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en tirer de notions détaillées et précises sur les procédés mécaniques suivis par l'architecte.

Presque tous les obélisques dressés par les Romains subirent le sort du plus grand nombre des édifices et des monumens de ce peuple; ils furent renversés et brisés dans les différentes invasions des Barbares, et ils restèrent dans cet état, recouverts en grande partie de terre et de décombres jusqu'au temps du pape Sixte - Quint, qui entreprit de rendre à la R me chrétienne la grandeur et la magnificence qu'on lui voit aujourd'hui, grâce au zèle soutenu pour les beaux-arts de tous les pontifes ses successeurs. Sixte-Quint fit transporter devant l'église, et au milieu de la place de Saint-Pierre, l'obélisque du Vatican, le seul qui étoit demeuré debout à Rome sur son piédestal, dans le cirque où Caïus César l'avoit placé. Il fit retirer à très-grands frais, des ruines du grand cirque, les morceaux du plus grand obélisque qu'il y ait eu à Rome, et les fit replacer l'un sur l'autre de manière à lui rendre, pour l'œil, son ancienne intégrité, et il l'érigea sur la place et en face de Saint-Jean-de-Latran. On lui doit encore la restauration et l'érection de celui qui orne la place del Popolo, ainsi que de celui qui s'élève en face de Sainte-Marie-Majeure.

Depuis Sixte - Quint on vit successivement reparoître et s'élever dans les différentes places de Rome les autres obélisques, soit ceux que le temps avoit épargnés en entier, soit ceux qui eurent besoin de restauration : tels furent ceux de la place Navone, par le pape Urbain VIII; de la place de la Minerve, par Alexandre VII. Le pape Benoit XIV fit transporter les morceaux de l'obélisque horaire devant le palais de Monte - Citorio. Ces morceaux ont été depuis rassemblés et restaurés par les soins du pape Pie VI, qui a rendu à cet obelisque son ancienne destination, en le faisant dresser sur la place et vis-à-vis du palais de Monte-Citorio, où un nouveau globe de bronze, surmonté du style d'un gnomon, doit encore servir de méridien. Le même pape a relevé les derniers obelisques qui restoient encore, ou inconnus, ou négligés dans Rome, et il en a fait dresser un sur la place de Monte-Cavallo, un autre en face de l'église de Trinita-del-Monte.

On voit donc que les obélisques égyptiens, encore plus étrangers aux usages, aux croyances des modernes et aux pratiques de leur architecture, ne devinrent, dans Rome chrétienne, que des monumens décoratifs pour les yeux, et des objets de recherches ou de curiosité pour les antiquaires.

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Cependant ces prodigieux ouvrages de l'art égyptien ne dûrent pas manquer d'étonner les artistes. Tout ce qui est grand à droit à l'admiration des hommes. En fait de monumens, les obélisques et les pyramides de l'Egypte sont restés dans l'imagination, et sont, par le fait, les ouvrages les plus durables de l'industrie humaine,

ceux dont la masse bravera le plus victorieusement les efforts du temps et de la destruction. Il ne faut donc pas s'étonner du goût qui en a perpétué la forme et l'usage dans les productions de l'art moderne, bien qu'aucune opinion religieuse ou politique ne s'y trouve mêlée. La forme obéliscale et la forme pyramidale ont entr'elles quelques points de ressemblance qui ont contribué à les faire confondre, dans les emplois purement allégoriques qu'on en a souvent faits, en les appliquant à certaines compositions de la sculptu re. Il est indubitable que les pyramides, en Egypte, furent des tombeaux; les Romains firent aussi des tombeaux dans cette forme, témoin la pyramide de C. Cestius, à Rome. Si l'on ne peut pas connoître encore avec certitude l'emploi moral de l'obélisque, on peut toujours certifier que ce monument ne fut aucunement en rapport avec les usages des sépultures.

