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Mahmed ne se rendit pas moins le maître du Guilan, du Mazanderan, du Schirvan, et de plusieurs autres provinces. L'amiral Woino-Witsch, ayant établi un comptoir sur la côte d'Astérabath, avec le commencement d'une forteresse, où il plaça dixhuit canons, Mahmed vint la voir, feignit d'en admirer la construction, et engagea l'amiral à venir lui rendre visite avec ses principaux officiers, dans une maison de plaisance qu'il avoit dans les montagnes : ils s'y rendirent le lendemain; mais ils ne furent pas plutôt arrivés qu'on les chargea de fers, en les menaçant de leur trancher la tête, si la forteresse n'étoit sur-le-champ démolie. Il fallut obéir : les murs furent rasés, les canons embarqués, et les officiers Russes chassés de la côte. Ghedahed, l'un des rivaux de Mahmed avoit fait sur lui quelques conquêtes. Mais ce dernier, ayant gagné ses principaux agens, Ghedahed fut livré par eux à son ennemi, qui lui fit trancher la tête, à la fin de 1786. Rien n'arrêta plus les conquêtes de Mahmed, qui subjugua la Perse entière. Héritier des desseins de Schah-Nadir, il vouloit s'emparer d'Astrakan, et fermer la mer Caspienne aux Russes, lorsque la mort vint mettre fin à tous ses projets.

MAILHOL, (N**) né à Carcassone mort vers 1760, est auteur de quelques pièces de théâtre, I. Paros, tragédie, représentée en 1754. II. Les Femmes, comédie, 1754. III. Lycargue ou les Lacédémoniennes comédie en trois actes, et en vers libres.

MAILLE, (N**) Oratorien, né à Brignoles en 1707, mort à

Marseille en 1762, a donné en trois vol. in-12, Le Père Berruyer convaincu d'Arianisme et de Pélagianisme.

* III. MAILLE DE BREZÉ, (Armand de) duc de Fronsac et de Caumont, marquis de Graville et de Brezé, fils du précédent, commença à se distinguer en Flandre en 1638. L'année sui

vante, il commanda les galères du roi, puis l'armée navale, et défit la flotte d'Espagne à la vue de Cadix, le 22 juillet 1640. Il fut envoyé ambassadeur en Portugal en 1641, et remporta, les années suivantes de grands avantages sur mer contre les Espagnols; mais il échoua devant Tarragone. Ses services lui méritèrent la charge de surintendant général de la navigation et du commerce. Il fut tué sur mer d'un coup de canon, le 14 juin 1646, à 27 ans, tandis qu'on faisoit le siége d'Orbitello. Il avoit plus de vertu qu'on n'en a ordinairement à son âge. Ayant fait gagner, par sa protection, procès à une dame de condition du Poitou, qui n'avoit pour elle que son nom, et une fille jeune et belle; Monsieur, lui dit-elle en lui présentant cette demoiselle, vos services sont au-dessus de ce que je pourrois faire pour les reconnoître; il n'y a que ma fille qui puisse m'acquitter auprès de vous. Maillé fut révolté d'un pareil discours; et ayant reconnu dans la demoiselle autant de vertu que de beauté, il lui donna huit mille livres pour prendre l'habit religieux dans un monastère. Voyez I. FOUCAULT.

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II. MAILLEBOIS, (N. comte de) lieutenant général des armées de France, commanda avec succès un corps de troupes, dans

les guerres d'Allemagne, et fut envoyé en 1784, en Hollande, pour y soutenir le parti qui s'y élevoit contre la Prusse. Sorti de France pendant la révolu– tion, il mourut à Maestricht, en 1792.

