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respondance avec ses collègues ; rassemble plusieurs de tails particuliers sur différentes topographies physiques et médicales, sur les maladies régnantes, etc., etc. Il joint à ces utiles matériaux un grand nombre de tables et des observations précieuses sur toutes les circonstances atmosphériques qui out pu avoir quelqu'influence sur la nature des maladies. Il a aussi étendu ses soins et les heureuses applications de son art aux habitans, dont la reconnaissance lui a été exprimée d'une manière spéciale par une lettre du grand-divan du Kaire. Nous avons d'ailleurs reconnu avec le plus vif intérêt la part active que notre illustre collègue a prise aux grands événemens qu'il décrit, et nous avons surtout admiré son courage souten et de tous les instans, au milieu des plus grands dangers, la dignité de sa conduite dans toutes les circonstances, eafin la confiance qu'il a su inspirer aux commandans en chef, et les soins qu'il a pris d'établir sur l'hygiène publique l'administration médicale de l'armée.

LITTÉRATURE.

LA traduction de l'Imitation de Jésus, par Corneille, est l'ouvrage le plus oublié de ce grand écrivain; on pourrait même dire que c'est l'œuvre méprisé de sa vieillesse. Mais c'est dans le mépris qu'est Finjustice. Un homme d'esprit vient d'entreprendre de le venger, même de l'oubli, qui est pourtant moins injuste, mais contre lequel il réclame, en faveur d'un assez grand nombre de morceaux qu'il a rassemblés dans une petite brochure qu'on trouve chez Fabre, libraire, palais du Tribunat et Gagnard, rue Mazarine, No 1604, sous le titre d'Extraits de l'Imitation mise en vers par P. Corneille.

L'on sait que le génie de Corneille vieillissant, après Heraclius, plusieurs de ses pièces n'eurent point de succès, qu'il éprouva même des chûtes méritées qui le

dégoûtèrent du théâtre; qu'il y renonça solennellement ; que cette rancune dura douze années, pendant lesquelles il ne produisit que la traduction du livre le plus mystique des chrétiens, ce qui a pu faire regretter qu'il n'ait pas mieux employé un tems précieux encore, puisqu'il fit depuis la tragédie de Sertorius, où son génie jette de belles lueurs. Mais les jésuites s'en étaient emparés dans le moment du dépit et lui avaient suggéré l'ingrate besogne qui lui consuma tant d'années inutiles à sa gloire. Au reste ils l'en récompensèrent par un succès factice de crédit, de clientelle. Le livre fut prôné et le débit prodigieux. C'est de cette vogue éphémère qu'il est tombé dans le profond oubli où il reposait.

Celui qui l'exhume aujourd'hui est loin de prétendre le ressusciter entièrement, ni de justifier le choix du sujet; mais il est persuadé que « qui n'a pas vu les bons en» droits de l'Imitation mise en vers par Corneille, ne con»> naît ni toute la flexibilité, ni toute l'étendue, ni toutes. » les ressources du génie de ce grand poëte. » Cette opinion ainsi modérée a droit d'exciter l'attention. Ce n'est point un enthousiaste qui veuille qu'on revienne contre l'opinion générale, contre un arrêt sanctionné, mais un homme sensible aux belles choses, qui a eu le courage de rechercher dans un tout indigeste, au milieu du fatras d'idées et de sentimens d'une spiritualité quintessenciée, d'élans d'une piété sophistiquée, les morceaux où le sentiment devient plus naturel, où l'ordre des idées se rapproche plus de la raison humaine. C'est dans ces morceaux que Corneille présente des tournures heureuses, des expressions vives, des images fortes et qu'il porte ce beau caractère d'une noble simplicité qui fait le charme de son élévation, quand ses pensées sont véritablement grandes.

La brochure forme en tout 34 pages et contient environ vingt citations. Elles sont accompagnées de remarques qui prouvent en général que l'auteur de ce travail est un homme de goût, comme ses observations préliminaires sur

la

la mysticité et ses causes attestent la justesse de son esprit Voici quelques-unes de ces citations :

Les quatre vers suivans sont pleins de sens et de simplicité :

«On va d'un pas plus ferme à suivre qu'à conduire :

> L'avis est plus facile à prendre qu'à donner:

› On peut mal obéir, comme mal ordonner;

» Mais il est bien plus sûr d'écouter que d'instruire.

De même ceux-ci :

Fuis l'embarras du siècle, autant qu'il est possible; > Les entretiens du monde ont trop d'inanité :

Et la paix y rencontre un obstacle invincible, > Lors même qu'on s'y mêle avec simplicité.

D

Si ce qu'il t'offre est peu, du moins c'est tout son bien; » C'est te donner beaucoup que ne réserver rien.

