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val, de Pascal, de Fermat, de Wallis, de Barow, de Huygens, parmi les géomètres.

Enfin Leibnitz et Newton ouvrent la quatrième, par une invention qui change la face de toutes ces sciences. On voit que je veux parler du calcul différentiel ou des fluxions. Cette découverte avait à peine transpiré, que les deux frères Jacques et Jean Bernouilli se sigualèrent par les nombreuses applications qu'ils en firent aux problêmes les plus difficiles. Bientôt s'émeut entre Newton, Leibnitz et leurs partisans, ce fameux procès qui a si long-tems partagé les savans, pour savoir à qui devait appartenir la gloire d'une si belle invention. Il est suivi des combats que Jean Bernouilli soutint seul contre toute l'armée des géomètres anglais. L'histoire de cette découverte, de ces querelles, forme dans l'ouvrage, des espèces de scènes dra matiques, présentées avec tant d'art, et peintes d'un style si animé, qu'on trouverait à peine quelque chose de plus piquant dans les pièces de théâtre.

Les efforts rivaux de trois des plus grands géomètres du dix - huitième siècle, Ealer, d'Alembert et Clairaut, excitent un intérêt non moins attachant. On suit avec admiration leurs travaux dans les recherches les plus profondes de l'astronomie physique. Tous les trois en même tems, et sans s'être rien communiqué, s'occupent des inégalités du mouvement des planètes, des causes de leurs perturbations; et dans ce dédale obscur, où tant de routes se croisent, on les voit, soutenus par une constance opiniâtre, et guidés par le fil du génie, approcher sans cesse du but, et parvenir enfin à la lumière. Mais ce qui paraîtra sans doute étonnant, c'est que ces trois grands hommes se soient également trompés dans l'application de leurs formules sur le mouvement de l'apogée de la lune, et que cette erreur ait été sur le point de devenir fatale à l'attractiou newtonienne. Déjà Clairaut, dans une assemblée publique de l'académie des sciences, avait annoncé qu'il fallait une correction à la loi de la raison inverse du quarré des distances. Heureusement il s'aperçut bientôt de la faute qu'il

avait commise dans l'évaluation de sa série. Euler et d'Alembert firent de leur côté la même remarque. Alors, dit M. Bossut, l'attraction fut rétablie dans les espaces célestes, d'où les cartésiens avaient espéré de la voir bannie.

L'auteur de l'Essai ne se borne pas à nous exposer les découvertes des géomètres; comme Plutarque, il ne manque guères l'occasion de nous faire connaître leurs caractères, et souvent un mot lui suffit. Une courte réponse qu'il rapporte de Fontenelle peint d'un seul trait cet homme célèbre. Un ardent défenseur de l'allongement de la terre, avait fait un ouvrage où il croyait avoir réfuté victorieusement l'opinion contraire. Cependant avant de le publier il voulut avoir l'avis de Fontenelle qui, après avoir lu son manuscrit, lui conseilla de le faire imprimer. Celui-ci un peu indécis, un peu incertain de l'opinion du juge, lui dit après un moment de silence: Vous me donnez, monsieur, un conseil que vous n'avez pas suivi pour vous-même; on a beaucoup écrit contre vous, et vous n'avez jamais répondu. Oh! répliqua finement le secrétaire de l'Académie des sciences, je n'étais pas si sûr que vous d'avoir raison.

Qu'on nous permette de citer encore le rapprochement que fait M. Bossut de Clairaut et de d'Alembert. Comme ce morceau est un peu long, il servira à faire connaître la manière de l'auteur.

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Quelques disciples de Clairaut un peu trop › zélés pour la gloire de leur maître, allèrent jusqu'à dire » que sa solution du problême des trois corps, avait sur » toutes les autres un avantage particulier, qui la rendait » seule facilement applicable au mouvement des comètes. » Cette assertion que Clairaut avait la faiblesse d'appuyer sourdement, était une injustice révoltante envers › Euler et d'Alembert. Le géomètre étranger ne la releva point, uniquement occupé de la question même sur laquelle il composa une excellente pièce couronnée con» curremment avec un nouveau mémoire de Clairaut, par » l'Académie de Pétersbourg en 1762. D'Alembert vivant » au milieu du tourbillon de Paris, ne put montrer la

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» même indifférence; il fit voir que non seulement la » solution analytique de Clairaut n'avait pas l'avantage ex»clusif qu'on voulait lui attribuer; mais qu'elle était même » incomplette, ou du moins d'un usage très- incommode, » et peu exacte dans certaines parties de l'orbite de la » comète. Il poussa encore plus loin sa critique ; et re» montant jusqu'aux principes de cette solution, il y fit re» marquer des défauts essentiels, même pour le mouve»ment des planètes. Quant au problême des comètes, il » le traita par une méthode très-simple, très-complette » et à l'abri de toute objection. Mais trop livré à son goût pour les recherches spéculatives, et redoutant le pénible travail des applications numériques, il s'était » laissé ravir dans cette occasion, comme il a fait dans beaucoup d'autres circonstances, la gloire de montrer » une grande utilité pratique de la géométrie. Clairaut » moins fécond en découvertes analytiques, mais plus » adroit à saisir les moyens d'exciter les applaudissemens » publics dont il était fort avide, dirigeait ordinairement » ses travaux vers des objets dont un grand nombre de » personnes pouvait apprécier, sinon la théorie, au moins » les résultats. Il travaillait ses ouvrages avec le plus » grand soin, et presque toujours il leur donnait toute la perfection dont ils étaient susceptibles. Aussi a-t-il joui » de son vivant même, de la plus haute réputation. Son » caractère doux, sa politesse et l'extrême attention qu'il

