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goût, de ne pas laisser imparfaite une fontaine qa'il seroit aisé de rendre l'une des plus belles de la capitale.

tructions soutenues par des arcades où l'on pouvoit circuler, et d'où l'on voyoit le fleuve tout entier grondant sur sa tête, se précipiter devant ses Nous devons déplorer notre pauvreté en eaux yeux en une nappe immense. La beauté de ce - jaillissantes et tombantes, malgré les efforts de spectacle étoit digne d'exalter l'imagination poél'autorité et les promesses qu'on nous fait depuistique des Virgile et des Horace, et Stace qui le si long-temps, lorsqu'on la compare avec la sura- décrit, inspiré par la sublimité du sujet, élève sa bondance des eaux que Rome doit à la munifi-versification à la hauteur de ses modèles. cence des souverains pontifes, encore plus qu'à la puissance romaine. Ce luxe est porté à un tel point, qu'une grande reine, qui admiroit les jets d'eau si abondans de la place de Saint-Pierre, crut qu'on en faisoit les frais pour elle, et pria qu'on mit un terme à ce jeu ruineux. Mais quelle ne fut pas sa surprise, lorsqu'après avoir vu les fleuves qui couloient des fontaines de Trevi, Navone et Pauline, etc., on lui affirma, comme cela étoit vrai, que toutes ces eaux étoient pérennes. C'est donc à Rome et dans les nombreuses villa de ses environs, que l'on peut prendre une idée des plus belles et des plus vastes nappes d'eau; comme c'est là qu'on apprendra l'art de donner aux eaux les formes, la variété de dessin des corps sur lesquels elles ruissèlent, et par des combinaisons ingénieuses de multiplier leur étendue

et leur volume.

On peut encore étendre l'acception de nappa d'eau à plusieurs autres combinaisons qui sont du ressort du paysage, et dont l'architecte compositeur de jardins fait une étude particulière. Lorsqu'on creuse un puits et qu'on arrive à la couche de glaise qui retient les eaux, on dit qu'on est parvenu à la nappe d'eau; aussi donne-t-on ce nom à toute espèce d'eau non seulement tombante, mais encore qui s'étend horizontalement dans un espace circonscrit, où elle repose tranquille, pure, transparente, et qui réfléchit comme une glace l'azur des cieux, la verdure des arbres, ou les édifices qui ornent ses bords. La rivière de Seine, par exemple, entre le Pont-Royal et le Pont-Neuf, offroit une belle nappe d'eau, qu'on a eu le regret de voir interrompre par un nouveau pont qui n'admet d'excuse que dans son utilité.

Si cette étendue d'eau est renfermée d'une manière régulière par une construction en marbre on en pierre, et presqu'à fleur de terre, cette nappe d'eau devient un bassin auquel on donne parfois le nom de miroir, comme celui de Marly, qui s'étendoit en face de ce château de féerie, étoit en

cette brillante image dont le géne flatteur de Charles Lebrun avoit voulu faire le palais et les douze stations du dieu du soleil.

Mais que sont ces effets de l'art, comparés aux magnifiques nappes d'eau que la nature déploie avec autant de grandeur que de prodigalité dans les diverses parties du monde, et où l'on admire des effets toujours beaux, quoiqu'opposés entr'eux, et toujours variés suivant l'effet du soleil à diffé-touré de douze pavillons isolés, et qui doubloit rentes hauteurs, et le plus ou moins d'abondance des eaux qui les alimentent? Nous ne décrirons pas la celebre cataracte de Niagara, qui frappe de surprise, d'admiration et presque d'effroi les voyageurs; nous nous contenterons de rappeler les cascatelles de Tivoli, célèbres à tant de titres, et par leur propre beauté et par les souvenirs qu'elles retracent. Ces fleuves semblent s'échapper des nuages qui couvrent souvent les hauteurs d'où ils se précipitent en nappes argentées, se détachant sur le fond brua et verdâtre des rochers, ef sont transformés, avant d'avoir atteint le fond de la vallée, en un brouillard humide, qui se teint de toutes les nuances du prisine, ou étincèle du

feu des diamans.

