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de se mettre en route pour aller joindre Nour-eddyn, qui allait assiéger le château de Karak; il allégua des prétextes pour ne pas partir, et, par sa désobéissance, fit manquer cette expédition. Nour-eddyn irrité le menaça de le chasser de l'Egypte ; mais il se laissa toucher par les lettres de soumission de son lieutenant. Malgré sa répugnance religieuse à faire la guerre aux princes musulmans, Nour-eddyn ne put refuser son secours à Dzoulnoun, roi de Malathie et de Siwas, dépouillé de ses états par Kilidj-Arslan II, sulthan d'Iconium. Après avoir enlevé quelques places à ce dernier, il lui accorda la paix, et retourna en Syrie (V. KILIDJ-ARSLAN II, XXII, 412). II permit à Saladin d'envoyer des troupes dans le Yémen, pour en expulser les partisans des Fathémides. Cette contrée fut conquise (V. MELIK EL MOADHAM, XXVIII, 219); et le nom de Nour-eddyn y fut proclamé dans la khothbah, ainsi qu'à la Mekke et à Médine, immédiatement après celui du khalyfe de Baghdad. Nour-eddyn avait enfin démêlé les projets ambitieux de Saladin. Il

avait exclu du trône pour y placer Seif-eddyn Ghazy, frère puîné de ce prince, il traversa l'Euphrate, l'an 566(1170), prit Racca, Khabour, Nisbyn, Sindjar, et mit le siége devant Moussoul. Yl-deghyz, roi de l'Adzerbaïdjan, lui fit signifier de s'éloigner de cette ville, qui dépendait du sulthan seldjoukide Arslan Chah, suzerain des Atabeks. (V. MELIK ARSLAN.) Nour-eddyn, pour toute réponse, dit à l'envoyé : « Que » votre maître, au lieu de se mêler » des affaires de mes neveux, em» pêche les incursions des Géorgiens, » comme j'arrête celles des Francs en » Syrie. »Après quelques pourparlers, sans combats, Nour-eddyn fut reçu dans Moussoul, y fit bâtir une mosquée, laissa cette ville à Seïf-eddyn, obligea Imad-eddyn de se contenter de la principauté de Sindjar, et retourna dans ses états. Pour se venger des Chrétiens qui lui avaient pris quelques vaisseaux, il les attaqua, en inême temps, à Antioche, à Tripoli, à Acre, et les força de renouveler la trève. Tranquille en Syrie, et voulant affermir sa domination en Egypte, il envoya ordre à Saladin de supprimer, dans la khoth-fit des levées considérables dans la bah, le nom du khalyfe fathémide Mésopotamie, pour mettre des garAdhed Ledin-Allah, et d'y substi- nisons dans les places de Syrie, que tuer celui de Mostady, khalyfe ab- les Francs pouvaient attaquer; et il basside de Baghdad : cette mesure, se disposait, à la tête des troupes syqui eut lieu le 1er. vendredi de mo- riennes, qui avaient toujours combatharrem 567 (septembre 1171), tu sons ses drapeaux, à aller chasser n'éprouva aucun obstacle, et mit de l'Egypte son redoutable lieutefin à la célèbre dynastie des Fathé- nant, lorsqu'il fut attaqué d'une esmides (V. ADHED, au Supplément). quinancie, dont il mourut à Damas, En reconnaissance, Mostady fit don le 11 chawal 1169 ( 15 mai 1174), à Nour-eddyn d'une robe d'honneur à l'âge de 58 ans, après en avoir réet de deux épées, symboles de son gné 29. Il avait épousé une fille naautorité sur la Syrie et l'Egypte. Ge- turelle d'Alphonse Jourdain, comte pendant Saladin, gouverneur de ce de Saint-Gilles, dont il laissa un fils dernier royaume, songeait dès-lors âgé de 11 ans, Mélik el Saleh Isà s'y rendre indépendant: il feignit maël, qui fut dépouillé, par Saladin,

du royaume de Damas, et qui mourut à la fleur de ses ans, sans pouvoir même assurer le trône d'Alep aux princes de sa famille (V. MAs'OUD AZZEDDYN, XXVII, 386, et SALADIN). Noureddyn avait les cheveux blonds, la barbe très-peu fournie, le visage plein, les yeux doux, l'air gracieux et la taille majestueuse. Il est regardé par les Musulmans, non seulement comme un héros, comme un grand monarque, mais encore comme un saint, Sa pié té, sa justice, sa sagesse, son zèle pour la propagation de l'islamisme, l'ont fait placer par eux immédiateinent après les quatre premiers khalyfes, après Omar II, et au-dessus de tous les autres princes. Il eut continuellement les armes à la main

