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connaissance et la critique des sources, ont presque un plus haut degré d'importance que Tite-Live et Denys (1). Les sources de l'histoire romaine, dans les plus anciens temps, étaient d'espèces très-différentes. Les traditions des pères furent en partie conservées dans des chansons historiques (il n'est pas question d'une grande épopée); dans ce sens, il existait une Histoire poétique : mais ce n'était

pas pour

cela une histoire purement fabuleuse; car déja les traditions des institutions de Numa n'ont rien de poétique. L'art d'écrire étant connu en Italie avant la fondation de Rome, on ne sait jusqu'où pouvaient remonter les annales publiques, comme les Libri Pontificum. Beaucoup de récits sont évidemment relatifs à des familles, soit qu'ils aient été conservés par des traditions orales, ou par des documents écrits. A quoi il faut ajouter les monuments, tant les édifices publics et les ouvrages de l'art, que les traités gravés sur des tables d'airain, mais dont, au reste, on paraît avoir fait trop peu d'usage. Les Romains n'apprirent que des Grecs l'art d’écrire l'histoire, et la leur a été écrite de bonne heure, et peut-être aussi souvent en grec qu'en latin, non-seulement par des Grecs, comme Dioclès de Péparèthe ( une des Sporades), mais encore par des Romains, comme Fabius Pictor. C'est donc dans ces dernières sources qu'ont puisé Denys et Tite-Live. L'histoire qu'ils ont donnée des premiers temps de Rome

repose donc en partie sur les traditions et la poésie, que l'art oratoire, surtout celui des Grecs, a fort amplifiées; mais ce ne sont pas là ses seuls fondements. On ne peut déterminer, en général, l'époque où l'histoire romaine perd entièrement son caractère poétique; car quelques parties isolées en offrent encore des traces, dans la période qui suit le

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(1) Voyez mes Dissertations : De fontibus et auctoritate vitarum Plutarchi, dans Commentationes recentiores Soc. Scient. Gott. Comment., 1, II, Græci ; III, IV, Romani, et imprimées à part, Gottingæ, 1821, apud Dieterich , pour servir d'appendix aux éditions de Platarque, par Reiske et par Hutten.

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bannissement des rois jusqu'à la conquête de Rome par les Gaulois. Pour la chronologie, ce qu'il y a de plus important sont les Fasti Romani , qu'on trouve en partie dans les inscriptions ( Fasti Capitolini), et en partie dans les manuscrits. Ces fastes ont été rassemblés et complétés par Pighius, Noris, Sigonius, etc,, in Graev. Thes. A. R. vol. XI, et dans ALMELOVEEN Fast. Rom. I, II; Amstel. 1705, etc.

Pighii Annales Romanorum Anteverp. 1615 fol. 2 vol. Essai de chronologie ; il va jusqu'à Vitellius.

Parmi les modernes, indépendamment des ouvrages sur l'histoire ancienne en général (voy. p. 2), l'histoire romaine a été traitée souvent à part, et d'une manière très détaillée. Nous indiquons seulement les plus remarquables.

Histoire Romaine depuis la fondation de Rome jusqu'à la bataille d'Actium, par Rollin; 13 vol. in-8°. Paris, 1823 ( édition revue par Letronne ( elle va jusqu'à l'an 89 avant J. C.); continuée et terminée par

Crévier. The History of the progress and termination of the Roman Republic by Ad. FERGUSSON, 3 vol. London 1783. Au total, c'est l'ouvrage le mieux fait sur l'histoire romaine et qui a fait oublier le travail plus ancien de Goldsmith sur le même sujet.

Histoire critique de la république romaine, par P. Ch. Lévesque, 3 vol. Paris, 1807. Celui qui veut encore conserver son enthousiasme aveugle pour la gloire de l'ancienne Rome ne doit point lire cet ouvrage.

Histoire Romaine par B. G. Niebuhr (en allemand), première partie 1811, seconde partie 1812. Cette histoire va jusqu'à l'an de Rome 417. Cet ouvrage est plutôt critique qu'historique ; l'auteur s'y esforce sans cesse de renverser tout ce qui a été admis jusqu'ici. La subtilité d'esprit n'est pas toujours le sentiment de la vérité : et on ne croit pas aussi légèrement à une constitution, qui non-seulement est contraire à l'esprit dominant de l'antiquité, mais encore, suivant l'aveu de l'auteur lui-même, t. II, p. 5, contraire à toute analogie dans l'histoire. Car les inductions qu'on tire de quelques passages

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isolés ne suffisent pas pour invalider ce qui est confirmé par tous les autres. Cependant la vérité gagne toujours, même lorsque la critique est injuste; cela ne doit point faire méconnaître le mérite de quelques recherches des plus approfondies. Sur ce sujet, voyez :

Recherches sur l'histoire ancienne de l'Empire Romain par W. Wachmuth, Halle 1809 (en allemand).

