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étaient chargés d'enseigner.Il publia, eu 1506, un Dictionnaire de jurisprudence, qui avait l'inappréciable avantage d'indiquer les sources du droit; et il chercha, par quelques écrits, à ramener à la lecture des Livres saints, les théologiens égarés dans d'interminables disputes. Le roi Ferdinand, informé des services que cet habile professeur ne cessait de rendre aux lettres, l'appela près de lui, et le chargea de débrouiller l'origine et les premiers temps de la monarchie espagnole. Lebrixa ne tarda pas à se lasser de la vie des cours; et il revint une troisième fois reprendre sa double chaire à Sala manque. Mais, ayant sollicité, en 1513, un avancement qui lui était dû à tant de titres, et n'ayant pu l'obtenir, il sortit sur-le-champ de cette ville ingrate, décidé à n'y plus rentrer. Il accepta, bientôt après, la chaire de rhétorique de l'université d'Alcalà, que le cardinal Ximénès s'empressa de lui offrir, avec un traitement considérable, et la faculté de se faire suppléer dans ses leçons, toutes les fois qu'il le jugerait à propos. Il devint l'un des plus utiles collaborateurs de la fameuse Bible polyglotte, entreprise sous les auspices de son illustre protecteur (V. XIMÉNÈS ), et contribua beaucoup à épurer le texte sacré, malgré les clameurs de théologiens ignorants, qui recoururent à l'autorité, pour l'obliger de supprimer une partie de son travail. Ce grand homme mourut d'apoplexie, le 2 juillet 1522, à l'âge de soixante-dix-huit ans, et fut inhumé à côté du card. Ximénès. L'université d'Alcalà, tant qu'elle a été florissante, a fait prononcer chaque année son panégyrique. Quoiqu'il possédât toutes les sciences cultivées de son temps, et

qu'il en eût ouvert la route à ceux qui sont venus après lui, il n'a jamais pris que le titrede grammairien. On a vu une partie des services qu'il a rendus à la littérature, à la jurisprudence et à la critique sacrée : il n'en a pas rendu un moins essentiel à la médecine, en composant un Dictionnaire dans lequel, en indiquant aux jeunes gens les ouvrages qu'ils devaient étudier, il s'est attaché surtout à les mettre en garde contre les empiriques, si communs alors, et contre l'emploi de ces remèdes auxquels l'ignorance ne manque pas d'attribuer des propriétés merveilleuses. Lebrixa a eu l'avantage de former un grand nombre d'élèves qui ont marché sur ses traces, entre autres, Florian de Ocampo, et Ferdinand Nuñez, qui ramena les Espagnols à l'étude de la langue grecque, comme son maître les avait ramenés à celle du latin. Il a composé un très-grand nombre d'ouvrages, tous fort rares, même en Espagne. Le savant Mayaus déclare qu'il a cherché inutilement à en réunir la collection. La liste que Nicol. Antonio eu a donnée, dans la Biblioth. Hispan.nova, est très défectueuse; Niceron l'a copiée dans ses Mémoires des hommes illustres, tome xxx. Chardon de la Rochette, qui en connaissait toutes les imperfections, avoue qu'ił désespérait de pouvoir jamais la rendre parfaite. Il y aurait de la témérité à essayer ce qu'un homme d'un si rare mérite a tenté inutilement. Les curieux trouveront dans le Spe cimen biblioth. hispano-majansianæ (pag. 1-39), des détails intéressants sur tous les ouvrages de Lebríxa qu'avait pu recueillir Mayans. On se contentera d'indiquer ici les principaux: I. Introductiones latina, Sa famanque, 1481, in-fol.; c'est le pre

mier ouvrage imprimé dans cette ville; on n'en connait guère que deux ou trois exemplaires en Europe. Cet opuscule fut réimprimé, en 1482, avec quatre feuillets d'additions; et l'on en cite une troisième édition, de Zamora, vers 1485 (V. Laserna, Dict. bibl., 111, 199). Antonio et même Maittairen'ont connu que l'éd. de Christophe, de Crémone, 1491, in-4°, qu'ils regardent comme la seconde, et qui n'est tout au plus que la quatrième. Il est inutile de citer les éditions postérieures, quoique préférables par les améliorations qu'y fit l'auteur. Lacerda a refondu la grammaire de Lebrixa, et en a fait un ouvrage nouveau; mais il a conservé sur le frontispice le nom du premier auteur, pour ne point nuire aux intérêts de l'hôpital de Madrid, qui avait la propriété de cette grammaire (V. CERDA, VII, 529). II. Grammatica sobre la lingua castellana, ibid., 1492, in-4°.; cette rare édition a été contrefaite vers le milieu du dernier siècle; mais il est facile de reconnaître les exemplaires d'un tirage moderne (V. Laserna, Dict. bibl., p. 200). III. Lexicon latino-hispanicum et hispano-lati

