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ayant été leur capitale, est la seule qui, par son commerce et par sa marine, fût devenue riche et puissante. Cependant elle devint, en 470, tributaire d'Athènes; et, s'étant révoltée, en 428, pendant la guerre du Péloponnèse, elle fut sur le point d'être détruite par les Athéniens, qui l'avaient reprise.

2. Les colonies Ioniennes. Leur établissement fut à la vérité postérieur à celui des colonies éoliennes, mais il fut aussi la suite de l'invasion des Doriens. Les Ioniens, chassés du Péloponnèse par les Achéens, s'étaient retirés à Athènes, d'où soixante ans après, vers l'an 1044, ils allèrent débarquer en Asie, sous la conduite de Nélée et des autres fils de Codrus; il se joignit aussi à eux des Thébains, des Phocéens, des Abantes de l'Eubée et d'autres Grecs. Ils possédèrent en Asie les côtes méridionales de la Lydie et les côtes septentrionales de la Carie, et c'est d'eux que tout le territoire prit le nom d'Ionie : ils y joignirent les îles de Samos et de Chios. Ils fondèrent douze villes; c'étaient sur la terre ferme, en allant du nord au sud : Phocée, Erythrée, Clazomène, Téos, Lebedus, Colophon, Ephèse, Priène, Myunte, Milet, et dans les îles Samos et Chios. Elles avaient toutes un temple commun, le Panionium, consacré à Neptune, sur le promontoire de Mycale, où elles célébraient leurs solemnités, et délibéraient sur les affaires générales. Mais d'ailleurs chaque ville était libre et indépendante. Elles maintinrent leur indépendance jusqu'au temps des Mermnades dans le royaume de Lydie, et des Perses, sous Cyrus, à qui elles se soumirent. Cependant elles conservèrent leurs constitutions, même sous la domination persane, et ne furent assujetties qu'à payer le tribut. Mais elles ne négligeaient aucune occasion de s'en affranchir, et voilà pourquoi leur histoire, dans toute la période suivante, est intimement liée à celle de la Grèce. Dans toutes, à la vérité, la constitution républicaine fut établie de bonne heure, mais elles furent asservies, non seulement à des factions qui usurpèrent l'autorité pour un temps considérable, mais même à des tyrans. Parmi les villes du continent, Milet, Ephèse et Phocée sont les plus remarquables. Milet était la plus commerçante de

toutes; elle avait été fondée par des Cariens, antérieurement à l'émigration ionienne, mais elle ne devint riche et puissante que par l'industrie des Ioniens. La période de sa plus grande prospérité est comprise entre les années 700 et 500; c'est à cette dernière époque qu'elle prit part à la révolte d'Aristagoras contre les Perses, qui, pour se venger, la détruisirent, en 496. Depuis ce temps, Milet ne put jamais recouvrer son ancienne splendeur, mais à l'époque de sa prospérité, elle fut, après Tyr et Carthage, la première ville commerçante du monde. Son commerce maritime s'étendait principalement jusqu'aux Palus-Méotides, par la mer Noire, dont les bords étaient de tous côtés couverts de ses colonies; car, suivant quelques auteurs, elle en avait fondé jusqu'à trois cents. Par leur moyen, elle avait attiré à elle tout le commerce du nord, en blé, en poissons secs, en esclaves et en pelleteries. Son commerce sur terre suivait la grande route militaire que les Perses avaient tracée jusque fort avant dans l'intérieur de l'Asie. Elle avait quatre ports, et sa puissance maritime était si considérable, que scule elle équipa souvent des flottes de 80 et de 100 vaisseaux de guerre. Phocée florissait en même temps que Milet; mais elle finit avec le commencement de la domination persane, vers 540, parce que les Phocéens, pour se soustraire à cette domination, préfèrèrent d'abandonner leur patrie, et allèrent s'établir en Corse, quoiqu'une partie d'entre eux, s'étant repentie de cette résolution, retournât dans l'Ionie. Phocée était entre toutes les villes celles dont le commerce fut le plus étendu vers l'occident, comme celui de Milet l'était vers le nord. Ses flottes allaient jusqu'à Gadès, et non-seulement elles visitaient les côtes de l'Italie, de la Gaule, et particulièrement de l'île de Corse; mais elles y établirent même des colonies, telles qu'Aléria en Corse, Elée en Italie, et surtout Marseille sur les côtes de la Gaule.-Ephèse avait aussi été bâtie par des Cariens, mais elle fut possédée par les Ioniens. Elle maintint son indépendance jusqu'au temps de Crésus, qui s'en empara vers l'an 560. Sa constitution était aristocratique, le gouvernement était entre les mains d'un