L'effet le plus magique des eaux tombant en nappes, est celui dont on jouit lorsqu'on peut pénétrer dans le fond d'une caverne dont l'ouverture est entièrement fermée par une nappe d'eau ; rien de plus étonnant alors que le contraste de l'obscurité de la grotte avec le riche tableau qu'offrent les rayons du soleil se jouant à travers le voile éclatant qui remplit l'espace vide, ou éclairant la campagne, qu'on aperçoit par intervalles, comme au travers d'une glace ondulée.

Les Anciens, auxquels les grandes idées sembloient familières, avoient eu celle de faire tomber la grande cascade de l'Anio du haut de cons

Le lac de Nemi étoit aussi nommé par les Anciens le miroir de Diane. L'on trouve cette dénomination aussi juste que pittoresque, lorsqu'on voit le croissant de celle déesse entouré du cortége scintillant des étoiles, ou plutôt de ses nymphes, se mirer avec une netteté remarquable dans cette belle et tranquille nappe d'eau.

(A. La C.)

NARNI, l'ancienne NARNIA. Petite ville à cinquante-cinq milles de Rome. Ses rues sont étroites; elle offre peu d'édifices intéressans, ayant été saccagée et détruite par les troupes des Vénitiens qui alloient joindre Charles V, assiégeant Clément VII dans le château Saint-Ange.

La ville est en pente et assez désagréable. Au bas on voit un très-beau pont antique sur la Nera : on l'appelle le pont d'Auguste. De quatre grandes arches dont il étoit composé, une seule subsiste en son entier ; des trois autres, il ne reste que les pites avec la naissance de leurs arcs. L'arche qui reste, quoique la moins considérable, est d'une grandeur et surtout d'une hauteur imposante.

Ce pont étant destiné à établir la communica tion entre deux montagnes fort élevées, il falloit

donner aux arches cette grande élévation, et l'architecte y est parvenu, en mettant sous les piles ou pieds-droits de ses arches un grand piédestal couronné d'une cimaise, composée d'un fort talon et d'un filet.

A en juger par la situation de ce pont, par l'irrégularité et par la différence de hauteur dans les deux montagnes, on peut croire que la corniche n'étoit point horizontale, mais qu'elle étoit rampante en suivant l'inclinaison du pavé, afin d'arriver insensiblement de la montagne la moins élevée à la plus élevée, qui se trouvoit de l'autre côté du fleuve.

La pile a sur la face trente pieds de large, et d'épaisseur vingt-quatre pieds; l'arche a de haut quatre-vingt-sept pieds, et de large soixante pieds.

Cet édifice est bâti d'une pierre blanche, argileuse, qu'on trouve dans le pays; elle est fort dure, serrée, compacte et d'un grain fin. Au premier coup d'œil, elle ressemble un peu au marbre; elle est employée par blocs formant des assises de 54 centim. (1 pied 8 pouces) environ de hauteur. Les blocs paroissent posés à sec, sans aucun ciment, et ils sont liés des par crampons ou agraffes de fer fixées avec du plomb.

:

Sur l'imposte des arches, dans la largeur du pont, et aux faces intérieures et extérieures du piédestal, on observe plusieurs corbeaux de pierre, dont la queue fait parpaing dans la bâtisse ils ont la hauteur d'une assise, et environ 33 centim. (1 pouce de saillie). Ils sont placés sans ordre, ce qui peut faire croire qu'ils ne sont point là comme décoration, mais qu'ils ont été faits pour servir à échafauder lors de la construction, et qu'on les a laissé subsister en cas de réparation.

Les assises des piles sont taillées en bossages; autour de l'arc règne un archivolte, orné d'un gros filet seulement; l'arc plein-cintre est formé de ciuquante-sept voussoires, qui ont de hauteur la largeur de l'archivolte.

La position de ce pont est une des plus agréables; il traverse une vallée arrosée par la Néra, qui, en donnant la fertilité, offre de toutes parts un riche spectacle. Des peupliers, des mûriers, des figuiers et des arbres à fruits de toute espèce font que ces belles rivières sont encore l'objet de l'étude des architectes, comme celle des peintres de paysages. Narni est à neuf milles de Terni.

