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Aux humains innocens, que fallait-il de plus,
Qu'un travail sans excès, et de douces vertus!...

(La suite au numéro prochain. )

LE RENARD ET LE HÉRISSON. FABLE.

UN renard ayant traversé

Le lit d'un grand fleuve à la nage,
Près d'arriver, sur le bord du rivage,
Jusqu'au ventre resta dans la boue enfoncé.
En bute aux aiguillons des insectes, des mouches,
Le corps en sang, tout écorché,

П aurait attendri les cœurs les plus farouches.
Tel Milon gémissait à son arbre attaché.

Un hérisson, de ses douleurs touché,
D'un ton compatissant lui dit : « Mon pauvre frère,
> Pour te tirer d'affaire,

» Si le pouvoir ne répond à mes vœux,
Je vais du moins chasser la horde sanguinaire,
» Qui t'a réduit à cet état affreux. »

« Ami, garde-t'en bien ! répond le malheureux;
> La troupe que tu vois, ne saurait plus me nuire;
» Elle a rassasié sa faim:

> Mais de mouches à jeûn, s'il survient un essaim,

» Tout mon sang n'y pourra suffire.

Par le C. KERIVALANT.

AU C. GUICHARD, sur ce que dans le N° 4 de la Décade, on a fait, par erreur, préceder son nom des lettres N. B.

N. B. dis-tu, ne sont pas mes prénoms,

Pourquoi me les donner? quel étrange délire!

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Ne forme à cet égard, aucuns malins soupçons;

N. B., ces lettres veulent dire,

(Et tes amis me l'ont tous confirmé:)

Notre Bon....Notre Bien-aimé.

SPECTACLES.

C'EST une chose vraiment affligeante que l'état de détresse dans laquelle paraît languir la littérature dramatique. A quoi faut-il l'attribuer? Serait-ce à la multiplicité des théâtres, si souvent blâmée et toujours inutilement, quoiqu'il fût si facile d'y mettre un frein? Est-ce au découragement des auteurs occasionné par l'insultante et démésurée sévérité des trop nombreux journalistes ? Je n'entreprendrai point d'en assigner la véritable cause. Peut-être est-ce l'effet de ces inconvéniens réunis.

Quoi qu'il en soit, rien n'est plus frappant que la disette des nouveautés au Théâtre Français. L'année entière s'est écou lée sans en produire une seule de remarquable. On ne peut s'empêcher d'observer qu'à cette pénurie d'ouvrages vienne se joindre encore la scandaleuse disparution de la plupart des premiers sujets, qui ne trouvant jamais la part assez forte, vont chercher dans les départemens un supplément de gloire et d'argent.

On se flatte un peu légèrement, je crois, de la rentrée prochaine de Molé. Ceux qui la desirent ont-ils bien réfléchi qu'à l'âge de ce brillant acteur, ce serait une barbarie de l'exposer aux émotions et aux fatigues de cette nouvelle apparition sur la scène ? le plaisir qu'y ferait sa présence ne serait-il pas trop accompagné de crainte et de regrets?

Le théâtre Louvois est un peu plus fertile en nouveautés. On vient d'y donner avec succès une petite scène dont le but est d'animer le tableau de Monsiau, qui représente, au salon, Molière lisant Tartuffe chez Ninon. C'est toujours un moyen infaillible d'inspirer de l'intérêt que de réunir dans un même cadre des personnages aussi justement imposans que Corneille, Racine, Boileau, La Fontaine, Molière, le grand Condé et Ninon de l'Enclos. Il est peut-être plus difficile de les faire parler; mais on est encore servi à cet égard par l'iliu

sion qu'inspire leur présence et le souvenir de ce qu'ils ont dis

eux-mêmes.

La pièce nouvelle, qui à proprement parler n'est pas une pièce, a pourtant le mérite d'être écrite en vers assez faciles, d'être la copie assez fidelle du tableau, et d'être très-courte. Les personnages ne font que se montrer, pour ainsi dire, aussi leur caractère est à peine esquissé. La pièce est des CC. Chazet ct Dubois.

Au théâtre Faydeau, on a donné la reprise d'un joli opéracomique du C. Roger, intitulé: Le Valet à deux maîtres.

Nous avons rendu justice dans le tems à cette jolie et spirituelle imitation de Goldoni. La musique était un peu légère; celle d'aujourd'hui est d'un compositeur qui s'annonce avec distinction, et on l'a goûtée en ce qu'elle fait concevoir de flatteuses espérances.

Le Vaudeville est le seul théâtre où les nouveautés ne tarissent pas. Par malheur cette fécondité contribue très-peu à la gloire dramatique nationale. Nous donnerons prochainement en bloc la notice des pièces qui s'y sont données avec plus ou moins de succès. La dernière est une petite bluette épisodique intitulée Le Salomon de la rue de Chartres. Ce Salomon là s'appellerait beaucoup mieux le Sancho-Pança. La pièce a beaucoup d'esprit et des couplets fort bien tournés; mais très peu de vraisemblance dans la conception du plan. Elle a parfaitement réussi elle est des CC. Chazet et Dubois.

:

Il s'est élevé un nouveau théâtre à la porte Martin, dans Fancien local de l'Opéra. Jusqu'ici l'on n'y a encore joué que des pièces assez médiocres. Mais c'est une entreprise qui commence; il faut attendre pour la juger. Nous en parlerons plus en détail dans le prochain numéro.

