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flora (3). « J'ai donné, dit-il, à ce genre le nom de tithonia, » à cause de la couleur aurore de ses fleurs. Il a du rap»port avec le genre gaillardia de Fougeroux, ou virgilia » de l'Héritier. Il en diffère par son calice cylindrique » dont les divisions sont sensiblement égales, ovale-alongées, serrées et disposées sur deux rangs, par ses fleu» rons renflés près de la base; les graines du gaillardia » sont coniques et couronnées de huit paillettes distinctes, » celles du tithonia sont très-alongées, et seulement sur» montées de quatre à cinq paillettes. Cette plante fleurit » en été; je ne lui connais aucun usage, ni dans la mé

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decine, ni dans les arts; elle mériterait d'être multipliée » dans nos parterres, dont elle serait un des plus beaux » ornemens. Thierry, voyageur connu par des projets » utiles à son pays, en envoya en 1778 au jardin des » plantes des graines qu'il avait cueillies dans les envi» rons de la Vera-Cruz. Elle a été cultivée pendant deux » ou trois ans ; mais comme elle ne donnait que peu de » semences, elle s'est perdue, et l'on n'a pu se la procu>> rer depuis. >>

Le jardin des plantes possédait depuis plusieurs années une collection considérable d'arbres utiles et agréables; mais il lui manquait une école d'arbres fruitiers, c'est-àdire, une collection de ces arbres disposés dans un ordre qui en facilitât la connaissance et l'étude. Cette plantation vient d'être établie par le C. Thouin. Il rend compte, dans un mémoire très - détaillé et plein d'intérêt, du but qu'il s'est proposé et des moyens dont il s'est servi pour y parvenir. Ce but est de faciliter aux botanistes l'étude de cette belle partie du règue végétal; d'établir une concordance, une synonymie entre les noms français et étrangers, d'où l'on puisse tirer ensuite une nomenclature uniforme qui soit adoptée dans toutes les parties de la France : objet bien important, car si l'on ne s'entend pas sur les

(3) Foliis alternis, cordatis, triangularibus, in petiolum productis, inferis trilobis.

noms de ces arbres, on ne saurait s'entendre sur leur culture; et enfin, de naturaliser d'abord, de multiplier et de répandre ensuite dans tous les départemens, les arbres fruitiers étrangers qui peuvent s'accommoder au climat de la France.

L'ordre de cette plantation est fondé sur la ressemblance des fruits, et sur leurs rapports les plus naturels; la nomenclature est celle de Duhamel, non qu'elle soit parfaite; mais on l'a préférée parce qu'elle est la plus généralement connue. Enfin, tels sont les soins, le zèle, l'activité employés à former cette collection, à l'accroître, à la perfectionner, qu'elle peut dès à présent fournir chaque année, aux jardins et pépinières des départemens, plus de vingt collections complettes de greffes de toutes les espèces et variétés qu'elle renferme.

On peut juger, par cet extrait rapide, ou plutôt par cette simple indication des articles contenus dans les deux premiers cahiers des Annales, de quel intérêt, de quelle utilité elles seront pour les sciences, et pour ceux qui les

aiment et les cultivent.

G. T.

MORALE ET PHYSIOLOGIE.

DES PASSIONS, considérées dans leurs rapports avec la nature de la femme; par J. L. MOREAU (de la Sarthe), médecin et professeur (1).

LES passions que les moralistes et les métaphysiciens confondent presque toujours avec les émotions, doivent

(1) Cet article fait partie d'une analyse de la nature de la femme, analyse dans laquelle, prenant pour modèle le discours de Buffon, sur la nature des oiseaux, on examine les diverses circonstances qui paraissent déterminer plus particulièrement la somme des qualités propres à la femme, et que l'on range sous cinq chefs principaux, savoir: 1o Les transitions variées, les révolutions, et les crises auxquelles l'organisation de la femme est exposée d'après cette définition,

être considérées, si on veut les en distinguer, comme des sentimens vifs, profonds et de quelque durée. Elles résultent du besoin non satisfait, ou sans cesse renouvelé de quelques conditions réelles, ou imaginaires de bonheur et de plaisir.

Les passions ne sont donc autre chose que des formes variées de la volition; des sentimens prolongés qu'il est facile de distinguer des impressions soudaines et éphémères de la faim et de la soif, qui sont des besoins physiques ; ou de la colère, de la frayeur, de la joie qui sont des émotions. L'amour, la haine, la jalousie, l'ambition, etc., sont des passions.

Les autres sentimens du même ordre peuvent être compris dans plusieurs classes que nous allons successivement examiner dans leurs rapports avec la nature de la femine.

PREMIERE CLASSE. Les passions que constituent un excès ou une erreur dans les besoins physiques. La gourmandise, l'ivrognerie, le libertinage, les irrégularités et les aberrations de l'amour.