sénat (yepcucía), présidé par des magistrats, nommés Épicletes (èníxanto). L'ancienne famille royale y conservait pourtant encore certains privilèges. Ephèse ne fut jamais une ville aussi commerçante que Phocée et Milet. Ce qui lui donnait plus de célébrité, c'était son temple de Diane, qui fut brûlé par Erostrate, en 355, mais rétabli ensuite avec plus de magnificence. La période de la splendeur d'Ephèse paraît dater de ce tempslà, et est de beaucoup postérieure à celle de Milet et de Phocée; car du temps des Macédoniens et des Romains, Ephèse était regardée comme la première ville de l'Asie-mineure. Samos était la plus considérable des villes insulaires, par son commerce et sa puissance maritime. Sa période la plus éclatante fut entre les années 540-523, sous la tyrannie de Polycrate, qui avait étendu sa domination sur la mer, et assujetti les petites îles voisines. Mais son frère Syloson s'étant emparé de l'île en 517, avec le secours des Perses, elle fut entièrement dévastée. Samos tomba bientôt après dans la dépendance d'Athènes, qui y introduisit le gouvernement démocratique, en 440, et en fit le dépôt de ses troupes et le rendez-vous de ses flottes, pendant la guerre contre Sparte.-Chios ne le cédait presque pas à Samos en richesse et en puissance; elle tomba sous la domination persane avec le reste des Ioniens, et elle était si puissante que dans la révolte d'Aristagoras, vers l'an 500, elle fournit 98 vaisseaux de guerre à la flotte des alliés. Après l'invasion de Xerxès, en 469, elle accéda à la ligue des Athéniens, dont elle chercha à se détacher dans la guerre du Péloponnèse en 412. Sa puissance sur mer était encore considérable dans ce temps-là, et on lui doit cet éloge, que bien peu d'états ont mérité, c'est qu'elle ne montra point d'insolence dans la prospérité.

RAMBACH, De Mileto ejusque coloniis, 1790, in-4°.

3. Les colonies Doriennes furent fondées sur la côte méridionale de la Carie, et dans les îles de Cos et de Rhodes. Mais elles se formèrent plus tard que les colonies Ioniennes et par des émigrations successives. Il paraît que les Doriens s'étendirent insensiblement du Péloponnèse sur les îles de l'Archi

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pel et jusqu'aux côtes de l'Asie, ou ils bâtirent les deux villes de Cnide et d'Halicarnasse, de même que celles d'Ialyssus, de Camirus et de Lindus dans l'île de Rhodes, et celle de Cos dans l'île du même nom. Ces six anciennes colonies doriennes avaient, comme les Ìoniens, un temple commun, consacré à Apollon Triopius, où elles fètaient leurs solennités nationales, et se réunissaient pour délibérer sur leurs affaires générales. Mais, dans la suite, Halicarnasse fut exclue de la communauté. Elles restèrent indépendantes jusqu'au temps de la domination persane. Les constitutions de chacune de ces villes subirent des vicissitudes considérables; celle de Cnide, par exemple, passa de l'oligarchie à la démocratie, mais on ignore l'époque de ce changement. Halicarnasse fut souvent soumise aux rois de Carie, parmi lesquels Mausole et Artémise sont presque les seuls qu'on connaisse. Les trois villes de l'île de Rhodes ne paraissent pas avoir reçu de grands accroissemens; mais ce ne fut qu'après l'invasion de Xerxès dans la Grèce, en 480, que la ville de Rhodes fut bâtie; elle finit par éclipser toutes les autres. L'époque de sa splendeur commence aux temps qui suivirent la mort d'Alexandre. Dans toute la période de leur premier établissement, les colonies doriennes, non plus que les colonies éoliennes, ne peuvent se comparer, sous le rapport de la richesse et de l'étendue du commerce, aux colonies ioniennes.

7. Toutes les côtes de la Propontide, de la mer Noire et des Palus-Méotides, étaient aussi occupées par des colonies grecques, fondées en grande partie par les seuls Milésiens, et toutes étaient des villes de commerce florissantes. Si l'on ne peut pas déterminer avec précision l'époque de la fondation de chacune d'elles, on peut au moins être sûr qu'elles se formèrent entre les années 800 et 600. Non-seulement elles étaient en possession de la navigation de la mer Noire, mais elles étendaient leur commerce jusque dans toute la partie

sud de la Russie, et, à l'est, jusqu'aux pays situés endeçà de la mer Caspienne, c'est-à-dire jusqu'à la grande Bukarie.

Lampsaque était située sur la Propontide (près de l'Hellespont), et Cyzique, dans une île jointe à la terre ferme par des ponts. Elle fut à la vérité, une des plus belles et des plus florissantes villes de l'Asie, mais pas avant le temps de la domination romaine, et elle ne dut sa propérité qu'à la faveur des Romains. En face, sur le rivage de la Thrace, était Périnthe, qui prit depuis le nom d'Héraciée : à l'entrée du Bosphore de Thrace, Byzance, et un peu au-dessus de Chalcédoine. La prospérité dont jouirent toutes ces villes montre avec quel discernement les Milésiens savaient choisir l'emplacement de leurs colonies.

HEYNE, Antiquitas Byzantina, Commentationes duce, 1809. La première contient les fragmens de l'ancienne histoire de Byzance.

Les colonies de la mer Noire étaient sur le bord méridional, Héraclée en Bithynie, dans le pays des Maryandini. Elle conserva sa constitution républicaine, au milieu des vicissitudes nées de la lutte continuelle des factions oligarchique et démocratique, jusque vers l'an 370, que la victoire de la faction démocratique porta sur le trône un tyran, Cléarque, qui abolit le sénat (ẞovan), et dont la famille conserva encore l'autorité long-temps après qu'il eut été assassiné par deux disciples de Platon. Sinope, dans la Paphlagonie, la plus puissante de toutes les colonies grecques sur la mer Noire, et qui y conserva long-temps la prépondérance. Elle demeura libre et indépendante jusque vers l'an 100 avant J.-C., où elle tomba sous la domination des rois de Pont, et ensuite sous celle des Romains. Le moyen de subsistance principal des habitans consistait dans la pèche d'nne espèce de thons (nauúde) qui, venant des Palus-Méotides, s'avançaient vers le bosphore de Thrace, le long des côtes méridionales de la mer Noire. Dans le Pont, Amisus, qui eut un sort pareil à celui

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