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La réunion du pouvoir civil et militaire dans la même personne n'était point, à la vérité, sans inconvénients; cependant on prévint le despotisme militaire par une loi qui défendait expressément à tout homme revêtu d'une magistrature, de conserver le pouvoir militaire dans l'enceinte de la ville. Au reste, comme la constitution de Rome se forma seulement par l'usage et par la pratique, et comme il n'y eut jamais de constitution entièrement écrite, on ne doit pas s'attendre que tout y fût réglé avec précision; car le plus sûr moyen de tomber dans l'erreur serait de vouloir, malgré cela, tout fixer et tout déterminer. Parmi les nombreux ouvrages sur la constitution ou sur les antiquités romaines, nous indiquerons :

La république Romaine, ou plan général de l'ancien gouvernement de Rome, par M. de Beaufort, 2 vol. in-4°; à La Haye, 1766. Cet ouvrage est un des plus amples et des plus essentiels sur les matières qu'il traite; cependant il n'embrasse point le sujet tout entier.

Histoire critique du gouvernement Romain, Paris, 1765. Il y a quelques vues, et ingénieuses.

Du gouvernement de la république Romaine; par A. Ad. de Texier, 3 vol. in-8°; Hambourg, 1796. Cet ouvrage contient plusieurs recherches propres à l'auteur.

On trouve encore dans les 2 premiers vol. du Thes. Ant. Rom. de GREVIUS, de savantes recherches sur les principales parties de la constitution romaine. SIGONIUS et GRUCHIUS, De comitiis Romanorum; ZAMOSCHIUS, De senatu Romano, etc.

Parmi les nombreux manuels sur l'antiquité romaine : NIEUPORT, Explicatio rituum Romanorum, ed. GESNER, Berolini, 1743, tient du moins ce qu'il promet. Les recueils qui traitent de l'antiquité romaine d'une manière complète, ne s'élèvent guère au-dessus du médiocre; on a été beaucoup plus heureux dans les travaux sur l'antiquité romaine qui ont rapport au droit: nous indiquons ici les deux meilleurs livres élémentaires sur ce sujet.

BACHII Historia jurisprudentiæ Romanæ; Lips. 1754. 1796. Éléments de l'histoire du droit Romain, par Hugo; 3* essai (en allemand); Berlin, 1806.

SECONDE PÉRIODE,

DEPUIS LE COMMENCEMENT de LA GUERRE AVEC CARTHAGE JUSQU'AU COMMENCEMENT DES TROUBLES INTÉRIEURS, SOUS LES GRACQUES, 264—134 (an. de R., 490—620).

Sources. Le principal écrivain, pour cette période, jusqu'à l'an 146, est Polybe; la partie de son histoire qui nous a été conservée conduit jusqu'à l'an 216; pour le reste, c'est-à-dire pour tout l'intervalle compris entre les années 218 et 166, on n'en a que des fragments. Tite-Live (Livres XXI-XLV) le suit, en général. Appien, qu'il faut nommer ensuite, ne contient guère que l'histoire des guerres. Florus n'en a donné qu'un abrégé. Les vies de Fabius Maximus, de Paul Æmile, de Marcellus, de M. Caton et de Flaminius, par Plutarque, appartiennent à cette période.

Parmi les modernes nous n'en nommerons qu'un seul; car quel autre pourrait-on citer à côté de lui?

MONTESQUIEU, Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains.

1. La division politique de l'Italie ouvrit le chemin à la domination des Romains sur ce pays. Le défaut d'union et de relations politiques entre les États du monde d'alors leur fraya la route à la domination uni

verselle. Le premier pas fut celui qui leur coûta le plus; les autres furent faciles et rapides. Mais l'histoire de la lutte entre Rome et Carthage nous présente en grand ce que l'histoire de la Grèce nous a fait voir en petit, et ce qui est confirmé par l'histoire de tous les temps; c'est que deux républiques ne peuvent subsister à côté l'une de l'autre sans chercher à se subjuguer et à s'anéantir. Au reste, la grandeur, l'étendue et les conséquences de cette lutte, les efforts prodigieux, et les grands hommes qu'on vit s'y montrer des deux côtés, lui donnent un intérêt qu'aucune autre lutte entre des nations ne peut avoir. Si la puissance et les ressources des deux États étaient à peu près les mêmes, leur constitution intérieure était très-différente. Carthage avait, outre l'empire de la mer, un trésor public bien rempli, qui lui permettait de prendre à sa solde autant de troupes qu'elle voulait; de son côté, Rome, puissante par elle-même, avait en sa faveur tous les avantages d'un État uniquement militaire, sur un État à la fois 264 commerçant et guerrier.

jusq.

