Actes et Travaux de la Société, c'est-à-dire les procès-verbaux de ses séances, et des renseignemens sur l'état des publications qu'elle aura entreprises, en formeront la première section, dont le but direct est d'établir des relations habituelles entre tous ses membres, et d'obvier aux lenteurs de ses autres publications. • Voir séance du 3 mars, premier numéro du Bulletin, p. 22. |