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fête triomphale qu'il chanta et à laquelle son poëme sur la peinture fournit pour devise ce vers heureux :

« Les arts cherchent la terre où croissent les lauriers. >

Il dit que les tems de jouir des bienfaits des arts sont arrivés avec la paix; il énumère les peuples qui se sont réconciliés.

ALBION manquait seule à tant de noms fameux:
Hélas! erreur commune aux rivaux généreux!
Plus ces rivaux sont grands, plus la paix est tardive:
Mais quand de l'olivier l'heurense époque arrive,
La guerre en expirant, pour laver ses forfaits,
Lègue à son dernier jour sa constance à la Paix.
FRANÇAIS! ANGLAIS! pourquoi, martyrs d'un vain courage,
Vous charger des destins de Rome et de Carthage?

A la gloire tous deux vous avez même part:
N'avez-vous pas tous deux épouvanté César?
Contre les Sarrazins déployant vos bannières,
Ensemblé défendu les tombeaux de vos pères ?
La Neustrie a fourni des mères à vos fils;
L'Armorique a reçu les enfans de l'Isis;
Quand la Croix dépeupla notre Europe alarmée,
Vous mourûtes ensemble aux champs de l'Idumée :
Même amour pour les Arts et pour la Liberté,
Mêmes vœux pour la gloire.et l'immortalité >
Egal attachement aux droits de la Patrie,
Philosophie égale et pareille industrie,
Ambition, grandeur, infortunes, succès,

ANGLAIS, tout vous forma les frères des FRANÇAIS.
Soyez-le pour toujours: et nous donnons l'exemple.
Enfans des Arts! vos cœurs de l'honneur sont le temple;
Soyez le premier noeud de ces nœuds solennels,
Et de l'auguste Paix les garans éternels.
Célèbre WEST! allez, portez à l'Angleterre
L'affection, l'espoir, les vœux de notre terre.
Si la guerre jamais rallumait ses flambeaux,
Convoquez vos Bretons autour de vos Tableaux;
Montrez, Peintre savant, à leur ame attendrie
Le sang que les combats coûtent à la Patrie;
Offrez à leurs regards ce Wolff, si jeune encor
Frappé loin de leurs bras au ciel du Labrador;

Montrez-leur les tyrans enfantés par la guerre:
Et Tacite nouveau, ressuscitant Tibère,

Trainez-les sur les pas de la sœur de DRUSUS,
Et

que leurs pleurs encor vengent GERMANICUS.
Est-ce aux rivalités que l'ANGLAIS sacrifie?
D'un effroi généreux étonnez son génie!
Déroulez REGULUS, fameux par ses bourreaux,
Fameux par sa vertu, fameux par vos pinceaux:

Tous vos chefs-d'œuvres, WEST, auront même éloquence. Il en est un pourtant dont ma fierté s'offense:

Que dis-je? Le FRANÇAIS, quand il brisa ses fers,

En effaçant le trône, effaça ses revers.

Nommons donc sans rougir, cette rage navale,
Bataille de la HOGUE, aux deux Peuples fatale.
Partisans des combats! contemplez ces vaisseaux,
Ministres du trépas, ensanglanter les flots.
Voyez leurs vastes flancs tourmentés par l'orage,
Vomir l'éclair, le feu, la foudre et le carnage;
Voyez de ces volcans sur les mers balancés
Les immenses débris jusques au cieux lancés,
Par leur horrible choc redoublant l'épouvante,
Retomber écrasés sur la vague écumante.

O WEST! de ce Tableau si leurs cœurs sont émus
Offre ton AGE D'OR à leurs yeux éperdus;
Dis-leur: Voilà les jours créés par la Nature,
Les beaux jours de la paix et de l'agriculture,
Les jours de la vertu, des talens et des mœurs,
Etrangers aux remords, étrangers aux douleurs.
Puissent ainsi les Arts, en charmant notre vie,
Etre à jamais les fils de la philosophie!

O WEST! que les Anglais, par un noble laurier,
De leurs peintres, en toi, couronnent le premier.
La France applaudira. Milton de la Peinture!
Tes travaux passeront à la race future.
Restaurateur d'un Art si chéri d'Albion,
L'équitable avenir consacrera ton nom :
Et ne séparant plus la France et l'Angleterre,
Mêlant dans son estime et l'une et l'autre terre,
Si la postérité sent le besoin des Arts,

Et reconnaît dans Londre, aux chefs-d'œuvres épars,

Les progrès de l'Ecole à tes leçons soumise,
Elle t'appelera le VIEN de la Tamise.

C'est le 7 vendémiaire que cette fête privée de la paix ́s'est donnée et que les convives des deux nations se sont mutuellement chargés d'en faire partager le sentiment à ceux de leurs compatriotes qui cultivent ou qui aiment les arts, les lettres et la raison. J'acquitte, en le publiant, cet engagement que j'ai eu deux fois le plaisir de con

tracter.

L. B.

LITTÉRATURE. — ARCHÉOLOGIE. LETTRE au C. CHAPTAL, ministre de l'intérieur, membre de l'Institut national des sciences et arts, etc., au sujet de l'Inscription égyptienne du monument trouvé à Rosette, par A. I. SYLVESTRE DE SACY, ci-devant associé de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, de la Société royale des sciences de Gottingue, et professeur de langue arabe à l'Ecole spéciale des langues orientales vivantes. A Paris, de l'imprimerie de la République. Brochure in-8° de 47 pages, avec deux planches gravées. An X. (1802, v. s. ).

