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Le discours qui est à la tête du troisième volume, est intitulé: Des effets de l'art de l'homme sur la nature des poissons. L'auteur y enseigne comment on peut transporter, acclimater, multiplier et perfectionner les poissons, c'est-à-dire, comment l'art modifie leur nature. Cet art fut en honneur chez les Grecs et les Romains; des poëtes, des philosophes, les Xénophon, les Oppien, les Varron, les Columelle ne dédaignèrent pas d'en donner les préceptes; Thomme d'Etat, dit le C. Lacépède, doit l'encourager comme une seconde agriculture; l'homme des champs doit l'adopter comme une nouvelle source de richesses et de plaisirs.

Il n'est pas de lacs, de rivières, de ruisseaux, et même de faibles sources qui ne puissent nourrir quelque espèce particulière de poissons, utile au besoin de l'homme. De toutes les saisons la plus favorable au transport de ces animaux, c'est l'hiver, à moins que le froid ne soit trèsrigoureux. L'âge le plus favorable pour les faire passer d'une eau dans une autre, est celui de trois ou quatre ans. Ici l'auteur indique les précautions à prendre dans ces voyages. C'est en les employant, dit-il, que Marschal a introduit la carpe en Angleterre, en 1514; que Pierre Oxe l'a donnée au Dannemarck en 1550; et qu'à une époque plus rapprochée, on a naturalisé l'acipencère-strelet en Suède ainsi qu'en Poméranie, et qu'on a peuplé de cyprins dorés de la Chine, les eaux de France, d'Angleterre, de Hollande et d'Allemagne.

Mais il est un procédé par le moyen duquel on parvient à son but avec bien plus de sureté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement: il consiste à transporter le poisson dans l'état d'embryon. On prend les herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un vase plein d'eau jusqu'au lac, à l'étang, à la rivière ou au bassin que l'on desire de peupler. On apprend facilement à distinguer les oeufs fécondés d'avec ceux qui n'ont pas été arrosés de la liqueur prolifique du mâle, et

que l'on doit rejeter; les premiers paraissent toujours plus jaunes, plus clairs, plus diaphanes. On favorise leur développement en les plaçant après le transport, dans un endroit éclairé par le soleil.

Quoiqu'il y ait des poissons qui peuvent supporter trèsfacilement le passage d'une eau à une autre de nature différente; cependant on doit, autant qu'il est possible, les déposer dans les eaux les plus analogues à celles où ils auront vécu.

Une des habitudes les plus difficiles à donner aux poissons, serait-ce de vivre dans l'eau douce après avoir vécu dans l'eau salée, ou de s'accoutumer à l'eau salée, après avoir été continuellement plongés dans l'eau douce?

« On ne conservera pas long-tems cette opinion, dit l'auteur, si l'on considère qu'à la vérité, l'eau salée comme plus pesante, soutient davantage le poisson qui nage, et dès-lors lui donne, tout égal d'aillenrs, plus d'agilité et de vitesse dans ses mouvemens, mais que lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour entretenir par son oxygène la circulation du sang, ou seulement dans le canal intestinal, pour servir par son hydrogène à la nourriture de l'animal, le sel dont elle est imprégnée, n'altère ni l'un, ni l'autre produit de cette décomposition. L'oxygène et l'hydrogène retirés de l'eau salée, ou obtenus par le moyen de l'eau douce, offrent les mêmes propriétés, produisent les mêmes effets. - De plus, ajoute le C. Lacépède, un très-grand nombre de poissons ne passent-ils pas la moitié de l'année dans l'Océan et l'autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves? et ces poissonsvoyageurs ne paraissent-ils pas avoir absolument la même organisation que ceux qui, plus sédentaires, n'abandonnent dans aucune saison les rivières ou la mer? »>

L'auteur croit que, tout égal d'ailleurs, il vaut mieux essayer de transporter les poissons du midi dans les lacs ou les rivières du nord, plutôt que ceux des contrées septentrionales dans les eaux du midi. La raison qu'il en donne, est que la raréfaction produite dans les solides et dans

les liquides, par une grande élévation de température; est pour les animaux un changemement plus dangereux que l'accroissement de ton, d'irritabilité et de force que les solides peuvent recevoir de l'augmentation du froid. If cite l'exemple des rennes que l'on n'a pas encore pu parvenir à faire vivre pendant long-tems dans le climat tempéré de la France.

L'auteur indique ensuite le grand nombre de poissons remarquables par leur beauté, leur grandeur, par le goût exquis de leur chair, que l'on pourrait aisément transporter et acclimater dans les eaux douces de la France. Il dit les moyens par lesquels on parviendrait à leur rendre agréable et familière leur nouvelle demeure; il traite des maladies auxquelles ils sont sujets en général, et des précautions à prendre pour les en préserver.

