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vement à la dictature, 353; à la censure, 348; à la préture, 330; enfin au pontificat, 334. Ainsi on en vint à Rome à une entière égalité politique entre la noblesse et le peuple; et, quoiqu'il existât toujours des dissensions entre les familles patriciennes et les familles plébéiennes, les deux ordres durent naturellement cesser de former des partis politiques dans l'État.

Un second traité de commerce conclu avec Carthage en 345 montre qu'à cette époque la marine des Romains n'était rien moins que méprisable, quoiqu'elle ne fût encore employée qu'à commettre des pirateries. Mais, dans les quarante années qui suivirent, il est souvent fait mention de flottes de guerre.

13. Les guerres avec les Samnites, qui commencèrent alors, furent beaucoup plus importantes que celles qui avaient eu lieu jusque-là; car, si la plupart de celles-ci eurent pour but le maintien de la puissance de Rome sur ses plus proches voisins, celles avec les Samnites, au contraire, après une lutte de cinquante années, frayèrent à Rome le chemin à l'asservissement de l'Italie, et jetèrent ainsi les fondements de sa grandeur future.

Commencement des guerres contre les Samnites, lorsque les Campaniens invoquèrent contre eux le secours des Romains en 343. Elles durèrent avec des alternatives de succès et de revers, ne cessant quelquefois que pour recommencer, jusqu'en 290. C'est la véritable période de l'héroïsme guerrier des Romains, dans laquelle on vit briller un Décius Mus (le père et le fils se sacrifièrent tous deux volontairement), un Papyrius Cursor, un Q. Fabius Maximus, etc. Les résultats en furent pour Rome, 1o que ses soldats apprirent la tactique proprement dite en faisant pendant tout ce temps une guerre de montagnes, quoiqu'à la vérité ils ne purent éviter de passer sous les fourches Caudines (furcas caudinas) en 321; 2o que

ses rapports avec les Latins et les Étrusques furent déterminés d'une manière plus fixe, par la victoire complète que Rome remporta sur les premiers en 340, et par les défaites multipliées qu'éprouvèrent les seconds vers 308; 3° que, comme il se forma des alliances plus considérables entre les peuples de l'Italie, particulièrement dans la dernière guerre des Samnites, Rome eut des relations avec des peuples plus éloignés, par exemple, avec les Lucaniens et les Apuliens dans la première ligue en 323, et avec les habitans de l'Ombrie, depuis l'an 308; quoique ces rapports changeassent souvent, et fussent aussi fréquemment des inimitiés que des alliances, parce que ces peuples défendaient sans cesse leur liberté. Au reste, c'est dans cette période que se formèrent les principales maximes de politique qui assurèrent la durée des rapports dans lesquels les peuples vaincus se trouvaient avec Rome.

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14. Mais,après avoir subjugué les Samnites, Rome, voulant affermir sa domination dans l'Italie inférieure, se trouva pour la première fois engagée dans une guerre avec un prince étranger. Car les Tarentins, trop faibles pourse défendre seuls contre elle, appelèrent Pyrrhus, roi d'Épire, à leur secours. Il vint à la vérité, non pour leur intérêt, mais pour satisfaire sa propre ambition; cependant les victoires mêmes qu'il remporta ne tardèrent pas à lui prouver que l'art de la guerre, tel que le pratiquaient les Macédoniens, ne lui donnait qu'une faible prépondérance, que les Romains surent bientôt faire tourner de leur côté; parce qu'une milice composée de troupes nationales bien disciplinées a toujours l'avantage sur des troupes mercenaires, rassemblées à la hâte.

L'idée d'implorer le secours de Pyrrhus devait d'autant plus naturellement s'offrir aux Tarentins, que déja son prédécesseur, Alexandre Ier ( voyez ci-dessus, pag. 302), avait tenté, quoique sans succès, de s'établir comme conquérant

dans l'Italie inférieure. Dans la première guerre avec Pyrrhus, 280-278, il se donna deux batailles, l'une près de Pandosia, en 280, et l'autre près d'Asculum, en 279, toutes deux malheureuses pour les Romains. Mais lorsque, après son passage en Sicile, en 278 (voy. ci-dessus, pag. 190), Pyrrhus fut revenu en Italie en 275, il fut battu près de Bénévent, et obligé d'évacuer tout le pays, en laissant seulement une garnison à Tarente. Cependant, dès l'année 272, cette ville tomba au pouvoir des Romains, et cette conquête leur servit à étendre leur domination jusqu'aux extrémités de l'Italie inférieure.

