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qui traverse toute la plaine, où coule le Kenkrios des anciens qui se joint au Caïstre. Cette plaine est séparée de celle de Djama-Ovasi, par une rangée de petites éminences, de même que cette dernière l'est de celle de Sedikoï où nous sommes arrivés samedi 9, vers les neuf heures du soir.

LITTÉRATURE.

OUPNEK HAT (Id est, Secretum tegendum) opus ipsâ in India rarissimum, continens antiquam et arcanam, seu theologicam et philosophicam doctrinam, è quatuor sacris Indorum libris, RAK BEID, DJEDJR BEID, SAM BEID, ATHRBAN BEID, excerptam, etc.

OUPNEK HAT (c'est-à-dire, Secret à cacher), ouvrage trèsrare, même dans l'Inde, contenant la doctrine antique et secrette, ou théologique et philosophique, tirée des quatre livres sacrés des Indiens, le RAK BEID, le DJEDJR BEID, le SAM BEID, et l'ATHRBAN BEID; traduite mot à mot en latin du texte persan, entre-mêlé de mots sanscrits; éclaircie par des dissertations et des remarques où sont expliqués les passages les plus difficiles; par ANQUETIL DU PERRON, ci-devant pensionnaire et directeur de l'Académie des inscriptions et belles-lettres; avec cette épigraphe :

Quisquis Deum intelligit, Deus fit.

OUPNEK'HAT IV, Mandek, T. I, pag. 394. Tome I, 870 pages in-4°. Prix, 18 fr. A Paris, chez les frères Levrault, impr.-Libraires, quai Malaquais.

DANS un avis au lecteur, M. Anquetil nous apprend que, redevable de deux manuscrits de l'Oupnek'hat à l'amitié de M. Gentil, résident de France auprès du nabab Soudjaëddaulah, il s'en occupa dès 1775. Après les avoir collationnés et médités avec une attention scrupu

leuse, il traduisit littéralement l'ouvrage en français. Le résultat de ce travail fut une version barbare et inintelligible, parce que toutes les inversions y étaient conservées. M. Anquetil essaya de l'adapter au génie de notre langue; mais il s'aperçut bientôt qu'en voulant éviter l'obscurité, il altérait le sens du texte, au point que sa nouvelle traduction exprimait moins les opinions indiennes, que ses propres idées. Il se servit alors du latin qui se prête à toutes les inversions; et en s'aidant des articles grecs, en adop tant le neutre pour tous les mots, il parvint à rendre, sans aucun changement, les locutions et les tours de la langue persane avec une telle fidélité qu'on croit, en lisant sa traduction, lire du persan et non pas du latin.

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« J'ai cherché, di: 1, à produire cette erreur. Lorsqu'on » traite des opinions des hommes, de philosophie, de théologie, il faut, s'il est possible, présenter la chose » toute nue, ou du moins sous des vêtemens qui laissent » percer les traits de la nature. » Cela est vrai à la rigueur; mais cette grande exactitude demande-t-elle qu'on transporte dans une langue tous les idiotismes d'une autre; et qu'on impose au lecteur qui sait le latin, l'obligation d'apprendre le persan, afin d'entendre la traduction latine d'un ouvrage persan? M. Anquetil s'étaye de l'exemple des auteurs de la Vulgate, des versions littérales d'Homère, etc. Il nous semble que ces auteurs se sont conformés, nous ne dirons pas au génie, mais à la syntaxe de la langue dans laquelle ils écrivaient; et certes, la poësie des Hébreux, ainsi que les beautés de l'Iliade, compteraient moins d'admirateurs parmi ceux qui en jugent sur leur parole, s'ils les avaient interprétées de cette manière:

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« Oum hoc verbum (esse) adkit ut sciveris, sic tò maschgouli fac (de eo meditare), quod ipsum hoc verbum » aodkit est ; propter illud quod hoc (verbum) oum à Sam Beid, cum voce altâ, cum harmoniâ pronunciatum fiat. » Ce qu'on voit le plus clairement dans ces lignes qui forment le début de l'Oupnek hat, c'est que M. Anquetil a laissé subsister dans sa version les mots sanscrits dont l'o

riginal est abondamment parsemé; et qu'il donne en parenthèse l'explication de quelques difficultés. Passe pour les mots sanscrits; il a eu soin d'indiquer leur signification dans une espèce de glossaire; tant pis pour le lecteur, s'il trouve incommode et ennuyeux d'être sans cesse forcé d'y avoir recours! mais, quant aux parenthèses, il leur arrive souvent de ne pas remplir leur objet. D'ailleurs à quoi bon ce double emploi, si ce n'est à jeter encore plus de confusion dans une marqueterie où l'on a déjà bien de la peine à se reconnaître? Franchement, si l'Oupnek hat est un secret à garder, comme le porte le titre, nous pouvons dire que M. Anquetil a pris toutes ses mesures pour ne pas le divulguer.

L'avis au lecteur est suivi d'une dissertation, dans laquelle M. Anquetil recherche, d'après les écrits des Juifs, des docteurs de l'église et des théologiens catholiques et nou catholiques, quel a été le fond du système cosmogonique des Orientaux. Il en résulte que ces peuples croyaient à un être suprême, unique, infini, etc.; à la production des étres secondaires par émanation; à l'existence d'un monde surnaturel, beaucoup plus ancien que le monde visible; à l'influence du ciel ou des astres sur la terre et sur les corps.

