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ce qui pouvait augmenter ses connaissances, ses talens acquis, et contribuer à remplir le but principal de son voyage relatif au perfectionnement de la marine da vise. Il passa trois ans en Italie, et reçut à Florence en 1737 l'ordre de passer en Egypte. Il y resta pendant près d'un an, revint à Livourne en 1738, et après avoir fait un tour à Venise où il séjourna peu de tems, il retourna par terre dans sa patrie.

Il servit en 1740 et 1741 sur les escadres anglaises avec quelques autres officiers danois, en qualité de volontaire et avec le grade da capitaine de vaisseau, dans la guerre qui s'était allumée entre l'Angleterre et l'Espagne. De retour à Londres où il fut reçu membre de l'Académie des sciences, sa santé naturellement délicate, minée par trop d'application au travail, et par les fatigues de la guerre et de la mer, s'affaiblit considérablement; il fut attaqué de la consomption, et en danger de perdre la vie. Il passa en France pendant l'été de 1742, dans l'espoir de se rétablir par le changement de climat, et de visiter ensuite nos côtes et nos ports; mais s'étant rendu d'abord à Paris, une nouvelle attaque du même mal l'y enleva le 22 septembre suivant.

Il avait revu et retouché les dessins qu'il avait faits en Egypte, et commencé à traduire lui-même de danois en français son journal, ses observations et ses remarques. A sa mort, il remit tous ces riches matériaux dans des mains sures et fidelles. Le roi chargea des membres de l'Académie des sciences de Coppenhague de mettre la dernière main à l'ouvrage. Les dessins furent gravés par le célèbre Marc Tuscher de Nuremberg. Ce travail exigea plusieurs années. L'édition parut enfin en 1752 et 1755 à Coppenhague, en deux volumes, grand in-folio. Le savant Templeman en a donné une traduction anglaise aussi en deux volumes in-folio, Londres, 1757. Il s'est servi des cuivres de l'édition française. La rareté de ces deux éditions, la concurrence des amateurs, des savans et des artistes, les avaient fait monter à un prix exorbitant, et

cependant elles étaient remplies l'une et l'autre d'un grand nombre d'imperfections. Presque tous les noms de Heux y sont défigurés, et souvent méconnaissables. Malgré l'exactitude habituelle du célèbre voyageur, il s'était glissé quelques erreurs dans ses descriptions; enfin les nouvelles lumières acquises sur l'Egypte rendaient plus sensibles des omissions graves, et faisaient une loi de les réparer.

D'autres voyageurs ont vu et décrit Alexandrie, le grand Caire, Djyzeh ou l'ancienne Memphis, et toutes les parties de l'Egypte qui environnent ces grandes villes ou qui se trouvent placées de l'une à l'autre. Mais Norden entreprit de visiter la Haute-Egypte ; il remonta le Nil jusqu'à Eçouân, et de là à la grande cataracte, d'où son projet était de s'élever jusqu'à la seconde mais des difficultés insurmontables l'arrêtèrent à Derry. Il revint de la même façon au Caire, rectifiant ses observations, ses plans et ses dessins. Il employa trois mois à cette expédition, et l'on a jour par jour tout le journal de son voyage, le nom des moindres villages qui bordent les deux rives du Nil, la description des monumens qui s'y trouvent, celle des magnifiques ruines qui gissent ou sont encore debout au milieu de vastes déserts, et que n'a pu détruire le tems qui depuis tant de siècles a fait disparaître d'autour d'elles toutes traces d'habitation humaine.

Le travail du C. Langlès sur ce voyage déjà si intéressant par lui-même, y ajoute un très-grand prix. Il ne s'est pas borné à rectifier, éclaircir ou suppléer par des notes concises, placées au bas des pages, ce qui pouvait être inexact, obscur ou insuffisant dans le texte. Plusieurs points d'antiquités et d'érudition historique, qui n'étaient en quelque sorte qu'indiqués, ont été pour lui le sujet de plusieurs dissertations savantes, qui sont elles-mêmes d'importans ouvrages.

La première parut, dès l'an III, à la fin du second volume: elle a pour objet la statue parlante de Memnon. L'auteur y a pris pour base une dissertation latine de

Jablonski sur ce monument célèbre. La sienne est divisée en neuf chapitres, où il examine successivement toutes les questions que ce sujet présente. La statue colossale appelée statue de Memnon par les Grecs, qui rendait un son au lever du soleil, et qui existe encore mutilée près de Thèbes dans la haute Egypte, était celle d'Amenophis, soit qu'elle eût été élevée à l'un des quatre rois égyptiens qu'on croit avoir porté ce nom, soit que, suivant l'opinion de Jablonski, ce nom d'Amenophis ait été purement symbolique, relatif à quelques-uns des attributs d'une divinité représentée par ce colosse, et que, suivant l'usage du pays, un ou plusieurs rois d'Egypte aient ensuite adopté ce surnom par respect pour la divinité symbolique qui le portait. Cette statue fut mutilée, il y a plus de 2300 ans (1), par l'ordre de Cambyse, lors de son expédition en Egypte, vers l'an 524 (2) avant l'ère vulgaire. Une partie est encore sur pied, et l'autre est dispersée par terre autour de la base. Le son vocal qu'elle rendait, même depuis sa mutilation, ne peut avoir été qu'une jonglerie des prêtres; et ce qui le prouve, c'est qu'elle est devenue muette positivement à l'époque où les empereurs chrétiens ont aboli le culte égyptien, et que la statue a perdu sa voix en même tems que les prêtres ont été dépouillés de leur autorité et de leurs richesses.

