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sont successivement plus courts; on pourrait les considérer comme une main, car ils sont propres à saisir les objets, et l'animal s'en sert à la manière des singes. Les cuisses et les jambes de derrière sont extrêmement fortes et longues; les pieds posent à terre dans toute leur longueur; ils sont calleux, noirâtres et grenus en dessus; ils semblent, à la première vue, n'avoir que trois orteils, celui du milieu armé d'une griffe très-longue, l'extérieur muni également de la sienne, mais beaucoup moins longue, et l'intérieur cachant sous une peau commune deux petits orteils accompagnés de leurs griffes, mais si serrées l'une contre l'autre qu'elles paraissent n'en former qu'une seule fendue en deux. La queue, presque aussi longue que le corps, est très-épaisse vers la racine; elle va en diminuant et se termine en pointe. La robe de l'animal est un poil doux et épais, brun sur le dos comme celui du lapin sauvage et qui passe graduellement à une teinte blanchâtre sous l'estomac et le ventre.

Mais l'organe le plus remarquable dans cette espèce d'animal est la poche, ou réceptacle des petits, qui appartient à la femelle (1). Cette poche est située sous son bas ventre; elle est grande, profonde, et cache deux mamelles munies chacune de deux tettes. Chaque portée est d'un seul petit, du moins on n'a pas encore observé que la femelle en fit davantage à la fois. Quand il commence à s'établir dans la poche, il est d'une singulière petitesse; on en a vu qui n'étaient pas plus gros qu'une noix. « Tous » les petits kanguroo que l'on m'apportait chez moi, dit » M. White, et il s'en trouvait de la grosseur d'un chat, » avaient plus ou moins les caractères d'un fœtus: la peau »nue, les oreilles pendantes et closes contre la tête, au» cune marque sous les pieds qui indiquât qu'ils s'en fus>> sent servi pour marcher; des deux côtés de la bouche, » les lèvres étaient jointes comme les paupières d'un chien

(1) Le docteur Shaw a placé le kanguroo à la suite des oppossum à cause de cet organe commun à ces deux genres d'animaux.

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qui vient de naître; elles laissaient seulement un passage » sur le devant. Ce passage s'élargit à mesure que l'animal » grossit, et quand il est à peu près de la taille d'un petit lapin, la jointure des deux lèvres disparaît entièrement.» Le capitaine Phillip a donné, dans la relation de son voyage à Botany-Bay, les dimensions d'un kanguroo adulte; les voici longueur du bout du nez à celui de la queue, six pieds un pouce ; de la queue seulement, deux pieds un pouce ; de la tête, huit pouces ; des jambes de devant, un pied; des jambes de derrière, deux pieds huit pouces. Circonférence du corps prise à la racine des jambes de devant, un pied un pouce ; de la partie postérieure du corps, trois pieds deux pouces. Le plus gros individu qui ait été tué pendant son séjour à Botany-Bay, pesait cent quarante livres; mais il ajoute qu'il en a été observé une autre espèce moins grande, dont le poids n'excède pas soixante livres, qui a le poil rougeâtre, la tête petite et qui habite les hauteurs.

Quand le kanguroo est en repos, il se tient sur ses pieds de derrière, le corps droit, les pieds de devant repliés sur sa poitrine et la queue étendue sur la terre ; quand il veut paître, car il ne se nourrit que de substances végétales, alors il descend sur ses pieds de devant; s'il marche pour chercher sa pâture, il fait de petits pas, jetant ses pieds deux à deux et paraissant se servir aussi de sa queue comme d'un point d'appui.

Cependant le kanguroo est très-agile, et sa vélocité à la course est aussi surprenante que ses moyens sont extraordinaires. Reprenant sa première position, le corps droit, les pieds de devant repliés contre sa poitrine, il fait sur ses pieds de derrière des pas ou plutôt des sauts de vingthuit pieds d'étendue, selon qu'il est pressé par le besoin. Dans cette circonstance, dit M. White, sa vitesse est à celle du lévrier comme la vitesse du lévrier est à celle du chien ordinaire. « On prétend, ajoute-t-il, que dans ses » élans il s'appuie sur sa queue qui est très-forte, mais je » crois que c'est une erreur; la queue à l'endroit où elle » ferait des efforts sur la terre, serait vraisemblablement

» calleuse, ou du moins dégarnie de poils, et il n'en est >> rien. » Il semblerait de là que sa véritable fonction dans la course est de servir de contre-poids au corps.

Du reste les kanguroos en usent comme d'une arme offensive et c'est la seule que leur ait donné la Nature. On en a vu qui, poursuivis par des chiens vigoureux, leur en appliquaient des coups si serrés, qu'ils les obligeaient de se désister de leurs attaques.

