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Avec l'amour point de mauvaise chère ;
Si vous le connaissez, je m'en rapporte à vous:
Toujours aussi frugals..... De grace, laissez-nous...
- Comme vous babillez, souriceau, mon compère !
Peu m'importe; innocens ou non,

Il n'est, mes amoureux, pour vous aucun pardon.
Vous danserez, et de belle manière !

Jeanneton prend la souricière,

Avec précaution la serre entre ses doigts,
Ensuite... On devine le reste.

Sauvons aux tendres cœurs un détail trop funeste.
Bientôt le couple est aux abois.
Embrassez-vous, dit l'égrillarde
Qui joyeusement les regarde.

Aussi faisons, repart une très-faible voix;
Tu ne peux nous ravir l'instant qui nous rassemble;
Nous allons expirer, mais expirer ensemble...
Ce ne fut point pour cette fois.

Dès qu'ils furent jetés, l'un l'autre ils se pressèrent ;
Une douce chaleur vint pénétrer leurs sens;

Tous deux enfin, tous deux se ranimèrent,
Et s'échappèrent.

JEUNESSE, amour sont bien puissans.

Quant au volume des Contes, nous sommes obligés de 'dire que les sujets en sont pour la plupart un peu licencieux, et que се n'est pas là un livre à mettre dans les mains des jeunes filles. Mais comme nous sommes persuadés que ce sont les romans tendres qui exaltent l'imagination ou les peintures lascives qui la dépravent, mais que la gaité ne corrompt personne, nous avouerons que nous nous amusons à la lecture des Contes de La Fontaine, et que ceux du C. Guichard nous ont fait rire plus d'une fois.

Dans les poësies détachées, on trouve verve, origina-lité, précision; celles qui sont consacrées à l'amour (car il faut bien qu'un poëte soit amoureux), sont pleines d'une sensibilité réelle; enfin l'auteur s'est, peint lui-même dans ace distique fait pour être mis au bas de son portrait : Amour, amitié, jeux et ris

Font mes plaisirs et mes écrits.

Il a ajouté, en envoyant ce portrait à quelques amis:

Jeix et ris ne sont plus; amour s'est envolé;

Que l'amitié me reste, et je suis consolé.

Un succès que l'auteur n'aimera pas moins sans doute que son succès littéraire, et qui n'est pas moins sûr, c'est que les pièces détachées où il s'est peint lui-même presque partout, le feront estimer et chérir des lecteurs. Elles annoncent la pureté de l'ame, la franchise du caractère, le désintéressement, la noble fierté d'un véritable nourrisson des Muses. On retrouve dans Guichard quelques traits de ce bon et joyeux Piron, dont il eut l'honneur d'être l'ami et le disciple. Il paraît que, comme lui, il était plus favorisé par Apollon que par Plutus. Le Gouvernement a réparé les torts de la fortune; même avant que son recueil eût paru, le ministre de l'intérieur avait placé le C. Guichard sur l'état des hommes de lettres qui reçoivent un traitement. Le poëte reconnaissant nous apprend lui-même qu'il a dû en partie cette faveur aux sollicitations de quelques membres de l'Institut national. Nous aimons à citer ce trait qui honore les gens de lettres, et qui console un peu d'en voir qui sont envieux, haineux, et qui s'occupent journellement à décourager et à dénigrer les talens qu'ils n'ont pas.

MÉLANGES DE POÉSIES; par F. DE SAINT-ANGE, traducteur en vers des METAMORPHOSES D'OVIDE, etc., et professeur de Belles-Lettres aux écoles centrales de Paris.

La réputation de l'auteur de ces Poësies est faite par sa traduction des Métamorphoses d'Ovide. On la place presqu'au même rang que celle des Géorgiques par Delille; et si le traducteur de Virgile possède mieux le mécanisme de la versification française, celui d'Ovide a mieux saisi peut-être l'esprit de son original. Son ouvrage est plus varié, de plus longue haleine; c'est un travail de vingt

années

années qui ne sont point perdues pour l'honneur national et pour la renommée du poëte.

Le recueil qu'il vient de publier comprend des poëme des épitres, des odes, etc.... et des poësies fugitives

Le poëme des Cloîtres abolis rappelle les antique abus qui peuplaient ces asyles de l'oisiveté, de l'ignorance et de la sottise. Il n'est personne qui n'ait applaudi leur destruction; et déjà l'on en recueille les fruits dans les développemens d'une industrie active que les regards pater nels du Gouvernement encouragent et vivifient. La plupart des couvens sont aujourd'hui des manufactures; et deux ou trois cents ouvriers travaillent et produisent où dix à douze moines pâturaient et dormaient, sans rien faire, que des enfans aux filles et aux femmes des envirous. Voilà le début de ce poëme :

Quel spectacle nouveau vient frapper mes regards!
Où fut un monastère, est l'atelier des arts;
1. L'hospice du travail, source de l'opulence
Remplace le dortoir de l'oisive indolence.
De nos antiques pairs les descendans obscurs
Sous la haire autrefois ont vieilli dans ces murs;
Là, leurs noms effacés des pages de l'histoire,
Dans un oubli honteux ont abjuré la gloire. ;

Là, comme eux engraissés dans la crasse du froc,
Les fils de Triptolème, abandonnant le soc,
Ont énervé des bras, qu'une mâle industrie
Destinait à défendre, à nourrir la patrie.