Il n'y a plus dans la ville de Narni aucun vestige d'édifices antiques, si ce n'est un fragment d'aqueducs souterrains, qui offre peu d'intérêt.

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Pour le pont d'Auguste, consultez l'ouvrage de Antonio Martinelli.

· Descrizione di diversi ponti. Roma, 1676, in-4°.

Latium vetus, du P. Volpi.

Leandro Alberti Descrizione dell Italia.

(HUYOT.)

NAUMACHIE. Edifice destiné chez les Romains à des espèces de combats, qui étoient une sorte de représentation d'un combat naval.

La forme de la naumachie étoit celle d'un cirque ou d'un amphithéâtre, à cela près que l'area y étoit creusée plus profondément, pour y recevoir le volume d'eau nécessaire aux vaisseaux qui devoient y voguer.

Les naumachies ne furent point, dans l'origine, des édifices. Il en fut des combats sur l'eau, comme de ceux qui entroient dans tous les jeux du cirque. Avant qu'on eût construit pour ces spectacles de vastes monumens, le creux d'un· vallon et des terrains façonnés par l'art pour recevoir les spectateurs, suffirent au but qu'on se proposoit.

De même pour les combats sur l'eau. On commença par creuser des bassins où l'on faisoit entrer l'eau de la rivière, et les spectateurs se rassembloient autour et sur les bords de ces lacs factices.

Entr'autres jeux que César donna au peuple romain, il lui procura le spectacle d'un combat naval, et il fit à cet effet creuser un grand bassin dans le champ de Mars. Auguste fit aussi creuser une naumachie près du Tibre, à l'endroit où, suivant Suétone, se trouva par la suite le parc ou le bois des Césars. L'empereur Claude fit servir à de semblables jeux le lac Fucin. Selon Dion Cassius, il fit entourer en partie le lac d'un amplithéâtre dont les gradins étoient en bois ; le reste de l'espace environnant se composoit de collines sur lesquelles se tenoient les spectateurs. D'autres fois on se servoit probablement de la terre qu'on avoit enlevée pour creuser le bassin, et ces déblaiemens formoient à l'entour l'élévation nécessaire pour y placer des gradins ou des siéges.

Il paroît certain que les cirques mêmes et les. amphithéâtres se convertissoient en naumachies, et l'on en a acquis la preuve à l'amphithéâtre de Vespasien, par les fouilles qui depuis quelques années y ont été faites dans le terrain de son area.

Domitien est le premier qui ait construit exprès et en pierres une véritable naumachie. Elle étoit établie près du Tibre. Toutefois cet édifice ne subsista pas long-temps ; et Suétone nous apprend (Vie de Domitien, §. 5) qu'on en employa les pierres à rebâtir les murs du grand cirque qui tomboient de vétusté. Il faut donc regarder comme à peu près imaginaires les dessins de naumachies qu'on trouve dans certains recueils d'antiquités : il ne reste à Rome aucun vestige de cette sorte d'édifice.

On auroit également de la peine à trouver quelque reste authentique de naumachie dans la plupart des villes antiques dont il subsiste des débris, quoique des traditions apocryphes y fassent souvent mention de ces monumens. Il suffit de quelques vestiges, soit de citernes, soit de bâtimens circulaires , pour faire donner le nom de nauma

chie à des constructions qui n'eurent aucun rapport à cette destination..

On ne peut s'en former une idée approximative, que d'après les représentations qui s'en sont conservées aux revers de quelques médailles impériales, et c'est sur ces indications qu'on a restitué des dessins de ce genre de monument, qui tenoit pour le plan de la forme des amphithéâtres, qui étoit de même environné de portiques, mais qui ne paroit point en avoir eu plusieurs rangs l'un

au-dessus de l'autre.

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Revenons à la nef des églises, qui est la portion la plus vaste de l'édifice, dans laquelle le peuple se rassemble pour assister aux cérémonies. du culte, c'est-à-dire, en considérant là forme du temple comme celle d'une croix latine, c'est le prolongement de la grande branche; aussi un temple à croix grecque n'a point de ne proprement dite, chacune de ses travées étant semblable, à moins qu'on n'affecte la dénomination de nef à la partie qui fait face au grand aute!.

