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ces hommes-là pour faire guillotiner toute l'académie. Il y a apparence, ajouterout les critiques, que ces vers out été interpolés....

Le sujet de l'immortalité de l'ame est très-rebattu; mais il est aussi très-poëtique, quoique Lucrèce ait fait debeaux vers pour le système contraire.

Rivarol a dit que l'opinion de l'immortalité est une perspective qu'on fait peindre au bout d'une allée de jardin pour la faire paraitre plus longue. Cette idée est fort ingénieuse; mais nous n'osons penser que la comparaison soit juste. Pour la soutenir, on pourrait ajouter qu'en effaçaut la perspective, on rendrait le jardin moins agréable; que si elle sert à récréer ou à diriger les promeneurs, l'illusion de la perspective est utile et bonne à conserver.

Le Dithyrambe de M. Delille ne contient point de preuve nouvelle de l'immortalité de l'ame, mais on y trouve de beaux vers, tels que ceux-ci:

Non, ce n'est point un vain systême; C'est un instinct profond vainement combattu; 'Et', saus doute, l'Être suprême

Dans nos cœurs le grava lui-même,

Pour combattre le vice et servir la vertu.
Dans sa demeure inébranlable,
Assise sur l'Éternité,

La tranquille Immortalité,

Propice au bon, et terrible au coupable,

Du tems, qui sous ses yeux marche à pas

Défend l'ami de la justice,

Et ravit à l'espoir du vice

... L'asyle horrible du néant.

de géant,

Oui : yous, qui de l'Olympe usurpant le tonnerre ,
Des éternelles fois renversez les autels;

Laches oppresseurs de la terre,
Tremblez, vous êtes immortels !

Et vous, vous du malheur victimes passagères,
Sur qui veillent d'un Dieu les regards paternels,
Voyageurs d'un moment aux terres étrangères,
Consolez-vous, vous êtes immortels!

Après avoir vanté la constance des émigrés à supporter leurs malheurs, le poëte ajoute une proposition qui nous a paru fausse et exagérée, si nous en avons bien saisi le sens; car il y a aussi de l'obscurité dans l'expression. Qui peut donc, dit-il à ceux dont il fait l'éloge :

Qui peut donc soutenir votre cœur généreux ?
Ah! la foi vous promet le prix de tant de peines:
Au sein de l'infortune, elle vous rend heureux;
Riches dans l'indigence, et libres dans les chaines;
Et du fond d'un cachot vous habitez les cieux.
Loin done, de l'homme impie exécrable maxime,
Qui sur ses deux appuis ébranles le devoir :

Il faut un prix au juste, il faut un frein au crime! >
L'homme sans crainte est aussi sans espoir.

Il semble que ce ne peut être une impiété ni une maxime execrable de dire que les lois sont faites pour réprimér le crime, et même qu'elles devraient offrir des récompenses à la vertu. C'est ce qu'ont voulu tous les philosophes et tous les législateurs anciens et modernes. Le poëte veut-il dire que la foi suffise? non pas toujours à ceux qui l'ont, comme tant d'exemples le prouvent ; et encore moins, sans doute à ceux qui, par malheur, ne l'ont pas ! Il faut bien d'autres motifs.

Nous remarquons ailleurs de fort beaux vers, et dans lesquels on trouvera de l'énergie et de la chaleur. Reste à savoir comment, avec le juste hommage rendu à la foi chrétienne, peuvent se concilier les louanges données au suicide Caton. C'est une contradiction que le feu de la poësie dithyrambique excuse sans doute.

Que je hais les tyrans! Combien, dès mon enfance,
Mes imprécations ont poursuivi leur char!

Ma faiblesse superbe insulte à leur puissance:
J'aurais chanté Caton à l'aspect de César.

Et pourquoi craindre la furie
D'un injuste dominateur?
N'est-il pas une autre patrie
Dans l'avenir consolateur?

Ainsi, quand tout fléchit dans l'empire du monde,
Hors la grande ame de Caton,

Immobile, il entend la tempête qui gronde,
Et tient, en méditant l'Éternité profonde,

Un poignard d'une main, et de l'autre Platon.

Par eux, bravant les fers, les tyrans et l'envie,
Il reste seul arbitre de son sort:

A ses vœux, l'un promet la mort,

Et l'autre une éternelle wie.

Que tout tombe aux genoux de l'oppresseur du Tibre!
Sa grande ame affranchie a son refuge au ciel;

Il dit au tyran: Je suis libre;

Au trépas: Je suis immortel.
Állez, portez dans l'urne sépulcrale,
Où l'attendaient ses immortels aïeux,
Portez ce reste glorieux,

Vainqueur, tout mort qu'il est, du vainqueur de Pharsale.
En vain César victorieux

Poursuit sa marche triomphale ;

Autour de la tombe fatale,

Libre encore un moment, le peuple est accouru;
Du plus grand des Romains il pleure la mémoire ;
Le cercueil rend jaloux le char de la victoire :
Caton triomphe seul, César a disparu.