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Lorsque des signes sont consacrés de toute ancienneté à l'expression de quelqu'idée, le goût enseigne à ne point les dénaturer par un mélange indiscret. Ainsi, l'on ne sauroit désapprouver qu'on ait fait entrer dans la composition des mausolées modernes la forme de pyramide, comme servant de fond aux objets représentés par la sculpture. La forme pyramidale est devenue en quelque sorte, dans l'écriture allégorique de cet art, T'hieroglyphe de tombeau. Mais on a vu la forme obéliscafe employée à la même fin dans plus d'une composition funéraire : or on sent que ce ne peut être là qu'une méprise. Un autre abus en ce genre, a consisté à mêler ensemble les deux types, de manière que l'objet n'est plus ni pyramide ni obélisque. On doit dire que c'est là le reproche qu'on peut faire à l'architecte Blondel dans la décoration de son arc triomphal de la porte Saint-Denis. Sontce des obélisques ou des pyramides manquées, qu'il a couvert d'ailleurs fort habilement de trophées ? C'est surtout dans les ouvrages qui se recommandent par de grandes beautés, et par la célébrité du nom de leur auteur, qu'il faut faire remarquer ces défauts de convenance, tant est contagieuse l'influence d'un mauvais exemple donné par un habile homme ; tant il est vrai que ce qu'on imite le plus facilement des grands hommes, c'est leurs défauts. Rien de plus important, en architecture surtout, que de respecter les significations de chaque forme.

Nous n'appliquerons point cette observation à l'usage assez répandu d'élever de petits obélisques comme monumens, ou de parade ou de reconnoissance dans les parcs, dans les points des forêts qui servent de réunion à plusieurs routes. La forme obéliscale a l'avantage de produire des monumens que leur procérité même rend propres à remplacer les colonnes isolées, qui deviennent souvent nécessaires à certains points de vue. Il importe peu que l'obélisque, ainsi considéré

dans ces petits emplois, soit monolythe ou composé de plusieurs assises. Mais de vaines singeries ont quelquefois fait imaginer de reproduire au milieu de nos places des obélisques de la hauteur de ceux de l'Egypte, et qui n'arriveroient à de telles dimensions qu'au moyen de beaucoup d'assises. L'insignifiance d'un pareil monument dans nos mœurs doit assez avertir, que si l'on n'y compense pas ce défaut, par le mérite ou d'une grande difficulté vaincue, ou du prix que la rareté d'un seul bloc de pierre de cent pieds de haut peut donner à une chose inutile, on ne feroit, avec 'une telle dépense, que la parodie ridicule d'une grande chose.

OBSERVATOIRE, s. m. On donne ce nom à un édifice fait ordinairement en forme de tour, sur un terrain élevé, autant que les localités le permettent, et se terminant en terrasse propre à faire les observations astronomiques, et d'autres expériences physiques.

d'arête; et la communication établie par les arêtes de cette voûte, fait que deux personnes parlant bas, l'une d'un côté, l'autre de l'autre, s'entendent entr'elles, lorsque ceux qui sont au milieu n'entendent rien. On appelle cette pièce le cabinet des secrets. La pièce du milieu est nommée méridienne, parce que c'est là que M. Cassini a tracé la ligne méridienne qui traverse l'axe de l'édifice. On y a pratiqué une petite ouverture circulaire faite pour observer les degrés d'accélération de la chute des corps: cette ouverture perce également tous les plafonds des étages, depuis les souterrains jusqu'à la terrasse supérieure qui couvre tout l'édifice.

Il faut observer que dans la construction de cet observatoire on n'a employé ni fer ni bois; toutes les pièces sont voûtées avec la plus grande solidité, et l'appareil de chacune peut passer pour un chef-d'œuvre dans l'art du trait.

L'utilité ayant été le principal objet d'un semblable édifice, l'architecte n'en a voulu devoir la beauté qu'à la simplicité des formes, à la justesse de l'appareil, à la régularité des masses: il a compris que le lieu des observations devant être a■ premier étage, il y falloit de vastes ouvertures et des fenêtres fort exhaussées; c'est pour cela qu'il a élevé cet étage sur une espèce de soubassement dont la destination particulière n'exigeoit que des fenêtres d'une modique hauteur. Toutes les croisées des façades sont à plein cintre, sans aucun ornement.