Indépendamment de la beauté du coup d'œil et de l'effet perspectif, l'église en forme de basilique semble convenir mieux que toute autre aux usages religieux, et à la libre disposition des cérémonies du culte. pour

NEF, s. f. La nefest, dans une église, la partie intérieure qui s'étend depuis la porte principale jusqu'au choeur. Le mot grec vos exprime à peu près la même idée, et nous donne l'étymologie de nef. C'est la navata ou nuve des Italiens. Cependant, le plus ancien de nos historiens, Grégoire de Tours, nomme la nef capsum, pris ici coffre on charriot convert, peut-être pour ne pas confondre un édifice sacré avec le temple de l'idole de l'Auvergne, que les Gaulois nommoient, dit-il, vasso, nom qu'on retrouve avec la même signification dans vaisseau appliqué à un édifice. Un autre écrivain de la même époque, Sidoine Apollinaire, désigne la nef par campum medium; enfin, l'auteur des Constitutions apostoliques veut que l'église offre un parallelogramme dont l'extrémité tournée vers l'orient soit faite en poupe de navire. Est-ce par allusion à la nef de Saint-Pierre, qu'on a voulu donner la forme et quelquefois l'apparence extérieure d'un vaisseau a nos plus ancienues églises du genre gothique? En effet, ces ares-boutans multipliés, et qui s'appuient et semblent se lier avec le faite de l'édifice, ces aiguilles élancées, évidées et terminées en pointe trèsaiguë, surmontées de girouettes, la forme pyramidale et surhaussée du clocher; enfin, cette multitude d'objets qui ressemblent plus à un ouvrage d'orfévrerie qu'à une bâtisse, pouvoient de loin produire une certaine illusion qui ait fait nommer cet édifice un vaisseau.

Quoi qu'il en soit, on dit de la capacité d'une église, d'une galerie et d'une salle de spectacle, c'est un vaste, un magnifique vaisseau.

C'est aussi par analogie qu'on nomine, en français, vaisseau tout vase qui se distingue par sa grandeur, son élégance ou la richesse de sa matière. On donnoit le nom de nef à un grand vase qui ornoit la table de nos premiers reis. Cet usage subsistoit encore il y a inoins d'un siècle; c'est, suivant le Dictionnaire de l'Académie, un vase de vermeil fait en forme de vaisseau, et où l'on met les serviettes qui doivent servir à table aux rois et aux reines. Le même usage existoit en Italie au seizième siècle ; des artistes célèbres donnèrent le dessin de ces sortes de pièces d'apparat. En 1512, les magistrats de Pérouse firent exécuter une nef d'argent du poids de 35 livres, de la composition de Pierre Perugin, maitre de

On distingue la forme des églises par le nombre de leurs nefs. On dit une église simple ou à une seule nef, une église à trois et à cinq nefs. La partie du milieu, plus large, est la nef proprement dite; les bas côtés se nomment aussi des nefs; mais ces dernières, qui longent les murs, st nomment plus particulièrement les bas côtés. On ne trouve que peu d'exemples de la première, qui est la plus simple forme des églises, c'est-à-dire, offrant un carré long sans autres ba côtés, que des chapelles d'une petite dimension; car, dès que l'intérieur s'élargit au-delà de la portée des bois de charpente, on fut forcé de diviser l'espace en plusieurs nefs qui sont nécessaires pour supporter les plafonds ou la retombée des cintres, et obvier à leur poussée. Cependant, Rome nous fournit quelques églises de ce premier caractère, telles que celle de Sainte-Marie in Capella du onzième siècle; celle de San Sisto Vecchio du treizième, et une chapelle maintenant ruinée, qui se voit près du mausolée de Cecilia Metella, et qui offre cette simplicité qui caractérisoit l'architecture gothique dans son premier âge. Nous pouvons en voir un exemple à Paris, dans la Sainte-Chapelle, et un autre dans l'église de Vin

cennes.

Quant au second genre de ces édifices, c'est-àdire, à trois nefs, nous ne serions embarrassés que du choix, même en ne citant que les plus remarquables, surtout par leur ancienneté, et la beauté ou la singularité de leurs plans.