> Qui de tout ce qu'il a te fait un plein hommage, T'offrirait beaucoup plus, s'il pouvait davantage. »

Les consolations qu'on va lire sur la perte d'un ami sont, sinon suffisantes, au moins naïves et bien exprimées :

Quitte un ami sans trouble, alors que Dieu l'ordonne,

> Vois sans trouble un ami te quitter à son tour,
> Comme un bien passager regarde son amour:
Sois égal quand il t'aime et quand il t'abandonne.
> Faut-il pas après tout chacun s'entrequitter ?
» où tous les hommes vont aucuns ne vont ensemble,
> Et devant ce grand juge où le plus hardi tremble,
› Le roi le mieux suivi se va seul présenter. »

Voici des conseils de tolérance pour les dévots qui ont

la manie de vouloir corriger tout le monde :

Quand par tes bons avis une ame assez instruite,
> Continue à leur résister,

Entre les mains de Dieu remets-en la conduite, > Et ne t'obstine point à la persécuter!

Sa sainte volonté souvent veut être faite

> Par un autre ordre que le tien:

An XI. 1. Trimestre.

Y

Il sait trouver sa gloire en tout ce qu'il projette:
» Il sait quand il lui plait tourner le mal en bien.

» Souffre sans murmurer tous les défauts des autres,
Pour grands qu'ils se puissent offrir;

> Et songe qu'en effet nous avons tous les nôtres,
> Dont ils ont à leur tour encor plus à souffrir.

Si tous étaient parfaits, on n'aurait rien au monde
A souffrir pour l'homme et pour Dieu,

> Et cette patience en vertus si féconde,
» Jamais à s'exercer ne trouverait de lieu.

La sagesse divine autrement en ordonne,

» Rien n'est ni tout bon, ni tout beau ;
> Et Dieu nous forme ainsi pour n'exempter personne
De porter l'un de l'autre à son tour le fardeau.

> Aucun n'est sans défaut, aucun n'est sans faiblesse :
Aucun n'est sans besoiu d'appui :

› Aucun n'est sage assez de sa propre sagesse:

» Aucun n'est assez fort pour se passer d'autrui. »

Il y a de la précision et de la justesse dans le portrait de l'homme inquiet.

Celui qui s'inquiète, et suit l'impatience

» De ses bouillans et vains desirs,

> Celui-là n'est jamais sans quelque défiance,
> Et voit partout matière à de prompts déplaisirs.

> Comme tout fait ombrage aux soucis qu'il se donne,
> Tout le blesse, tout lui déplaît:

» Il n'a point de repos et n'en laisse à personne:
Il ne sait ce qu'il veut, ni même ce qu'il est.

I tait ce qu'il doit dire: il dit ce qu'il doit taire:
» Il va quand il doit s'arrêter ;

» Et son esprit troublé quitte ce qu'il faut faire,
Pour faire avec chaleur ce qu'il faut éviter. »

Les deux morceaux suivans sont les plus étendus et ceux où il y a le plus de flexibilité de talent. C'est de son propre fonds que Corneille a tiré presque tout ce qui fait la ma

tière de ces extraits. Il y mêle quelquefois le profane au

sacré.

«Eh bien! on te querelle, on te couvre d'injures,

> La calomnie est grande et te remplit d'effroi !
> Veux-tu rompre aisément ses pointes les plus dures?
» Affermis ton espoir et ta constance en moi:
»Ne t'inquiètes point de ces discours frivoles:
Les paroles enfin ne sont que des paroles,
› Que des sons parmi l'air vainement dispersés.
> Elles peuvent briser quelques ames de verre
» Mais ne tombent point sur la pierre
» Que leurs traits ne soient émoussés.

»Ne prends point de mélancolie

De voir qu'à tes vertus on refuse leur prix,

> Qu'un autre est dans l'estime et toi dans le mépris
» Qu'on l'honore partout tandis qu'on t'humilie.

Peux-tu donc te connaître et prendre quelqu'effroi,
> De quoi que puisse dire un mortel tel que toi,
> Qui comme toi n'est que poussière?
Tu le vois aujourd'hui tout prêt de t'aocabler,
» Et dès demain un peu de terre

› Cachera pour jamais ce qui te fait trembler.

O! ciel, que l'homme est vain qui met son espérance
» Aux hommes comme lui,

» Et se propose un ferme appui
» Sur une éternelle inconstance!

> Qui me la donnera, Seigneur,

> Cette joie où mon ame aspire,

De pouvoir seul à seul te montrer tout mon cœur

> Et de jouir de toi comme je le desire?

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» Que je rirai lors des mépris

» Qu'auront pour moi les créatures?

Qu'il m'importera peu si leurs faibles esprits,
» Me comblent de faveurs ou m'accablent d'injures!

» Je te dirai tout mon secret,

» Tu me diras le tien de même :

» Tel qu'un ami s'explique avec l'ami discret,

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