Le plus grand et le plus bel observatoire qu'on puisse citer comme monument d'architecture, est sans aucun doute celui de Paris, qui fut élevé par Claude Perrault, à l'extrémité du faubourg Saint-Jacques et au hant de la rue d'Enfer. Cet édifice remarquable à beaucoup d'égards, mais situé à une des extrémités les moins fréquentées de la ville, étoit en quelque sorte inconnu au plus grand nombre des habitans, ou du moins ne leur étoit guère connu que de nom. Le percement d'une grande et belle avenue tracée sur les terrains qui séparent cet édifice du palais du Luxem- OCRE, s. f. Les ocres ou les bols sont des subsbourg, a, depuis quelques années, produit une tances d'apparence argileuse, qui sont colorées ouverture qui les met aujourd'hui en regard, et, en jaune ou en rouge par une certaine quantité en faisant de l'Observatoire une des perspectives de fer qui devient sensible à l'aimant, quand on du jardin, l'a, si l'on peut dire, rapproché de la calcine ces terres, de manière à les faire passer au ville, en donnant au public l'occasion de s'en ap-rouge-brun, et même au noir. procher tous les jours.

L'édifice de l'Observatoire est, avec la colonnade du Louvre, le monument sur lequel Claude Perrault a fondé sa réputation. Nous en traiterons à l'article de ce célèbre architecte (voy. PERRAULT), sous le rapport du goût, du style et du caractère. Ici on se contentera d'abréger la description qu'en a donnée J.-F. Blondel, tom. II de l'Architecture française.

Les ocres se dissolvent dans l'eau, pour laquelle elles ont une grande avidité. Pour obtenir une couleur plus pure, et dégagée de toute matière étrangère, on les broie, on les lave à grande eau, et on les décante jusqu'à ce que le lavage ne fournisse plus de couleur; alors on jette le sédiment. Voyez le Dictionnaire des Beaux-Arts, article OCRE.

Les ocres rouges naturelles sont plus rares que les jaunes ; la plupart de celles qu'on répand dans le commerce sont des préparations artificielles ou des ocres jaunes calcinées.

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La forme de cet édifice est un rectangle d'environ 16 toises sur 14, flanqué de deux tours pentagonales du côté du midi. A la face opposée (celle du nord), et au milieu de cette façade, Voici les plus connues des ocres rouges: Ocre est un pavillon extérieurement carré, qui donne ou bol rouge d'Arménie; il est d'un rouge-pâle, entrée, au rez-de-chaussée, dans un vestibule à et est plus employé en médecine qu'en peinture. pans dont la voûte est percée. Le plan du premier-Ocre rouge de Bucaros en Portugal, d'un rougeétage se compose de différentes pièces, qui ont orangé; on en fait des poteries. Ocre rouge chacune leur destination scientifique. Originaire-d'Afrique; les Caffres s'en servent pour se peindre ment l'espace octogone d'une des deux tours étoit le corps. Les ocres jaunes de bonne qualité sont sans voûte; il formoit une sorte de puits destiné assez rares, et les couches en sont peu abondantes. à mesurer la quantité d'eau qui tombe annuelle- Nous les tiróns de la Bourgogne et du Berry. ment. Cet espace a, depuis, été couvert en voûte L'ocre de rhue, d'un jaune-foncé, vient d'Angle

terre et d'Italie. La terre jaune d'Italie, dont la
nuance approche du souci, est peu employée dans
le bâtiment, sans doute à cause de sa rareté.
La terre de Sienne est une ocre d'un assez beau
jaune, dont la finesse est extrême; cette même
terre grillée prend une teinte d'un beau rouge
transparent. La terre d'ombre est encore une
espèce d'ocre; c'est un brun très - foncé, mais
d'un ton faux; elle est très-avide d'eau. La terre
d'ombre calcinée devient d'un brun-noirâtre, et
acquiert de la transparence.

d'antiquité, quoique l'on eût pu d'autant mieux lui laisser sa terminaison grecque, que cette terminaison est devenue celle du mot odéon en francais. C'est pourquoi on en usera dans le cours de cet article.