Parfois la nef se prolonge jusqu'à l'autel principal, qui se trouve absolument à l'extrémité de l'édifice et au fond de l'abside en hémicycle; c'est la forme des anciennes basiliques, qu'on retrouve dans l'église de Sainte-Agathe-Majeure, à Ravenne, bâtie à la fin du quatrième siècle. Ici, l'application de cette forme aux temples chrétiens est d'autant plus remarquable, qu'elle s'est conservée sans altération jusqu'à nos jours. L'église du Saint-Esprit, dans la même ville, paroit

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encore plus ancienne que la précédente, mais la proportion en est moins simple et moins élégante. Le premier exemple d'une église offrant la forme de la croix, forme qui est devenue par la suite caractéristique dans nos temples, nous semble être celui que nous fournit l'église de Saint-Michel in Foro, à Rimini, bâtie au cinquième siècle.

A Rome, dans l'église de Saint-Clément, modèle le mieux conservé de la disposition des églises primitives, on remarque une singulière inégalité de largeur dans les nefs latérales ; celle de droite, destinée à recevoir les femmes, est beaucoup plus étroite que l'autre nef, où se plaçoient les homnes, les catéchumènes et les nouveaux convertis. On observe aussi dans la même église, et dans la portion de la grande nef du milieu qui se rapproche du choeur ou sanctuaire, une enceinte fermée d'un petit mur en marbre à hauteur d'appui, dans laquelle se plaçoient les exorcistes et autres fonctionnaires des ordres mineurs ; le peuple pouvoit 4ourner autour de cet espace jusqu'au devant du presbyterium, où étoient placés la table de communion et le jubé.

On trouvoit une semblable disposition dans l'ancienne cathédrale de Ravenne, qui a été démolie ca 1734 et rebâtie sur un nouveau dessin. Fondée avant le quatrième siècle, elle offroit le plus bel exemple des monumens de l'antiquité sacrée, et elle conservoit en même temps le plus de vestiges de l'antiquité profane. L'hémicycle sitné an fond de l'édifice rappeloit le tribunal des Basiliques, et dans une enceinte formée par de petites colonnes, que l'on voyoit au milieu de la grande nef, on reconnoissoit l'espèce de choeur isolé qui, suivant les rites de la primitive église, occupoit cette partie que nous avons déjà signalée dans Saint-Clément.

Il nous reste à parler du troisième et plus magnifique genre de nef, c'est-à-dire, des églises à cinq nefs, ou à doubles bas côtés, formés de deux rangs de galeries ou de portiques. Telles sont la plupart des cathédrales gothiques; mais telle étoit long-temps avant, et dès l'origine du christianisme, la fameuse église du Saint-Sépulcre, construite sous le règue de Constantin par Eustathius. La description qu'en fait Eusèbe, nous donne la plus grande idée de ce temple, et nous indique peutêtre la meilleure manière de disposer les églises. Un double portique entouroit la nef et le sanctuaire; il supportoit une double galerie, soutenue aussi par de grandes colonnes, au-dessus desquelles s'élevoit une magnifique voûte en plein cintre qui couvroit la nef, et, prenant la forme d'une coupole sur le sanctuaire, étoit supportée par douze colonnes dont les chapiteaux étoient d'argent et d'un travail merveilleux.

Ce plan, d'une extrême simplicité, ne diffère de celui de l'ancienne église de Saint-Pierre, cons truite à Rome aussi du temps de Constantin, que par la petite nef transversale qu'on avoit adaptée

à la forme de la basilique, pour donner à l'édifice sacré l'apparence de la croix ; forme que l'on retrouve dans les plus anciennes églises, telles que Saint-Paul-hors-des-murs et Saint-Jean-de-Latran à Rome, et les cathédrales de Ravenne, de Pise, de Milan, de Séville, enfin dans celle de NotreDame à Paris.

On peut aussi diviser les nefs en trois sortes, relativement à l'élévation ou à la coupe de l'édifice et à la manière dont elles sont couvertes.