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CETTE célèbre inscription qui contient, comme nous avons déjà eu occasion de l'annoncer, un décret des prêtres égyptiens en faveur de Ptolémée, surnommé Epiphanes, le cinquième des rois Ptolémées, est gravée sur une pierre et répétée en trois langues ou caractères différens, savoir en caractères sacrés, en caractères du pays, et en caractères grecs. Cette circonstance avait très heureuse paru aux savans, et leur avait fait naître l'espérance qu'on pourrait avec le secours de l'inscription grecque parvenir à déchiffrer les deux autres, tant celle qui est tracée en caractères sacrés que celle qui l'est en caractères du pays ou populaires. Le C. Sylvestre de Sacy, un de nos meilleurs orientalistes, et qui a donné depuis long-tems des

preuves de son savoir en ce geure par des ouvrages généralement estimés, s'est essayé sur l'inscription écrite en caractères du pays ou locaux, comme il s'exprime luimême. C'est le résultat de son travail qu'il présente ici au public. Nous allons tâcher d'en donner un précis aussi clair et en même tems le plus succinct qu'il nous sera possible. La première opération qu'a faite le C. de Sacy, a été de tâcher de découvrir dans l'inscription égyptienne, par ces moyens de calcul et de combinaison auxquels on a recours en pareil cas, quelques-uns des mots correspondans à ceux qui se trouvent dans l'inscription grecque. Bientôt les noms d'Alexandre, d'Alexandrie, ceux de Ptolémée, d'Arsinoë et d'Epiphanes se sont offerts à ses yeux sous des traits qui ne permettaient pas de les méconnaitre. Le nom de Ptolémée y est répété plus de douze fois. Il est vrai qu'il y paraît sous celui d'Aftouolmia. Mais ce déguisement n'en est point un pour ceux qui sont initiés dans l'étude des langues orientales. Si quelqu'un, par exemple, était surpris de voir un alef à la tête d'un mət qui représente Ptolémée, le C. de Sacy lui répondrait qu'il est là pour sauver aux oreilles orientales le déplaisir que leur fait éprouver un mot qui débute par deux consonnes comme Пodes; qu'ils ont coutume d'ajouter cette lettre aux mots qu'ils empruntent du grec ou de quelque'autre langue, quand ces mots ont deux consonnes au commencement; c'est ainsi que de erwa, les Syriens font estono, de axua, eschimo, de croyyókos, estranghelo; que les Arabes disent aflatoun, pour Platon, iklim et ostoum pour Kλipa et oriμa. L'aversion des Arabes, continue le C. de Sacy, ', pour ce concours de deux consonnes à la tête d'un mot, est telle qu'ils ajoutent toujours dans ce cas une voyelle avant la première consonne, ou entre la première et la seconde. Ainsi, quand les Maures en Espagne écrivaient l'espagnol en caractères arabes, ils mettaient garan, pirimero, porovicion, taravajo, teres, balanco, pour gran, primero, provicion, travajo, tres, blanco.

Pourquoi, dira-t-on peut-être encore, et avec une sorte

de raison, pourquoi voyons-nous dans ce mot aftoulmia un ƒ ou un remplacer le П du nom grec Пroxiμalos. C'est, répond le C. de Sacy, que dans la langue de notre inscription réputée égyptienne, il n'y avait point de caractère analogue au des Grecs, et qu'on était obligé d'y suppléer par un fe ou un pha. C'est pour la même raison qu'on ne lit pas dans cette même inscription Epiphanès, mais Ephiphanès. Les Hébreux ne l'écrivaient pas, autrement. Il n'y a donc aucun doute que le mot aftouolmia qui reparaît si souvent dans l'inscription égyptienne, ne représente celui de Ptolémée de l'inscription grecque. Le C. de Sacy se flatte d'avoir découvert encore dans l'inscription égyptienne, outre cinq mots, Alexandre, Alexandrie, Ptolémée, Arsinoë, Epiphanes, les noms d'Isis, et d'Osiris. Il pense que le mot Osiris est un mot qui s'est altéré en passant de la langue égyptienne dans celle des Grecs, et que la prononciation primitive pourrait être · Osinis ou Osnéh, car c'est ainsi qu'il a lu dans l'inscription. Ici ce savant s'engage dans une discussion où le savoir, la sagacité et les lumières d'une saine critique se réunissent pour donner presque le caractère d'une vérité ́démontrée à ce qu'il veut bien ne présenter que comme une conjecture. Le C. de Sacy a de plus remarqué ua mot qui revient très-souvent, et qui lui paraît répondre à la conjonction et. Il croit aussi avoir entrevu quelques indices du mot Xantique, nom d'un mois macédonien qui se trouve dans l'inscription grecque. Ces mots, les seuls qu'il ait pu découvrir, lui ont fourni un certain nombre de caractères, savoir : l'a ou l'aleph, la lettre 7, la lettre e, le noun ou la lettre n, le daleth ou le d, le resch ou l'r; l'iod; le fe des Coptes ou le phi des Grecs, le teth hébreux ou samaritain, le vau, le mem, le schin ou le samech pliénicien, et enfin le des Grecs.

Ces donze ou treize caractères sont bien éloignés du nombre nécessaire pour former l'alphabeth de cette langue inconnue, qu'il serait si intéressant de retrouver. Le C. de Sacy avait cru d'abord que l'inscription sur laquelle il s'est

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