Commentatio de fontibus T. Livii in prima historiarum, Decade auctore C. F. Lachmann, Gottingæ 1821. Dissertation qui a remporté le prix.

Pour les ouvrages sur la constitution romaine, voyez ci-dessus à la fin de cette période, et au commencement de la troisième.

Une foule d'écrits très-importants sur les antiquités romaines se trouvent dans le grand recueil :

GRAEVII Thesaurus antiquitatum Romanarum. Lugd. Bat. 1694; 12 vol. in-fol.; et dans SALLENGRE, Thesaurus antiquitatum Romanarum. Venet. 1732; 3 vol. in-fol.

Plusieurs excellentes dissertations dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions.

Pour la connaissance du local de l'ancienne Rome, indépendamment de NARDINI Roma vetus, in GRÆVII Thes. A. R., T. IV, l'ouvrage le plus important est toujours:

VENUTI Descrizione topografica della antichità di Roma. Part. I. II. Roma, 1763. Surtout la nouvelle édition donnée par Visconti, en 1803.

Pour la meilleure représentation des monuments de l'ancienne Rome, voy. PIRANESI, Antichità di Roma; 3 vol. in-fol.

1. L'histoire romaine n'est jamais, sous un certain point de vue, que l'histoire d'une seule ville, en ce sens que, depuis sa fondation, jusques et y compris la période des empereurs, Rome eut toujours la domi

nation absolue de son immense territoire. Mais sa constitution intérieure se forma dans toutes ses principales parties, dans cette première période; et, considérée sous ce point de vue, on ne peut lui refuser un haut degré d'intérêt, même à cette époque. C'est une question de peu d'importance que de savoir si chacune des institutions fondamentales de Rome a pris naissance dans l'année où elle fut fondée ; toujours est-il sûr qu'elles s'établirent dans cette période, et la marche que la constitution a suivie dans son développement est tracée avec une exactitude qui ne laisse lieu à aucun doute.

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L'histoire primitive de Rome ne peut pas plus que celle d'Athènes, ou de toute autre ville de l'antiquité, se ramener à une vérité historique rigoureuse, puisqu'elle repose sur des traditions transmises par les poètes et les rhéteurs, et qui diffèrent beaucoup entre elles, ainsi que le montre la vie de Romulus par Plutarque. Mais la connaissance de ces mêmes traditions, telles qu'elles sont consignées dans Denys et TiteLive, se lie à tant d'autres objets, qu'elle ne doit pas être négligée; et ce qu'elles contiennent de vérités, à côté même des fictions, nous fait connaître clairement les institutions politiques, dont elles expliquent l'origine, et qui se montrent déja d'une manière certaine dès cette époque. Prétendre tirer une ligne de démarcation rigoureuse entre les temps mythologiques et historiques, c'est ne pas connaître l'essence de la mythologie.

Sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l'histoire Romaine , par L. de Beaufort, nouv. éd. à la Haye, 1750; 2 vol. in-8°. Tout ce qu'on peut dire contre l'authenticité de l'histoire des premiers temps de Rome est développé par de Beaufort avec beaucoup de sagacité.

2. Quelque fabuleuses que soient les anciennes traditions sur l'origine de Rome, elles s'accordent cependant

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toutes en ce point, que les Romains venaient des Latins, et que leur ville était une colonie d'Albe-la-Longue, ville voisine. Il paraît que, depuis long-temps, c'était l'usage des Latins d'améliorer la culture de leurs terres par

l'établissement des colonies. 3. Pendant les deux cent quarante-cinq premières années qui s'écoulèrent depuis la fondation de Rome, cette ville demeura sous l'autorité de chefs qu'on appelle rois, mais qui n'étaient pas héréditaires, ni encore moins absolus, quoiqu'ils cherchassent à devenir l'un et l'autre. Il se forma plutôt un gouvernement municipal, qui supposait un certain degré de culture politique, et qui, dans ses principales parties, s'était vraisemblablement modelé sur le gouvernement de la métropole, comme il arrive à toutes les colonies. Voici en quoi principalement il consistait : a, établissement et gouvernement intérieur du sénat;b, établissement et formation du patriciat, ou noblesse héréditaire, laquelle, soutenue par l'introduction des noms de famille, forma bientôt un corps politique qui devint de jour en jour plus puissant; C, organisation du peuple et mode de ses assemblées , auquel elle servait de fondement, parce que, indépendamment de la division primitive par têtes, en tribus et en curies, on en fit aussi une purement politique, en classes et en centuries; en sorte que, outre l'ancienne manière de convoquer le peuple dans les comitia curiata, il y eut encore les comitia centuriata, organisés avec beaucoup d'art;d, institutions religieuses (religiones), qui, par leur étroite liaison avec le gouvernement politique, formaient une sorte de religion nationale qui unissait toutes les institutions

par lien puissant, et en recevait une haute sanction, sans qu'il pût jamais s'établir une hiérarchie qui fît du corps sacerdotal un ordre séparé dans l'état; e, les

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