Vois parmi ces débris que la mousse a couverts,
Sur le socle rompu d'une colonne antique,

La superstition, déité fantastique ;

Elle pleure à l'écart son temple démoli,
Et son encens éteint, et son culte aboli.

Le chapelet usé qui pend à sa ceinture,
Talisman révéré d'une sainte imposture,
S'échappe grains à grains, tandis que de sa main
A replis déroulés tombe un long parchemin,
Dont le texte long-tems comenté dans l'école
Offre en traits effacés son absurde symbole.
An XI. 1er Trimestre.

Dd

1

Vois-tu ce reliquaire? utile à ses desseins
Il enferma jadis les ossemens des saints.
Aujourd'hui le lézard y fait son domicile ;
Et sur la crosse d'or serpente le reptile.

La voûte de la nef, sous de longs arcs déserts,
De l'orgue harmonieux n'entend plus les concerts;
A l'heure où la prière y prolongeait sa veille,
Le hibou de ses cris épouvante l'oreille.

On n'accusera point le C. Saint-Ange d'avoir partagé ou vanté les excès commis au nom de la liberté. Dans ce poëme même, composé en 1791, il semble prévoir les inaux et les crimes qui seront amenés par la révolution; et animé de la même philosophie qui le fait applaudir à la suppression des monastères, il invoque la sagesse et la modération, et professe des principes qui ont, hélas! été trop peu suivis.

Liberté! tes beaux jours qui commencent d'éclore,
Pour nous dans leur midi ne brillent point eucore.
De sanglantes vapeurs, des nuages obscurs

Ont souillé quelque tems tes rayons les plus purs.
Rends le ciel plus serein; que les troubles s'appaisent
Ει que des factions les vents fougueux se taisent;
Compagne des vertus, des arts et de la paix,

Fais-nous des maux passés goûter les doux succès, etc...

L'Epître à Condorcet, sur l'alliance de la philosophie et de la poësie, roule sur un beau sujet qui est très-noblement et très-heureusement traité. .

On remarquera aussi l'Epitre d'une religieuse à une novice pour la détourner de faire ses vœux. Cette Epître est dédiée à M. de Laharpe; cet hommage était dû à l'auteur de Mélanie.

En général, tous ces ouvrages sont d'un style pur, souvent élégant et harmonieux; on y reconnaît un maître qui a long-tems étudié et qui possède les secrets de son art.

Il y a de la grace et de l'esprit dans les petites pièces recueillies sous le titre de Poësies diverses; mais quelquesunes aussi ne sont que des vers de société et le talent

comme la réputation de l'auteur, est fort au-dessus de ces bagatelles.

La Pastorale lyrique de Daphnis et Amalthée est trèsagréablement versifiée, et pourrait fournir un joli acte d'opéra, si un compositeur habile se chargeait de la mettre en musique.

L'exécution typographique de ce volume est très-soignée. Il sort des presses du C. Crapelet.

DITHYRAMBE SUR L'IMMORTALITÉ DE L'AMÉ, suivi du PASSAGE DU SAINT-GOTHARD, poëme, traduit de l'anglais; par JACQUES DELILLE; avec figure. A Paris, chez Giguet et Michaud, imprimeurs-libraires, rue des BonsEnfans, No 6.- A Londres, chez Prosper et compagnie, Wardour-Street. An XI. In-8° de 116 pages.

LES Editeurs assurent, dans un avis préliminaire, que ce Dithyrambe d'environ 250 vers a été composé en vingtquatre heures, pour obéir aux ordres de Chaumette (1), qui avait commandé cette pièce à l'auteur dans le tems où l'on proclama, par un texte de loi, que le peuple français reconnaissait l'existence de Dieu et l'immortalité de l'ame. Ils ajoutent « que M. Delille, incapable de se prêter aux » idées des novateurs, avait eu le courage de traiter son » sujet de manière à les effrayer, en présentant l'immor»talité comme un supplice pour les méchans, et une con>solation pour les victimes de la révolution. »>

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Il y aura des incrédules qui révoqueront en doute l'anecdote, et qui diront que le même motif qui décidait M. Delille à céder aux invitations de Chaumette, n'a pas lui prinettre de traiter le sujet d'une manière directement contraire aux intentions de celui qui l'avait fourni. Des vers à l'éloge des émigrés dans une pièce demandée par Chaumette et Robespierre!.... Il en aurait moins fallu à

(1) Procureur de la commune de Paris en 1793.

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