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de se charger de l'éducation de trois demoiselles dont les parens habitaient une terre située à cent lieues de Paris, accepte, d'après le conseil de son amie Dorcé, la proposition de Picard, et trouve dans la jeune Monique un sujet inepte, ignorant, vicieux, dont elle n'espère pas pouvoir vaincre les inclinations. Le père veut prendre de certaines libertés qui sont toujours réprimées, et que le bon bourgeois n'ose renouveler; il se sent subjugué par l'ascendant de la vertu, joint à celui du préjugé encore favorable aux droits d'une naissance distinguée. Monique regrettant une certaine Louison, qu'elle appelait sa bonne amie, et qu'il a fallu renvoyer, veut se défaire de sa nouvelle institutrice, en la calomniant auprès de son père.

Mais le bourgeois est loin de vouloir se priver de la société de madame M***; il lui propose au contraire sa main et sa fortune qu'elle refuse; il en est outré, s'emporte en mauvais propos. Notre Rentière prend le parti de revenir à Paris dans son petit appartement du troisième. Elle se trouve de nouveau exposée à manquer souvent du nécessaire.

Une madame Moreau, sa voisine, femme du commun, bavarde, familière à l'excès, croyant aux tireuses de cartes, et qui a pris la Rentière en belle amitié, l'avait déjà sollicitée plusieurs fois d'aller tenter la fortune dans les tripots du Palais Royal; elle avait toujours dédaigné d'employer cette ressource; mais enfin 'ne sachant plus comment fournir à sa subsistance et à celle, de son cher Victor, elle cède aux importunités de la voisine Moreau. Elle entre d'abord dans un tripot subalterne; mais choquée des propos obscènes et grossiers qui s'y tiennent, elle engage sa conductrice à en sortir. Elles vont dans un de ces brillans coupes - gorges, où tout apnonce le faste et l'opulence: madame de M*** gagne quelques louis; mais en rentrant elle trouve son fils endormi daus la cour. Elle se reproche de l'avoir ainsi abandonné pour se livrer à la fureur du jeu. Cependant cette première faveur de la fortune lui en fait espérer de plus grandes;

elle retourne au Palais-Royal et commence par gagner; elle avait quelques louis de gain, quand une joueuse s'ap proche et la prie de lui en prêter la moitié, ce qu'elle fait sans hésiter: la joueuse s'éloigne; notre héroïne continue de jouer et perd tout. Elle cherche des yeux la personne qui vient de lui emprunter, et ne la voyant pas, elle s'en informe. On ne peut la lui indiquer; mais à son grand étonnement, elle trouve cet ex-abbé, ce Danglemont qu'elle avait chassé de chez elle, et qui la rencontrant dans un endroit rarement fréquenté par des femmes honnêtes, se promet bien de tirer parti de cette circonstance; il l'entraîne hors du tripot et du Palais, la fait monter dans un fiacre, et prend avec elle des libertés qui lui font jeter les hauts cris et invoquer l'assistance des passans. Heureusement un embarras de voitures force le fiacre d'arrêter; Danglemont craignant d'être reconnu, ouvre la portière et se sauve, en disant qu'il n'aimait pas les esclandres, mais qu'il saurait se venger. Cette aventure la fait renoncer. pour tonjours au jeu : elle se remet à faire du feston pour vivre. Après un grand nombre d'aventures qu'il faut suivre dans le roman même, le hasard lui fait retrouver son ancien amant Valence; et, chose étonnante, c'est la femme même de ce Valence qui le ramène à son ancienne maîtresse, et qui l'oblige presque à l'épouser après avoir fait prononcer le divorce.

D'après cet exposé, trop long peut-être, on peut juger de l'ouvrage. Beaucoup d'épisodes très-inutiles à l'action; une marche trop lente, voilà les défauts. Mais ils sont rachetés par le talent de peindre et d'intéresser, qu'on ne peut refuser à l'auteur. Elle abuse aussi du dialogue et semble trop viser à la manière de Sterne, en retraçant de petits détails domestiques; mais quel naturel dans ses dialogues! quelle vérité dans ses caractères!... Elle peint ce qu'elle a vu, et ce qu'elle peint a trop de vraisemblance pour n'être pas vrai. Le respect pour les bonnes mœurs et F'amour de la vertu se font surtout remarquer dans cet ou vrage. On voit dès la première page que c'est une femme

qui l'a écrit; on voit qu'elle est bonne mère, épouse fidelle, fille sensible, et l'on ne peut que profiter et s'instruire avec elle. C. PALMEZEAUX.

N, B. On nous assure que l'auteur de ce roman est le même que celui de la comédie des Deux Sœurs, qui eut dans le tems du succès aux Italiens et sur d'autres théâtres de la capitale.