contre les Chrétiens: mais ce fut moins par ambition que pour arrê ter leurs progrès, et les chasser entièrement de la Syrie et de la Palestine, qu'il trompa, qu'il déposséda le roi de Damas, et qu'il affaiblit ses propres neveux. Tous ces pe tits états pouvaient être aisément envahis par les Croisés : il voulut fonder un empire formidable, et capable de leur résister. On ne peut hier d'ailleurs que ce prince ne réunit à la bravoure, aux talents d'un guerrier, les qualités qui font les grands rois. Abou'l-Feda dit qu'un livre entier ne suffirait pas pour lébrer ses vertus. Guillaume de Tyr loue sa justice, sa prudence, sa bonne-foi. Religieux observateur du Coran, loin d'imiter le faste des potentats de l'Orient, il bannissait de ses vêtements l'or, l'argent et la soic: il ne buvait point de vin, et ne souffrait pas qu'on en vendît dans ses états. Il se levait la nuit pour prier Dicu, et partageait son temps entre los devoirs de la religion, los soins

du gouvernement, et la guerre. lí bannit les usuriers et les concussionnaires. Il ne touchait aux tributs destinés aux besoins de l'état, qu'en présence des docteurs de la loi; et il vivait, comme un simple particulier, du produit d'un bien qu'il avait acheté avec sa part du butin fait sur les ennemis. La sulthane, son épouse, se plaignant de sa parcimonie: « Je ne suis, répondit Nour-eddyn, » que le dépositaire des trésors des » Musulmans ; je ne peux y toucher » sans m'attirer la colère de Dieu. » Il me reste trois boutiques à He» messe; c'est tout ce que je puis » vous donner. » Il avait institué un tribunal, qu'il présidait deux fois par semaine. Il y écoutait les plaintes de ses sujets, et leur rendait une justice exacte et prompte. Un grand nombre d'étrangers s'étaient établis à Damas, pour y vivre en paix sous la protection d'un si bon souverain. Après sa mort, l'un d'eux ayant été insulté par un soldat de Saladin, n'ayant pu obtenir satisfaction de ce sulihan, s'écria: Oh! Nour-eddyn, où étes-vous? et une foule immense étant allée avec lui pleurer sur le tombeau de ce dernier, Saladin, qui craignit une sédition, s'empressa de punir le coupable. Nour-eddyn, en temps de paix, s'exerçait à tirer de l'arc, à jouer au mail. Il releva les remparts de plusieurs villes et forteresses, fonda un grand nombre de mosquées, de colleges, d'hôpitaux, de caravanserais, de maisons de bienfaisance, à Damas, à Moussoul, à Alep, etc. Il accueillait, avec la plus grande distinction, les savants, les docteurs, les sofys. C'est ce prince qui inventa la poste aux pigeons. Afin d'être informé promptement des projets des Francs, et d'observer leurs mouvements, il avait fait bâtir

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NOUVELLET (CLAUDE-ÉTIENNE), né vers l'an 1510, à Talloire, bourg de Savoie, sur les bords du lac d'Anneci, fit ses études à Paris, et entra chez les Bénédictins. Emanuel-Philibert de Pingon, historiographe de Savoie, dont Nouvellet dirigea les études, fait les plus grands éloges de ses talents, et des leçons qu'il en avait reçues. Nouvellet a publié : Petri - Aurioli Franciscani, cardinalis, compendiosa in universam sacram Scripturam Commentaria edita à Claudio-Stephano Noveletto, Talluerino, Paris, 1585.

R-M-D. NOUVELLET (CLAUDE), docteur de Sorbonne, chanoine de la cathédrale de Genève, membre de l'académie Florimontane d'Anneci (Voy. sur cette académie, l'art, Ant. FAVRE), naquit à Anneci, vers le milieu du seizième siècle. 11 eut des talents assez distingués pour son temps, dans la poésie et l'art ora toire. Ii composa plusieurs ouvrages plaisants, dont les principaux sont : I. Le Braquemart, poème en cent sonnets. II. Odes sur les funérailles du chevalier de Soyer, Paris, 15711 III. Les Divinailles, en style burlesque, Lyon, 1571. R-M-D. NOVA ( JUAN DA), navigateur, né en Galice, entra au service du Portugal. Le roi Emanuel lui donna,