élevée

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et

à l'âge de douze ans, avec la plus grande dureté chez Mad. de Neuillant sa parente, elle fut trop heureuse d'épouser Scarron qui logeoit auprès d'elle dans la rue d'Enfer. Ce poëte, ayant appris combien Mlle d'Aubigné avoit à souffrir avec sa paMAIMBÇAI, (N.) né à Lon- rente, lui proposa de payer sa dres, vint très-jeune en France, dot, si elle vouloit se faire reet s'attacha au spectacle de la ligieuse; ou de l'épouser, si ella Foire Saint-Germain à Paris, vouloit se marier. Mlle d'Auoù il s'occupa de la composition bigné prit ce dernier parti de Ballets et de Pantomimes, un an après, n'étant âgée que qui eurent du succès. Les plus de seize ans elle donna sa remarquables furent, Les Dupes, main au burlesque Scarron. Cet la Fête Angloise, l'Heureux déhomme singulier étoit sans bien, sespoir, à Trompeur trompeur et perclus de tous ses membres; et demi le Diable boiteux mais sa famille étoit ancienne Chacun à son tour. Dans la Fête dans la robe, et illustrée par de Angloise, jouée en 1740, on grandes alliances. Son oncle étoit vit une décoration du temple de évêque de Grenoble, et son père l'Hymen qui fut admirée, conseiller au parlement de Paris. commença à donner l'idée de ce Sa maison étoit le rendez-vous genre de beauté et de la véri→ de ce que la cour et la ville table perspective théâtrale. avoient de plus distingué et de GramMAINFRAY, (Pierre de ) né plus aimable: Vivonne, à Rouen, fit jouer au commencement du siècle passé, trois tragédies, Cyrus, Soliman et Hercule. Cette dernière n'est qu'en quatre actes.

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et

* MAINTENON, (Françoise d'Aubigné, marquise de ) petitefille de Théodore-Agrippa d'Aubigné, naquit le 8 septembre 1635, dans une prison de Niort, où étoient enfermés Constant d'Aubigné son père, et sa mère Anne de Cardillac, fille da gonverneur du Chateau-Trompette à Bordeaux. Françoise d'Aubigné étoit destinée à éprouver toutes les vicissitudes de la fortune. Menée à l'âge de trois ans en Amérique, laissée par la négligence d'un domestique sur le rivage, prête à y être dévorée par un serpent; ramenée orpheline

mont, Coligni, Charleval, Pellisson, Hénault, Marigni, etc.: tout le monde alloit le voir comme un homme aimable, plein d'esprit, d'enjouement et d'infirmités. Mlle d'Aubigné fut plutôt son amie et sa compagne, que son épouse. Elle se fit aimer et estimer, par le talent de la conversation, par son esprit, par sa modestie et sa vertu. Cette vertu n'étoit point de l'hypocrisie, quoi qu'en aient dit ses détracteurs. « Je ne suis pas étonnée, écrivoit Mad. de Maintenon en 1709, qu'on soupçonne ma jeunesse : ceux qui parlent ainsi, en ont une très-déréglée, ou ne m'ont pas connue. Il est fàcheux d'avoir à vivre avec d'autres gens que ceux de son siècle : et voilà le malheur de vivre trop long temps. » Nous ajouterons que

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Portugal, élevée à Paris, écrivit à l'ambassadeur et le chargea de lui chercher une dame de condition et de mérite pour élever ses enfans. On jeta les yeux sur Mad. Scarron et elle accepta, Avant de partir, elle se fit présenter à Mad. de Montespan en lui disant,`qu'elle ne vouloit pas se reprocher d'avoir quitté la France sans en avoir vu la mer veille. Mad. de Montespan fut flattée de ce compliment, et lui dit, qu'il falloit rester en France; elle lui demanda un placet qu'elle se chargea de présenter au roi. Lorsqu'elle présenta ce placet : Quoi! s'écria le roi, encore la veuve Scarron ! N'entendrai – je jamais parler d'autre chose? – En vérité, SIRE, dit Mad. de Mon¬ tespan, il y a long-temps que vous ne devriez plus en entendre parler. La pension fut accordée, et le voyage de Portugal rompu. Mad. Scarron alla remercier Madame de Montespan, qui fut si charmée des graces de sa con→