Ön donnoit le nom d'odeon, chez les Grecs, à une espèce d'édifice dans lequel les poëtes et les musiciens disputoient les prix de musique, de chaat et, d'exécution instrumentale; cela devoit répondre, relativement aux théâtres, à ce qu'est, chez les Modernes, la salle de concert.

Périclès, qui fit bâtir le premier odéon à Athènes, avoit eu l'intention qu'il servit aux choréges des différentes tribus, pour s'y exercer et pour

de magasin pour les objets employés dans les pompes solennelles et religieuses. Il eut encore une autre destination; il offrit, comme portique, un refuge aux spectateurs assemblés dans le théâ tre de Bacchus, qui lui étoit contigu, lorsque le mauvais temps obligeoit de se mettre à couvert. Quelquefois même il servit aux Athéniens pour y tenir des assemblées politiques.

De toutes les couleurs employées dans le bâtiment, les ocres sont les plus solides et les moins coûteuses. Ces matières colorantes, avons nous déjà dit, varient de nuances depuis le jaune-clairy instruire les chœurs. L'odéon devoit aussi servir jusqu'au brun le plus foncé, en passant par presque tous les tons de rouge intermédiaires : elles sont employées dans la peinture en détrempe, à fresque, à l'huile et à la cire, dont on encaustique les pavés et parquets. On se sert aussi des ocres pour colorer le plâtre dont on fait des revêtemens, et cette manière de l'employer, connue des Anciens, ressemble assez au stuc. La couleur en est bien plus solide, n'étant pas superficielle, L'odéon ressembloit par sa forme au théâtre, mais inhérente à l'enduit et en pénétrant la masse à cela près qu'il avoit beaucoup moins d'étendue, entière. Néanmoins les ocres entrent dans les ba- et qu'il recevoit une couverture. Aucun auteur digeous, à l'intérieur comme à l'extérieur des ancien ne nous a laissé, toutefois, une descripédifices. Les ocres jaunes, broyées à l'eau ou àtion de cette sorte d'édifice, ni donné aucune l'huile, servent surtout à donner les premières mention de sa disposition intérieure. Vitruve ne couches sur les boiseries qui doivent recevoir des parle qu'en passant de celui d'Athènes ; et quant couleurs plus chères et plus fines, ou sur celles aux ruines que plus d'un voyageur appelle des que l'on peint seulement pour les garantir de l'ac- ruines d'odéon, rien de moins authentique que tion des pluies, tels que poteaux, barrières, por- leurs notions, qui peuvent toujours s'appliquer à tes, treillages, ponts de charpente, etc., et cette des restes de théâtre. Il est probable qu'il ne decouleur, employée à l'huile, conserve les bois voit y avoir ni scène, ni précisément ce qu'on mieux que toute autre. appelle le proscenium.

Le rouge de Prusse et celui d'Allemagne sont ceux qu'on emploie dans l'encaustique du pavé des appartemens. On donne maintenant la préférence à l'ocre jaune, ou bien à la terre de Sienne, ou à la terre d'ombre, qui imite la couleur des parquets en bois de chêne. Cette teinte est plus douce et plus amie de l'œil, qu'affecte désagréablement le rouge cru ou le jaune, rendu encore plus vif par son mélange avec la cire lustrée par un frottement réitéré.

(A. L. C.)

OCTOGONE, adj. des deux genres. Figare qui a huit pans et huit angles.

OCTOSTYLE, adj. des deux genres. Se dit de l'ordonnance d'une façade d'édifice ou de temple, qui a huit colonnes à son rang antérieur.

Tel est le temple de Minerve, à Athènes; tel est le Panthéon d'Agrippa, à Rome. Les ordonnances du diptère et du pseudodiptère, chez les Anciens, étoient octostyles.

