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caisse formée à cet effet, le commerce y puiserait des ressources dans le besoin, et l'intérêt qui en résulterait serait seul suffisant à l'acquit des pensions, sans altérer les capitaux.

On établirait à Paris un conservatoire où les jeunes gens adoptés recevraient, jusqu'à l'époque où ils seraient employés, des leçons de langue, de lecture à haute voix, d'histoire, de géographie et d'armes : on pourrait essayer encore de les mettre en scène et de leur donner l'habitude du théâtre, mais sans prétendre former leur jeu, ce qui ne produit que des perroquets dramatiques, et ne fera jamais un acteur. Lorsqu'ils seraient jugés dignes de paraître en public, on les placerait d'abord dans les villes du troisième ordre, d'où ils seraient appelés successivement dans celles du second et du premier, et d'où enfin ils parviendraient à Paris, après avoir donné des preuves de talens reconnus.

La seule école utile aux progrès de l'art est celle du public, qui, par ses encouragemens, fortifie la confiance des jeunes talens qu'il épouse avec affection, et qu'il est vain d'avoir formés.

Tous les grands talens qui ont honoré la scène française se sont formés dans les provinces: le public seul a droit de juger et de connaître les vrais mouvemens de l'ame, et souvent il sait les procurer à l'acteur dans son enthousiasme, et provoquer en lui ces élans de sensibilité qui l'élèvent au-dessus de lui-même.

Le théâtre de Paris doit être l'institut des comédiens, et l'honneur d'y arriver ne doit être accordé qu'à celui qui a mérité la palme. Ce théâtre ainsi formé reprendra son éclat et toute son ancienne gloire.

. Aujourd'hui la faveur et l'intrigue seules veulent former des talens, et avoir le droit exclusif de les porter sur la scène ; elles vont jusqu'à faire recevoir au premier théâtre de la nation, des sujets qni, après avoir montré tout à coup d'heureuses dispositions, sont condamnés toute leur vie à la médiocrité, par cette facilité même qu'ils ont eue

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en commençant ; tandis que beaucoup d'autres, peut-être faits pour porter l'art à la perfection, sont des années entières avant d'oser développer tous les ressorts de leur ame. C'est dans son ame seule, que le grand acteur puise les vrais secrets de son art; ce n'est qu'en l'exerçant en public qu'il peut développer son talent, et non dans des leçons que la mémoire seule retient, en étouffant tous les mouvemens du cœur. Le vrai talent doit avoir sa jeunesse et ses écarts, que le public seul peut réprimer; et il est aussi ridicule de voir des enfans de quinze ans jouer Andromaque, qu'il le serait de voir des sénateurs et des généraux de cet âge. Je le répète, dans cette carrière comme dans toutes les autres, il faut des preuves acquises et de longs travaux pour prétendre aux honneurs des premières places.

Il me reste à prouver les avantages pécuniaires du projet que je propose; je vais les développer de manière à ne laisser aucun doute.

Lorsque les appointemens seront fixés irrévocablement pour chaque emploi en raison des recettes présumées de chaque commune, les comédiens moins payés dans les villes du troisième ordre où ils seront employés en commençant, ayant l'espoir de voir augmenter leurs appointemens dans celles du second, redoubleront d'efforts et d'activité pour arriver après dans celles du premier, d'où ils parviendront à Paris. Ceux qui, sans émulation, ne feront aucun progrès, resteront dans les villes où leurs progrès s'arrêteront. L'assurance d'une retraite à la fin de leur carrière, les rendra moins avides qu'ils ne l'ont été dans les tems où n'ayant rien à espérer, la moindre maladie les exposait à l'infortune.

Dans ce nouvel état de choses, on verra se présenter une foule de sujets qui n'ont pas osé prendre un état dont la perspective n'avait pour but que le déshonneur et la misère. Les vrais talens étant toujours très-rares, on aura plus d'espoir d'en découvrir dans un plus grand nombre de sujets.

Le produit des baux faits aux directeurs sera d'autant
An XI. 1o Trimestre.

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plus lucratif, que chaque directeur instruit d'avance de ce que doit lui coûter sa troupe, n'aura plus à supporter les prétentions particulières des acteurs. N'ayant plus de dédits à payer, plus de correspondans à Paris, ni de voyages onéreux, ni de loyers de salle exorbitans, il sera sûr d'avance de recueillir le fruit de ses soins, et en raison de cet espoir il acquittera avec facilité le prix de son bail. En calculant ce qui doit revenir de toutes les villes à spectacles, on aura encore la facilité d'élever par la suite les édifices convenables, de fournir des décorations dignes de la pompe théâtrale, pour remplacer les vieux > oripeaux qui décorent la plupart des spectacles des départemens.

Le projet que je propose a donc l'avantage inappréciable d'assurer l'existence et l'état de tous les comédiens; Celui d'assurer toutes les créances des fournisseurs;

Celui d'éconduire tous les intrigans directeurs qui, sans aucun mérite, recueillent impunément le fruit des travaux de leurs artistes ;

Celui de forcer les comédiens à avoir des mœurs et à acquérir des talens ;

Celui de rendre à la scène toute sa dignité, et de faire jouir à l'avenir les départemens de tous les trésors dont nos grands maîtres nous ont enrichis, et qui sont inconnus dsns plusieurs villes, faute de talens nécessaires à leur représentation. Il serait impossible de citer dix sujets dignes de jouer la tragédie et la comédie dans l'étendue de tous les départemens.