15. Le principal moyen dont les Romains se servirent, dès les premiers temps, pour affermir leur autorité sur les peuples vaincus, et pour prévenir l'accumulation de la multitude pauvre à Rome, était l'établissement des colonies de citoyens romains, qui servaient en même temps de garnison dans les villes où ils étaient transplantés. Chaque colonie avait son gouvernement intérieur, modelé la plupart du temps sur celui de Rome même, et le maintien des colonies dans la plus étroite dépendance dut naturellement entrer dans la politique de Rome. Ce système de colonies des Romains, qui dérivait lui-même de la coutume barbare d'ôter aux vaincus leur territoire et leur liberté, se forma principalement dans la guerre des Samnites, et embrassa peu à peu toute l'Italie. L'établissement des grandes routes militaires (vice militares) a une étroite liaison avec celui des colonies; et entre autres la voie Appia, entreprise dès l'an 312, est encore un monument subsistant du degré où était alors parvenue la puissance romaine.

Le nombre des colonies romaines en Italie se montait déja à cinquante-trois lors de l'invasion d'Annibal; mais plusieurs de celles qui étaient établies secouèrent le joug.

HEYNE, De Romanorum prudentia in coloniis regendis, in Opusc., vol. III; cf. Prolusiones de veterum coloniarum jure ejusque causis, in Opusc., vol. I.

16. Mais il y eut toujours une assez grande diversité dans les rapports de Rome avec les peuples d'Italie. 1° Quelques villes et quelques peuples jouissaient complètement du droit de citoyens romains, sans cependant avoir droit de voter dans les comices; c'est ce qu'on nommait municipes (municipia). 2o Les priviléges des colonies (jus colonarium) étaient encore plus restreints, parce que les colons ne participaient ni aux comices, ni aux magistratures. Le reste des habitants de l'Italie étaient compris sous les titres d'alliés (socii, fœdere juncti), ou de sujets (dedititii). Les premiers conservaient leur propre gouvernement, mais devaient fournir des hommes et de l'argent (tributis et armis juvare rempublicam). Leurs rapports plus directs avec Rome étaient fondés sur les conditions de l'alliance, dont les plus avantageuses étaient 3° en faveur des Latins, quoique chacune de leur ville eût son droit particulier (jus Latü); comme aussi 4o les autres peuples d'Italie avaient le (jus Italicum). 5o Au contraire, les sujets (dedititii) avaient été privés de leurs constitutions intérieures, et étaient gouvernés par des magistrats romains (Præfecti), que l'on renouvelait chaque année.

C. SIGONIUS, De antiquo jure civium Romanorum ; et Deantiquo jure Italiæ, dans GRÆVII Thes. Ant. R. t. II. Ce sont les plus savantes recherches sur ces différents rapports.

17. La constitution intérieure que Rome s'était donnée à elle-même, présentait le caractère d'une démocratie, en ce sens que le peuple et la noblesse y jouissaient des mêmes droits. Mais c'était une démocratie

si merveilleusement modifiée; les droits du peuple, du sénat et des magistrats, se liaient de telle manière les uns aux autres, et trouvaient dans la religion de l'État, qui rattachait le tout à des formes invariables, un appui si ferme, qu'à cette époque on n'avait à craindre, ni les maux de l'anarchie, ni, ce qui est encore plus étonnant chez un peuple guerrier, le fléau du despotisme militaire.

Les droits du peuple consistaient dans le pouvoir législatif toutes les fois qu'il était question des lois fondamentales de l'État, et dans l'élection des magistrats. La différence entre les comitia tributa (comme étant indépendants du sénat), et les comitia centuriata ( comme étant dépendants du sénat ), subsista toujours, mais seulement pour la forme, et perdit toute son importance depuis que la distinction entre les patriciens et les plébéiens ne fut plus qu'une simple différence de nom, et que, par l'établissement des tribus urbanæ, en 303, on eut remédié à la trop grande influence du peuple (forensis factio) sur les comices par tribus. Les droits du sénat consistaient dans l'administration et la discussion de toutes les affaires de l'État qui n'intéressaient pas sa constitution politique; (excepté cependant lorsqu'il s'agissait de faire la guerre ou la paix, pour lesquelles on avait besoin de l'assentiment du peuple): et outre cela, de toutes les affaires qui concernaient les finances ou les réglements pour le répos et la sûreté intérieure de l'État. Mais la manière dont le sénat se complétait contribua à en faire le premier corps politique d'alors. Les droits et le rang des magistrats étaient fondés sur les grands ou petits auspices (auspicia); car il n'était permis d'entreprendre aucune affaire publique qu'avec cette cérémonie religieuse (auspicato). Voilà pourquoi il n'y avait que ceux à qui appartenaient les premiers qui pussent posséder le suprême pouvoir civil et militaire (imperium civile et militare; suis auspiciis rem gerere); comme le dictateur, les consuls, le préteur, et non les autres magistrats, qui n'avaient que les petits auspices.

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