ODÆUM. On laisse à ce mot sa terminaison latine, selon l'usage reçu pour tous les ouvrages

La disposition des couvertures ou des toits des odéons ne nous est pas beaucoup mieux connue. Vitruve nous dit, à la vérité, que la toiture de l'odéon de Périclès avoit été faite avec les mâts et les antennes, ou vergues des vaisseaux pris sur les Perses par les Grecs à la bataille de Salamine. Pausanias nous apprend qu'on avoit donné à cette toiture la forme de la tente de Xerxès. Cette ressemblance extérieure, qui étoit toute seule un monument de victoire, porte à croire que le toit dont étoit couronné l'odéon devoit se terminer en angle fort aigu ou en cône. Les mâts auront tenu, dans cet assemblage de charpente, la place, et joué le rôle des chevrons dans les toits ordinaires. Les antennes, pièces de bois plus légères, auront fait l'office des pannes placées transversalement pour recevoir les tuiles. Dans l'intérieur, s'il n'y eut pas de plafond, la charpente du toit aura été recouverte et façonnée en manière de voûte,

Il est probable que l'odéon construit à Athènes par Péricles, aura été le premier édifice de ce genre en Grèce il n'y fut pas le seul, comme on va le dire, et plusieurs croient que cette ville vit successivement élever jusqu'à trois odéons. Du

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reste, les villes de la Grèce en construisirent à l'envi. C'est après avoir fait mention de celui de Patras, que Pausanias parle du nouvel odéon d'Athenes, qui n'existoit pas encore, lorsqu'il passa dans cette ville, et qui, depuis son départ, avoit été construit par Hérodes Atticus.

Cet odéon étoit situé au pied de l'Acropolis, et du côté du sud-ouest. Quelques antiquaires croient qu'on en voit aujourd'hui les restes dans les ruines de l'édifice que presque tous les voyageurs ont pris pour le théâtre de Bacchus. C'étoit, selon Pausanias, un des plus beaux édifices de la Grèce, et il surpassóit en magnificence tous les autres odéons. Il en subsiste aujourd'hui assez pour faire connoître sa forme générale, c'est-à-dire qu'on en voit encore l'excavation faite dans le rocher, où l'on avoit taillé les siéges demi-circulaires; une partie assez considérable du mur qui devoit occuper la place de la scène, et quelques arcades ouvertes faisant corps aujourd'hui avec les fortifications de la citadelle.

L'exemple des Athéniens fut suivi par d'autres villes de la Grèce, qui firent aussi construire des odéons. Pausanias, toutefois, ne fait mention que de deux odéons bâtis, l'un à Corinthe, l'aufre à Patras. Il est vrai qu'en parlant de celui de cette dernière ville, il donne assez à comprendre qu'il y en avoit aussi dans beaucoup d'autres villes. Peut-être faut-il inférer de-là que l'odéon n'étoit pas, comme le théâtre, le gymnase, etc., un édifice obligé pour chaque ville peut-être aussi sa destination principale n'exigeoit-elle pas autant de dépense et d'étendue que celle du théatre; et Pausanias, dans ce cas, n'aura fait mention dés odéons, qu'en raison de leur grandeur et de leur magnificence.

Plusieurs villes de l'Asie mineure eurent aussi des odéons. Celui de Smyrne étoit renommé, selon Pausanias, à cause d'un tableau d'Apelles qui représentoit les Grâces. Les voyageurs Pocoke et Chandler ont pris pour des odéons plus d'un édifice en forme de théâtre dans les villes d'Ephèse et de Laodicée; mais Chandler, aux débris nombreux de la sculpture qui enrichissoit l'édifice de Laodicée, a présumé qu'il devoit être d'architecture romaine.

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Rome, plus tard, eut aussi des odéons. Fabricius, dans sa description de Rome, y en compte quatre. Mais de plus modernes critiques ont prouvé qu'il n'y en eut jamais que deux le premier fut construit par Domitien, qui, entr'autres jeux publics célébrés en l'honneur de Jupiter Capitolin, institua des combats de musique pour lesquels on érigea l'odéon; le second, bâti sous Trajan, avoit été l'ouvrage de l'architecte Apollodore.

On trouveroit encore à citer, d'après les récits des historiens, d'autres odéons construits sous les Romains, dans différentes villes des pays qu'ils avoient conquis.

Le mol odéon est devenu, depuis quelque temps,

un mot français, et on en a affecté le nom à un des théâtres de Paris, non par aucune similitude d'usage ou de forme, mais par ce besoin qu'on a de chercher dans l'antiquité des dénominations nouvelles, à beaucoup de choses qui n'ont toutefois rien de nouveau.