célèbre Ninon de Lenclos rendit toujours les témoignages les plus favorables à ses mœurs. Scarron étant mort le 27 juin 1660, są yeuve retomba dans la misère. Un épicurien, nommé le marquis de C**, lui offrit sa main. Elle refusa. «Que pensez-vous, écriyoit alors Mad. Scarron, de la comparaison qu'on a osé me faire de cet homme à M. Scarron ? Grand Dieu ! quelle différence ! Sans fortune, sans plaisirs, il attiroit chez moi la bonne compagnie; celui-ci l'auroit haïe et éloignée. M. Scarron avoit cet enjouement que tout le monde sait, et cette bonté d'esprit que personne ne lui a connue. Celuici n'a l'esprit brillant ni solide, ni badin; s'il parle, il est ridicule. Mon mari avoit le fond excellent; je l'avois corrigé de ses licences; il n'étoit ni fou ni vi cieux par le cœur ; d'une probité reconnue, d'un désintéressement sans exemple. C** n'aime que ses plaisirs, et n'est estimé que d'une jeunesse perdue; livré aux fem-versation qu'elle la présenta au mes, dupe de ses amis, haut, emporté, avare et prodigue; au moins m'a-t-il paru tout cela. » Ce refus fut blâme par quelques amis de Mad. Scarron Ninon l'approuva, Cette femme, dit-elle, vaut tous les marquis de France. Mad. Scarron fit solliciter long-temps et vainement auprès de Louis XIV, une pension dont son mari avoit joui comme malade de la reine. On présenta des placets. Le cardinal Mazarin en ayant lu un, demanda si la suppliante se portoit bien sur ce qu'on lui dit qu'oui; elle est donc inhabile, répondit il, à succéder à la pension d'un homme qui se portoit mal. Ne pouvant l'obtenir, elle résolut de s'expatrier. Une princesse de

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roi. On rapporte que le roi lui dit: Madame, je vous ai fait attendre long-temps; mais vous avez tant d'amis que j'ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous. Sa fortune devint bientôt meilleure. Mad. de Montespan 2 voulant cacher la naissance des enfans qu'elle alloit avoir du roi, jeta les yeux sur Mad, Scarron, comme sur la personne la plus capable de garder le secret, et de les bien élever. Celle-ci s'en chargea, et en devint la gou¬ vernante. Elle mena alors une vie gênante et retirée, avec są pension de deux mille livres sen lement, et le chagrin de savoir qu'elle ne plaisoit point au roi. Ce prince avoit un certain éloignement pour elle. Il la regak

doit comme une espèce de prude et comme un bel esprit ; et quoiqu'il en eût beaucoup lui-même, il ne pouvoit souffrir ceux qui vouloient le faire briller. Louis XIV l'estimoit d'ailleurs; il se souvint d'elle, lorsqu'il fut question de chercher une personne de confiance pour mener aux eaux de Barége le duc du Maine, né avec un pied difforme. Mad. Scarron conduisit cet enfant ; et comme elle écrivoit au roi directement, ses lettres effacèrent peu à peu les impressions désavantageuses que ce monarque avoit prises sur elle. Le petit duc du Maine contribua aussi beaucoup à le faire revenir de ses préventions. Le roi jouoit souvent avec lui, content de l'air de bon sens qu'il mettoit jusque dans ses jeux, et satisfait de la manière dont il répondoit à ses questions: Vous étès bien raisonnable, lui dit-il un jour ! Il faut bien que je le sois, répondit l'enfant ; J'ai une gouvernante qui est la raisoň même. Allez, reprit le roi, allez lui dire que vous lui donnez cent mille francs pour vos dragées. Elle profita de ces bienfaits pour acheter, en 1674, la terre de Maintenon, dont elle prit le nom. Ce monarque, qui ne pouvoit pas d'abord s'accoutumer à élle , passa de l'aversion à la confiance, et de la confiance à l'amour. Mad. de Montespan, inégale, bizarre, impérieuse, servit beaucoup par son carac tère à l'élévation de Mad. de Maintenon, qui, en détachant le roi d'une liaison criminelle, parvint à occuper dans son cœur la place qu'y tenoit Mad. de Montespan. Louis XIV lui donna la place de dame d'atours de Mad. la Dauphine, et peu de temps après il lui offrit celle de damé d'hon