Les premières sont dans la forme primitive des basiliques, c'est-à-dire, un espace circonscrit par des murs en parallelogramme, et divisé dans le sens de sa largeur par deux ou quatre rangs de colonnes qui supportent la charpente à decouvert, comme dans Saint-Paul-bors-les-murs, ou cachée par un plafond horizontal divisé en caissons ou encadremens motivés par la croisure des sablières et des solives, comme à Sainte-Marie-Majeure. Dans la seconde espèce de nefs, les colonnes reçoivent la retombée d'arcs qui supportent des murs également percés d'arcades, sur lesquels reposent des petites voûtes en arête, en arc de cloître on en tiers-point, dit ogive. Ces constructions sont variées à l'infini dans le jeu des voûtes, leur pénétration, leurs évidemens, et surtout dans leur décoration.

Enfin, la troisième manière de couvrir les nefs consiste en une voûte en berceau à plein cintre et continue, ou divisée par de simples bandeaux qui marquent l'espacement des supports, et plus ou moins ornée de caissons, comme à Saint-Pierre de Rome.

Au reste, les constructions modernes, qui sont presque toutes dans ce système, vont motiver quelques réflexions sur la meilleure ordonnance des nefs.

C'est en effet en grande partie de leur bonne disposision, c'est-à-dire, du juste rapport entre la largeur, la hauteur et l'espacement des bas côtés, en un mot, de l'harmonie des proportions de la nef, que dépend l'effet qu'un tel édifice doit produire au premier abord.

Pour que l'impression soit favorable, il faut que le coup d'oeil puisse embrasser à la fois la presque totalité de l'édifice, ou au moins que ce qu'on en voit fasse deviner le reste.

En entrant, par exemple, dans une église à trois nefs séparées par deux files de colonnes, les yeux se portent en avant et découvrent la grande nef toute entière jusqu'à son extrémité, mais ils devinent en même temps le prolongement des nefs latérales, parce qu'ils l'entrevoient à travers les colonnes. L'espace semble même s'agrandir à mesure qu'on avance; car, sil perd quelque chose en profoudeur, il le gagne en largeur: il y a compensation, et la même idée de grandeur subsiste. Mais cette idée de grandeur est relative, et souvent elle n'est qu'apparente; un vaste vaisseau peut paroître exigu, comme celui qui n'a qu'une

petite capacité paroître avoir de la grandeur. Prenons pour point de comparaison les deux extrêmes, la basilique de Saint-Pierre, et la petite église de San Pietro in Vincoli.

vant le nouveau système, avec celles de Royanmont, de Long-Pont et de Sainte-Croix d'Orléans, et l'on sera forcé d'avouer qu'on ne peut entrer dans ces temples, tout gothiques qu'ils soient, sans être saisi d'admiration, par la beauté du coup d'ail qu'offre cette multitude de colonnes assises immédiatement sur le pavé, et si bien disposées en plan, qu'elles laissent voir sans embarras et d'un seul regard, toute la grandeur et toute la magni

Certes, tout le monde s'accorde à dire que la basilique vaticane est réellement plus vaste qu'elle ne le paroit au premier coup d'oeil, tandis qu'en entrant dans Saint-Pierre-aux-liens on éprouve un sentiment contraire et qui tient, sans aucun doute, à la bonne disposition de son ensemble et à la justeficence de ces édifices. répartition de ses parties; et quoique cette église soit l'une des moindres de Rome, quant à la sulperficie, il en est peu qui aient un aspect aussi majestueux et aussi grandiose.

Ne pourroit-on pas expliquer cette impression, en la rapprochant du principe que nous avons déjà émis, qu'il faut autant que possible embrasser un eusemble d'un seul coup d'œil, pour que l'esprit en conçoive une grande idée?