ŒIL, s. m. Ce mot, en architecture, s'emploie par métaphore, pour signifier certaines ouvertures ou fenêtres circulaires que l'on pratique le plus souvent dans les combles, dans les attiques ou dans les reins d'une voûte.

Les Grecs (on l'a déjà dit au mot FENÊTRE) se servoient du terme opaion, formé d'opè, signifiant trou, ouverture, et par une métaphore en sens inverse de la nôtre, ils donnoient quelquefois ce nom à l'ail, parce que l'ail est regardé comare l'ouverture, et en quelque sorte la fenêtre, par où nous recevons l'impression visuelle des objets."

Les Anciens firent donc fréquemment de ces fenêtres que nous appelons du mot œil, au sommet de leurs édifices, et nous avons déjà “cité · celui que l'architecte Xénoclès pratiqua dans le comble du temple d'Eleusis.

C'est bien du mot ail qu'on doit appeler l'ouverture circulaire qui, percée au sommet de la voûte du Panthéon d'Agrippa, introduit la lumière dans son intérieur, et c'est de cette sorte qu'étoient éclairées, comme leurs ruines le témoignent encore aujourd'hui, beaucoup de salles circulaires qu'on voit à Pouzzol et à Rome, soit que ces édifices aient été des temples, soit qu'ils n'aient été que des parties de l'ensemble des thermes, discussion indifférente et étrangère à l'objet de ces ouvertures.

EIL-DE-BOEUF. Petit jour pris dans une couverture pour éclairer un grenier, un faux-comble. On appelle de même les petites lucarnes d'un dôme, telles que celles du dôme de SaintPierre à Rome; on y en compte quarante-huit en trois rangs.

EIL DE DOME. C'est l'ouverture qui est au baut de la coupe d'un dôme, et que l'on couvre le plus souvent d'une lanterne.

Eil de volute. C'est le petit cercle du milieu de la volute ionique, où l'on marque les treize centres pour en décrire les circonvolutions.

EIL DE PONT. (Terme d'architecture hydraulilique.) Nom que l'on donne à certaines ouvertures rondes au-dessus des piles, et dans les reins des arches d'un pont; ce qu'on fait autant pour rendre l'ouvrage léger, que pour faciliter le passage des grosses caux. Il y a de ces ouvertures, par exemple, au pont neuf de la ville de Toulouse, et à quelques ponts sur l'Arno, à Florence.

tecture.

neur dans l'église, et cet usage subsiste encore. Il paroît que le langage aura abrégé la dénomination dont il s'agit. On aura dit le banc des maîtres de l'œuvre, le banc de l'œuvre, et enfin, par ellipse, l'œuvre.

Ce banc d'honneur, où se placent les intendans de la fabrique, qu'on nomme aujourd'hui marguilliers, est devenu l'objet d'une décoration particulière dans certaines églises. On a souvent adossé ce banc ou cette enceinte en menuiserie, à une cloison en bois, plus ou moins ornée; on

ŒUVRE, s. m. Ce terme s'emploie diversement, dans plus d'une locution, en archien archiOn dit mettre en œuvre. C'est employer une matière quelconque, lui donner, par le travail, la forme et la place qu'elle doit avoir. Dans œuvre et hors d'œuvre. Le mot œuvre, synonyme d'ouvrage, se prenoit autrefois d'une manière plus générale dans la bâtisse, pour le bâtiment ou la fabrique (voyez plus bas). Les deux mots dans œuvre et hors d'œuvre s'appliquent donc aux mesures prises de l'intérieur ou de l'ex-l'a décorée d'une espèce de dais ou d'impériale. térieur d'un bâtiment. Par suite de cet usage, le mot hors d'œuvre se dit de tout corps de bâtisse, de tout objet, de tout travail accessoire et étranger à l'ensemble, quel qu'il soit, du corps de l'objet ou du travail principal.

Enfin, on y a élevé des colonnes, et ce banc primitif est devenu quelquefois une construction plus importante, qu'il ne conviendroit d'en faire dans des intérieurs, qui seroient soumis à une architecturc régulière.