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neur. Mad. de Maintenon la refusa, en faisant sentir au monarque que cette charge ne feroit qu'irriter l'envie contre elle. Quant à l'honneur que cette place me feroit, ne les ai-je pas tous dans l'offre que me fait votre majeste. Le roi fit de nouvelles instances, qui ne purent la déterminer à accepter. Puisque vous ne voulez pas, lui dit-il, jouir de mes graces; il faut du moins, Madame, que vous jouissiez de vos refus et après son diné, i en instruisit les courtisans. Louis XIV pensa bientôt à l'élever plus haut. Ce prince étoit alors dans cet âge où les hom→ mes ont besoin d'une femme, dans le sein de laquelle ils puissent déposer leurs peines et leurs plaisirs. Il vouloit mêler aux fatigués du gouvernement, les douceurs innocentes d'une vie privée. L'esprit doux et conciliant de Mad. de Maintenon, obligée de bonne heure par la pauvreté à se plier aux différens caractères, lui promettoit une compagne agréable et une confidente sûre. Le Père de la Chaise, son con fesseur, lui proposa de légitimer sa passion pour elle par les liens indissolubles d'un mariage secret, mais revêtu de toutes les forma lités de l'église. La bénédiction nuptiale fut donnée vers la fin de 1685, par Harlai, archevêque de Paris, en présence du con fesseur et de deux autres témoins. Louis XIV étoit alors dans sa 48e année, et la personne qu'il épousoit, dans sa 50. Ce mariage parut toujours problématique à la cour, quoiqu'il y en eût mille indices. Mad. de Maintenon entendoit la messe dans une de ces tribunes qui sembloient n'être que pour la famille royale; elle s'habilloit et sø

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déshabilloit devant le roi, qui l'appeloit Madame, tout court. Dans l'intérieur du palais, il n'étoit pas possible de méconnoître en elle l'épouse d'un roi. Elle ne se levoit qu'un instant quand Monseigneur ou Monsieur entroient. Les princes et les princesses du sang n'étoient admis dans son appartement que par des audiences demandées ou lorsqu'elle les envoyoit chercher pour leur faire quelque sèche réprimande. Jamais elle n'appela la duchesse de Bourgogne que Mignonne; et celle-ci ne la nommoit que ma Tante. On prétend même que le petit nombre de domestiques qui étoient du secret, lui rendoient dans le particulier des honneurs qu'ils ne lui rendoient pas en public, et qu'ils la traitoient de Majesté: ce qui paroît très-peu vraisemblable. La princesse de Soubise lui ayant écrit, et s'étant servie de la formule avec respect; Madame de Maintenon termina sa réponse par cette phrase: « A fégard du respect, qu'il n'en soit point question entre nous. Vous n'en pourriez devoir qu'à mon âge, et je vous crois trop polie pour me le rappeler. » Le bonheur de Mad. de Maintenon fut de peu de durée. C'est ce qu'elle dit depuis, elle-même, dans un épanchement de cœur : J'étois née ambitieuse, je combattois ce penchant quand des desirs que je n'avois plus furent remplis, je me crus heureuse; mais cette ivresse ne dura que trois semaines. Son élévation fut pour elle une espèce de retraite. Renfermée dans son appartement, elle se bornoit à une société de deux ou trois dames retirées comme elle; encore les voyoit-elle rarement. Louis XIV venoit tous les

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jours chez elle après son diné avant et après le soupé. Il y travailloit avec ses ministres, pen◄ dant que Mad. de Maintenon s'occupoit à la lecture on à quelque ouvrage de main, s'empressant peu de parler d'affaires d'état, paroissant même les ignorer, quoiqu'elles ne lui fussent pas indifférentes et qu'elle en dirigeât quelquefois le fil avec les ministres, et s'expliquant avec une réserve et un air de désintéressement qui écartoit toute apparence de concert entre elle et eux. C'est ainsi qu'elle influa dans le choix de certains ministres (Chamillart), et de quelques généraux ( Marsin ), ainsi que dans la disgrace de quelques autres (Vendôme et Catinat ). Le public lui reprocha ses fautes, que ses bonnes intentions ne pouvoient pas toujours faire excuser. Asservie aux volontés de Louis XIV dans tout le reste, elle fut en général uniquement occupée du soin de lui complaire ; et cette servitude continuelle dans un âge avancé la rendit plus malheureuse, que l'état d'indigence qu'elle avoit éprouvé dans sa jeunesse. Je n'y puis plus tenir, dit-elle un jour au comte d'Aubigné, son frère : Je voudrois être morte ! Vous avec donc parole, répondit d'Aubigné, d'épouser Dieu le Père l

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Que ne puis-je, dit-elle dans une de ses lettres, vous donner mon expérience ! Que ne puis-je vous faire voir l'ennui qui dévore les grands, et la peine qu'ils ont à remplir leurs journées! Ne voyez-vous pas que je meurs de tristesse, dans une fortune qu'on auroit eu peine à imaginer? J'af été jeune et jolie; j'ai goûté des plaisirs; j'ai été aimée par-tout. Dans un âge plus ayancé, j'al

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