L. C.

ANNONCE S.

PROSPECTUS d'un établissement d'instruction, formé et dirigé par une société de professeurs de l'Ecole polytechnique et de gens de

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La patrie te doit beauconp quand tu lui donnes un nouveau citoyen, pourvu que tu en fasses un agriculteur utile, un homme capable de servir son pays, soit au barreau, soit dans les camps. (Traduction de Dussault.)

Il n'y a peut-être jamais eu d'époque où les méthodes des science s aient été portées à un plus haut degré de perfection qu'elles le sont aujourd'hui ; jamais peut-être on n'a réuni autant de données pour former le plan complet d'une éducation forte et solide; et peut-être jamais n'y eut-il pour l'établir de circonstances plus favorables que celles où nous sommes.

Au milieu des désastres et des maux qu'a entraînés la révolution française, les esprits susceptibles de quelque énergie, ont reçu une impulsion puissante qui les a portés vers toutes les idées grandes et utiles. Pourrait-on craindre que le projet d'un établissement d'instruction, fondé sur le plan de l'école polytechnique, et dirigé par plusieurs des professeurs de cette même école, ne fût pas du nombre de ces idées qu'on accueille avec intérêt et dont on attend les plus heureux résultats ?

Le progrès des sciences et leur application aux arts utiles, ont donné un caractère remarquable aux dernières années du siècle qui vient de s'écouler. Dans toutes les parties de la France, et surtout à Paris, on a vu s'élever, sous le nom de Lycées, de Musées, etc., un grand nombre de sociétés dont l'objet est la culture des sciences et des arts. Des savans du premier ordre y ont propagé et y propagent encore les lumières et le goût de l'instruction; mais de quelque utilité que soient ces institutions, elles trouvent dans leur nature même des obstacles que le talent et le zèle ne peuvent surmonter. Pour faire des progrès dans les sciences et les lettres, il faut une suite de travaux non interrompus, une attention que rien ne détourne, des organes flexibles et un enseignement qui se reproduise sous toutes les formes possibles. Ces vérités frappèrent sans doute les fondateurs de ces institutions, et leur firent sentir que pour hater la marche de l'esprit humain, il fallait créer un établissement où tous les genres d'instruction et d'émulation seraient prodigués à une jeunesse ardeute et choisie. L'école polytechnique fût la cen

séquence de ces observations, et les succès qui l'ont illustrée ont rempli l'attente du gouvernement et celle des hommes éclairés : depuis sa création elle a fourni aux divers services publics une foule de sujets distingués par leur savoir, leur talent et leur moralité.

Mais l'école polytechnique n'étant destinée qu'aux services publics, et son enseignement très-élevé n'étant complet que sous le rapport des sciences mathématiques et physiques, les avantages ne peuvent en réjaillir que sur un petit nombre de jeunes gens; cependant, combien en est-il qui, sans se destiner aux services publics, desirent participer à l'instruction qu'on y donne ? C'est ce desir, fréquemment manifesté, qui a inspiré à plusieurs professeurs dē cette école le projet de fonder un établissement ouvert à la jeunesse française et étrangère, et où l'on adapterait à l'âge et aux dispositions des élèves le systême des connaissances qui y sont enseignées, et les méthodes dont on y a éprouvé le succès.

Cette vue, quelqu'étendue qu'elle soit, aurait laissé un vide considérable dans leur plan d'instruction, si les mêmes professeurs n'y avaient pas introduit l'étude de la littérature, et ne s'étaient associé, pour cet objet, des hommes de lettres auxquels les unissaient déjà les sentimens de l'amitié et d'une estime réciproque.

Le premier age, trop faible pour les efforts d'une attention soutenue, doit être consacré à des objets capables de flatter à la fois et d'orner l'imagination; à des occupations dont le souvenir puisse répandre une sorte de charme sur tout le reste de la vie. Mais si les premières années sont les plus favorables à l'étude des langues et de la littérature, ce sont aussi celles où l'esprit des enfans doit contracter l'habitude de l'attention ; des leçons élémentaires d'arithmétique, de géométrie, d'histoire naturelle et de géographie, reinpliront cet objet.

A mesure que les facultés de l'élève se développent, on doit s'attacher à cultiver davantage son jugement et son intelligence; à lui donner cette force d'attention qui découvre les rapports des choses, cette constance qui lutte contre les difficultés et sans laquelle l'homme ne fait rien d'utile et de grand. C'est alors que l'étude des sciences mathématiques et physiques doit devenir prédominante, et qu'on en doit présenter les théories générales; c'est alors qu'il convient de faire connaitre les grandes applications de l'art de la parole au développement et à la persuasion des vérités utiles à l'humanité. Alors enfin on peut présenter aux jeunes gens les principes de la grammaire générale et de la logique, qui en est le complément. En conséquence de ces observations, le systéme d'instruction adopté dans l'école qui vient de s'ouvrir, comprendra :

1. Les langues française, grecque et latine, depuis leurs élémens jusqu'aux principes de l'éloquence inclusivement. Ce cours fournira naturellement l'occasion d'instruire les élèves sur l'histoire, sur ses grandes époques et ses faits principaux.

2o. Les élémens des mathématiques, la statique et l'exposition du systême du monde, qui comprendra la partie astronomique de la géographie.

3. L'analyse algébrique et son application à la géométrie des trois dimensions et à la mécanique céleste.

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