HEYNE, De Romanorum prudentia in coloniis regendis, in Opusc., vol. III; cf. Prolusiones de veterum coloniarum jure ejusque causis, in Opusc., vol. I. 16. Mais il y eut toujours une assez grande diversité dans les rapports de Rome avec les peuples d'Italie. 1° Quelques villes et quelques peuples jouissaient complètement du droit de citoyens romains, sans cependant avoir droit de voter dans les comices; c'est ce qu'on nommait municipes (municipia). 2° Les priviléges des colonies (jus colonarium) étaient encore plus restreints, parce que les colons ne participaient ni aux comices , ni aux magistratures. Le reste des habitants de l'Italie étaient compris sous les titres d'alliés (socii, foedere juncti), ou de sujets (dedititi). Les premiers conservaient leur propre gouvernement, mais devaient fournir des hommes et de l'argent (tribuitis et armis juvare rempublicam). Leurs rapports plus directs avec Rome étaient fondés sur les conditions de l'alliance, dont les plus avantageuses étaient 3o en faveur des Latins, quoique chacune de leur ville eit son droit particulier (jus Lati); comme aussi 4° les autres peuples d'Italie avaient le (jus Italicum). 5° Au contraire, les sujets (dedititi) avaient été privés de leurs constitutions intérieures, et étaient gouvernés par des magistrats romains (Præfecti), que l'on renouvelait chaque année. C. SIGONIUS, De antiquo jure civium Romanorum ; et De antiquo jure Italice, dans Grævi Thes. Ant. R. t. II. Ce sont les plus savantes recherches sur ces différents rapports. 17. La constitution intérieure que Rome s'était donnée à elle-même, présentait le caractère d'une démocratie, en ce sens que le peuple et la noblesse y jouissaient des mêmes droits. Mais c'était une démocratie si merveilleusement modifiée; les droits du peuple, du sénat et des magistrats, se liaient de telle manière les uns aux autres, et trouvaient dans la religion de l'État, qui rattachait le tout à des formes invariables, un appui si ferme, qu'à cette époque on n'avait à craindre, ni les maux de l'anarchie, ni, ce qui est encore plus étonnant chez un peuple guerrier, le fléau du despotisme militaire. Les droits du peuple consistaient dans le pouvoir législatif toutes les fois qu'il était question des lois fondamentales de l'État, et dans l'élection des magistrats. La différence entre les comitia tributa (comme étant indépendants du sénat), et les comitia centuriata ( comme étant dépendants du sénat), subsista toujours, mais seulement pour la forme, et perdit toute son importance depuis que la distinction entre les patriciens et les plébéiens ne fut plus qu'une simple différence de nom, et que, par l'établissement des tribus urbanæ, en 303, on eut remédié à la trop grande influence du peuple (forensis factio) sur les comices par tribus. Les droits du sénat consistaient dans l'administration et la discussion de toutes les affaires de l'État qui n'intéressaient pas sa constitution politique; ( excepté cependant lorsqu'il s'agissait de faire la guerre ou la paix, pour lesquelles on avait besoin de l'assentiment du peuple): et outre cela, de toutes les affaires qui concernaient les finances ou les réglements pour le répus et la sûreté intérieure de l'État. Mais la manière dont le sénat se complétait contribua à en faire le premier corps politique d'alors. Les droits et le rang des magistrats étaient fondés sur les grands ou petits auspices auspicia); car il n'était permis d'entreprendre aucune affaire publique qu'avec cette cérémonie religieuse (auspicato). Voilà pourquoi il n'y avait que ceux à qui appartenaient les premiers qui pussent posséder le suprême pouvoir civil et militaire (imperium civile et militare ; suis auspiciis rem gerere); comme le dictateur, les consuls , le préteur, et non les autres magistrats , qui n'avaient que les petits auspices. tout y La réunion du pouvoir civil et militaire dans la même personne n'était point, à la vérité, sans inconvénients; cependant on prévint le despotisme militaire par une loi qui défendait expressément à tout homme revêtu d'une magistrature, de conserver le pouvoir militaire dans l'enceinte de la ville. Au reste, comme la constitution de Rome se forma seulement par l'usage et par la pratique, et comme il n'y eut jamais de constitution entièrement écrite, on ne doit pas s'attendre que fût réglé avec précision; car le plus sûr moyen de tomber