Ces animaux sont d'un caractère très-timide; le moindre bruit attire leur attention. On rapporte qu'ils paissent en troupes de trente à quarante, et qu'il y en a toujours un qui se place à une certaine distance des autres, comme une sentinelle, pour veiller à la sureté commune. Les femelles portent long-tems leurs petits dans la poche ; ils y restent jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à une grosseur assez considérable : dans cet état ils mettent la tête dehors pour brouter l'herbe qui se trouve à leur portée, et longtems après qu'ils ont été accoutumés à en sortir, ils s'y réfugient encore dans l'occasion.

en état

Le docteur Shaw a observé que cet animal, de captivité, a une singulière manière de se défeudre quand il est attaqué se dressant sur la base de sa queue, posant les pieds de devant sur un appui élevé, il lance en avant ses pieds de derrière et en frappe à coups redoublés.

Les kanguroos, que l'on conserve dans le parc de Richemoud, s'y sont naturalisés jusqu'à un certain degré ; ils ont produit des petits, et l'on doit espérer qu'ils sont désormais pour l'Angleterre une acquisition permanente.

Le couple qui nous est échu en partage est très-familier et très-doux. Le C. Dufresne soupçonne que la femelle est pleine depuis peu, parce qu'elle permettait auparavant qu'on lui passât la main dans la poche, et qu'à présent elle en défend l'entrée. Ils ne sont pas l'un et l'autre d'une grande taille, mais on croit qu'ils ne sont pas encore arrivés au dernier terme de leur croissance.

G. T.

SCIENCES MORALES ET POLIQUES

MOYENS de perfectionner le Jury, par N. F. Canard, ancien professeur de mathématiques à Moulins. Ouvrage couronné par l'Institut national dans sa séance publique du 15 germinal an 10. A Moulins, chez Vidalain, imprimeur-libraire; et se vend à Paris, chez Delalain fils, libraire, quai des Augustins, et Rondonneau, place du Carrousel. A Lyon, chez Tournachon - Molin, GrandeRue-Mercière. Un volume in-12.

Nous avons rendu un compte si étendu (1) du mémoire du C. Bourguignon sur les moyens de perfectionner le jury en France, que le fond de la question est connu. Il ne nous reste qu'à exposer la marche qu'a suivie le C. Canard Les deux auteurs doivent inspirer le même intérêt, puisqu'ils cherchent la solution des mêmes difficultés et que l'Institut leur a déféré le même honneur, la même récompense.

Le C. Bourguignon a considéré d'abord le jury dans ses rapports politiques, puis en lui-même et dans les qualités des jurés. Il a ensuite proposé d'améliorer la procédure criminelle dans laquelle il paraît très-versé.

Le C. Canard ne possède peut-être pas aussi bien toute la question. En général c'est moins par des connaissances positives que se recommandent ses mémoires couronnés, que par la force de son esprit et la puissance de la méthode d'analyse.

Il considère le jury dans le but direct que doit se proposer cette institution et dans les moyens d'atteindre ce but. L'impunité reproduit le crime, il est donc nécessaire de le réprimer. De cette nécessité dérive celle d'acquérir la certitude du crime pour le punir et en arrêter les

(1) Dans la Décade du 20 vendémiaire.

désordres. Mais cette certitude ne peut pas étre fondée sur l'évidence, car l'évidence proprement dite, n'est pas de la nature des faits moraux. Il faut se contenter de probabilités: elles seules forment la certitude morale. Cependant comme il s'agit de la vie et de l'honneur des hommes, on ne doit pas s'arrêter à des degrés de probabilité insuffisans. Quelle est donc la certitude morale nécessaire pour absoudre ou condamner? Quels sont les moyens d'arriver à cette certitude? Ces deux questions renferment le principe de l'institution du jury et la science des jurés.

La science des jurés n'est que la connaissance de l'homme en société. Cette connaissance appartient à tous les hommes; l'intérêt personnel y conduit nécessairement et l'expérience rectifie sans cesse les erreurs qu'on y commet. Elle est plus ou moins parfaite dans chaque individu, selon qu'il a plus ou moius de sagacité et d'expérience. Tout homme peut donc être juré, mais plus ou moins bon juré. Il y a quelques motifs d'exclusion que l'auteur indique.

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Dans le plan du C. Canard la théorie de la certitude. morale ou de la probabilité était la base qu'il fallait commencer à établir. C'est aussi l'objet de la première partie de son mémoire. Voici en peu de mots le précis de cette théorie la certitude morale se compose d'une infinité de probabilités, comme ou dit en géométrie, » qu'un solide est composé d'une infinité de cubes élé» mentaires infiniment petits. » Tout fait probable renferme des probabilités contraires. Il n'y a que la certitude absolue, mathématique, qui réunisse toutes les probabilités, parce qu'elle contient l'impossibilité que la chose soit autrement. Ainsi dans l'ordre moral un fait n'est moralement certain que lorsque le nombre des probabilités pour est beaucoup plus grand que celui des probabilités contre. La certitude du jury est le résultat de toutes les masses de probabilités qui aboutissent au fait sur lequel il a à prononcer. Elle se forme successivement et

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