пит,

ibid., 1492, 2 vol. in-folio, édition de la plus grande rareté. Ce dictionnaire eut un très-grand succès, et il a été réimprimé souvent dans le seizième siècle : l'édition de Madrid, 1683, in-fol., est la plus belle et la plus complète; mais cet ouvrage a été surpassé depuis long-temps. IV. Introductorium in cosmographiam Pompon. Mela, ibid., 1498, in-4°. : cette introduction est claire, dit Mayans, comme tous les ouvrages de Lebrixa. V. Juris civilis Lexicon, ibid., 1506, in-fol.; cet ouvrage a mérité à Lebrixa le titre de premier restaurateur du droit civil, et l'a fait

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placer par Gravina avant Budé et Alciat. Après cette édition, on fait cas de celle de Paris, 1549, in -8°., avec un commentaire de Franç. Jamet. VI. Annotationes in quinquaginta sacræ Scripturæ locos, Alcalà, 1516, in-4°. C'est une réponse aux théologiens qui avaient critiqué son travail sur l'Ancien-Testament. VII. Lexicon artis medicamentariæ ibid., 1518. Ce dictionnaire fut imprimé à la suite du Traité de Dioscoride revu par Lebrixa. VIII. Rerum à Fernando et Elizabetha gestarum decades duæ, etc., Grenade, 1545, in-fol. Ce recueil des ouvrages historiques de Lebrixa qu'on trouve rarement complet, parce que les pièces dont il se compose out chacune des titres particuliers et une pagination différente (V. le Catal. de la bibl. de Santander n°. 4503), a été publié par les soins de Sanche, l'un des fils de Lebrixa, qui établit dans sa propre maison des presses, et y réunit les meilleurs ouvriers, pour donner de nouvelles éditions des ouvrages de son père. Mayans a publié, en 1735, à Madrid, in-8°., Reglas de ortografia en la lengua castellana, ouvrage de Lebrixa,qu'il regarde comme le meilleur que l'on ait sur cette partie si importante de la grammaire, et y a ajouté quelques Elegies latines du même auteur. L'académie royale de Madrid proposa, en 1796, l'Eloge de Lebrixa; le prix fut remporté par J. B. Muñoz (V. ce nom). Chardon de la Rochette a donné un extrait intéressant de cet éloge, dans le tome 11 de ses Mélanges, p. 198-221; mais il lui est échappé quelques erreurs chronologiques, qui ont été corrigées dans cet article, d'après la préface même que Lebrixa a mise à la tête de son Dictionnaire, et que Mayans a réim

primée presqu'en entier dans le Specimen déjà cité.

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W-s.

NECHOS Ier., roi d'Égypte, monta sur le trône, vers l'an 722 avant J.-C., et, après un règne de huit ans, dont l'histoire n'a conservé aucune particularité, fut tué par Sabacos, roi d'Ethiopie. Il laissait au berceau un fils, nommé Psammitichus, qui ne lui succéda pas immédiatement, mais qui parvint enfin à reconquérir son royaume (Voy. la Chronologie d'Hérodote, par Larcher, ch. 1-12). NECHOS II, fils de Psammitique, lui succéda vers l'an 617 avant J.-C. Il entreprit de creuser un canal pour conduire les eaux du Nil au golfe Arabique (la mer Rouge); mais il abandonna cet ouvrage, qui avait déjà coûté la vie à cent vingt mille hommes, sur l'avertissement de l'oracle, qu'il travaillait pour les barbares (Hérodote, liv. 11, 158). On sait que ce canal, recreusé sous Ptolémée-Philadelphe et sous Adrien, fut définitivement comblé l'an 767, par le khalyfe al Mansour (Voyez le Dicuil de M. Letronne, pag. 11-21). Alors Nechos tourna ses vues du côté des expéditions lointaines, et établit des flottes sur les deux mers qui baignent l'Égypte. Hérodote rapporte que Nechos envoya des vaisseaux, montés par des Phéniciens, à la reconnaissance des côtes de l'Afrique, et qu'il leur donna l'ordre d'entrer à leur retour, par les colonnes d'Hercule, dans la mer Septentrionale (la Méditerranée). Le récit de ce voyage qu'Hérodote tenait des prêtres de l'Égypte, a été admis un peu légère ment par des savants, d'ailleurs trèsestimables; mais M. Gossellin a fait voir que ce prétendu voyage autour de l'Afrique, n'est qu'un roman combiné sur la fausse opinion que