dans l'erreur serait de vouloir, malgré cela, tout fixer et tout déterminer. Parmi les nombreux ouvrages sur la constitution on sur les antiquités romaines , nous indiquerons : La république Romaine, ou plan général de l'ancien gouvernement de Rome, par M. de Beaufort, 2 vol. in-4°; à La Haye, 1766. Cet ouvrage est un des plus amples et des plus essentiels sur les matières qu'il traite; cependant il n'embrasse point le sujet tout entier. Histoire critique du gouvernement Romain, Paris, 1765. Il y a quelques vues, et ingénieuses. . Du gouvernement de la république Romaine; par A. Ad. de Texier, 3 vol. in-8°; Hambourg, 1796. Cet ouvrage contient plusieurs recherches propres à l'auteur. On trouve encore dans les 2 premiers vol. du Thes. Ant. Rom. de Grævius, de savantes recherches sur les principales parties de la constitution romaine. Sigonius et GRUCHIUS, De comitiis Romanorum; ZAMOSCHIUS, De senatu Romano, etc. Parmi les nombreux manuels sur l'antiquité romaine : NIEUPORT, Explicatio rituum Romanorum, ed. Gesner, Berolini, 1743, tient du moins ce qu'il promet. Les recueils qui traitent de l'antiquité romaine d'une manière complète, ne s'élèvent guère au-dessus du médiocre; on a été beaucoup plus heureux dans les travaux sur l'antiquité romaine qui ont rapport au droit: nous indiquons ici les deux meilleurs livres élémentaires sur ce sujet. Bachi Historia jurisprudentiæ Romanæ; Lips. 1754. 1796. Éléments de l'histoire du droit Romain, par Hugo ; 3e essai (en allemand ); Berlin, 1806. SECONDE PÉRIODE, DEPUIS LE COMMENCEMENT DE LA GUERRE AVEC CARTHAGE JUSQU'AU COMMENCEMENT DES TROUBLES INTÉRIEURS, sous LES GRACQUES, 264–134 (an. de R., 490—620). Sources. Le principal écrivain , pour cette période, jusqu'à l'an 146, est Polybe; la partie de son histoire qui nous a été conservée conduit jusqu'à l'an 216; pour le reste, c'est-à-dire pour tout l'intervalle compris entre les années 218 et 166, on n'en a que des fragments. Tite-Live ( Livres XXI–XLV) le suit, en général. Appien, qu'il faut nommer ensuite , ne contient guère que l'histoire des guerres. Florus n'en a donné qu'un abrégé. Les vies de Fabius Maximus, de Paul Æmile, de Marcellus, de M. Caton et de Flaminius, par Plutarque, appartiennent à cette période. Parmi les modernes nous n'en nommerons qu'un seul; car quel autre pourrait-on citer à côté de lui? MONTESQUIEU, Considérations sur les causes de la grandeur et de la décadence des Romains. 1. La division politique de l'Italie ouvrit le chemin à la domination des Romains sur ce pays. Le défaut d'union et de relations politiques entre les États du monde d'alors leur fraya la route à la domination uni verselle. Le premier pas fut celui qui leur coûta le plus; les autres furent faciles et rapides. Mais l'histoire de la lutte entre Rome et Carthage nous présente en grand ce que l'histoire de la Grèce nous a fait voir en petit, et ce qui est confirmé par l'histoire de tous les temps; c'est que deux républiques ne peuvent subsister à côté l'une de l'autre sans chercher à se subjuguer et à s'anéantir. Au reste, la grandeur, l'étendue et les conséquences de cette lutte, les efforts prodigieux, et les grands hommes qu’on vit s’y montrer des deux côtés, lui donnent un intérêt qu'aucune autre lutte entre des nations ne peut avoir. Si la puissance et les ressources des deux États étaient à peu près les mêmes, leur con à stitution intérieure était très différente. Carthage avait, outre l'empire de la mer, un trésor public bien rempli, qui lui permettait de prendre à sa solde autant de troupes qu'elle voulait; de son côté, Rome, puissante par elle-même, avait en sa faveur tous les avantages d'un État uniquement militaire, sur un État à la fois 264 commerçant et guerrier. jusq. 2. La première guerre entre les deux républiques, qui dura vingt-trois années, n'eut d'abord qu'un fondement assez léger, et devint bientôt une lutte pour la possession de la Sicile; elle prit ensuite d'elle-même un nouvel accroissement, et la domination des mers en devint l'objet. Rome, à l'aide de ses flottes nouvellement construites, étant parvenue à obtenir pour quelque temps cette domination, se fraya bientôt un chemin pour attaquer l'Afrique, et finit par chasser les Carthaginois de la Sicile. 241. 2 L'occupation de Messine par les Romains, 264, fut l'occasion de la guerre. Hiéron, roi de Syracuse, en quittant le parti |