en 1501, le commandément d'une escadre de quatre vaisseaux, montée par quatre cents hommes, et destinée pour les Indes. Nova, parti de Lisbonne, rencontra sur sa route, par huit degrés sud, une île nouvelle qu'il nomma île de la Conception: il en découvrit une autre par 10o sud au nord-est de Madagascar, et lui donna son nom. Arrivé dans les Indes, Nova prit et brûla plusieurs vaisseaux du Samorin de Calicut, qui avait montré de la mauvaise-foi envers les Portugais. Ensuite il se dirigea sur Cochin et Cananor, et y arriva assez à temps pour acquérir de la gloire et pour charger richement ses vaisseaux. Il détruisit une flotte que le Samorin avait envoyée afin de l'empêcher de sortir de Cananor et déjoua toutes les intrigues de ce prince, qui voulait le leurrer de propositions de paix. Nova retournait en Portugal, lorsque, le 21 mai 1502 il découvrit, dans l'océan Atlantique austral, l'ile Sainte-Hélène, devenue si fameuse de nos jours. Elle était absolument inhabitée. Nova perdit un de ses vaisseaux sur la côte de cette île; il continua heureusement son voyage jusqu'à Lisbonne, où ses services furent dignement récompensés. Quelques auteurs ont attribué la découverte de Sainte-Hélène à Jean Nuñez Gallego, trompés par le latin : Joannes Nonius Gallæcus, ayant pris Gallego (Galicien), pour un nom de famille; enfin, d'autres écri

vains ont transformé Jean de Nova en Jean de Hora. E-s.

NOVAIRI. V. NowAIRI.

NOVAT, hérésiarque, était attaché à l'église de Carthage, dans le troisième siècle. A peine admis aux ordres sacrés, il fit voir combien il était indigne de l'honneur qu'il avait reçu. Tandis qu'il flattait les grands

par de basses complaisances, il s'appropriait les revenus des pauvres, qu'il employait à satisfaire son goût pour les plaisirs ou à gagner des partisans. Saint Cyprien le cita, l'an 249, devant un synode, pour y rendre compte de sa conduite. Loin d'obéir, Novat s'unit à Felicissime, connu par sa haine contre le pieux évêque de Carthage, se fit ordonner diacre, au mépris des règles canoniques; et, pour rendre odieuse la sévérité de S. Cyprien, il soutint que les laps (1) devaient être admis à la communion sans avoir été soumis à aucune pénitence. La persécution de Dèce ne délivra point Novat des craintes que lui inspirait malgré lui le zèle de son évêque. Sommé, dans les formes établies, de comparaître devant un concile assemblé par S. Cyprien, il s'enfuit secrètement à Rome, l'an 251; mais les Pères n'en continuèrent pas moins l'instruction de la procédure, en son absence, et, l'ayant trouvé coupable de plusieurs crimes, le déclarèrent excommunié. Novat, arrivé à Rome, selia avec Novatien, qui était mécontent qu'on lui eût préféré S. Corneille, élevé récemment au pontificat (V. S. CORNEILLE, IX, 607); et ils renouvelèrent ensemble l'hé résie des Montanistes, dont les principes étaient totalement opposés à ceux que Novat avait soutenus en Afrique (V. MONTAN et NOVATIEN).

W-s.

NOVATIEN, anti-pape, en 251, dont il a déjà été question à l'article de saint Gorneille, fut le premier qui donna à l'Église chrétienne le scandale de deux élections enemies. C'était un homme parvenu à la prê

(1) On nonmaît ainsi les fidèles qui étaient tombés dans l'idolâtrie par la crainte des persécutious.

trise par des voies suspectes et irrégulières: jaloux de l'élévation de S. Corneille, il affecta une doctrine sévère, mais désolante et cruelle, contre les fidèles tombés pendant la persécution. Il prétendait que l'Église elle-même n'avait pas le pou voir de les absoudre. Če système trouva des partisans, parmi lesquels trois évêques fanatiques eurent la faiblesse ou l'indignité de nommer Novatien évêque de Rome. Cette élection fut rejetée par saint Cyprien, et condamnée dans les conciles de Carthage et d'Antioche. L'histoire ne dit point ce que devint Novatien; mais sa secte dura long-temps après lui: on en voyait encore des traces dans le quatrième siècle, où elle se mêla enfin à d'autres hérésies, qui attaquaient le dogme de la religion, ou l'autorité du Saint-Siége. D-s.