On améliore les espèces par le croisement des races. Les individus qui proviennent du mélange de deux races, non-seulement valent mieux que la race la moins bonne des deux qui ont concouru à les former, mais encore sont, préférables à la meilleure de ces deux races qui se sont réunies. Cependant il y a dans le nombre des différences qui séparent les races, une limite en deçà et au-delà, de laquelle le croisement est par lui-même plus nuisible qu'avantageux. C'est à l'expérience à faire connaître cette limite. En traitant ce sujet, l'auteur est amené à des réflexions générales sur l'action de l'homme appliquée aux êtres organisés et vivans, lesquelles terminent ce discours.

Un parallèle entre les poissons et les oiseaux fait le sujet du discours placé à la tête du quatrième volume. L'auteur y présente les rapports et les différences, les contrastes apparens et les analogies secrettes qui existent entre ces deux classes d'animaux. Il compare leurs organes, leurs sens et les habitudes qui en dérivent. Le vol influe sur toutes les actions des oiseaux; la natation modifie toutes celles des poissons: la natation et le vol ne sont pour ainsi dire que le même acte exécuté dans des fluides différens de-là des traits d'uniformité entre les mœurs des

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habitans des eaux, et celles des habitans des airs. Ces rapprochemens piquent la curiosité; ils se lient avec l'histoire générale des poissons; ils servent à mettre en évidence leurs qualités distinctives, et donnent au grand travail du C. Lacépède un nouveau degré d'intérêt.

Nous n'entrons pas dans les détails de cet ouvrage ; ils sont immenses. Pour en donner une idée, il suffira de transcrire l'avertissement suivant qui accompagne le quatrième volume: «On y trouvera, dit l'auteur, la description de cinq cent quatre espèces, dont quatre-vingt-dix sont encore inconnues des amis des sciences naturelles. Elles composent quarante-trois genres, dont trente-deux n'ont encore été établis par aucun naturaliste.

» Les quatre premiers volumes de l'histoire des poissons renferment donc la description de onze cent quatorze espèces, dont deux cent quarante-quatre avaient échappé aux observations des Naturalistes, avant la publication de nos recherches. Nous avons réparti ces onze cents quatorze espèces dans soixante genres adoptés depuis long-tems, ́et dans quatre-vingt-douze autres genres que nous avons cru devoir former. >> G. T.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES. MÉMOIRE qui a remporté le prix en l'an 10, sur cette Question proposée par l'Institut national:

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Quels sont les moyens de perfectionner en
France l'institution du jury? »

Par le C. BOURGUIGNON, juge au tribunal criminel de Paris. De l'imprimerie de la République. Se trouve chez Rondonneau, au Dépôt des lois, place du Carrousel. UN des plus grands services que puissent rendre les socié tés savantes, c'est d'ouvrir des concours sur les questions propres à avancer les sciences et les arts, ou à améliorer l'ordre social. Sous ce rapport, l'Institut national remplit parfaitement sa destination. A chaque trimestre, chacune des trois classes propose des questions qui sont ou de la

plus haute importance ou au moins d'un grand intérêt. Ainsi la classe des sciences physiques et mathématiques a procuré à l'astronomie un des plus précieux avantages que cette science pût desirer, en demandant par un concours, des tables de la lune : le travail qu'elle a obtenu est immense et excellent. Le prix nouveau et magnifique qu'elle vient de proposer sur le galvanisme, d'après l'invitation du premier consul, peut avoir de plus vastes résultats ; il peut faire changer de face à la physique.

De son côté, la classe des sciences morales et politiques, en mettant au concours la question des emprunts publics, ensuite celle de l'action de l'impôt sur la richesse, a fait éclore un très bon ouvrage d'économie politique et elle vient de se trouver dans l'heureuse nécessité d'en couronner deux sur la question si importante du perfectionnement du jury. Mais une des principales obligations qu'on ait à cette classe, quoique ce soit peut-être la portion de ses travaux qu'on apprécie le moins en ce moment, c'est de tâcher de perfectionner les sciences morales, de les rendre plus positives, de procurer à leur langue la clarté et la précision qui lui manquent encore, et qui sont nécessaires pour donner à ces sciences l'avantage de la démonstration, enfin pour les fixer. Tels sont les motifs des concours où elle proposa de remonter à l'origine de nos idées et d'en suivre le développement, de déterminer l'influence des signes sur la formation des idées et l'influence des habitudes sur les facultés intellectuelles, concours qui ont aussi produit deux bons ouvrages.

En proposant les éloges de Boileau, de Dumarsais, la classe de littérature et beaux-arts veut faire développer les secrets de l'art d'écrire et ramener à des études trop négligées. Nous ne prenons, comme l'on voit, pour justifier l'éloge que nous avons fait de l'Institut, que quelques uns des derniers prix couronnés ou proposés par chaque classe, car pour peu que l'on entrât plus avant dans cet examen, il faudrait lui donner de l'étendue considérer si le domaine des connaissances humaines n'est pas plus vaste qu'il n'était pour les anciennes sociétés sa

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