Les femmes sont moins sujettes à ces différentes passions que les hommes. La gourmandise et l'ivrognerie leur sont trop préjudiciables pour qu'elles s'y livrent, au moins pendant tout le tems où une passion plus aimable les occupe d'une manière presque exclusive, et les engage à étouffer tous les penchans qui pourraient diminuer l'empire de leurs graces et de leur beauté. Par un effet inmédiat des habitudes, du tempérament, et surtout de la conformation des organes sexuels (2), les exemples d'ir

2o l'influence particulière de l'utérus; 3° la faiblesse musculaire; 4° le mode de sensibilité examiné successivement dans l'action des sens, dans celle de l'organe intellectuel, — dans les émotions et les passions; 5° le genre de vie et son influence sur les affections morales.

(2) C'est principalement au spasme de ces organes et à leur tension, sans laquelle le mâle est inhabile au plaisir, que se rapportent les ir

régularité et d'aberrations amoureuses, sont aussi plus rares, moins singulières, moins bizarres chez les femmes que chez les hommes. Ils se bornent le plus ordinairement à des jouissances solitaires ou à des goûts saphiques que la contrainte et la satiété tendent également à développer (3). Cependant l'organisation féminine n'est pas entièrement exempte de plusieurs anomalies très-extraordinaires dont nous pourrions citer des exemples. Dans quelques circonstances l'exaltation vitale de l'utérus donne lieu, en outre, à des fureurs et à des excès érotiques dont la constitution de l'homme n'est pas susceptible.

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DEUXIÈME CLASSE. Les passions qui consistent dans un goût permanent et exclusif pour certains objets particuliers telles que la mélomanie, la bibliomanie, et tous ces goûts particuliers et souvent bizarres, d'où résultent différens caractères du maniaque, de l'amateur, du curieux, etc. (4)

Toutes ces passions paisibles, monotonés et minutieuses, ne pouvant guère se concilier avec une organisation móbile et sans cesse livrée au besoin d'éprouver des sensations différentes et nouvelles, il est facile de voir qu'en général elles sont contraires à la nature de la femme.

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régularités érotiques, les fantaisies, les écarts: en un mot, les espèces de maladies morales que nous croyons devoir placer dans cette première classe de passions. Cette circonstance doit nécessairement éta¬ blir, sous ce rapport, une grande différence entre les deux sexes.

(3) Les jeunes filles que l'on traite trop sévèrement, les religieuses et les courtisanes doivent être, et sont en effet plus sujettes aux penchans lesbiens que les autres femmes.

(4) Les passions que nous comprenons dans cette deuxième classe, sont les plus éloignées des dispositions organiques auxquelles on peut rapporter les passions. On sait d'ailleurs qu'elles sont susceptibles d'une grande énergie, et qu'elles portent quelquefois ceux qui les éprouvent, à des sacrifices de fortune et de santé très-extraordinaires.

mulantes (5): telles que l'ambition proprement dite et ses formes variées, l'émulation, l'avarice, l'amour du jeu, L'orgueil, etc., etc.

Les femmes en général éprouvent plus rarement et avec moins d'énergie que les hommes ces différentes passions (6).

Un autre sentiment qui doit être compris dans la même classe, un sentiment non moins ambitieux et qui occupe davantage les femmes, dérive immédiatement de leur nature; cette passion, c'est la coquetterie, ce desir si naturel à l'être faible de séduire, de subjuguer, de conquérir un être fort, par le charme irrésistible de la grace et de li beauté. Rousseau a bien senti les rapports de cette passion avec la constitution physique de la femme, et loin de la blâmer, il la regarde comme une de ces affections heureuses qu'il faut diriger sans chercher à les combattre. La coquetterie peut d'ailleurs devenir une passion trop violente, et porter à des actions condamnables ou ridicules. Qui n'a oui parler à Paris, dit Montaigne, de celle qui se fit écorcher pour seulement en acquérir le teint plus frais d'une nouvelle peau? Il y en a qui se sont fait arracher des dents vives et saines pour en former la voix plus molle et plus grasse, ou pour les ranger en meilleur ordre. Combien d'exemples du mépris de la douleur avonsnous en ce genre? que ne peuvent-elles? que craignentelles pour peu qu'il y ait d'agencement à espérer en leur beauté ?

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Vellere queis cura est albos a stirpe capillos,
Et faciem demptå pelle referre novam.

» J'en ai vu engloutir du sable, de la cendre, et se tra

(5) Toutes les passions sont stimulantes: mais cette circonstance d'exciter vivement, de former le mobile le plus universel des actions humaines, peut être regardée plus particulièrement comme le caractère principal des sentimens compris dans cette troisième classe.

(6) Il faut peut-être excepter l'amour du jeu auquel les femmes se Avrent souvent avec autant d'énergie que les hommes.

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