NOVELLA, fille de Jean d'Andrea, savant jurisconsulte (V. ANDRÉ, II, 125), a été l'une des femmes les plus célèbres de son temps. Elle avait des connaissances très étendues dans la philosophie et la jurisprudence; et les personnages les plus éclairés ne dédaignèrent pas de soumettre à sa décision les questions de droit embarrassantes. Novella reçut le laurier doctoral à l'academie de Bologne; et si l'on en croit un passage de la Cité des Dames (rapporté à l'art. ANDRÉ), elle suppléait son père dans l'enseignement. On croit communément que Novella fut l'épouse de Jean Calderini, élève et fils adoptif d'Andrea; mais Fantuzzi a démontré que ce mariage était fabuleux (Voy. Scrittori Bolognesi, 1, 15). Orlandi ne paraît pas avoir mieux rencontré, en lui donnant pour mari, Jean de Legnano, l'un des plus illustres professeurs de l'aca

démie de Bologne (P. LEGNANO, au Supplém.) La femme de Legnano se nommait effectivement Novella; mais elle était la petite-fille de Jean Calderini (V. Ghirardacci, hist. di Bologna, 1, 35). Cette conformité de noms est, comme on l'a déjà remarqué, la source la plus abondante des erreurs de l'Histoire littéraire. Novella l'ancienne mourut à Bologne, sa patrie, en 1366, et fut inhumée dans l'église St.- Dominique. — BETTINA, sa sœur, non moins célèbre par son érudition et par sa connaissance des lois, épousa Jean de St.-George, habile jurisconsulte, et professeur en droit, à Padoue, où elle mourut, le 5 octobre 1355. On l'a souvent confondue avec Bettina Gozzadini, savante dame de Bologne, qui florissait un siècle auparavant. W-s. NOVERRE (JEAN-GEORGE), réformateur des ballets en Europe, naquit à Paris, en 1727. Son père, ancien adjudant de l'armée de Charles XII, le destinait à la profession militaire: mais le génie des arts dominait le jeune Noverre; et, cédant à son penchant, il prit des leçons du célèbre danseur Dupré. Il débuta devant la cour, à Fontainebleau. Les encouragements qu'il y reçut, le séduisirent moins que les espérances de fortune que lui offrit, peu de temps après, le séjour de Berlin. Le grand Frédéric, et surtout le prince Henri, son frère, passionné pour les arts et pour toutes les frivolités françaises, lui firent un accueil caressant; mais Noverre ne put s'accommoder de la mesquinerie que ses augustes protecteurs mettaient dans leurs plaisirs. Il revint en France, en 1749, et compɔsa, pour l'Opéra-comique, son fameux Ballet chinois, qui, par un éclat trop uniforme, et le peu d'harmonie

entre le costume et la décoration, ne produisit qu'une sensation ordinaire. Ce faible succès ne nuisit point aux Recrues prussiennes, à la Fontaine de Jouvence, aux Fêtes flamandes, qui suivirent son premier essai. Garrick, auquel ne coûtait aucun sacrifice pour attirer à son théâtre des sujets distingués, écrivit à Noverre, et lui envoya un engagement en blanc. Noverre accepta les avantages qui lui étaient offerts, et il fit admirer aux Anglais l'habileté de son exécution. La perfection du jeu de Garrick sur la scène, lui suggéra des idées neuves et fécondes, qui devaient amener une révolution dans son art. Il sentit que la danse était susceptible d'une extension prodigieuse, en s'alliant à la pantomime, et en exprimant d'une manière variée les passions et les affections de l'ame. Il médita sur ce trait de lumière, mit à contribution tous les livres de la bibliothèque de Garrick, qu'il jugea propres à fournir des aperçus à son imagination, et se promit une riche moisson dé gloire en substituant des conceptions vraiment dramatiques aux ballets denués d'intention, d'expression, de caractère, et monotones dans leur symétrie, qui surprenaient depuis long-temps les suffrages du public. Il desira que son pays eût les premices du nouveau genre que son esprit venait de saisir. La marquise de Pompadour lui offrit l'appui de son crédit; mais ce crédit échoua par la résistance persévérante des directeurs de l'Opéra : ils repoussèrent les services, même gratuits, d'un artiste qu'ils ne considéraient que comme un étranger brouillon et présomptueux. Noverre se rabattit sur Lyon, où il donna la Toilette de Vénus les Fétes du sérail, le Jugement de Paris, et le Jalvux sans rival, bal

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