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avait de ne blesser l'amour - propre de personne, le » faisaient rechercher de tous côtés dans le monde. Par » malheur pour les sciences, il se livra trop à cet empressement. Engagé à des soupers, à des veilles et à » un genre de vie qu'il voulait et ne pouvait concilier avec > ses travaux ordinaires, sa santé s'altéra, et il mourut » jeune encore, quoiqu'il fût d'ailleurs d'une bonne cons»titution physique. D'Alembert, fort de sa propre supé» riorité, dédaignait les louanges de tradition, et non sen»ties. Excellent homme, ami tendre et compâtissant,

» bienfaiteur généreux, il eut toutes les vertus essentielles. » Les défauts qu'on lui a reprochés, avaient leur source » dans un fond de gaîté et de plaisanterie auquel il s'a> bandonnait quelquefois, sans garder les mesures de la » modération et de la prudence. Il éconduisait par un accueil glacial les flatteurs ou les importuns qui venaient l'obséder; j'aime mieux, disait-il, être incivil qu'ennuyé. » Ne demandant jamais rien aux hommes en place, il s'était réservé le privilége qu'il possédait au plus haut » degré, de leur donner finement des ridicules lorsqu'ils » le méritaient. Avec de tels principes et une telle con

duite, il se fit un monde d'ennemis. Quelques gens de » lettres bas et jaloux, ne lui pardonnaient point de vou> loir partager leurs travaux et leurs lauriers: ils auraient » respecté en lui le grand géomètre seul; ils cherchaient à rabaisser le littérateur devenu leur rival; et parce » qu'il n'était peut-être pas au premier rang dans cet ordre des facultés humaines, l'envie tentait de faire » croire qu'il n'y était pas non plus dans l'autre. Raison»nement sophistique et insigniffant; on aurait dû au con

traire plutôt conclure, que ce passage des épines de la » haute géométrie aux fleurs de la littérature, marquait » la flexibilité d'un génie du premier ordre, dont le talent » principal se portait aux sciences exactes. »

L'ouvrage de M. Bossut se termine aux années 1782 et 1783, années funestes, où les sciences eurent le malheur de perdre Daniel Bernouilli, Euler et d'Alembert. Il lui reste à parler des mathématiciens vivans; c'est un complément que le public attend avec impatience. On est bien sir, d'après le caractère connu de l'auteur, qu'il montrera dans cette partie délicate de son travail, la même impartialité, la même justice qu'il a observées dans celle qui est entre les mains du public.

On trouve à la fin du second volume, le discours sur la vie et les ouvrages de Pascal, que l'auteur publia pour la première fois en 1779, à la tête d'une édition qu'il fit

des œuvres de ce géomètre. Ce même discours fut réimprimé séparément en 1781. On se rappelle l'applaudissemeut avec lequel cet ouvrage fut accueilli par le public; il y a tout lieu de croire qu'il n'aura pas aujourd'hui moins de succès. BEAUDEUX, prof. de math.

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DICTIONNAIRE FORESTIER contenant le texte ou l'analyse des lois ou instructions relatives à l'administration des forêts, avec les formules des différens actes, et les principes de la botanique et de la physique, appliqués à la connaissance des arbres, de leurs usages économiques, et des meilleures méthodes de culture, d'aménagement et d'exploitation des bois; par CH. DUMONT, directeur de l'envoi des lois, etc. Deux volumes in-8°. Prix, 8 francs, et 10 fr., franc de port. A Paris, chez Garnery, libraire, ancien hôtel de Mirabeau, rue de Seine.

Il y a bien des années qu'on a commencé à gémir de la destruction des bois. Mais lorsqu'une fois la révolution est venue, et qu'on a vu chaque acquéreur se hâter de jeter à bas non-seulement les bois, mais encore les arbres d'agrément, les arbres isolés, ces arbres qui en décorant tant de retraites délicieuses, ornaient tout le pays par leur grandeur et leur beauté, alors on a été saisi d'un véritable effroi ; on a craint non-seulement de manquer de bois en peu d'années, mais encore de voir se tarir toutes les sources fécondantes de l'agriculture. Des agriculteurs célèbres ont donné l'éveil ; l'administration l'a entendu ; et le zèle d'un ministre éclairé (François de Neufchâteau) a provoqué des mesures, a répandu des lumières dont nous commençons à sentir les bons effets. Au moins. est-il certain que la mode de replanter a succédé chez nous à celle d'arracher, et que les particuliers dans leurs

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