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Le petit temple, dit de l'honneur et de la vertu, est de ce genre. Les ruines d'Herculanum et de Pompeia sont remplies de fragmens, de bas-reliefs, de fleurons, d'ornemens de tous genres, exécutés en terre cuite. Ces fragmens ornent les cabinets de presque tous les antiquaires; il y en a d'égyptiens, de grecs, d'étrusques, de romains, de mauresques, etc. Cet usage s'est conservé par tradition, en Italie, et les villes de Milan, de Pise, de Sienne, de Florence, de Venise, de Rome, de Naples, et ses environs, fournissent mille exemples de cet emploi, depuis la renaissance des arts. Il en existe dans la plupart des villes d'Espagne, et le château de Madrid, bâti anciennement dans le bois de Boulogne, près Paris, était décoré de belles frises, de compartimens et autres ornemens en terre cuite, recouverte d'émail de faïence. Cette matière donne un moyen facile, prompt, solide et peu dispendieux, de former des décorations en sculpture, que l'on peut laisser en couleur de terre cuite, ou que l'on recouvrirait à volonté de stucs blancs ou coloriés, comme faisaient les anciens, ou d'émail en faïence, pour opposer plus de résistance aux pluies et à la gelée dans nos climats. Il est impossible de provoquer d'une manière plus heureuse l'établissement en France de cet antiqne usage, qu'en appliquant à la décoration d'une fontaine publique de la capitale le premier monument de ce genre qui ait jamais été exécuté nulle part dans de telles proportions.

Quant au modèle qui fait l'objet de cette Notice, on doit prévenir qu'il est conforme à l'original gree, à ces différences près, qu'ici, les colonnes sont isolées, au lieu qu'à Athènes, elles étaient engagées dans une cloison de marbre qui fermait tout l'édifice. Le trépied qui en couronnait le sommet n'existe plus; la forme de celui qu'on voit ici (2), a été prise dans les bas-reliefs qui ornent encore aujourd'hui cette même cloison.

Les griffons qui acottent le fleuron, sont aussi de restauration ; et comme on ne connaît pas la forme des accessoires qui unissaient les consoles du petit dôme avec les volutes du fleuron, accessoires dont quelques arrachemens attestent cependant l'exis

(2) Voyez la gravure du monument, à la fin de l'article.

tence, on a cru pouvoir y placer ces animaux chimériques, que les sculpteurs grecs ont employés tant de fois, et qui se rencontrent aussi parmi les attributs de Bacchus, comme ils se trouvent dans ceux d'Apollon.

On a copié fidellement l'inscription grecque, telle qu'elle est rapportée par Vheler et Stuart; le savant antiquaire Visconti a bien voulu, en révisant cette copie, y joindre la traduction suivante :

Lysicrates de Cicyne, fils de Lysithides, avait fait la dépense du chœur. La tribu Acamantide avait remporté le prix " par le chœur des jeunes gens. Théon était le joueur de flûte (3). " Lysiades, Athénien, était le poëte. Evaenete l'archonte. " Nota. Evaenete a été archonte d'Athènes, la deuxième année de la cent onzième olympiade et du règne d'Alexandre le Grand, 335 avant l'ère vulgaire. L. G.

POÉSIE.

ÉLOGE DE LA PAUVRETÉ.

Fragment du poëme de l'Imagination (1).

(Dans les vers qui précèdent, le poëte parle des alarmes de la mort.)

De loin la pauvreté semble encor plus cruelle;
J'ai doublement le droit de réclamer pour elle,
Je fus pauvre long-tems, sans être malheureux,
Je fus riche un moment, sans être plus heureux;
Un vain accroissement de jouissances vaines,
Ne fit que varier mes plaisirs et mes peines.

(2) Le joueur de flûte était aussi ordinairement celui qui composait la musique.

(3) Ce fragment est connu ; il a déjà été publié dans quelques jour naux. Mais il contient de si beaux vers, des idées si saines, si philosophiques, que nous n'avons point balancé à lui donner place dans notre feuille.

Note des Rédacteurs.

A mon premier état le destin m'a rendu,
J'avais bien peu gagné, j'ai donc bien peu perdu.
Mais l'homme soutient mal tout ce qu'il exagère;
J'aime la pauvreté qui n'est pas la misère.
Ce poëte chéri, de Mécène fêté,

Horace, la nommait la médiocrité.

