Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

une des villes du monde les plus opulentes et les plus magnifiques par son luxe et par ses monumens publics, et elle dut cette richesse presque uniquement à l'immense commerce en vins et en huiles, qu'elle faisait avec Carthage, parce que ces deux genres de productions n'étaient pas encore naturalisés en Afrique dans ce temps-là. Dans l'année 446, la jalousie arma les Agrigentins contre Syracuse, mais ils furent vaincus. Ils ne prirent aucune part à la guerre contre Athènes ; mais dans l'invasion que les Carthaginois firent en Sicile, en 405, Agrigente fut prise et détruite. Elle ne se releva que bien lentement après ce désastre, et jamais entièrement. Elle fut jusqu'à un certain point rétablie par Timoléon, vers l'an 340, et fut assez puissante sous Agathocle, pour se mettre à la tête des villes liguées contre lui, 307, mais elle fut vaincue. Après la mort d'Agathocle, un tyran, nommé Pinthias, s'empara encore du pouvoir suprême; il fut attaqué par Icétas de Syracuse, en 278. Les Carthaginois avaient fait d'Agrigente leur place d'armes dans la Sicile, au commencement de la première guerre punique; mais dès l'an 262 elle fut prise par les Romains, qui en restèrent les maîtres.

c. Le sort des autres villes grecques de la Sicile fut lié plus ou moins avec celui de Syracuse et d'Agrigente. Toutes eurent dans l'origine des constitutions républicaines; et quant aux colonies Ioniennes, quoiqu'elles eussent eu un législateur célèbre dans Charondas (probablement vers 660), elles partagèrent souvent le sort des autres colonies, et furent soumises ou à des tyrans domestiques, ou à ceux de Syracuse, qui crurent souvent devoir en bannir les anciens habitans, pour mettre à leur place des étrangers qui leur étaient plus dévoués, système qui devait nécessairement multiplier les guerres. L'histoire précédente fait voir d'ailleurs combien elles eurent à souffrir de celles que Carthage eut avec Syracuse. Nous marquerons ici les époques successives de leur fondation : Zancle (qui depuis 664, prit le nom de Messine) dans les plus anciens temps, mais on ne sait pas précisément la date. Naxus, 736. Syracuse, Hybla, 735. Léontium, Catana, 730. Géla, 690. Acræ, 665.

Casmenæ, 645. Himéra, 639. Sélinunte, 630. Agrigente, 582. On ne peut pas déterminer avec précision les temps de la fondation des autres.

3. Dans les autres îles et sur les côtes de la Méditerranée, on ne trouve que quelques colonies grecques. Telles sont, dans la Sardaigne, les villes de Caralis et d'Olbia, mais dont la fondation est incertaine. Dans la Corse, Alaria (ou Alalia), colonie des phocéens, fondée en 561, où les habitans de Phocée eux-mêmes se réfugièrent en 541; mais après la bataille navale qu'ils livrèrent, en 536, aux Étrusques et aux Carthaginois, ils se retirèrent, les uns à Rhegium, les autres à Marseille.

4. C'est après la bataille navale dont on vient de parler que Marseille, sur les côtes de la Gayle, fut fondée en 536 par les phocéens chassés de la Corse; ou peut-être ils avaient là un établissement plus ancien qu'ils allèrent augmenter. Marseille devint bientôt une riche et puissante ville maritime. Nous n'avons que des notions vagues et générales sur les guerres de mer qu'elle soutint contre les Étrusques et les Carthaginois. Son territoire, quoique assez borné, était abondant en vins et en huiles; elle forma même quelques établissemens sur les côtes d'Espagne et de la Gaule, parmi lesquels Antipolis, Nice et Olbia sont les plus connus. Son commerce se faisait en partie par mer, et en partie par terre dans l'intérieur de la Gaule. Son gouvernement était une aristocratie modérée. Tout le pouvoir était entre les mains d'un conseil composé de 600 membres (Toxo) dont les places étaient à vie; mais il fallait qu'ils fussent mariés, qu'ils eussent des enfans, et qu'ils comptassent trois générations d'aïeux citoyens. A la tête du conseil étaient quinze hommes, et la suprême autorité résidait entre les mains de trois magistrats supérieurs. Dès l'année 218, Marseille contracta une alliance avec les Romains, et fleurit à l'abri de la faveur de ce peuple puissant, qui lui laissa sa liberté, jusqu'à ce qu'ayant embrassé le parti de Pompée, dans la guerre civile qu'il fit contre César, elle fut prise par l'armée de ce dernier, en 49. Elle se releva néanmoins bientôt

après; et elle devint, sous Auguste, le siége de la littérature et de la philosophie, qui y étaient enseignées publiquement, comme à Athènes.

5. Sur les côtes d'Espagne on remarquait Sagonte (Zánavba), colonie de l'île de Zante; l'époque de sa fondation est incertaine. Elle s'était enrichie par le commerce; mais au commencement de la seconde guerre punique, 210, elle fut détruite par Annibal, comme étant alliée des Romains.