Sous œuvre (Reprise en).-Se dit, en bâtisse, de L'œuvre de la paroisse de Saint-Germain-l'Aul'opération par laquelle on rebâtit sous la partie xerrois, à Paris, passe avec raison pour le trasupérieure d'une construction, une construction vail en bois le plus considérable et encore le plus nouvelle, soit qu'on veuille changer la disposition remarquable en ce genre. C'est aussi à son imd'un rez-de-chaussée, soit que la partie infé-portance que s'adresseroit la critique qu'on vient rieure de l'édifice dans ses fondations, et de de faire, si ces sortes de hors-d'œuvres ne semmême au-dessus du sol, menace ruine par l'effet bloient trouver leur excuse dans le genre des ind'un vice de construction ou de la mauvaise quatérieurs gothiques. lité des matériaux. C'est ainsi qu'on vient de reprendre en sous œuvre et de reconstruire dans l'église de l'Abbaye, à Paris, tous les piliers de sa nef, dont les pierres, prêtes à s'écraser, menaçoient d'une ruine prochaine.

Toute opération de reprise en sous œuvre a lieu par le moyen de forts étais qu'on place, de manière à supporter la construction supérieure, sans qu'elle puisse éprouver ni tassement ni dérangement. On démolit alors la construction vicieuse qu'il s'agit de remplacer, et on rebâtit jusqu'à ce qu'on arrive à la rejoindre à celle d'en haut; ce qui exige des soins, une exactitude et une précision particulières.

EUVRE D'ÉGLISE. On appelle de ce nom,' dans nos églises, l'espèce d'enceinte et de place distinguée, qu'occupent les marguilliers ou fabriciens, & ce dernier mot, qui signifie préposés à la fabrique, nous explique l'étymologie du mot ceuvre dans nos églises,

Il suffit d'ouvrir les histoires des anciennes constructions des églises, surtout en Italie, pour voir que ces grands ouvrages furent entrepris et exécutés par des corporations ou compagnies qu'on appeloit magistri dell' opera, les maîtres de l'ouvrage ou de l'œuvre. Ces grands édifices terminés avoient besoin d'être continuellement surveillés, réparés, entretenus. Des fonds plus ou moins considérables étoient affectés à cet entretien. L'administration de ces fonds, leur emploi, la police du lieu saint et toutes les dépenses relatives au culte extérieur, continuèrent d'être dans les attributions des maîtres de l'œuvre, appelés depuis fabriciens, On leur donna une place d'hon

OFFICE, s. m. Dans les palais et les grands hôtels, on comprend sous ce nom l'ensemble de toutes les pièces qui forment ce qu'on appelle le département de la bouche, comme les cuisines, garde-mangers, dépenses, sommelleries, salles du commun, etc.

On appelle aussi particulièrement office une pièce, près de la salle à manger, où l'on renferme tout ce qui dépend du service de la table et du dessert.

La meilleure situation des offices, considérés en grand, est à l'extrémité des ailes du bâtiment, supposé que le terrain ne soit pas très-étendu, c'est-à-dire, que l'aile ne soit pas trop longue; car alors il faudroit faire une cour pour les cuisines, et on y disposeroit à volonté les offices.

Ce qu'il faut surtout éviter dans leur disposition, c'est de les placer sous le corps principal de logis, à moins qu'on n'ait pas d'autre emplacement à leur donner.

OGYVE, s. m. Il n'est pas facile de s'accorder sur l'origine de ce mot. Il n'y a, sur son étymolo gie, que des conjectures et des notions douteuses qui le composent de deux anciens mots français.

Quoi qu'il en soit, ce nom a été donné et se donne encore, et généralement au pluriel, dans dans l'architecture gothique, à ces courbures saillantes que nous appelons nervures, qui, dans les travées ou croisées des voûtes (comme on le voit à toutes les églises gothiques), se croisent diagonalement au sommet, en allant d'un angle à l'autre, et produisent, dans les voûtes, ces comparti mens augulaires qu'on y remarque.

Les

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