Si l'on veut considérer que les seuls talens qui soutiennent encore la scène française sont d'un âge à ne pas laisser de longues espérances, on sentira combien il est urgent de s'occuper du soin de régénérer les théâtres et de leur rendre toute la dignité qu'ils ont droit d'attendre sous un gouvernement dévoué aux progrès des arts et des talens.

BEAUX-ARTS.

ARCHITECTURE.

NOTICE sur le modèle du Monument choragique de Lysicrates, vulgairement connu sous le nom de Lanterne de Démosthènes à Athènes.

Ce petit édifice qui paraît n'avoir été érigé que pour transmettre à la postérité le souvenir du triomphe de la tribu Acamantide, qui avait remporté le prix sur ses rivales au concours. des chœurs dans les fêtes de Bacchus (1), est sans contredit un des plus curieux monumens de l'art des Grecs.

L'inscription gravée en trois lignes sur les trois bandes de l'architrave, en nous apprenant ces détails, nous donne aussi, selon l'opinion du C. David Leroy, la date de cette construction, sous Evaenetos, archonte d'Athènes, la deuxième année de la cent onzième Olympiade, qui répond à l'an 335 au tems de Démosthènes, d'Eschine, de Ménandre, de Dio

(1) Les Athéniens célébraient les fêtes de Bacchus avec une grande magnificence: ils ouvraient un concours pour les choeurs qu'on chantait à cette occasion, ou dans des tragédies, ou dans des pro-, cessions. Les tribus d'Athènes tâchaient à l'envi d'en remporter le prix, qui était ordinairement un trépied de bronze.

Un des plus riches citoyens de chaque tribu avait la charge d'être le choragus, ou celui qui faisait toute la dépense du chœur ; et si la tribu remportait le prix, il avait aussi la surcharge d'ériger un monument durable pour exposer ce trépied dans un lieu public, et le faire passer à la postérité, comme un témoin de cette victoire. C'est le cas où s'est trouvé Lysicrates, citoyen d'Athènes, natif de Cicyne, Demos, ou village appartenant à la tribu Acamantide: il lui fallut ériger ce monument qui a ensuite été vulgairement nommé Lanterne de Démosthènes, parce qu'une fausse tradition avait fait croire que ce célèbre orateur se retira dans ce lieu pour s'exercer librement à l'art de la déclamation; mais outre que cette tradition est démentie par l'inscription, Plutarque dit que le lieu où Démosthènes s'enferma pendant trois mois, était souterrain, tandis que celui-ci était au contraire fort élevé au-dessus du sol par son soubassement, et trop petit d'ailleurs pour cet usage.

gène, d'Epicure, de Zénon, de Lysippe, de Praxitèles, d'Alexandre le-Grand; siècle également fameux par la philosophie, par l'expédition de ce conquérant, et par les beaux arts.

Le style élégant et original de l'architecture et de la sculpture qui l'eurichit, la hardiesse de son exécution, faisaient desirer depuis long-tems aux artistes, la reproduction de ce chef-d'œuvre; mais des dessins ne suffisaient pas pour assigner à la sculp ture son véritable caractère.

Un amateur célèbre par ses connaissances, son goût et ses voyages, le cit. Choiseul-Gouffier, avait fait exécuter, à son retour de Grèce, et pour sa galerie de modèles d'architecture, plusieurs détails précieux de cette sculpture, tels que les chapiteaux et l'entablement entier, par le C. Mezieres, habile sculp-' teur, sur l'ouvrage de Stuart, où ils sont soigneusement rendus en gravure; cet amateur profita, depuis, de son séjour à Constantinople, en qualité d'ambassadeur de France, pour envoyer de nouveau des artistes dans la Grèce ; il invita le C. Fauvel à mouler les belles sculptures d'Athènes, et lui en procura les moyens. Cet artiste, aujourd'hui correspondant de l'Institut national, et qui vient d'être nommé agent commercial dans cette même capitale des arts, parvint à se procurer des plâtres précieux des parties les plus délicates de cette sculpture, et ce sont ces plâtres qui ont fourni aux architectes Legrand et Molinos, l'idée de reproduire ce monument, et le moyen de le faire exécuter en terre cuite avec la plus parfaite exactitude, et de la même grandeur que l'original, dans la manufacture des CC. Trabuchi frères, qui n'ont épargné ni soins ni dépenses pour donner à ce modèle, en grand, toute la perfection desirable.

Le préfet du département de la Seine, frappé du bon effet de ce monument, en visitant la manufacture de poëlerie des CC. Trabuchi, frères, a desiré consacrer au public ce gracieux modèle de l'architecture des Athéniens, et l'a destiné à décorer une Fontaine publique, au centre du nouveau marché qui s'éririge sur le terrain des Jacobins de la rue Saint-Honoré.

On sait que les anciens ne dédaignaient point d'employer la terre cuite à leurs monumens publics; plusieurs sépultures sur la Voie Appia, et dans les campagnes de Rome, en font fui..

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