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РОЁМЕ,

PAR MONSIEUR RACINE,
De l'Académie Royale des Infcriptions

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HUITIEME ÉDITION,
revue, corrigée, & augmentée
par l'Auteur.

Chez

BIBLIOTHECA

REGIA

A PAR MONACENSIS.

DESAINT & SAILLANT, rue S. Jean
de Beauvais.

DURAND, rue du Foin.

LE PRIEUR, rue S. Jacques.

M. D C C. LXIII.

Avec Approbation & Privilége du Roi.

EPISTOLA

DOMINI RASSINII, BENEDICTO XIV.

BEATISSIME PATER,

CHriftianus vates ad pedes Sanctitatis Vef

tra provolutus, munus offerre audeo, fi ex illo quem obtines dignitatis apice fpectetur, perexiguum, fi ex argumento, magnum. Verjus mei laudes Religionis fonant, quos ut Principi Ecclefia Paftori voveam, monet materia majeftas, fuadet permagna illius doctrina. celebritas, invitat fpectata benignitas quam à fummis Pontificibus multi jam experti funt Poëta Religiofi. Nemo nefcit à Leone X. nec non à Clemente VII. Sannazarium ob eximium Poëma, Litteris Apoftolicis fuiffe remuneratum. Cui vati fi carminum magnificentiâ,faltem Religionis fudio nequaquam cedo. In hanc enim propugnandum totus incubui adverfus illos homines, qui fuperbiâ inflati, & inani defipientes Philofophiâ, quidquid Sacra Fidei notaà fignatur, faftidiofe reji

ciunt.

Huic operi fubjungitur aliud, quod fi non multis ante annis in lucem fuiffet editum

TRADUCTION DE LA LETTRE

DE MONSIEUR RACINE,
A BENOIST XIV.
TRES-SAINT PERE,

UN Poëte Chrétien prosterné aux pieds de

Votre Sainteté, ofe lui offrir un préfent, que le haut degré de dignité dans lequel elle eft élevée, fait paroître très-médiocre, mais qui par le Sujet deviendra grand à fes yeux. C'est la gloire de la Religion que chantent mes vers. La majefté des chofes dont je parle m'infpire le deffein de les préfenter au premier Pafteur de l'Eglife : la grande réputation qu'il s'eft acquife par fes lumieres m'y encourage, & j'y fuis invité par cette bonté que les Souverains Pontifes ont déja témoignée aux Poëtes qui ont confacré leur plume à des Sujets faints. Perfonne n'ignore que Léon X. & Clément VII. voulurent bien par des Lettres Apoftoliques récompenfer le fameux Poëme de Sannazar. Je n'approche pas de Sannazar par la nobleffe des vers: mais je fuis certain de l'égaler par mon zéle pour la Religion. Je me fuis livré tout entier à l'ardeur de la défendre contre ces hommes enflés d'orgueil, & aveuglés par une vaine Philofophie, qui rejettent avec mépris tout ce qui eft marqué au fceau divin de la Foi.

Cet Ouvrage eft fuivi d'un autre, que j'aurois la même ambition de présenter à Votre

offerre Sanctitati Veftra eodem animo ambirem. In eo quippe Sanctorum Auguftini & Thoma de Gratia doctrina, tot Sedis Apoftolica, decretis firmata, tot Maximorum Pontificum Suffragiis confecrata, carminum vim & dignitatem, juvenis adhuc addere ftudui.

Si quod in his duobus Scriptis excidiffet imprudenti mihi verbum, Theologica diligentia minus, tanto Judice, confonum, Spondeo me libenter, Beatiffime Pater, ea carmina qua Sanctitati Veftra difplicuerint, quantumvis mihi arrideant, promptiffimâ deleturum manu. Chriftianum minimè juvat profana laus. Mihi fit laus maxima, Chrifti Vicario placere, & coronas, fi quas merui, ante tronum Sublimitatis Veftra mittere. Nulla quippe mihi fors videtur in terris optabilior, quàm illi me probare, qui celebrati meis verfibus divini Ecclefia fponfi, gerit in terris vices, fummumque illud dignitatis faftigium, ad Religionis decus, plaudente "Chriftiano orbe, eft confecutus. Hos animo penitus infixos fenfus habet Sanctitatis Veftra

Submiffimus & humilimus
Servus & in Chrifto Filius
RASSINIUS.

Parifiis Idibus Januarii 1743.

Sainteté, s'il n'avoit pas paru au jour depuis plufieurs années. Dans cet Ouvrage j'olai, quoique jeune encore, entreprendre d'ajoûter la force & la dignité des vers à la doctrine de faint Auguftin & de faint Thomas fur la Grace, doctrine confirmée par tant de décrets du Saint-Siége, & par les fuffrages de tant de Souverains Pontifes.

Si dans ces deux Poëmes il m'étoit échappé imprudemment quelques termes qu'un fi grand Juge ne trouvât pas conformes à l'exactitude Théologique, je m'engage fans peine à effacer d'une main prompte les vers mêmes qui flatteroient le plus mon amour propre, s'ils avoient le malheur de déplaire à Votte Sainteté. Ce n'eft point une gloire profane que doit rechercher un Chrétien : ma plus grande gloire eft celle de plaire au Vicaire de Jesus-Christ & de jetter mes couronnes, fi j'en ai mérité quelques-unes, aux pieds de fon trône. Je n'ai rien en effet à fouhaiter de plus avantageux pour moi fur la terre, que l'approbation de celui qui fur la terre tient la place de ce divin Epoux de l'Eglife que j'ai célébré dans mes vers, & qui remplit fi dignement la Chaire dans laquelle avec l'applaudiffement de tout le Monde Chrétien, il a été placé pour la gloire de la Religion. Tels font les fentimens que porte profondément gravés dans fon cœur, de Votre Sainteté,

TRES-SAINT PERE,

Le très-humble, très-foumis Serviteur,
Fils en Jefus-Chrift

A Paris le 11 Janvier 1743.

RACINE.

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