La vertu quelquefois se perd dans l'abondance,
Mais la sagesse même accepte un peu d'aisance;
La pauvreté flétrit et dégrade le cœur,

Des plus mâles vertus le besoin est vainqueur;
Moi-même, qui frémis au seul nom d'esclavage,
J'ai senti quelquefois trébucher mon courage,
Chanceler ma constance, et de mon cœur hautain
Fléchir la fermeté sous le poids du destin,

Grace au délire affreux qui, par des mots sans nombre,
Du bonheur tant promis nous fit acheter l'ombre.
En vain le froid Sénèque, auprès de son trésor,
Nous prêche l'indigence et décrédite l'or;
La fortune a son prix : l'imprudent en abuse,
L'hypocrite en médit, et l'honnête homme en use.
Toi qui, dans ton tonneau, mal nourri, mal vêtu,
Y logeas la folie, auprès de la vertu,

Tu peux jeter ta coupe, orgueilleux Diogène,
Et boire dans tes mains; moi je garde la mienne,
Et si la mode encor voulait que les Houdon,
Les Moreau, les Pajou, rivaux d'Alcymedon (2)
Gravassent sur ses bords le lierre qui serpente,
Ou les bras tortueux de la vigne rampante,
Malgré toi, je saurais en connaitre le prix.
Mais combien tu me plais, lorsque d'une souris
Les miettes de ton pain t'attirant la visite,
Tu t'écriais gaiment : J'ai donc un parasite.
J'ai donc le superflu. — Voltaire avec raison
Le jugeait nécessaire, et je le crois fort bon.
Mais, dès que le travail a vaincu la misère,
Le superflu n'est pas bien loin du nécessaire;
La simple pauvreté le trouve à peu de frais.

MATS Vois que de tourmens, que d'efforts, que d'apprêts
Dans ses pompeux besoins exige l'opulence!

(2) Alcymedon était un des plus habiles graveurs de coupes de l'antiquité,

A toute la nature elle fait violence;
Le printems en hiver usurpe ses jardins;
Les glaces en été rafraichissent ses vins;
Du fougueux Aquilon craint-elle la furie?
Des pièges sont dressés au rat de Sybérie ;
Pour elle il faut braver les saisons, les frimats;
Il faut des matelots, du canon, des soldats;
Il faut, pour ses habits, que l'Amérique enfante
La pourpre d'un insecte, et l'azur d'une plante;
Il faut pour ses festins, tirer d'un sol nouveau,
La fève d'un arbuste et le miel d'un roseau.

Où courent ces vaisseaux voguant à pleine voile ?
Dans les champs du Bengale ils vont chercher la toile,
Qui, gonflée en cravatte et pliée en turban,

Pare le col d'un fat ou le front d'un sultan ;

Ou ces cailloux brillans que Goleonde nous donne,
Ou ce globe argenté que la nacre emprisonne,
Ou l'émail du Japon, ou le thé des Chinois.
L'or commande; partez, tourmentez à la fois
Les hommes, et les vents, et la terre et les ondes;
Le déjeuné du riche occupe les deux mondes.

La pauvreté ne trouble et ne tourmente rien.

Pour son goût, pour ses yeux, tout est beau, tout est bien,
Et sans chercher au loin la douce Malvoisie,
Le vin de ses côteaux pour elle est l'ambroisie.
Approchez, pénétrez sous ses rustiques toits;
Deux déesses que j'aime y règuent à la fois,
Du pauvre vertueux l'une et l'autre est l'amie;
L'une est la propreté, l'autre l'économie!
L'une embellit sa table, assaisonne ses mets,
Fait reluire l'étain de ses humbles buffets;
Et du doux avenir préparant les délices,
L'autre impose au présent de légers sacrifices.

O!

que l'homme est trompé! Combien il connaît peu
Et les secrets du monde et les desseins de Dieu.
La fortune à ses yeux semble d'abord bizare;
Libérale pour l'un, pour l'autre elle est avare;
Elle crée, au hasard, les petits et les grands;
Forme l'ordre inégal et des biens et des rangs;
D'une main dédaigneuse, en aveugle elle jette
Le sceptre d'un côté, de l'autre la boulette;

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