241.

2. La première guerre entre les deux républiques, qui dura vingt-trois années, n'eut d'abord qu'un fondement assez léger, et devint bientôt une lutte pour la possession de la Sicile; elle prit ensuite d'elle-même un nouvel accroissement, et la domination des mers en devint l'objet. Rome, à l'aide de ses flottes nouvellement construites, étant parvenue à obtenir pour quelque temps cette domination, se fraya bientôt un chemin pour attaquer l'Afrique, et finit par chasser les Carthaginois de la Sicile.

L'occupation de Messine par les Romains, 264, fut l'occasion de la guerre. Hiéron, roi de Syracuse, en quittant le parti

des Carthaginois pour celui des Romains, leur fit naître la pensée de chasser entièrement ceux-ci de l'île; la victoire qu'ils remportèrent près d'Agrigente, et la prise de cette ville, en263, semblèrent faciliter l'exécution de ce projet, mais en même temps firent sentir aux Romains la nécessité d'avoir une marine. On s'étonne moins de les voir équiper une flotte dans l'Italie, alors riche en bois, quand on sait qu'ils avaient antérieurement quelque expérience de la navigation. Ce n'étaient pas les premiers vaisseaux de guerre qu'ils construisaient, mais seulement les premiers grands vaisseaux, sur le modèle de ceux des Carthaginois. Première victoire navale des Romains, sous la conduite de Duillius, à l'aide des machines à grappins,en 260. Le projet conçu alors de porter la guerre en Afrique était une de ces grandes idées des Romains, qui, dès ce temps-là, avaient pour maxime d'attaquer leurs ennemis dans leur propre territoire. La seconde victoire des Romains sur mer, en 257, extrêmement remarquable, et qui leur ouvrit le chemin de l'Afrique, montre leur tactique navale sous un jour très-brillant ; mais la malheureuse issue de l'expédition en Afrique rétablit l'équilibre, et la lutte pour la domination de la mer devint d'autant plus opiniâtre que les alternatives de succès et de revers furent plus fréquentes. La décision de cette lutte importante dépendait de la possession des promontoires à l'orient de la Sicile, Drépanum et Lilybée, qui étaient comme les remparts de Carthage, et qui paraissaient inexpugnables depuis qu'Hamilcar,surnommé Barca, en avait pris le commandement, 247. Enfin, l'interruption des communications avec la Sicile depuis la dernière victoire navale des Romains sous le consul Lutatius, l'an 241, et l'épuisement total des finances des deux États, amenérent une paix dont les conditions furent: 1o que les Carthaginois évacueraient la Sicile et les petites îles voisines; 2o que, dans l'espace de dix ans, ils paieraient à Rome la somme de 2,200 talents, comme contribution de guerre; 3o qu'ils ne feraient point la guerre à Hiéron, roi de Syracuse.

3. Par l'issue de cette guerre, Rome se trouva placée

dans de nouveaux rapports politiques qui étendirent nécessairement la sphère de son influence. Cependant la longueur de la guerre, aussi bien que la manière dont elle s'était terminée, avait produit une sorte de hainenationale qui ne se montre ordinairement qu'entre les républiques; d'ailleurs, la conviction qu'elles ne pouvaient subsister indépendantes l'une à côté de l'autre paraissait d'autant plus évidente, que les points de contact se trouvaient alors beaucoup plus multipliés qu'au commencement de la guerre : et qui ne connaît l'orgueil d'une république, lorsque le premier grand essai qu'elle fait de ses forces est couronné par le succès ? C'est ce dont Rome elle-même donna un exemple surprenant par l'envahissement de la Sardaigne au milieu 237. de la paix. Mais la réaction de tant de prospérités sur sa constitution intérieure ne fut pas moins sensible. Car, quoique la forme du gouvernement n'eût pas souffert la moindre altération, la puissance du sénat acquit dèslors cette prépondérance que les gouvernements républicains ne manquent jamais d'obtenir par l'effet des guerres longues et heureuses.

Commencement et organisation des premiers gouvernements de provinces romaines dans une partie de la Sicile et dans la Sardaigne.

4. Les Romains eurent bientôt une occasion d'employer leurs forces maritimes dans la mer Adriatique: en humiliant les pirates d'Illyrie et leur reine Teuta, non-seulement ils assurèrent leur domination sur cette mer, mais encore ils établirent leurs premiers rapports politiques avec les Grecs, rapports qui devinrent d'une grande importance par la suite.

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