Les regards aiment moins à s'égarer qu'à glisser, pour ainsi dire, sans fatigue, en parcourant un long espace subdivisé par des objets tous réguliers et à une petite distance l'un de l'autre. C'est l'effet que produit la nef de Saint-Pierre-aux-liens, formée par deux rangs de colonnes sans ornemens étrangers, toutes semblables et dans une juste proportion, quant à leur espacement et à leur bauteur; aussi découvre-t-on, dès l'abord et sans obstacle, tout l'intérieur de l'édifice.

tion nouvelle de ces principes, pour restituer à l'an-
cienne galerie du Louvre une dignité et une am-
pleur qu
elle n'avoit pas auparavant. Or s'attache
pour l'ordinaire à augmenter l'effet de la longueur.
Ici, où elle étoit démesurée, il s'agissoit de la di-
minuer en apparence; c'est ce qu'on a cherché à
obtenir avec assez d'adresse, en divisant ce long.
espace en travées qui, indépendamment du mé-
rite du décor architectonique et propre au clas-
sement d'objets d'art, ont eu celui de dissimuler
l'étroit du vaisseau, comparé à sa longueur dé-
mesurée.

Des architectes modernes ont fait une applica

La preuve que c'est de l'effet de la bonne proportion de la nef d'un temple, que résulte le plus ou moins d'impression qu'il produit, et que la proportion la plus anciennement adoptée est la meilleure, comme toutes les premières idées, c'est que, lorsqu'on a voulu abandonner la forme Partagez cet espace seulement en trois ou quatre simple des basiliques et des croix latines, pour parties, ne vous sembleroit-il pas raccourci? C'est adopter la croix grecque, ce n'a été qu'au détriee qui arrive à la grande basilique de Saint-Pierre. ment de l'art. En effet, qu'on compare le plan de L'énorme épaisseur des piliers qui supportent les l'ancienne basilique de Saint-Pierre et de la nouvoûtes, dissimule entièrement aux regards l'éten-velle, ou des antiques temples grecs avec celuidue des bas côtés, empêche même de juger de la grande largeur de l'église.

de Sainte-Sophie, bâtie lors de la décadence, certes l'avantage sera du côté de la forme longue sur la forme carrée. On l'a si bien senti lors de la construction de Saint-Pierre à Rome, qu'après l'avoir commencé sur le plan de la croix grecque, on a été forcé d'alonger l'un des bras de cette croix ; et quoique ce raccordement n'ait pas été exécuté avec toute l'adresse possible par Carlo Maderno, pour sauver le point de suture, le résultat en est ostensiblement meilleur.

Supposons maintenant, qu'au lieu de quatre énormes massifs dont est flanquée la principale nef, on ait subdivisé le même espace au moyen de colonnes d'un module convenable et relatif à la hauteur de l'architrave; certes cet espace auroit paru immense, sans cesser d'être en rapport avec les proportions de l'édifice. Cette disposition (en en supposant toutefois la possibilité) auroit eu de plus l'avantage de laisser pénétrer les regards C'est le défaut qu'on remarque dans l'église de dans le vaste enfoncement des bas côtés, et l'es-Sainte-Geneviève de Paris, et ses proportions prit auroit été surpris autant que charmé d'un spectacle unique au monde, et qui auroit surpassé tout ce que les Anciens avoient imaginé dans ce

genre.

colossales à l'extérieur sont amoindries lorsqu'on entre dans cet édifice, à un point qui ne peut fe comprendre, qu'en réfléchissant que cet effet mesquin est produit par le rapprochement du sanctuaire, qu'on est habitué dans les autres temples à voir à une distance pour ainsi dire respectueuse, et dans un lointain qui permet de se pénétrer du recueillement nécessaire avant de s'approcher des mystères sacrés.

Depuis l'érection de l'église de Saint-Pierre, la plupart de celles qu'on a construites, sont faites sur le même modèle, c'est-à-dire, composées d'arcades fort massives, dont les pieds-droits, aussi lourds, servent d'arrière-corps à des pilastres. Il y auroit eu bien moins d'inconvénient à conserver Il résulte de ce que nous venons de dire sur les du gothique, ou plutôt du style qui l'a précédé, nefs et leur disposition si diverse, que malgré cette ce qu'il avoit de bon: je veux parler de la légè-immense variété de combinaisons imaginées depuis reté des supports et du dégagement qui en résul- seize siècles, l'on seroit tenté de croire qu'on n'a toit. Que l'on compare les églises construites sui- pas fait un seul pas vers la perfection depuis le

sui-pas

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