Ce qu'il y a de certain, c'est que l'ancienne Egypte lui rendait un culte religieux, et plusieurs des inscriptions. grecques et latines qui y sont gravées prouvent que plus d'un siècle après la naissance de J. C. elle jouissait encore des honneurs divins. Quelle peut avoir été la destination primitive de ce colosse? Etait-ce une représentation symbolique du jour que les prêtres égyptiens disaient pa

(1) Il y a dans le texte plus de treize cents ans. Ce n'est qu'une faute typographique, et probablement un 2 pris pour un 1 dans le manuscrit de l'auteur.

(2) Dans le texte 224, par une erreur du même genre que la précédente, un 5 pris pour un 2 par les imprimeurs.

rent d'Osiris ou du soleil ; ou une figure emblématique de l'Egypte même, que ses habitans auraient pu regarder comme fille du jour; ou enfin un emblême du Nil? Une opinion plus probable est que la statue d'Amenophis ou Memnon, conformément à l'ingénieux systême de Dupuis dans son Origine de tous les cultes, était l'emblême du soleil, de sa vertu ou de quelques-unes de ses relations avec la terre. Le C. Langlès pense qu'elle était consacrée au soleil du printems, ou autrement que c'était un personnage symbolique imaginé par les prêtres égyptiens pour représenter le printems ou l'équinoxe de cette saison. Les raisons dont il appuie cette opinion lui donnent une grande vraisemblance; et il observe en finissant que quoiqu'elle servit ainsi de gnomon dans toute sa masse, rien n'empêchait que son stylobate ne fût en même tems uu nilomètre, comme Bruce l'a prétendu.

Toutes les autres notes ou dissertations sout à la fin du troisième volume: elles sont au nombre de douze, et roulent toutes sur des sujets plus ou moins importans.

Dans la première, le C. Langlès soutient et nous pareit prouver contre l'opinion généralement reçue, que la ville d'Alexandrie ne fut point fondée par Alexandre, et que ce conquérant ne fit que relever les ruines et changer le nom d'une des plus anciennes et des plus grandes villes de l'Egypte. Il s'appuie sur le témoignage formel et presque unanime des écrivains arabes, sur celui des monumeus encore existans, et sur des raisonnemens qui ont pour base les notions positives qu'on nous a conservées de l'ancienne Egypte. L'ancienne ville égyptienne se nommait Rakhoty, dont les Arabes ont fait Ragouth ou Ragoudah, et les Grecs et les Latins Rhacotis. Sa fondation remontait à l'antiquité la plus reculée. Elle avait été détruite par les Perses en même tems que Memphis. Alexandre la reconstruisit, lui donna son nom, et y fixa le siége de l'empire. Pour la rebâtir, il tira de Memphis beaucoup de monumens et fit venir aussi des ouvriers et des matériaux de l'Afrique, de la Sicile et de Rhodes. Il est à remar

quer que le C. Olivier rapporte, dans l'intéressante relation de son voyage, qu'il a été conduit par l'inspection des catacombes d'Alexandrie au même résultat que des auteurs arabes a fourni au C. Langlès.

l'étude

On trouve ensuite dans autant de notes particulières des notions curieuses sur le phare, sur les bibliothèques d'Alexandrie, sur le canal connu sous le nom de canal de Cléopâtre, quoiqu'il soit plus que douteux qu'il ait été ouvert par cette reine; sur la colonne de Pompée, désignée sous ce nom par tous les voyageurs, mais sans aucun fondement historique; sur le muséum et l'obélisque de Cléopâtre, sur le tombeau d'Alexandre.

Dans une dissertation plus étendue, l'auteur établit sur des témoignages d'une authenticité reconnue, que le kalish ou canal qui conduit les eaux du Nil au Caire, et qui ne s'étend pas maintenant à plus d'une demi-lieue de cette ville, avait autrefois son embouchure à Qolzoum, auprès de Suez, et servait à joindre la Méditerranée à la mer Rouge, ou plutôt à entretenir la navigation de l'une à l'autre mer, en remontant le Nil jusqu'auprès de Forthath. Il trace, d'après les auteurs arabes, une notice historique de ce canal, dont ils attribuent la fondation au septième Pharaon; et il en suit l'histoire depuis le commencement de l'islamisme jusqu'au milieu du second siècle de l'ère musulmane, époque où il fat irrévocablement comblé.

L'histoire de l'île de Roudhah, la plus grande des quatre principales îles formées par le Nil dans la Basse-Egypte, est le sujet de l'une des plus intéressantes dissertations du C. Langlès. Cette île, de formation nouvelle, comme le prouvent le silence des auteurs grecs et latins qui ont décrit l'Egypte, et l'absence totale des traditions, conquise par les Musulmans sur les Grecs et les Kophtes l'an 18 de l'hégyre (639 de l'ère vulgaire ), fut tour à tour depuis ce tems occupée par des fortifications militaires. ou par des palais et des jardins de plaisance, où les khalyfes aimaient à se soustraire aux importuns de leur cour. C'est sous cette dernière forme qu'elle acquit le plus de renom

mée,

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