On trouve ensuite la préface du traducteur Persan, dont voici la substance: En l'aunée 1050 de l'hégire (1640 de l'ère chrétienne), le prince Mohammed Daraschakoh, frère aîné d'Aurengzeb, rassembla plusieurs livres mystiques, pour approfondir le dogme de l'unité de Dieu. Peu satisfait de leur lecture, il ne rencontra ce qu'il cherchait que dans l'Oupnek hat; et avec le secours de deux savans indiens qu'il fit venir de Bénarès à Dehli, il s'en procura une traduction littérale en langue persane, qui fut achevée l'an 1067 de l'hégire ( 1656, 1657 de l'ère chrétienne).

Ce qui a droit de surprendre, c'est qu'il fut surtout rebuté du style énigmatique des livres de Moise, du nouveau testament, etc., et que l'Oupnek'hat le ravit par sa clarté. Abstraction faite des triples voiles que la version

de M. Anquetil a étendus sur une grande partie de cet ouvrage, nous avouons que le prince Daraschakoh, était heureusement né pour voir dans les livres tout le contraire de ce qu'ils renfermaient.

L'Oupnek hat, qui arrive enfin après cent trente pages de prolégomènes, a, suivant M. Anquetil, environ deux mille ans d'antiquité. Il est partagé en 50 chapitres, dont quatre seulement sont imprimés dans ce volume. Ces chapitres sont divisés en un grand nombre de sections, qui offrent presque toutes des dialogues par demandes et réponses, entre des rajahs et des pénitens, des pères et des fils, des docteurs et des élèves. On entrevoit que ces interlocuteurs dissertent sur la divinité, sur l'ame, sur les élémens, etc. Mais ils se perdent dans des abstractions si bizarres, leurs idées sont tellement incohérentes et contradictoires, qu'il faut être bien habile pour conclure de leurs propos quelque chose de raisonnable et de suivi.

Sans nous enfoncer dans leur triste métaphysique, qui d'ailleurs surpasse de beaucoup notre pénétration, nous allons donner quelques échantillons des utiles préceptes et des révélations importantes dont ils se font part mutuellement.

Création du monde. » Au commencement rien n'était. » Le seul être existait. Il voulut se manifester; un œuf » parut. Il se fendit au bout d'une année; la moitié de la » coque était d'or, l'autre d'argent. La moitié d'or est le ciel; la moitié d'argent est la terre. Ce qui contenait le poussin, forma les montagnes; la pellicule très-fine qui » est dans le jaune, forma les nuages et la foudre ; les mers furent formées des veines; l'Océan, de l'eau, et » le soleil du poussin. »

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Dispute des sens et du cœur. « L'intelligence, les sens » et le cœur se disputaient la prééminence. Ils allèrent » trouver Pradjapat, et lui demandèrent lequel d'entr'eux l'emportait sur les autres. Pradjapat répondit: celui dont » l'absence fera périr le corps. La parole s'absenta. De » retour au bout d'un an, elle demanda au corps comment

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» il avait fait pour

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d'elle. se passer Comme les muets, répondit le corps. Il dit de même à la vue qu'il s'était passé d'elle, comme les aveugles, à l'ouïe qu'il s'en était passé comme les sourds, au coeur, qu'il s'en était passé comme l'enfant ignorant. L'intelligence voulut s'absenter › à son tour; mais les sens et le cœur la supplièrent de ■ rester, en avouant que le corps ne pouvait se passer

⚫ d'elle. »

Regles pour manger. « La première bouchée doit être » pour l'intelligence; la seconde pour le vent bian; la » trois.ème pour le vent apan; la quatrième pour le vent » saman; la cinquième pour le vent aodan. »

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Autre histoire de la création. « Haranguerbehah avait tout dévoré. Il n'avait d'autre qualité que la faim. Il lui prit fantaisie de produire. Il commença par s'adorer › lui-même, et comme l'eau est nécessaire au culte, l'eau » fut produite. Il fit la terre de l'écume rassemblée sur l'eau. Fier de son ouvrage, il sentit la fatigue et il eut chaud. De cette chaleur naquit le feu. Harenguerbelah se divisa en trois parties, le feu, le sel et le vent, qui » sont égaux en dignité. Le feu a la forme d'un cheval; > sa tête est l'Orient; son derrière l'Occident; ses côtés le midi et le nord; son dos, le paradis; son ventre, l'athmosphère; son cœur, la terre.

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Haranguerbehah voulut exister avec un seul corps, et cela fut ainsi. Il créa le soleil, les étoiles, le Sam Beid, les autres Beids, les insectes, l'homme et les animaux. › Il était tenté, à mesure qu'il créait, de manger toutes

ses créatures.....

L'homine était seul et triste. Il desira une femme, et se trouva tête à tête avec une femme, par l'effet de ce seul desir. Il se partagea en deux moitiés. Il s'appela Patet la femme Pani (ou si on l'aime mieux, il s'appela › Man et la femme Satroupa ). Il s'unt avec la feinme, et procréa l'espèce humaine. La femme vint à réfléchir

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1 que l'homme s'était uni à elle, quoiqu'il l'eût formée de son corps. Elle en fut affligée, et pour se soustraire à ses

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