6. Sur la côte d'Afrique, Cyrène avait été fondée, à l'instigation de l'oracle de Delphes, en 631, par les habitans de l'île de Théra. Sa constitution fut d'abord monarchique. Rois : Battus 1er, fondateur de la colonie, 631-591. La souveraineté resta dans sa famille. Arcésilaüs Ier, mort l'an 575. Sous Battus II, surnommé l'Heureux, son successeur, mort l'an 554, la colonie s'accrut d'un nombre considérable de nouveaux colons, venus de la Grèce. Les Lybiens, dépouillés de leurs terres, implorent le secours d'Apriès; mais ce prince est défait par les Cyrénéens, 570, et perd son royaume.-Arcésilaüs 11, mort l'an 550. Révolte de son frère Léarchus, fondation de Barcé. Léarchus fait périr Arcésilaüs. Battus III, surnommé le Boiteux, mort l'an 526. Les lois de Démonax de Mantinée restreignent le pouvoir royal dans des bornes très-étroites; le . roi ne conserve que le revenu et la dignité sacerdotale. Son fils, Arcésilaüs III, se soumet volontairement à payer le tribut aux Perses. Il entreprend, de concert avec Phérétime, sa mère, de rétablir le pouvoir royal, mais il est chassé du trône. Il parvient cependant à se remettre en possession de Cyrène. Mais ayant gouverné avec cruauté, il est massacré à Barcé, l'an 520. Phérétime se met sous la protection d'Aryandes, satrape du rbi de Perse en Égypte; celui-ci s'empare de Barcé par trahison, et en fait transplanter les habitans dans la Bactriane. Phérétime meurt bientôt après, 514. Cyrène adopte dès-lors le gouvernement républicain, mais nous ne savons rien de sa constitution intérieure. Au reste, quoiqu'elle eût désiré d'avoir Platon pour législateur, et qu'elle eût fait venir d'Arcadie un certain Démoclés pour lui donner des lois, il ne paraît pas

qu'elle ait jamais eu une bonne et solide constitution. Nonseulement elle fut souvent en proie à des discordes intérieures, comme il arriva vers l'an 400, où la sédition excitée par Ariston fit périr presque tout le parti aristocratique, mais encore elle tomba sous le joug de plusieurs tyrans. On ne connaît de ses affaires au dehors que les querelles qu'elle eut avec Carthage, au sujet des limites respectives des deux états. Après la mort d'Alexandre, Cyrène devint une partie du royaume d'Égypte. Elle fut conquise dès le temps de Ptolémée Ier, en 321, par Ophelas, un de ses généraux. Mais elle eut quelquefois des gouverneurs de la maison des Ptolémées (voy. ci-dessous), jusqu'à ce que, sous le règne de Ptolémée-Physcon, elle devint un royaume particulier, qu'Apion, fils naturel de ce prince, légua par testament aux Romains, 97. Cyrène faisait un commerce considérable, tant avec ses propres productions, parmi lesquelles Silphium (le Lasler) était la plus renommée, que par les retours qu'elle obtenait de ses relations commerciales non seulement avec Carthage, mais encore avec Ammonium, et, par ce moyen, dans l'intérieur de l'Afrique.

Histoire de Cyrène, par HARDION, dans les Mémoires de l'académie des inscriptions, T. III.

Historia Cyrenes, indè a tempore quo condita urbs est, usque ad ætatem quâ in provinciæ formam a Romanis redacta est; particula prior, de initiis colonia Cyrenen deductæ, et Cyrenes Battiadis regnantibus historia; auctore JON. PETRO THRIGE; Havniæ, typis Andreæ Seidelin, 1819. Ouvrage capital sur Cyrène. On espère que l'auteur ne fera pas attendre inutilement la seconde partie, qui doit embrasser la période républicaine de l'histoire de Cyrène. DELLA CELLA, Viaggio di Tripoli, est le premier qui a répandu quelques lumières sur les ruines considérables qu'on trouve dans la Cyrénaïque.

TROISIÈME PÉRIODE,

DEPUIS LE COMMENCEMENT DE LA GUERRE DE PERSE

JUSQU'A ALEXANDRE-LE-GRAND, 500-36.

SOURCES. Les principaux historiens à consulter sur cette pé-riode sont pour la guerre des Perses jusqu'à la bataille de Platée, 479, Hérodote. Pour la période depuis 479 jusqu'au moment où éclate la guerre du Péloponnèse, 431, à défaut d'historiens contemporains, Diodore de Sicile, à partir du commencement du livre XI, qui commence à l'année 480 (les livres VI-Xe sont perdus), jusqu'à la moitié du livre XII, est la source principale; mais il faut avoir soin de rectifier de temps en temps la chronologie, en jetant un coup d'œil sur le premier livre de Thucydide. Cet historien est l'écrivain fondamental pour la période de la guerre du Péloponnèse, 431-410, en y joignant Diodore, depuis la moitié du XIIe livre, jusqu'à la moitié du livre XIII.-Depuis l'année 410 jusqu'à la bataille de Mantinée, 362, Xénophon, dans ses Histoires, est l'écrivain le plus important; il faut y joindre en quelques parties son Expédition de Cyrus (Avábαoç), son traité intitulé Agésilaüs, et Diodore, depuis la moitié du livre XIIIo, jusqu'à la fin du livre XVo.—Pour l'année 362 jusqu'à l'année 336, il ne nous reste plus aucun écrivain contemporain; et Diodore, au livre XVI, est encore le principal historien, en le confrontant, dans ce qui regarde le temps de Philippe, avec les harangues d'Eschine et de Démosthène. Les Vies de Plutarque et de Cornélius Népos, quoiqu'elles retracent souvent des évé

« VorigeDoorgaan »