les Égyptiens s'étaient faite de la forme et de l'étendue de cette partie du monde (Voy. ses Recherches sur la géograph. des anciens, tom. 1er., p. 204-17). Nechos fit la guerre aux Syriens, les battit près de Magdole, et leur enleva la ville de Cadytis. Les Livres saints offrent plus de détails sur cette expédition qu'Hérodote n'en avait pu recueillir de la bouche des prêtres d'Égypte, jaloux de la gloire de leur nation. Ce prince, que l'historien sacré nomme Pharaon Nechao, alarmé de la puissance des Babyloniens et des Mèdes qui avaient détruit l'empire des Assyriens, marcha vers l'Euphrate pour les combattre; mais Josias, roi de Juda, dont il devait traverser les états, voulut s'opposer à son passage, et lui livra un combat dans la vallée de Mageddo (la Magdole d'Hérodote), Josias y perdit la vie (V. JOSIAS, XXII, 37). Le vainqueur prit alors Cadytis (1), et, poursuivant sa marche, battit les Babyloniens, leur enleva Carkhamis, grande ville sur l'Euphrate, où il mit une forte garnison. Ayant appris que Joachaz s'était emparé du trône de Juda, au préjudice de Joachim l'aîné de ses frères, il le manda à Samath, ville de Syrie, où lui-même se trouvait alors. Il le retint prisonnier, rétablit Joachim dans ses droits (V. ces noms), et rentra triomphant en Egypte. Nechos consacra à Apollon l'habit qu'il avait porté dans cette mémorable expédition. Ce prince ne jouit pas long-temps du fruit de ses victoires; Nabuchodonosor lui enleva à son tour Carkhamis, et tous les états dont il s'était emparé. Nechos mourut l'an 600 avant J.-C. Son fils Psammis lui succéda. W-s.

(1) Prideaux pense que cette ville ne peut être que Jérusalem; et son sentiment a été adopté par Rollin, et quelques autres auteurs.

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NECKER (NOEL-JOSEPH), botaniste du dix-huitième siècle, était né dans la Flandre, en 1729. Dès sa plus tendre jeunesse, son goût l'entraîna vers l'étude de la science qu'il a cultivée toute sa vie. Son excessive application rendit son caractère mélancolique et hypocondriaque. La haute opinion qu'il avait de ses talents explique son irascibilité contre les critiques. Recu docteur en médecine à l'université de Douai, Necker devint successivement botaniste de l'électeur palatin, historiographe du Palatinat, des duchés de Berg et de Juliers, agrégé honoraire au collége de médecine de Nanci, et membre de plusieurs académies. Il mourut à Manheim, le 10 déc. 1793. Remi Wille met, qui, dans le Magasin encyclop. (2o. année, tom. 1er. p. 192), a donné une Notice sur N. J. Necker, dit qu'on ne peut lui contester beaucoup de sagacité, et que, mécontent des méthodes et systèmes de botanique, ilen imagina, ainsi qu'on le voit dans ses ouvrages, dont voici la liste: I. Delicia gallo-belgicæ sylvestres, seu tractatus generalis plantarum gallo-belgicarum ad genera relata, unà cum differentiis, nominibus trivialibus, pharmaceuticis, locis natalibus, proprietatibus, virtutibus ex observatione, chemiæ legibus, auctoribus præclaris, cum animadversionibus, secundùm principia linnæana, Strasbourg, 1768, 2 vol. in-12. II. Methodus muscorum, Manheim, 1771, in-8°. ; réimprimé à Ratisbonne et en Angleterre. III. Physiologia muscorum, Manheim, 1774, in-8°. ; traduit en français, sous ce titre: Physiologie des corps organisés, ou Examen analytique des animaux et des végétaux comparés ensemble, à dessein de démontrer la chaîne de con