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LA science militaire, continuellement perfectionnée et étendue par le tems et la civilisation, a reçu de nos jours de plus grands développemens. Le Dépôt de la Guerre, possesseur de collections nombreuses sur les opérations des armées et sur l'histoire militaire, renferme toutes les ressources, tous les matériaux nécessaires pour jeter les fondemens de cette science ; mais il fallait mettre en œuvre ces matériaux et les réunir en un seul corps.

En l'an 9, le Gouvernement appela à la direction du Dépôt, le général de division d'artillerie Andréossy; ce militaire distingué s'appliqua, dès l'instant de son installation, à faire prendre aux travaux une direction utile, et donnant une nouvelle impulsion au zèle de ses collaborateurs, il fit rédiger sous ses yeux différens mémoires sur la géographie, la topographie et l'histoire militaire. Le Gouvernement, toujours prêt à favoriser les projets utiles, applaudit à ses vues, et arrêta, en brumaire an 10, la réunion de ces différens mémoires en un seul ouvrage qui

(1) Un vol. de 184 pages, dont 40 en Tables avec deux planches. Prix, 3 fr., 50 c., et 4 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Treuttel et Wurtz, libraires, quai Voltaire, no 2; et chez Barrois, aiué et fils, rue de Savoie.

doit être publié par trimestre. Aujourd'hui paraît le premier numéro, dont la publication n'a été retardée que par le soin mis à sa composition.

Le Mémorial sera divisé en deux sections, l'une topographique, l'autre historique.

La partie topographique contiendra cinq chapitres sous les titres suivans: 1o Géographie ; 2o Géodésie ; 3° Topographie; 4° Gravure; 5o Statistique.`

La partie historique contiendra deux chapitres ; le 1er sous le titre de Reconnaissances militaires, le 2e sous le titre d'Extraits analytiques militaires.

Le premier numéro, qui vient de paraître, est composé des deux premiers chapitres.

Dans celui de la géographie, le C. Barbier du Bocage, auquel son nom seul sert de recommandation, donne Thistoire de la construction des cartes. La partie des projections, sujet qui a exercé les plus grands géomètres, est traitée par le C. Lacroix; il lui appartenait sans doute d'exposer les méthodes auxquelles ont conduit les travaux de ces hommes illustres, dout il a su se rapprocher par ses talens et ses vastes connaissances.

A la suite des principes géographiques, vient naturellement se placer l'art qui sert à déterminer les positions et les distances des points situés sur la surface du globe, objet de la géodésie, qui compose le deuxième chapitre. Le C. Bonne, actuellement à la tête des travaux de la carte de Bavière, a ramené avec beaucoup d'art et de méthode aux connaissances usuelles les procédés des opérations et l'usage des instrumens nécessaires pour dresser les grands canevas des cartes, en les assujétissant aux observations astronomiques et aux opérations sur le terrain. Il a placé à la fin de son mémoire des tables pour simplifier les différentes réductions.

Le deuxième chapitre est terminé par un mémoire sur la manière de mesurer les hauteurs au moyen du baromètre. On y expose avec autant de netteté que de préci

sion, les différentes méthodes de Bouguer, de Luc, Trembley et Laplace.

L'intérêt que présente ce premier numéro est d'un heureux augure pour la réussite de l'ouvrage. L'utilité du sujet a été parfaitement sentie. La réunion de connaissances éparses, la nécessité de fixer certains points qui n'avaient été qu'entrevus, l'indication qui doit en résulter pour le perfectionnement des branches qui en sont susceptibles, seront le fruit de cet important travail. Comme nous l'avons dit plus haut, l'idée en est due aù général Andréossy; il a dirigé et revu avec soin la plupart des articles. L'ensemble que présente ce beau travail, rappelle l'auteur de l'Histoire du canal du midi (1), ouvrage que l'on cite avec intérêt, parce qu'il est d'une grande utilité, et que sa réputation est assurée. ANT. CH. P. D.

MÉMOIRES sur L'Egypte, Tome IV. A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l'aîné, au palais national des Sciences et des Arts. In-8°. An XI.

C'EST le dernier volume de la collection qui, publiée au Caire sous le nom de Décade égyptienne, a été réimprimée avec des augmentations très-considérables par les soins assidus et sous la direction du C. Desgenettes.

Le volume que nous annonçons commence par une notice des travaux de l'Institut d'Egypte, depuis le 2 vendémiaire an 9 jusqu'au 1er germinal suivant, jour auquel a eu lieu la dernière séance de cette Société savante.

Vient ensuite un mémoire fort étendu du C. L. Reynier, sur l'agriculture de l'Egypte et sur les améliorations dont elle est susceptible. On retrouve dans ce travail l'applica tion des connaissances et les talens développés par l'auteur,

(1) Histoire du canal du midi, par F. Andréossy. Chez Duffart, imprimeur-libraire, rue des Noyers, n° 2.

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