Le Passage du mont Saint-Gothard est un petit poëme de 120 vers. Ils sont par quatrains comme dans l'original. Cette forme a dû nuire à la variété des tours et des mouvemens poëtiques.

Ce poëme imprimé en anglais et en français, est accompagné de notes aussi dans les deux langues.

Ces deux opuscules ne peuvent rien ajouter sans doute à la renommée de leur auteur; mais ils ne sont pas indignes de lui, et l'on retrouve dans plusieurs passages son rare talent pour la versification.

LES JEUX DE L'ENFANCE, poëme ; par le C. RABOTEAU, membre de la Société libre des Sciences, Lettres et Arts de Paris. Chez Goujon fils, impr.-libr., rue Tarane, et chez les marchands de nouveautés.

SUJET doux et intéressant, traité avec beaucoup de sensibilité et de graces. Nos lecteurs peuvent se souvenir d'avoir vu ce petit poëme tout entier dans un numéro de la Décade (1). L'auteur y a fait quelques additions et quelques changemens. Il passe en revue les divers amusemens de l'enfance; les hochets, les joujoux, les boules de savon, la danse de l'ours, les marionnettes, etc... Tous ces jolis tableaux se succèdent sans effort, sans embarras, et avec une gradation d'intérêt bien ménagée. Nous en citerons. un morceau pris au hasard, pour donner une idée du talent et de la manière de l'auteur.

Mais poursuivons.... J'obéis à ma Muse,
Dont les crayons cherchent un nouveau trait.
Les sons perçans du joyeux flageolet,

Les sons entlés de l'aigre cornemuse,

Ont frappé l'air.... Nos enfans sont au guet.
Les voyez-vous courir à la fenêtre ?

Leur double effort écarte le volet ;

Leur oil s'élance, et bientôt voit paraitre
L'animal lent, grave, sombre et fourré,
Hôte jadis des glaces de Norwège,
Qui maintenant de badauts entouré,
L'ongle réduit et le museau ferré,
Regrette, hélas! ses montagnes de neige,
Et sur deux pieds balancé gauchement,
Aux mouvemens d'une fausse cadeuce
Très-peu jaloux de l'applaudissement;
Assujettit sa lourde contenance.
Autour de lui, plus sémillant acteur,
Bertrand l'espiègle, armé d'une baguette,
Gambade, court... . s'arrête avec humeur,

(1) No 32 de l'an VI, 20 thermidor,

Chapeau tendu, va faire la recette;
Croque une noix, nargue le spectateur.
Ses tours joyeux, ses plaisantes grimaces,
Fixent long-tems notre couple enchanté.
Il disparait, applaudi, regretté;
Mais la gaité, la première des graces,
Anime encor mon Fanfan transporté.
Nous la verrons, en compagne fidelle,
Le suivre aux jeux du grand Polichinelle,
Dès qu'il paraît, bien sûr d'être fêté.
Dame Gigogne, en ces lieux souveraine,
En moins de rien a repeuplé la scène,
Aux yeux surpris de ses admirateurs.
Troupe à citer!... tes modestes actrices
N'eurent jamais ces rhumes, ces caprices,
Qu'à si bon droit redoutent les auteurs:
Tout obéit; et tes heureux acteurs,
Toujours certains de conserver lear gloire,
En aucun tems n'ont manqué de mémoire.

LITTÉRATURE.

CRITIQUE.

REVUE LITTÉRAIRE.

NOUVEAU VOYAGE EN SUISSE, par HÉLÈNE - MARIA WILLIAMS; traduit par J.-B. SAY. Seconde édition, deux volumes in-8°. A Paris, chez Pougens, libraire, quai Voltaire; et chez les frères Levrault, quai Malaquais.

LORSQUE le Voyage en Suisse d'Hélène-Maria Williams parut pour la première fois, il y a quatre ou cinq ans, quoiqu'il y eût déjà bien des livres écrits sur la même contrée, on ne parut pas croire que celui-ci fût de trop. On y vit une espèce de voyage sentimental, mais qui n'était point un roman; on trouva qu'il réunissait l'attrait de limagination, de la sensibilité et d'une philosophie douce, au mérite de la vérité. D'autres voyages ont mieux fait connaitre les routes, les villages et les auberges de la Suisse ; nul n'a peint avec plus de vivacité ses mœurs, ses

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