tinuité qui unit les différents règnes de la nature, Bouillon, 1775, in8°. IV. L'Auteur justifié, ou Recension faite par les journalistes de la Bibliothèque universelle allemande, au sujet de la Physiologie de Necker, par M. B...., Manheim, 1778, in-8°. Ce fut Necker lui-même qui publia cette défense de sa Physiologia. V. Eclaircissements sur la propagation des filicées en général, Manheim, 1775, in-4e. L'académie, sur la demande de Necker, avait proposé pour sujet de prix : Démontrer par des expériences aussi neuves que concluantes, l'existence ou l'absence des sexes et de la vraie semence dans quatre espèces de plantes (l'osmonde royale, la fougère commune, la prêle des champs, la prêle des marais). Aucun mémoire n'ayant été envoyé, Necker en composa un, qui fait partie du tome des Actes de l'académie électorale palatine de Manheim. VI. Histoire naturelle du tussilage et du pétasite, dans le tome iv des Actes de l'académie. VII. Traité sur la mycitologie, ou Discours sur les champignons en général, Manheim, 1788, in-8°. Willemet observe que l'ouvrage aurait dû être intitulé: Traité sur la micétologie (et non mycitologie). VIII. Elementa botanica, Neuwied, 1690, 3 vol. grand in-8°. « Traité élémentaire, vraiment uni» que et original dans son genre. Il »est, dit Willemet, le fruit de douze >> années de réflexions, de recherches » et de profondes méditations. » Necker, se trouvant à Paris en 1765, présida à la collection des mousses, chens et algues, peints d'après nature, pour Roussel, fermier-général, qui y dépensa dix mille francs. Hedwig a donné le nom de Neckera à un genre de mousses. A. B-T.

li

NECKER (JACQUES), ministre des finances, et principal ministre d'état sous Louis XVI, naquit à Genève, le 30 septembre 1732, d'une famille ancienne, originaire du nord de l'Allemagne. Destiné au commerce par la volonté de ses parents, mais appelé par ses facultés à l'étude des lettres, et aux méditations de la philosophie comme à celles de la politique, il sortait d'une éducation où chacun de ces objets avait trouvé sa place, lorsqu'il vint à Paris, faire son noviciat commercial dans la maison de banque de M. Vernet. Le disciple devint bientôt maître ; et la maison Thelusson, où il entra comme associé, lui dut d'éclatants succès. Il consacra vingt ans à faire sa fortune. Elle fut aussi brillante qu'honorable. Parvenu à ce degré de richesse qui garantit tout ce qu'on peut de sirer d'indépendance et d'agréments dans la vie, il tourna ses pensées vers des objets plus élevés. Nommé par la république de Genève son. résident à la cour de France, il eut avec le duc de Choiseul des rapports d'affaires et de société, qui inspire rent au ministre beaucoup d'estime pour son caractère, et de goût pour son esprit. Syndic de la compagnie des Indes françaises, il avait eu le talent de la faire renaître de ses cendres en 1764; il eut le courage de la défendre, en 1769, contre les attaques de l'abbé Morellet, contre l'intention qu'annonçaient les ministres de la détruire, et contre le cri plus redoutable de l'opinion, qui regrettait qu'elle eût jamais existé. La compagnie fut détruite en 1770; mais parmi les souvenirs qui en restèrent, fut celui du courage et du talent avec lequel Necker l'avait régie en 1764, et défendue en 1769. En 1773, il remporta le prix proposé par l'aca

démie française, pour l'éloge de Colbert. La préoccupation des intérêts et des besoins du peuple était dès-lors une des pensées dominantes de Necker, et se fit encore remarquer dans son troisième ouvrage intitulé: Essai sur la législation et le commerce des grains. De ce moment, on s'accoutuma à le regarder comme destiné à remplir une grande place dans l'administration des finances. Au milieu de l'affaissement du crédit public, et à la veille d'une guerre déjà résolue pour la cause anglo-américaine, Maurepas crut ne pouvoir échapper à tant de difficultés, qu'en proposant au roi, en 1776, d'appeler Necker à cette administration. Il ne fut d'abord que directeur du trésor, et conseiller adjoint au contrôleurgénéral Taboureau. Mais, l'année suivante, le directeur du trésor royal devint le directeur-général des finan ces. La publicité, l'économie, l'ordre et l'application de la morale à toutes les transactions, parurent à Necker les fondements les plus fermes du crédit. Il donna l'exemple inconnu, quelques personnes ont dit orgueilleux, de refuser les appointements attachés à sa place, voulant se rendre plus facile, par son propre désintéressement, la suppression d'une infinité de places aussi onereuses qu'inutiles. Plus de six cents charges de cour ou de finance furent supprimées. La modération des traitements, et le perfectionnement de la comptabilité, enrichirent le trésor d'une quantité de fonds, qui jusquelà en avaient été tirés ou détournés. Il fit plus que de ne pas surcharger les peuples; il les soulagea au milieu de cette guerre qu'il avait déconseillée. Il proposa au roi, et le roi s'em. pressa, d'abolir dans tous ses domaines le droit de main-morte, l'un des

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